Question de point de vu | feat. Momon

› Pierre
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Pierre avait poussé son entraînement jusqu’à enfin décoller du sol. Oh elle ne volait pas très haut, deux ou trois mètres pas plus. Elle avait déjà suffisamment peur de tomber comme ça. Elle se sentait plutôt fière d’y arriver. Et elle trouvait que ses ailes laissées une sacrément jolie trainée de couleur derrière elle. Mais des couleurs sombres, parsemés de quelques points lumineux comme la voute céleste.

Habituée à s’entraîner dans les grands espaces. La louvette avait observé un long moment les champs mystiques avant de voir le frère de Cendres passer à plusieurs mètres au loin. Elle ne lui avait jamais causé. Et comme elle était plutôt curieuse de rencontrer les autres individus, elle s’était mise à le suivre avant de se laisser prendre par une libellule. Insecte qu’elle n’avait jusque là jamais vu. Nullement dans le désir de lui faire du mal, la petite s’était mise à la suivre en silence, louchant presque pour la voir de prêt. Elle s’arrêta quand l’insecte se déposa sur une fleure. Approchant sa truffe elle éternua vivement, reculant avant de tomber dans des légumes. Des légumes !

Oh non pitié pas ça ! Elle se releva d’un seul coup et se retourna vers le potager de son père. Merde elle avait abîmé une plante. Elle avait souvent vu Raison s’en occuper avec amour et passion. Elle ne savait pas jardiner, mais elle avait beaucoup observer son père, alors elle observa la plante, elle était juste tombée dessus, mais ne l’avait pas cassé. Par contre des trucs blancs sortaient au bout. Elle s’autorisa à la sortir de terre, oui c’était bien les racines. La jeune louve reposa la plante avant de gratter et de se mettre à replanter le plan de courgette, remettant la terre dessus avant qu’une ombre grandisse à côté d’elle et ne vienne lui ombragé la vu.

« Désolé… j’ai pas fais exprès »

Remarqua-t-elle à l’individu avant de tourner la tête en voyant le petit loup de tout à l’heure. Petit… Petit… tout était relatif… Disons que Pierre avait l’air d’une crevette à côté d’un requin. M’enfin l’image ne lui déplaisant pas, elle fit un sourire au mâle.

« Bonjour, tu viens souvent ici ? »

Si oui, peut être qu’il pourra lui dire si son replantage rapide pour pas que Raison perde des plants était bon ou pas. Elle c’était peut être complètement foirée. Mais bon, elle lança un regard à la plante. A elle ça lui paraissait plutôt pas trop mal comme travail. Un peu grossier soit, mais pas non plus totalement raté.

ft - Pierre

Question de point de vue

Silencieux qu’il était, comme toujours. Il le devenait bien plus avec le temps. Momon se faufilait encore au dehors, profitant de la douce caresse du soleil. Cela lui faisait tant de bien, ça lui rappelait Eva qui était encore partie au loin, et Octavia aussi qui ne restait que très peu à l’intérieur maintenant que le lait n’était plus vraiment une nécessité. Assis devant l’entrée principale du dédale, la jeune louveteau pointait le soleil de son museau telle une fleur de tournesol. Il était temps pour lui de fuir plus loin car, au loin, résonnait les cris de Ruines qui se rapprochaient. Pas aujourd’hui, il ne la supporterait pas aujourd’hui.

Sans demander son reste, le jeune louveteau s’élança à grand galop sur un sentier qui portait la marque de toute une meute. Ses foulées avaient bien changées en quelques mois, et désormais, même borgne, il y voyait au dessus des herbes hautes. Une certaine fierté quand il comparait à sa fratrie qui devait encore à moitié sauter de partout pour y voir clair. Dans les champs, la silhouette sombre ne craignait pas les obstacles sur sa droite, le terrain n’avait pas de secrets pour lui tant il avait prit cette route. Un bruit au dessus manqua de l’interrompre. Des battements d’ailes, sans ralentir, il darda un coup d’oeil bref à l’ombre planant plus haut. Ce n’était pas sa sœur, il l’aurait reconnue sinon, mais d’étranges lumières qui se dégageaient des plumes manquèrent de lui faire s’emmêler les pinceaux. La louveteau se savait suivi alors il accéléra, ses muscles le lui permettait et ses enjambées devenaient presque aussi grande que celle des adultes.

