Combien de phoques allait-elle trouver à la Grève aujourd'hui ?
Une réussite critique lui en donnerait 6 à chasser (2 habits complets)
Une réussite lui en donnerait 3 à chasser (1 habit complet)
Un échec lui en donnerait 1 à chasser (il va falloir s'y remettre...)
Un échec critique lui en donnera 0 (et si on changeait de terrain de chasse ?)
Sur un dé d'ingéniosité, la louve prend de l'altitude et scrute le bord des glaciers. Elle finit par les repérer. Des petits phoques gris qui dormaient paisiblement pour profiter des quelques rayons du soleil qui peinaient à percer la couche nuageuse. Elle réfléchit en les observant de loin. Rien ne servait de se hâter et de les faire fuir, elle devait y aller avec parcimonie, un à la fois. De toute façon, si elle en chassait un, le reste du pack prendrait sûrement la fuite. Elle plissa les yeux et prit le temps de bien les observer. En groupe, il ne devait pas s'agir du redoutable léopard des mers qui, l'avait-elle lu, prenait ses congénères comme proies, et pouvait probablement facilement venir à bout d'un loup adulte s'il réussissait à l'emmener par le fond... Et Eva savait pertinemment qu'elle était perdue si à peine ses pattes touchaient l'eau.
Elle grinça des dents. Non. Ce devait être de simples phoques gris, comme les berges en contenaient des centaines.
Elle réfléchit à un plan d'attaque. Ces mammifères ne devaient pas avoir la crainte des animaux volants, les attaquer du ciel semblait particulièrement indiqué. Ensuite, les points faibles. Mmh. C'était juste de grosses boules de graisse étalées sur la glace... A part la tête, elle ne voyait rien de particulier. En fait, elle avait même le sentiment que crocs et serres ne feraient qu'abimer la couche adipeuse dont leur corps était enveloppé, sans leur infliger de réels dégâts. C'est donc la tête qu'elle devait viser, au risque de rentrer bredouille. Par chance, elle avait repéré plusieurs bancs de phoques, d'en haut, et savait qu'elle pouvait parcourir la grève à sauts de puce pour en attraper d'autres si ceux là venaient à s'enfuir.
Donc elle devait attaquer la tête. Peut-être l'écraser au sol pendant que ses crocs fouillaient la carotide... Oui c'était pas mal. Elle agita un peu ses ailes pour se réchauffer, et observa le troupeau étalé sur la glace. Autant en prendre un à part. Elle ne pouvait se permettre d'en prendre un trop petit ou trop faible, sous risque qu'il soit malade et que sa peau ne soit inutilisable. Mmh. Là, un mâle par sa couleur plus sombre piquetée de blanc. Il était seul, et inattentif : elle risquait moins de prendre un coup de croc. Il ne fallait pas oublier que ces proies restaient des prédateurs...
Elle prit un peu d'altitude et tourna autour de sa proie. C'était le début de l'après-midi, mais déjà le soleil apportait le décalage nécessaire à son ombre pour pas qu'elle ne se fasse repérer. Elle prit une large inspiration. Cette fois, elle ne pourrait pas se contenter de tirer sa proie dans les airs. Le phoque serait bien trop lourd, probablement plus de cent kilos, et il lui faudrait l'achever au sol. Les autres l'attaqueraient-ils ? Ils n'étaient pas indiqués comme belliqueux, mais elle devait s'attendre à tout.
Elle s'arrêta au dessus de la proie qu'elle avait choisi, attendit une dernière seconde, un dernier battement de coeur... Puis replia ses ailes le long de son corps, avec l'aisance donné par l'habitude, avant de plonger vers le sol dans le sifflement de l'air autour d'elle. Au dernier moment elle freina, bien plus que d'habitude, et ses deux serres s'écrasèrent sur le visage de l'animal qu'elle plaqua au sol, l'écrasant de tout son poids, avant de basculer en avant pour lui déchiqueter le cou et le visage de ses crocs. L'action n'avait pas duré plus de quelques secondes, et le silence de mort qui suivit ne fut interrompu que pour laisser place aux cris et frottements des autres phoques qui fuyaient dans l'océan.
Bientôt, le calme revint.
Satisfaite, Eva agita sa queue de pie de bas en haut. Bien. Tout s'était passé exactement comme prévu. Mais maintenant... Elle devait déplacer sa proie. Et ça ne serait pas une mince affaire, vu la taille et le poids de celle-ci ! Eva réfléchit un instant et fit la seule chose qui lui semblait cohérente : elle ouvrit le cadavre de bas en haut, répandant ses entrailles sur le sol. Bien. Elle vida, et vida autant qu'elle le put le cadavre sans abimer la chair. Elle hésita, puis garda les intestins qu'elle vida à leur tour, sachant que l'on pouvait en faire du fil et que ce dernier serait utile pour tisser le cuir.
La tâche lui prit un certain temps, mais heureusement l'animal dégageait une chaleur assez importante pour lui éviter d'attraper froid. Lorsque des petits prédateurs ou charognards s'approchaient, elle leur jetait des bouts de viande qui suffisaient à les éloigner, qu'un un grondement menaçant venait appuyer si besoin.
Elle se redressa et admira son oeuvre.
Il y avait du sang partout, et elle-même en était couverte. Ca n'était pas une tâche à laquelle elle était habituée, et elle n'avait pas fait dans la dentelle. Elle allait devoir rassurer du monde en rentrant comme ça... Mais au moins, elle pourrait transporter la peau et les intestins de l'animal sans avoir à le trainer sur le sol. De ses crocs, elle tailla la chair pour détacher la tête, qu'elle offrit à l'Océan d'un coup de patte. On ne savait jamais. Si les Raeders l'aimaient tant que ça, c'est qu'il devait y avoir un truc...
Elle tira sur la peau et la plia, la plia jusqu'à la faire rentrer dans sa besace. Elle n'en mettrait pas un deuxième, mais même avec tous les bouts dépassants elle pouvait la transporter.
Il était temps de se remettre en chasse, avant que le froid ne l'oblige à rentrer.
Elle s'éleva dans les airs.
Sa seconde et sa troisième chasse et dépeçage furent du même acabit, bien que l'opération lui prenne énormément de temps et qu'à la troisième proie le soleil était bas, très bas sur l'horizon et qu'elle devait se presser si elle ne voulait pas rentrer dans le noir.
C'est un phoque vidé sur le dos, l'autre dans la gueule et le troisième dans sa besace qu'elle rentra chez les Nakhus, crevée mais satisfaite de ses trouvailles.