Plus dans les roses que dans les choux — Teddy

Regardes les étoiles.

Elles qui étaient assemblées de la même manière qu’une carte qu’il suffisait d’apprendre à lire. Chaque étoile avec son histoire propre. N’étaient-elles pas magnifiques ? Brillantes tel des diamants. Les Licornes avaient toujours apprécié admirer les étoiles, encore plus voyantes sur Descna. Les plus anciennes allaient même jusqu’à prétendre qu’au moment de leur mort, les descendants de Lecter devenaient eux-même des étoiles, veillant ainsi sur les leurs. De vieilles légendes, dont-ils ne sauraient le fondement qu’au moment de leur mort. Les babines s’étirèrent en un sourire à l’idée que les siens observaient peut-être, eux aussi, ces étoiles en ayant les mêmes pensées.

Les voix se font alors entendre. Simple chuchotement, mais audible toutefois lorsqu’on savait quoi écouter.

L’ancienne Lazulis fronça les sourcils, parce que ses yeux ne voyaient rien de vivant dans le coin, rien en danger de mort. Aucune odeur de sang ne flottait dans l’air, rien que les effluves habituelles de la savane. Alors quoi ? La louve n’a nul besoin de songer aux sons de Teddy, parce que maintenant elle ne les connaissait que trop bien, qu’ils n’avaient plus aucun secret pour elle.

Les sons sont étranges. Différents de ce que Leikn a l’habitude d’entendre. La queue de la louve remua nerveusement alors que sa truffe vint secouer doucement Teddy assoupi, pas étonnant aussi au beau milieu de la nuit.

« — Teddy. »

Le ton de la Licorne était on peut plus sérieux alors qu’elle s’évertuait à réveiller coûte que coûte Mister Bélier.

« — Y’a quelque chose qui ne va pas. »

Quelque chose de différent.

Parce que les voix proviennent de quelque part.

Et si ce n’était ni de dehors, ni de lui, alors…

Teddy se révèle difficilement, la tête dans le trouffignon. Aïe, fallait pas avoir une urgence en pleine nuit avec lui décidément… C’était donc comme ça qu’il «  recouchait » Nugget lors de ses cauchemars… Le mystère était donc levé. La scène aurait pu être drôle. Mister Bélier avec son poil tout ébouriffé, sa tignasse en pétard, parce que monsieur n’avait pas encore eu le temps de se coiffer tout bien comme il le faisait habituellement, ni de lustrer son pelage… La Licorne suit son compagnon lorsqu’il sort dehors, sûrement pour vérifier qu’il n’y avait aucun danger aux alentours.

« — Oui, mais c’est bizarre. Les voix ne sont pas comme d’habitude… Elles sont plus… vagues… »

Plus calmes.

Rien à voir avec celles dont Leikn entendait l’écho.

Parce que les autres hurlaient, pleuraient, se lamentaient en demandant de l’aide, un chant qui les réconforterait. Le son en l’espèce ne provenait pas de l’extérieur, c’était comme si il était produit de l’intérieur, de son corps. Habituellement ses voix n’avaient pas cette intonation, avait-elle développé un parasite ? Voir même plusieurs à entendre autant de voix.

« — C’est plus… doux… Plus innocent… »

Soudain les yeux de la louve s’écarquillent, alors qu’elle pose son arrière-train sur le sol. Rohlala, étais-ce vraiment ce qu’elle pensait ? Un doux sourire vint étirer ses babines, alors que son regard croise celui de Teddy.

Allait-il comprendre à la tête lourde de sous-entendu que tirait la louve ?

Parce qu’elle pensait avoir compris ce que c’était. Pas un parasite. Pas une âme en danger. Non ce n’était pas la mort qui s’annonçait, mais la vie.

La vie était chose magnifique lorsqu’on savait en apprécier la beauté.

La Licorne ferme ses paupières, lorsque Teddy vient chercher le contact. C’est que la nouvelle semblait le secouer autant qu’elle, pour qu’il ne pipe mot. Pour qu’il verse des larmes de joies à cette nouvelle. La queue de Leikn balaie doucement le sol, parce qu’elle savait qu’à un moment tous deux avaient renoncé à cette idée de par sa nature de Licorne. Mais maintenant… Maintenant tout semblait possible, pour le meilleure et le pire.

Les voix fredonnent, comme si elles étaient heureuses, se sentaient protégées, là où nul ne pourrait encore les atteindre. Là, à l’abri.

« — Ce sont des bavards. »

Comme leur père.

