Tannage l Libre

Eva avait rassemblé tout le matériel à sa disposition à quelques mètres du Dédale, devant le cours d'eau qui passait devant. Un livre sur le cuir et le tannage ouvert à côté d'elle, elle observait ce qu'elle possédait. Elle avait de quoi faire une bonne cape, probablement... Et avait surestimé la quantité de phoque dont elle avait besoin, au vu des patrons. Il lui en resterait un peu sur les bras, mais tant pis. Elle pourrait toujours rajouter quelques parties. Elle aurait besoin de sel, de beaucoup d'eau, et de quoi nourrir le cuir - c'était la première étape.

Cendres, à ses côtés, l'observait avec de grands yeux ronds, curieux. Que faisait-elle, avec ces phoques sans tête et sans viandes, les intestins étalés sur le côté, qu'elle avait ramené de la Grève ? Et dans ce livre, bourré de mots qu'il ne comprenait pas encore très bien, peu habitué à ce champ lexical ? Mais Eva souriait, babines découvrant ses crocs satisfaits. Elle avait du passer des heures dans la rivière pour laver tout le sang qui s'était pris entre ses plumes, mais n'avait à déplorer aucune blessure et c'était ce qui comptait.

Bien, il était temps de se mettre au travail.

Elle avait ramené de grands bacs de bois, dans lesquels ils faisaient habituellement de la nourriture, comme des grandes soupes ou des grands repas communs. Elle était un peu peinée de les avoir ainsi piqué à Raison, parce qu'elle savait qu'ils ne pourraient probablement plus jamais servir à ça. Mais... Là encore, c'était nécessaire. Pour le bien commun, wsh wsh.

La première étape était de préparer les peaux. Aidée de Cendres, bien qu'il galérât de ses petites pattes encore trop peu agiles, elle ouvrit et mit à plat l'ensemble des peaux, qui n'étaient que sommairement vidées. Elle en ôta le plus de viande possible, sans abimer le cuir. Ensuite, ils enlevèrent tous les bouts qui dépassaient : queue, pattes, nageoires, mamelles, têtes pour les renards qui n'avaient pas eu ce malheur plus tôt.

Très vite, une odeur de mort les enveloppa, et ils eurent du sang plein les pattes. Cendres fronçait le museau. Il comprenait que les animaux étaient morts pour une bonne raison, mais en même temps il regrettait la perte de ces éléments qu'ils ne pouvaient utiliser.

Lorsque ce fut fait, elle plongea les peaux, phoques comme renards, dans l'eau qu'elle gorgeât de citron et d'alcool. Antiseptique. C'est tout ce que ses recherches avaient donné. Elle espérait que ça suffirait. Ils les laissèrent tremper dans le mélange plusieurs heures, et régulièrement Eva dirigeait le changement d'eau, d'alcool et de citron pour que la mixture ne tourne pas. En attendant, elle passait son temps à lire les livres qu'elle avait emprunté pour parfaire sa technique de tannage. Bon. Elle imaginait bien qu'elle ne réussirait pas à faire quelque chose de parfait en un jour et sur ses premières peaux, mais au moins pourrait-elle s'améliorer.

Pour l'instant, ils devaient laisser tremper les peaux. Cette étape pouvait durer plusieurs jours, et ainsi s'occupèrent-ils. Pendant ce temps là, Eva paracheva l'apprentissage de la lecture de Cendres, qui put ainsi autant qu'elle parcourir les livres et leurs termes si délicats. heureusement qu'ils pouvaient ainsi s'occuper, car cette partie était longue et assez peu intéressante, les peaux ayant besoin de se dégorger et de se nourrir.

Ils passèrent ensuite à la seconde étape, étalant les peaux sur le sol.

Elle consistait à enlever tous les bouts, à l'intérieur des peaux, qui étaient restés accrochés du premier dégrossissement. Ils ne pourraient pas le faire à la patte, aussi avait-elle amené des outils. Des sortes de pierres plates et aiguisées qui allaient permettre de gratter la peau sans l'abimer. Ce qui était bien, c'est que le surplus allait permettre à Cendres de s'entrainer.

Elle commença seule, tout d'abord, pour tester quelques mouvements sur un coin de peau pour trouver la technique qui irait le mieux. Ca n'était pas aussi simple que ça en avait l'air : si elle y aller trop doucement, rien ne se décollait, et si elle était trop brute elle trouait le cuir. Ah ! La plaie ! Elle grimaça. Heureusement qu'elle avait choisi un petit coin de peau. Sinon, il faudrait tout recommencer du début, et... Honnêtement, ça la fatiguait d'avance. La louve s'astreint au calme et s'assit, prenant le temps de tester. Cendres, à ses côtés, l'observait religieusement.