Son but se dessina sous son œil mordoré, mais le poursuivant l’avait certainement perdu. Car plus un son n’émanait des airs. Le ciel n’était parsemé que de nuages éparses. Arrivant à toute allure, Momon bifurqua avant l’entrée et se plongea sous des buissons, dérapant sur ses griffes pour freiner. Haletant, il observa les lieux encore vides. Sa langue pendait entre ses défenses, il avait ce soupçon de fierté de la réussite. Ajani serait sûrement fier de l’apprendre tien.

Au bout de quelques minutes, quelqu’un parut. C’était le même louveteau ! Incrédule, le mâle au pelage d’ébène écarquilla l’œil comme surpris. Il fut surprit de voir qu’il s’agissait d’une des filles de la portée de Judas et Raison. Jamais il n’avait réellement oser leur parler d’ailleurs, trop nombreux, mais il les avait tant observer dans son coin qu’il les reconnaissait aussi. Celle là, c’était Pierre, la sœur de Siem avec qui il se planque des fois pour échapper aux jeux. Elle observait quelque chose mais c’était certainement trop petit pour que le loup puisse reconnaître l’animal.

Un éternuement puissant le fit sursauter et quand le loupiot put se remettre, il voyait sa comparses en train de replanter des courgettes. Elle les replantait limite comme si elle enterrait un os. Momon était à moitié blasé de voir ça. Avec une mère végétarienne, il savait bien comment une plante était fichu, même si il détestait les manger. Le goût était horrible ! Son museau se tordit face aux souvenirs douloureux de la tentative légumière de maman Via. Sans broncher, et par pitié pour le plan de courgettes, il s’approcha doucement, sans bruits. Puis, par dessus l’épaule ailée, regardait le carnage. La louvette s’excusa, ce qui le surprit un peu. Le petit fit un pas en arrière, un peu déboussolé d’être repérable si facilement.

« T’as pas à t’excuser... »

Son regard se détourna sur sa droite comme si il était gênée. Les filles c’était malaisant avec la population de femelle qu’il cotoyait.

« Mouais… Je viens… assez régulièrement… ma mère a tendance à piquer des légumes pour les manger en douce... »

Ses pattes le firent reculer d’encore un pas. C’était une vérité et un mensonge, Octavia chourait des légumes ici mais elle ne s’en cachait pas, il cherchait juste une excuse pour ne pas admettre qu’il venait par plaisir. Cependant, il osa retourner son museau pour détailler l’oeuvre.

« En fait, faut pas enterrer les feuilles… ça étouffe la plante sinon… enfin... »

Sans trouver quoi dire, Momon déglutit puis s’avança prudemment. D’une patte, il dégagea la terre qui pesait sur les feuilles et les fleurs. Les fleurs, seul chose qu’il pouvait tolérer de mange d’ailleurs en terme de végétaux. S’agitant de haut en bas comme pour le remercier, le plant finit par se stabiliser. Continuant, le louveteau tassa un peu la terre par dessus et s’exprima brièvement :

« Comme ça, on voit plus la différence. »

Momo ne s’était pas rendu compte qu’il était si près de la louvette violette. Gêné, il se recula et s’assit. Il espérait ne pas l’avoir froisser et marmonna :

« Désolé... »

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Pas à s’excuser, elle n’avait pas à s’excuser. C’était bien rare pour Pierre d’entende ces mots là. Souvent on lui disait de demander pardon à son petit frère ou sa sœur parce qu’elle était trop rude. Mais là, elle n’avait pas à s’excuser. Elle battit des paupières en fixant le sombre plus grand qu’elle. Ses défenses, son visage au pelage épais, les couleurs, et son air de famille avec Cendres, ce n’était pas une femelle donc elle en déduisait qu’il s’agissait de Momon. Elle manqua de lui demander s’il était sûre, mais ce contenta de lui sourire un peu bêtement.

