Everything ends - Anianka & Isrâ

Pour une fois, Exxus ne se pavanait pas au milieu des roses.
Il courait, le plus vite possible, ne sachant pas lui même d'où il pouvait bien tenir cette endurance, lui qui n'était pas du genre à en demander autant à son corps. La terreur ne le lâchait plus, le poussant de plus en plus vers l'avant, le faisant ignorer les roses aux tiges ornées d'épines qui venaient déchirer sa peau lorsqu'il les repoussaient de ses pattes.

Il ne pouvait pas s'arrêter.
Sinon, elle le rattraperait et le tuerait. Ce serait à celui qui courrait le plus vite, à celui qui tiendrait le plus longtemps. Lui comptait sur l'âge avancé de la femelle lorsqu'elle devait parier sur ses blessures et son affaiblissement général. D'eux deux, il était clairement celui qui se trouvait en situation critique : Il était la proie affolée et fuyante, luttant comme il pouvait, désespérément, pour ne pas mourir aujourd'hui.
Le fil qui le liait à la vie n'avait jamais été si fragile.

Il gronda en sentant l'odeur de sa poursuivante se faire plus présente. Comme si ce son, qui lui aussi trahissait sa terreur, pourrait la faire reculer.
Plus vite, Exxus, plus vite.

Il lui fallait trouver un endroit où se réfugier, en endroit où elle ne pourrait l'atteindre. Mais comment faire ? A la différence de ces loups aviaires, qu'il avait pu rencontrer lors de sa si courte existence, il n'était malheureusement pas doté d'ailes, et donc, incapable de quitter le sol. Alors il lui fallait de l'aide. Mais qui ? Il s'était fait bien plus d'ennemis que d'amis. Sa nymphe, peut-être ? Accepterait-elle de l'aider, si il croisait sa route ? Ou alors Cosette ?
Peu importait les noms, il ne sentait l'odeur ni de l'une, ni de l'autre, ne pouvant compter que sur lui même. Ça avait toujours été le cas, de toutes manières. Il était seul.
Si seul. Désespérément seul.

Exxus manqua de trébucher, dans les roses. Son corps blessé commençait à s'épuiser. Depuis combien de temps courait-il, déjà ? Peu importait la réponse : Il n'irait pas plus loin sans repos et sans soins. Tout était perdu.
Lui qui, un court instant, avait eu l'espoir de vivre, allait mourir renié par sa déesse, sans personne pour le regretter.
Dans une ultime tentative, ridicule, de l'impressionner, il lui fit face, à Anianka, dévoilant ses crocs et hérissant les longs poils de son échine.
Et il gronda, la plus fort possible.

- Laisse moi tranquille !

Il ne l'embêterait plus, ne reviendrait plus la voir.
Il ne toucherait même plus à ses enfants, même lorsqu'ils se montraient consentants, si tel était son désir.
Mais il voulait vivre, il voulait tant vivre...

Prêtresse Anianka - 10PV

Elle était frustrée. Son cœur battait encore si fort dans sa poitrine, le sang de son ennemi peignait sons pelage comme une œuvre d'art d'eclaboussures sur sa poitrine, sur son beau visage d'habitude si charmant et souriant. Le liquide impur de celui qui venait de trahir sa déesse et d'insulter sa prêtresse, le sang d'un traître qui se devait de faire face à la justice.
Anianka hésita un instant en attendant une réponse de Moiro, un accord ou un simple mot pour la calmer, pour lui assurer qu'il aurait ce qu'il mérite si Isrâ avait été blessé. Mais rien, rien d'autre qu'un long silence qui lui fit serrer les crocs dans un grincement désagréable, un silence qui la laissa seule pour décider, pour choisir et prendre la bonne décision tandis que le misérable courrait à s'en déchirer le corps dans les ronces.
Elle ne pouvait pas le laisser s'enfuir non. Elle ne pouvait pas laisser un crime impuni, son insolence se répendre comme la peste et l'humilier elle et ses enfants.. Pas encore une fois. L'humiliation faisait partie de son passé et plus jamais elle ne laisserait quelqu'un lui faire revivre ça, plus jamais.

Dans un grondement, elle projeta son corps en avant et s'élanca dans une poursuite effrénée. Ses pattes galopèrent aussi vite que celles d'un guépard en chasse, son corps se tordit souplement à chaque bond, elle n'emit quasiment aucun bruit. La silhouette du couard grossissait toujours plus à chaque foulées, elle sentait l'adrénaline gagner son corps alors que la peur, la terreur de sa proie impregnait ses narines et la faisait saliver. Il pouvait courir autant qu'il le voulait, il le savait au plus profond de son être, il venait de provoquer la mort et elle ne le lâcherait plus avant de l'avoir englouti.