Elle lui présenta finalement une première peau et lui montra le geste le plus pratique qu'elle ait trouvé. Il se saisit d'une autre pierre plate, et commença à son tour à racler le coin déjà malmené par Eva. Les premiers coups furent tout aussi erratiques, mais Eva guida ses pattes avec douceur, le reprenant sur certains gestes, l'accompagnant sur d'autres.

Peu à peu, le bout de pelisse prit forme. Bien, il était temps de tenter à plus grande échelle...


Eva : 3 PCs agi
Cendres : 1 PC agi (SW)

Réussite critique - Le travail est fait, et en un rien de temps !
Réussite - Laborieux, mais ça fera l'affaire.
Echec - Ca prendra un peu plus de temps que prévu.
Echec critique - Eva : Il va falloir retourner chasser - Cendres : Plus de surplus de peaux.

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#1 'PC - Réussite' :


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#2 'PC - Réussite' :

C'est une première fois, et l'exercice est beaucoup plus compliqué que prévu. Ils y passent des heures, à gratter et gratter les peaux. Eva soupire, et au bout d'un moment, donne un petit coup de museau à Cendres.

On fait une pause, mon p'tit loup.

Elle sourit et l'attire contre elle pour lui lécher la tête, et ce dernier se love contre son corps, les pattes endolories et la tête en patate. C'est ça, être un adulte ? Il a compris, maintenant, que c'est une sorte d'armure que sa mère veut faire. Mais il ne sait pas pourquoi, il ne comprend pas, il se questionne :

On va... Partir à la guerre ?

Dans les livres qu'il lisait, il était toujours question de guerres et de pouvoirs, de luttes fratricides, de victoires glorieuses et de pénibles défaites. Mais il ne comprenait pas pourquoi eux devaient faire la guerre. Eva le considéra avec curiosité avant de le corriger :

Non trésor. C'est une sorte de manteau, pour pouvoir aller à la Grève Gelée sans subir le froid. Il y fait des températures bien en deçà de zéro, et si on y allait juste avec nos plumes, on gèlerait sur place. Les phoques et les renards arctiques sont des animaux qui y vivent toute l'année, aidés de leurs peaux nous risquerons moins le froid.

Ooh ! C'était donc pour ça. Il jappa :

Moi aussi, je pourrai en avoir ?

Eva secoua la tête.

Si tu veux, mais tu ne pourras pas aller à la Grève. Tu es encore trop jeune, tu n'as pas atteint ta taille adulte, ce serait trop dangereux tu comprends ?

Il est déçu. Mais il comprend. Mais il est déçu. Eva le rassérène d'un sourire :

Ne t'en fais pas. Je te ramènerai des souvenirs ! Allez, mon bonhomme, on reprend.

Il sourit jusqu'aux oreilles et se redresse, agitant vaguement sa queue immaculée, avant de reprendre son outils et plisser les yeux.
Eva : 3 PCs agi
Cendres : 1 PC agi (SW)

Réussite critique - Le travail est fait, et en un rien de temps !
Réussite - Laborieux, mais ça fera l'affaire.
Echec - Ca prendra un peu plus de temps que prévu.
Echec critique - Eva : Il va falloir retourner chasser - Cendres : Plus de surplus de peaux.

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#1 'PC - Réussite' :


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#2 'PC - Réussite' :

Mais Eva fatigue, elle aussi, et c'est Cendres qui l'impressionne et lui donne une leçon en finissant les peaux qu'il reste d'une patte particulièrement experte. Impressionnée, l'aviaire lui prête un oeil encourageant :

Bravo ! T'as pris un sacré coup de patte dis donc ! Tu es bien meilleur que moi.

Cendres rougit un peu et balbutie, mais ne répond rien. Il n'a fait que suivre les instructions. Ca n'est pas si difficile ! Mais avouons le : il n'est pas mécontent du résultat. Ca pourrait peut-être devenir son truc, le travail des proies, le travail du cuir, les travaux manuels. La louve bicolore le félicite en lui gratouillant la nuque.

Passons à la suite !

Ils n'avaient fait que les étapes les plus simples. Les peaux étaient prêtes, mais il fallait maintenant les traiter, et ça ne serait pas une mince affaire. Eva avait surtout galéré à rassembler le matériel nécessaire. De l'écorce d'un arbre très particulier, qu'elle n'avait trouvé qu'à l'Atoll, lui avait été nécessaire.

Bien, aide moi à les remettre dans les cuves... Et maintenant il faut mettre l'écorce dedans. Ca s'appelle le tannage végétal, parce qu'on utilise des végétaux. Ca devrait assouplir le cuir et le rendre plus simple à travailler. Apparemment un tannage minéral est possible, mais je ne pense pas pouvoir trouver les composants nécessaires...