A sa réponse, elle hocha la tête. Ainsi donc sa mère aimait les légumes. Elle ne put s’empêcher de tirer la langue. Si elle respectait le travail de Raison, elle détestait mettre ces choses dans sa gueule. Elle trouvait ça fade, sans goût et bien désagréable à mastiquer.

« Et hum… toi tu en manges aussi ? Moi je trouve ça dégoutant … »

Elle se demandait si des louveteaux pouvaient aimer ces drôles de choses que les adultes leurs demander de manger avec tant de goût en ventant des particularités nutritives. Un jour Pierre avait rétorqué qu’elle ne mangerait pas cela, que théoriquement elle était loup, que le loup est un carnivore, et que les crocs qu’elle possède ne servent pas à brouter. Raison avait été offusqué, mais n’avait pas trouvé à redire sur la logique, il lui avait juste expliqué que ça apportait d’autres choses.

Elle le vit reculer et pencha la tête intriguée. Elle avait l’air méchante ou quoi ? Elle rabattit sa queue sur ses pattes, mais resta immobile à l’observer. Les oreilles pointées vers lui. Cherchant à comprendre son comportement. Elle tira la langue en léchant une pierre de son collier, les yeux levés vers lui alors qu’il parlait.

« Les plantes ça respirent ? »

Demanda-t-elle à sa remarque en remettant sa langue dans sa bouche plutôt que sur son caillou qu’elle avait déjà lécher et qui brillait sous la salive. Elle observa le mâle, avant de le voir faire. D’un œil vif et intéressée, Pierre observa ce qu’il faisait, apprenant avant de se mettre à côté, et de replanter comme lui le deuxième plan qu’elle avait écraser. Puis elle compara son plant au sien. Avant de gonfler les joues.

« T’es doué en Jardinage. Merci ! Je réessaie du coup. »

Ni une ni deux elle recommença sa besogne, essayant de bien faire comme lui. C’était encore un peu maladroit, mais beaucoup mieux que son tout premier essaie. Elle releva la truffe vers le petit grand en agitant les oreilles.

« De quoi tu t’excuses ? Merci beaucoup ! Grâce à toi papa Raison ne perdra aucune courgette, et j’ai appris à replanter ! C’est tout bénef pour moi. »

Lui répondit-elle en remuant la queue, restant à sa place pour garder la distance qu’il avait mit entre eux. Ne voulant pas l’envahir ou le déranger. Ou même l’inquiéter voir le brusquer. Pierre était patiente, détestait le conflit, et même si elle était franche, le mal n’était pas quelque chose qu’elle souhaitait.

ft - Pierre

Question de point de vue

Visiblement l’amour du légume était bel et bien une étrangeté pour beaucoup de loup. Sa mère était un peu allumée mais il ne pensait pas tant que ça. Octavia et ses grandes envolées lyriques, ses rires tonitruants, son amour des animaux, son amitié étrange avec Pénélope la souris. Tout était une bizarrerie donc pour les autres ? Momon regarda ses pattes un instant, un peu honteux, grattant le sol puis répondit à Pierre poliment :

« Bah j’ai essayé les légumes mais j’aime pas… Je préfère les fruits et la viande… Enfin je suppose que c’est pareil pour tout le monde. Ma mère est pas tout à fait normale faut croire. »

Son fessier se posa et son œil ne quitta pas ses pattes. Il ne savait vraiment pas quoi dire sans admettre ses propres défauts ou secrets. Mais la louvette ne semblait pas plus envahissante que ça, alors le petit sombre osa un peu la regarder, sans pour autant se plonger dans son regard non plus.