Il était à deux pas seulement de sa portée, à un rebond et ses crocs viendraient s'enfoncer dans sa chair et mettrait fin à tous ses espoirs, à toute sa souffrance. Elle émit un grondement sadique pour rendre le jeu plus amusant, il devait l'entendre, il devait sentir la terreur lui paralyser les muscles et lui tordre les entrailles, il devait hurler et la supplier, pleurer toutes les larmes de son corps, se faire dessus et pourquoi pas mettre fin lui même à ses jours pour espérer une mort douce. Mais il avait beaucoup trop de fierté notre roi de pacotille et il préféra lui faire face, comme si il acceptait son sort et qu'il accueillait la mort dignement. Ah ! Quelle ironie, peut être était-ce la dernière vague d'espoir qui lui promettait une fin héroïque.
Quelle menteuse, cette espoir, elle est cruelle et Anianka se fait un plaisir de la réduire en poussière à chaque fois qu'elle la croise.

[Lancé de dé pour voir si elle l'immobilise]

La moment était venu, la hache du bourreau était lancée et s'apprêtait à trancher. Elle prit appuis sur un bout de roche et ses pattes la propulsèrent gueule ouverte droit sur sa proie dans un grondement féroce.

Il allait mourir.
Il allait mourir.
Il allait mourir, putain.
Combien de fois avaient-il pensé cette phrase, depuis le début de cet affrontement ? Beaucoup trop de fois, par ce que c'était une évidence qu'il ne pouvait plus ignorer, quand bien même il avait, de façon éphémère, eu l'espoir de s'en sortir. Mais là, il le voyait dans le regard d'Anianka, dans ses tentatives pour l'attraper.

Il le savait, qu'il allait mourir.

Il lui restait donc plusieurs options, plusieurs scénarios à choisir, pour cette fin. Car il avait encore son mot à dire sur certaines choses, même si la fin de l'histoire était déjà écrite de son sang.
Il pouvait choisir qui mettrait le point final à cette fin : si c'était lui ou la prêtresse qui poserait de sa griffe le point final sur la toute petite page qu'était son existence.
Si courte.

Exxus pouvait continuer de fuir, jusqu'à s'écrouler.
Exxus pouvait tenter de la blesser, avant de tomber, lui laisser une marque sur le corps dont elle se souviendrait, ou bien se louper.
Ou alors, il pouvait la priver du plaisir de lui ôter la vie et rester son propre Roi, jusqu'au bout.

Par ce que personne ne le ferait jamais tomber.
Et surtout pas elle.

Il sourit, Exxus. Il sourit, par ce qu'il venait d'accepter son sort, même si c'était difficile, si difficile, de renoncer à cette vie. De renoncer à tous les projets qu'il aurait pu avoir. De se dire que, jamais, il ne serait vieux.
Que, jamais, il ne trouverait Reine. Qu'il ne reverrait jamais la jolie Nymphe de l'île aux Roses ni Eva, la pie du sanctuaire.

Ça le rendait si malheureux.
Son sourire devint tangible.

Il était temps de mettre ce putain de point final.

Alors le Roi prit sa couronne entre ses pattes, signant là la fin de son règne éphémère.
Le geste fut bref, il n'hésita pas davantage. Les piques acérés de l'objet s'enfoncèrent profondément dans sa jugulaire. Il hoqueta, il s'effondra sur le sol, répandant son sang sur les roses d'un même rouge.

Sa souffrance fut brêve.
Ce fut parmi les roses qu'Exxus trouva la mort.

Prêtresse Anianka

Elle était si excitée, son cœur battait si vite qu'elle s'était précipitée et qu'il avait esquivé sa tentative d'approche. Au lieu de toucher sa chair chaude, ses pattes retombèrent agilement sur la terre et son corps se pencha sur le côté, si bas qu'elle put sentir l'herbe lui chatouiller le flanc. La réaction fut brève et le rebond rapide, en une seconde à peine elle avait de nouveau les crocs découverts en direction de sa proie et les pattes décollées du sol. Ses crocs heurtèrent la nuque du misérable et grâce à son élan elle le souleva et le balança par dessus son dos pour l'éjecter violemment sur la terre ferme. Une traînée de sang tâcha les fleurs sur son passage et coula le long de son cou pour le teinter d'un rouge vif.
Sa couronne roula loin derrière lui, recouverte de son liquide impur et répugnant. Anianka passa sa langue sur ses babines pour en retirer les tâches et elle cracha sur le corps immobile du galeux. Elle écrasa sa face avec l'une de ses pattes et tourna son museau pour s'assurer qu'il était devenu inconscient. Et quelle déception quand elle vit le sang qui coulait sans interruption de son cou, de cette plaie profonde qui ne venait pas d'elle. Son regard vide l'observa un moment et elle devina qu'il avait agi de lui-même, que la peur avait pris le dessus emportant la peu de fierté qu'il lui restait.  Voilà donc la fin du Roi, une fin digne de sa réputation, misérable et pathétique, digne du faible couard qu'il était et sera à jamais.