Père, un mot qui te semble tellement étrange maintenant. Alors que les filles avaient pris leur envol depuis si longtemps maintenant. Un mot que tu avais maintenant prononcé il y a fort longtemps à l’intention de ton propre père. Lorsqu’il te tressait tes cheveux en te racontant des histoires. Ce mot que tu n’avais plus eu l’occasion de lui dire suite à ton départ. Peut-être un jour pourras-tu l’appeler ainsi de nouveau ? Lorsque le temps te le permettra.

Leikn se concentre un peu plus, pour tenter de mieux percevoir ces voix, mais elles sont encore trop faible pour que l’on comprenne aisément leurs mots, ou même connaître leur nombre exact.

C’était encore trop tôt.

Mais le moment viendrait.

En attendant, la Licorne dirigeait doucement la nouvelle. Celle d’être mère. De porter ses enfants ainsi que ceux de Teddy.

Le plus grand des honneur, accompagné d’un merveilleux bonheur.

Oh, mais c’est qu’il pensait avoir remporté la bataille le Bélier ! Mais il n’était pas au bout de ses surprises, loin de là, la louve ne s’avouerait pas vaincue. Un sourire taquin vint étirer ses babines, alors que lui, tente de communiquer, usant de son pouvoir pour toucher son ventre. C’était encore si petit. Serait-elle aussi grosse qu’Anianka ? Sûrement une meilleure mère en tout cas, ses petits, hors de questions qu’ils ne soient exposés aux dangers seuls.

Elle veillerait sur eux.

Parce que leur vie serait la plus belle chose au monde.

« — Hé, si ce sont des filles, t’es perdu mon pauvre ! »

Leikn ne lui ferait pas de quartiers dans cette bataille, il en verrait de toutes les couleurs, tous les jours, à tout moment de la journée.

Il était avare de détails, le brun.

Des garçons, des filles ? Il était encore trop tôt pour le savoir, leur chant était encore bien brut, trop vague pour permettre une quelconque identification de sexe.

« — D’accord, d’accord. »

Les vies s’agitèrent.

Ils appréciaient la voix du brun.

Presque autant que leur mère.

Cette dernière ferme les paupières, essayant de concentrer uniquement sur les murmures. C’était un peu le bazar là-dedans, un type d’exercice que la Licorne n’avait pas le but de pratiquer, n’ayant guère approché de louve pleine, encore moins touché. La vie sous cette forme était chose si fragile, les voix trop instables de l’époques ne l’auraient supporté… Mais maintenant… Leikn conserva le silence un moment, alors qu’un sourire n’étira soudainement ses babines et qu’elle ne reporte son attention sur le brun.

« — Je dirais qu’il y en a trois… »

Trois futurs p’tits Bélier/Licorne.

Trois futurs calamités.

Bon dieu, il était déjà perdu d’avance alors !

Tss ! Leikn lui donna un coup de truffe. Bah voyons ! Il semblait si sûr de lui, en espérant

« — Sale frimeur va ! »

À quoi pensait-il le bélier ? Leikn pencha légèrement sa tête sur le côté en l’observant. Impossible pour elle de partager son pouvoir, ni ce qu’elle ressentait grâce à lui… Teddy devrait attendre. Au moins était-il un minimum préparé au rôle de parent avec tous les apprentis qu’il avait pu avoir, sans même parler des filles. Deux grandes et la petite Nugget.

Il avait toujours été un père exemplaire.

Un père que Leikn était fière d’avoir pour ses enfants.

« — Quant-ils seront un peu plus grands, tu pourras les sentir toi aussi… Pour le moment ce ne sont que des grains de riz ! »

De p’tits grains de riz qui promettaient déjà d’être bien bavards et agités !

Trois ce n’était pas rien.
Un chiffre sacré dans certaines cultures.

La Licorne rit doucement au contact du brun. Elle le préférait de loin comme ça que comme le p’tit boudeur qu’il fut il y a encore peu !

« — Si ils héritent de ton caractère de sale gosse, je doute qu’il n’y en ait qu’un qui nous échappe… »

Donc, ils passeraient beaucoup, beaucoup de temps à courir après leurs enfants. De p’tites terreurs qui s’annonçaient. Après tout, le mélange de gênes de Bélier et de Licorne devait donner quelque chose d’intéressant ! Leikn aussi était impatiente  de commencer cette aventure.

Mais il leur faudrait attendre encore un peu.
Pour le moment elle se contenta de sourire à Teddy.