Et ça n'était pas faute d'avoir cherché, mais c'était un vrai casse tête ! Le Québracho n'existait qu'en certaines latitudes et longitudes, et il lui avait fallu de longues recherches supplémentaires à la bibliothèque pour réussir à en trouver sur le continent. Heureusement qu'elle n'avait pas du aller dans des contrées plus reculées encore, ou ça lui aurait pris des semaines de voyage. Après, ce qui lui faisait peur, c'était le temps nécessaire au tannage... Certains ouvrages parlaient en terme d'années. Un loup était-il capable de compresser le temps ? Mais augmenter les doses permettait visiblement d'accélérer le processus, ainsi que quelques autres ajustements complexes.

Eva et Cendres ajoutèrent donc les matériaux nécessaires dans les grandes cuves.

C'était... Très expérimental. Eva gloussa.

Qu'est-ce qu'il y a maman ?
- Tu sais, je ne suis pas sûre que ça marche... J'espère que ça ne sera pas trop mal, ou on devrai les jeter.

Tous ces efforts réduits à néant ! Elle soupira.

Non.

Ca devait marcher.

Ce ne fut pas des années dont ils eurent besoin, mais une paire de semaines tout de même. Régulièrement, ils devaient changer les cuves et rajouter l'écorce tout en augmentant régulièrement la concentration de ces dernières. C'est ainsi que les peaux se gorgeaient et peu à peu devenaient cuir. Ouf !

Les peaux, elles, avaient pris une délicate teinte rouge du fait de l'écorce du bois de Quebracho. C'était... Plutôt joli, et de toute façon Eva ne pensait pas prendre le temps de les teindre comme c'était suggéré en option. Elle n'avait pas trop de temps à perdre, peut-être plus tard si on le lui demandait... Elle récupéra le cuir au fond des cuves et les étala sur le sol.

Bien. Maintenant Cendres, il faut les faire sécher. Et pour ça, on va devoir les aplatir et les étirer, après les avoir essoré un maximum.

Elle hésita, avant de poursuivre :

Il y a beaucoup d'étapes subsidiaires qu'on ne pourra pas réaliser. Je n'ai pas les matériaux pour ça, je doute que quiconque les ait ici. Le cuir aura un aspect brut et restera un peu épais, tant pis.

Elle les égoutta, brossant le poil des peaux de renard de ses griffes. Elle avait conservé la fourrure pour conserver un maximum d'isolation avec l'extérieur. Cette dernière irait côté vent, le tissu servant à isoler la peau. La peau de phoque, elle, ferait un merveilleux isolant extérieur. Elle saisit le bout d'une peau et attendit que Cendre ne saisisse l'autre, puis elle commença à tourner, tourner la peau pour l'égoutter un maximum. Ils recommencèrent avec chaque bout de cuir, avant de les aligner sur des pierres plates en plein soleil. Heureusement que c'était le printemps ! Il faisait chaud, et ça ne devrait pas prendre plus de quelques heures par côté, même pour les poils. Les peaux de phoque iraient plus vite. En hiver, l'humidité aurait empêché cette étape cruciale, ou ils auraient du les mettre à l'intérieur du Dédale... Le résultat n'aurait probablement pas été le même.

Ils posèrent d'énormes pierres, les plus grosses qu'ils purent trouver, aux quatre coins des peaux pour les étirer au maximum. Bon. Ca n'avait pas une trop mauvaise tête, au final ! Eva sourit, satisfaite.

Ils eurent de nouveau un certain temps à occuper, qu'ils passèrent à aller chasser quelques moutons bien gras pour le clan. Et, surtout, pour en récupérer la graisse. Eva n'avait pas conservé celle des phoques, et s'en mordillait les babines, mais bon elle n'aurait probablement pas pu les tirer jusqu'ici sinon. Elle réussit à récupérer de larges pots de graisse, et lorsqu'ils revinrent à leur campement de fortune, les peaux étaient sèches.

Bien, maintenant on va nourrir le cuir pour le rendre plus souple.

Et, joignant le geste à la parole, elle saisit une grosse noisette de graisse, qu'ils avaient passé à la flamme pour lui donner cette consistance presque crémeuse, et commença à l'étaler sur le cuir. Il fallait en mettre beaucoup... Mais pas trop, au risque de faire d'énormes tâches sur les cuirs.

Leur tâche accomplie, Eva recula et félicita Cendres, ravie :

Je pense qu'on est bon, p'tit gars. Je pense qu'on est bon.

Une opération, finalement, rondement menée !