Elle inspira un grand coup, un peu déçue que cela se soit fait aussi vite. Mais une victoire était une victoire et elle savoura cette réussite en relevant la truffe vers l'astre brûlant.

Il lui fallut bien quelques minutes avant que l'adrénaline ne redescendre complètement. Elle observa les dégâts qu'il avait causé sur l'île et grimaça à l'idée de devoir nettoyer tout ça après. Elle se coucha près de lui et fit rouler sa carcasse sur son dos, elle passa ses pattes avant ainsi que sa gueule sur ses épaule puis se releva. Elle marcha doucement, les pattes arrières du défunt traînant sur le sol, son sang coulant sur sa nuque, ses épaules et son cou pour couvrir presque entièrement son pelage de rouge.

C'est vers Isrâ qu'elle se dirigeait désormais, car iel allait devoir s'expliquer et surtout la prêtresse devait s'assurer que son enfant allait bien.

Prêtresse Anianka

Quelle puanteur ce cadavre. Anianka marchait toujours et le soleil tapait sur son pelage peint de rouge écarlate. Le corps du déchu pesait lourd sur son dos et pourtant aucune de ses pattes ne tremblait sous l'effort, elle se tenait droite et devait à plusieurs reprises donner des coups d'épaules pour le redresser et éviter qu'il ne glisse par terre. La tanière de son enfant apparut enfin et Isrâ sortit immédiatement pour accueillir la prêtresse alors qu'elle arrivait tout juste. L'effluve du sang et de la mort était donc parvenue jusqu'à iel et avait annoncé la venue de sa mère. A chacun de ses pas plus proche de son enfant elle lea détailla un peu plus nettement, mais toujours avec un masque d'impassibilité. Elle s'arrêta tout près du disciple vert et ses yeux se plissèrent en constatant son état affaibli. Elle baissa une épaule et fit tomber son lourd fardeau sur le sol avec soulagement.

Non, Isrâ je viens seulement prendre de tes nouvelles.

Ses iris brûlantes scindèrent celles de sa progéniture un long moment en silence, puis elle les dévia vers la carcasse de l'ancien disciple rose.

C'est Exxus, tu le connais n'est-ce pas ? Il a osé t'insulter toi et notre famille devant moi et voilà ce qu'il a récolté.

Une lueur de mépris brilla dans son regard avant qu'elle ne le relève vers Isrâ. Sur le visage de la prêtresse peinturé de sang on pouvait y lire l'interrogation, l’inquiétude et la colère. Elle releva la tête et sa queue s'agita, haute derrière elle.

Mais de toutes évidences ce n'étaient que des mensonges, pas vrai ?

Sa voix était grave et bien que calme, elle en devenait effrayante dans ce contexte. Son expression implacable, son regard suspicieux et cette attitude qui plonge l'interlocuteur à se questionner sur ce qu'elle pourrait savoir ou non.. C'était comme si elle bloquait son interlocuteur dans un cul de sac où ni le mensonge, ni la vérité pourrait éviter le dénouement final. C'était là le don particulier de l'inquisitrice et ceux qui tentent de se jouer d'elle finissent inéluctablement comme ce pauvre roi de pacotille qui trône comme un trophée à ses pattes.

Prêtresse Anianka

L'attitude de la prêtresse reste impassible, presque grave tant elle paraît insensible et froide. Isrâ semble déconcerté-e en constatant le cadavre et iel se mure dans un silence stressant pendant de longues minutes. Ses iris flamboyantes ne cillèrent pas l'ombre d'une seconde, figés sur son enfant avec l'attente d'une réponse. Une réponse qui ne tarda pas. Dans le regard d'Isrâ Anianka y vit son reflet, à la fois puissant et menaçant et la réponse n'eut pas besoin de mots pour qu'elle la comprenne. Il y avait de la colère dans son coeur mais pas seulement pour ce roi de pacotille, il y en avait aussi pour elle, sa mère et pour sa propre faiblesse, son impuissance. Les oreilles de la prêtresse remuèrent et elle fronça les sourcils en l'écoutant, à la fois surprise et piquée par ce comportement, par ces confidences.

C'était au tour d'Anianka de se murer dans un silence tandis qu'Isrâ laissait sa rage lea consumer en lacérant le visage du défunt. Comme une lame qui venait de déchirer sa poitrine, Anianka sentit une nouvelle vague de colère monter jusqu'à ses tempes. Elle ne pouvait supporter que quelqu'un touche à ses enfants.

