Bête, y es-tu ? [Libre]

Voyage intérieur jusqu’aux méandres de sa mémoire, là où flottent les souvenirs insaisissables tant qu’on ne s’y abreuve. Il observe les creux dans la roche, les fissures, les formes, quand d’un coup tout semble lui revenir en une seule vague.

Il avait déjà vu ce lieu. Non, il n’avait pas eu réellement l’occasion d’y mettre les pattes auparavant,  ce lieu n’était bien évidement pas accessible avant l’apparition de la brèche mais il avait déjà vu cet endroit décrit a travers les pages d’un livre sur une vieille carte oubliée d’un vieux recueil perdu au fond de la bibliothèque. Il fut alors traversé d’étranges sentiments, entre inconnu et connaissance. Gardant son calme, il ouvrit de grand yeux. Il savait.

«  Les roches familiales … » Murmura-t-il entre ses crocs tout en glissant ses coussinets contre la pierre froide.

Comment tout cela était possible, il n’en avait pas la moindre idée. Certainement les vestiges d’un ancien peuple disparut, ou bien … leur ancêtre, mais pourquoi auraient-ils été abandonné des Dieux. Il s’assit juste devant la pierre, penchant la tête devant celle-ci tandis que ses yeux bleus glacés glissait le long des pierres vieillies. Difficile de dire depuis combien de temps cet édifice était prisonnier des glaces… Des années, des siècles peut-être ou bien … un instant.  Les fontaines étaient toujours présentes, mais vides. Comme un glowstick brisé ne portant plus aucune magie en lui.

Cette découverte aussi importante qu’étrange se devait d’être partagée avec les autres. Il ne pouvait garder ces connaissances pour lui-seul. Mais présentement, la seule personne avec laquelle il pouvait partager quoi que ce soit était Kerguelen, la louve au pelage clair qui était parti en éclaireur. Le loup à la toison sombre tourna les talons calmement, c’est alors qu’il remarqua de plus belle, les yeux qui le fixait du fond de la grotte et la « truffe »  énorme qui inspire à l’autre bout de la coure. À la fois si loin et trop proche à son goût.  

Qu’est-ce que cela puisse être ? Un fauve ou bien autre chose ?

Il tend l’oreille et bruit de son souffle le fait frissonner. Terrible créature que voici, qu’il ne peut que supposer gigantesque à la taille de ses narines et au bruissement de son souffle tiède. Échange de regard mutuel supposé et peut-être même imaginé par le loup noir, alors que son regard se plonge dans l’obscurité dans l’attente d’un mouvement.

Mieux valait attendre, rester calme, observer.

Lorsqu’il t’aperçut Kerguelen si proche et si loin, inaccessible, presque au dent de l’étrangère créature sous l’intangible apparence que t’offrait ton glowstick. Il ne pu que retenir son souffle, observant impuissante tes lumières dansantes illuminer les écailles de l’effroyable lézard. Le loup noir se crispe tandis que son sang se glace dans sa poitrine. Tendu lorsque l’image de la petite louve écharpée par la créature en vient à bousculer ses flux de pensées. Il se surprit à espérer qu’aucune imprudence ne soit commise par la louve, ne souhaitant descendre de son promontoire pour affronter si horrible créature.

Un éternuement plus tard toute la bête apparu à découvert, terrible  et surprenante vision pour le loup noir qui n’avait pu suspecter l’existence de tel créature bipède. Aussi longue que haute, se déplaçant sur deux pattes musculeuses. Le regard glacial de l’érudit n’eut de cesse de détailler chaque élément monstrueux qui pouvait faire de la bête un effroyable prédateur – et certainement pas un allié des loups -. L’apparence sinueuse de la bête écailleuse ne disait rien qui vaille. Mais Lestat ne pouvait repartir sans la présence de Kerguelen à ses côtés. Il se devait d’attendre la disciple de Yurai, son amie, avant de quitter les lieux, car ils avaient découvert les lieux ensembles et c’est ensemble qu’ils se devaient de repartir abandonnant ainsi leurs découvertes aux lieux inconnus qu’il restait encore à explorer.

Il ne put reprendre son souffle que lorsque la louve boréale fut de nouveau près de lui et loin de la bête inconnue. La laissant reprendre forme lupine tandis qu’il surveillait les environs prudents. Heureusement que la bête était en contre-bas et non au même niveau qu’eux, cela leur laissait la chance de lui échapper avant que toute poursuite ne soit engagée.

D’un mouvement de tête de haut en bas, il acquiesça aux paroles de la louve. Montrant qu’il l’écoutait parler même si son regard surveillait de loin l’animal carnassier en contre-bas. Il ne s’agissait pas d’un mammifère comme pouvait l’être le mammouth décrit par les voyageurs infortunés qu’il avait pu rencontrer et soigner à la suite de leur mésaventure. Il n’y avait aucun doute, le physique de la créature et l’absence de fourrure ne laissait place au hasard. Il appartenait à l’ordre des reptiliens, potentiellement carnivore de surcroît au vue de ses carnassières tranchantes.  

« Je ne sais dire de quoi il s’agit, mais mieux vaut ne pas expérimenter sa combativité et ses qualités de chasseur dans le cas où la salade ne saurait le contenter, nous serions les prochains au menu. »

Le regard de Lestat passait de la créature à Kerguelen, qu’il détaillait elle-aussi. Au moins, elle semblait en bonne santé - pour l’instant- malgré l’effroi qui était venu entacher l’optimisme habituel de la louve.


« Mieux vaut ne pas le provoquer et tourner les talons pour cette fois. Nous ne sommes pas en mesure d’affronter une telle menace. »

Que pourrait faire deux savants devait faire face à un monstre d’une telle taille ? peu de chose. La fuite demeurait la meilleure option qui s’offrait réellement à eux, celle-là où une mort stupide plus que probable.

La sage décision fut unanime.

Le loup sombre jeta un dernier regard aux fontaines désertes, puis il se mit en route gardant toujours les oreilles pointées en direction du saurien dans le cas où celui-ci tenterai de les surprendre. Afin de s'en assurer, le loup noir tenta de brouiller la piste olfactive laissé par les deux loups en frottant de la neige contre sa fourrure et celle de Kerguelen. Ce ne fut que lorsqu’ils franchirent enfin la brèche, suivant le chemin préalablement tracé par ses soins qu’il put enfin emplir son cœur d’un profond sentiment de soulagement.

(Fin sauf si le mj veut répondre. )

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