« Il est sympa ton collier... »

Soupira-t-il d’une voix presque inaudible. Mais la petite parla par dessus et il s’empressa de foncer dans la brèche de la discussion, ignorant son propre sujet.

« Euh bah maman Eva m’a expliqué que les parties vertes des plantes devaient rester en dehors de la terre… mais j’ai pas tout retenu, elle disait un mot bizarre pour dire ce que c’était… Phyto, photo, euhh quelque chose synthétique ? C’était plus simple quand elle en parlait… Tu devrais lui demander, c’est une grande dame toute maigre avec des grandes ailes… un peu comme toi mais en grande quoi... »

De loin, il l’observa retenter l’expérience et son conseil fut des plus efficaces. Momo resta figé quand Pierre le remercia. Il ne savait pas comment réagir à ces compliments mais au moins, elle ne l’envahissait pas. Momon bégaya quelques mots :

« Euh… d-de rien ? Je pensais pas que ça te tenait à cœur à ce point... »

Ravalant sa salive, le louveteau au manteau tâcheté s’approcha fébrile de sa camarade. Et dans un élan de sociabilisation lança :

« Je suis pas très calé en plante, et monsieur Ajani va surtout m’apprendre à défendre notre meute mais si tu veux, on peut essayer d’apprendre des choses pour aider ton papa... »

Sa voix se brisa à la mention du père et dans un grand effort, la larme qui s’apprêtait à rouler le long de sa joue se dissipa avant de quitter l’oeil doré. Momon se ressassait les conseils de sa mère pour ne pas souffrir mais c’était dur. Alors il tourna la tête et pointa un buisson derrière eux et argumenta d’une voix mal assurée :

« Je me cache là bas de temps en temps, comme ça je peux voir ce que font les grands… je pense me trouver un autre buisson pour apprendre d’autres choses, si tu veux, je te prête mes cachettes ? »

A défaut de donner plus de conseils, il essayait de donner un peu face aux efforts de sa comparse pour ne pas l’envahir.

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Il semblait si gentil, presque autant que Raison. La jeune louve aimait quand les autres étaient gentils, mais elle le trouvait aussi tout timide, et ne voulait pas le brusquer. Pierre voulait aimer et respecter les autres pour ce qu’ils sont au fond de leur cœur, et non pour ce qu’elle voit et imagine d’eux. Mais c’était sans doute un objectif très dur à atteindre, surtout à son jeune âge. Elle l’écouta notant dans un coin de sa tête ses goûts afin de pouvoir lui faire plaisir à l’avenir, avant qu’il ne dénigre un peu sa mère. Pas tout à fait normal ? Elle étira un vague sourire en remuant sa longue queue.

« Personne n’est normal pour personne je crois. Et puis c’est bien d’être original, au moins elle est unique ! Et tu as plein de choses à dire sur elle »

Remarqua-t-elle un beau sourire aux babines. Elle le pensait fermement. Personne n’est normal aux yeux des autres, et assumer d’être original rend les gens encore plus uniques. Et puis si il la trouvait original au moins il en parlait et ça lui faisait sans doute un tas de trucs à raconter et un tas d’aventures amusantes qu’il pourrait vivre. Il regrettait d’avoir une mère comme ça ? Elle n’en avait pas du tout, de maman, mais elle n’en ressentait pas le manque, elle avait Judas.

La louve était très androgyne, elle avait des allures masculines, on la confondait parfois, c’était drôle. Judas était pareil, un mâle qui se prenait pour une femelle parfois. Son père aussi était un original après tout. Alors pourquoi irait-elle critiquait ce qui est différent ? C’est bien d’être différent, non ?

Instinctivement Pierre s’était mise à lécher son collier tout en entendant le mâle s’asseoir. Elle releva les yeux à ses paroles. Son regard brillant de joie qu’on compliment son collier dont elle prenait si soin.