Il m'a révélé avoir acheté ton corps contre des plantes. Souffla-t-elle entre ses crocs serrés, ses prunelles enflammées pointées sur le cadavre.

Elle releva son regard vers lea disciple vert et détendit son visage. Elle lâcha un soupire par les naseaux pour se calmer et s'approcha d'iel. Même si elle pouvait paraître parfois sans cœur, Anianka en avait uniquement pour ses enfants et ses proches. Ils étaient même son unique faiblesse. Contre toutes attentes, elle se colla à Isrâ et glissa sa tête par dessus son épaule dans une étreinte maternelle.

Pardonne moi Isrâ.

Je sais que je n'ai pas été à la hauteur. Aurait-elle voulu rajouter, mais elle garda cette dernière pour elle. Elle aurait dû être plus présente pour iel, pour l'endurcir, pour qu'iel soit plus fort-e, pour que jamais quelque chose comme cela ne puisse se produire. Peut-être qu'elle ne s'y était pas prise comme il le fallait avec eux. Anianka ignorait comment se comporter, tantôt guider par sa froideur tantôt par son amour pour eux. Elle avait tant exiger de ses enfants que certains cachaient leurs faiblesses et en subissaient les conséquences, elle le regrettait.

Il ne te fera plus jamais aucun mal désormais.

C'était une expérience à vivre, malheureusement, pour qu'iel apprenne. Elle se recula et rompit le contact chaleureux entre eux-deux.

Comment te sens-tu ? Je vais demander à Teddy de t’ausculter, au moins pour nous assurer que tu sois sans danger.

Son expression est inquiète, elle espère qu'aucun bâtard ne prenne forme dans son corps si fragile, les conséquences en seraient graves. Teddy saura quoi faire lui, il est le soigneur le plus compétent qu'elle connaisse et en qui elle a entièrement confiance. Il est comme un oncle pour ses enfants.

Tu dois en ressortir plus fort, Isrâ. Plus jamais personne ne doit abuser de toi.

Elle plaça sa patte sous le menton de son enfant et lui releva un peu plus la tête.

N'oublie pas que du sang d'Alpha coule dans tes veines, ne doutes jamais de tes capacités.

Prêtresse Anianka

Anianka sera toujours là pour protéger ses enfants et leur réputation, elle sera toujours présente pour effacer leurs fautes, pour faire le sale travail et assurer leur bonheur. Elle ne vivait plus que pour eux, et ce depuis leur naissance.
Ses paupières se baissent au même rythme que sa tête en guise d'un accord commun. Ainsi, elle irait encore demander de l'aide à Teddy. Lui qui avait tant fait pour ses enfants, pour elle.. Il était le seul ami qui avait entièrement sa confiance et sa loyauté. Le seul être à pouvoir prétendre faire partie de sa famille, bien que le sang ne soit pas relié.

Nous irons ensemble, dès que tu seras prêt-e bien sûre.

Elle sera là jusqu'au bout pour soutenir son enfant, et c'était aussi l'occasion de revoir son vieil ami. Un sourire satisfait remonte agréablement ses babines, elle est fière d'entendre ces mots. C'est un pas de plus vers la sagesse qu'Isrâ entreprend, iel grandit et devient fort-e.
Aucune faiblesse n'est insurpassable.

Sa patte revient vers le sol et son museau, droit, s'immobilise sous la fausse menace de son enfant qui frôle sa gorge d'une lame inconnue. Une étincelle embrasa ses prunelles, comme un reflet venant de cette nouvelle arme que son enfant brandissait. Ses oreilles se dressent et elle écoute avec une attention toute particulière les mots pleins d'assurances qui sont prononcés. Elle était à la fois surprise de cette prestation et réjouie. Iel ne cessera donc jamais de la surprendre agréablement, bientôt, iel n'aura plus besoin de sa mère pour couvrir ses traces.

Je suis fière de toi, Isrâ.

Les voilà donc, ces mots tant attendus que chaque enfant espère entendre de ses parents et de ses supérieurs. La reconnaissance, quelque chose de si important pour chacun. Anianka avait mis du temps à le comprendre car elle n'en avait jamais reçu, mais les choses changeaient car ses enfants étaient des adultes désormais. Iel avait su se surpasser, s'élever plus haut et sa puissance commençait enfin à se voir. Les preuves étaient encore à faire mais la prêtresse ne doutait pas de ces paroles, elle avait confiance en iel et cette promesse lui allait droit au cœur.

La féline hocha la tête avec assurance et son sourire ensoleilla son doux visage.
Te voilà digne de ta lignée, Isrâ.