« Tu trouves ? ça me fait plaisir si tu le penses vraiment ! Ce sont des pierres précieuses, je les collectionne, tu veux voir de plus prêt ? »

Demanda-t-elle en se relevant prête à retirer le collier pour le lui prêter et qu’il voit les pierres de plus prêt. Elle pouvait aussi toutes les nommer si il le voulait, et donner leur faculté aussi. Elle était tellement calée sur le sujet, une véritable passion. Toute heureuse du compliment, Pierre avait pourtant réussi à ne pas rougir, ouf !

Elle se mit à réfléchir à ce qu’il disait, très sérieuse. La petite érudit aimait aller à la bibliothèque, avec Cendres d’ailleurs. Il ne lui manquait qu’un membre de la fratrie à rencontrer, Ruine, et elle en avait très envie. Elle plissa la truffe en rabattant ses ailes avant de pencher la tête.

« Photosynthèse ? »

proposa-t-elle à Momon tout en réfléchissant, elle n’était pas tout à fait sur de ce qu’elle disait mais elle avait vu le mot dans un livre sur les plantes. Alors peut être qu’elle ne se trompait pas et que c’était bien ça. Elle imagina alors la maman de Momon et pencha la tête, avec des ailes ? Mais il n’en ai pas lui ? Soit alors, encore une bizarrerie de la nature, mais elle ne dirait rien, elle aime ce qui n’est pas… ordinaire.

Quand elle le remercia, elle trouva sa tête toute mignonne et eut presque envie de lui faire un calin pour le taquiner un peu. Mais ça n’était pas bien et elle ne voulait pas qu’il se sente mal, ou qu’il soit stressé. Alors à ses mots elle fit un tour sur elle-même avant de se rasseoir devant lui.

« Bah euh… Si j’aime apprendre, et je suis contente de pouvoir aider mon père en jardinage … C’est bizarre c’est ça ? »

Elle l’écouta, monsieur Ajani ? Humm… A oui le grand chevelu blanc. Elle se souvenait. Apprendre à défendre la meute. Oh c’était un bel objectif, il en avait de nobles idées pour l’avenir. La femelle l’admira une seconde, l’imaginant défendre la meute avant d’agiter les oreilles.

« Défendre la meute t’ira bien, je t’imagine déjà dans le rôle. Et je serais trop contente d’apprendre des trucs avec toi ! »

Oh que oui elle ne se priverait pas une seconde. Momon était intéressant, passionnant même, et elle était franchement ravie. Elle ne pouvait pas le cacher de toute façon, ça se voyait à son regard brillant de joie et sa queue que s’agitait avec un grand plaisir dans son dos. Elle l’observa pointer un buisson, posant son regard sur celui-ci avant de reposer ses yeux sur le mâle et de rabattre sa queue contre ses pattes.

« ça marche ! Je peux aussi t’aider à trouver d’autres cachettes si tu veux. »

Elle était motivée à l’idée de l’aider à trouver pleins d’endroits sympas où il pourrait se cacher pour observer. Il avait l’air d’un grand timide, mais d’un loup très gentil aussi. Et puis Pierre aimait aider, c’était dans sa nature, alors elle ne comptait clairement pas se détourner de l’idée.

ft - Pierre

Question de point de vue

Elle marquait un point, un bon point en plus, Pierre était le genre d’amie rêvée pour lui. Elle avait les mots et les agissements d’une personne gentille et douce. Momon se dérida un peu et sourit tout en continuant :

« J’aurais pleins de choses à dire de mes deux mères de toute façon ! Mais je les aime fort, l’une comme l’autre ! »

Il n’eut pas le temps de réagir qu’elle s’illumina à la mention de son collier. Interloqué, le jeune louvard fut prit par surprise. Il ne pensait pas du tout qu’elle accordait tant de soin à ses pierres. Mais quelque part, avec son nom et son apparence, pouvait-il seulement nier qu’il avait supposé cet amour des roches ? Il se mit à bégayer de son étonnante réaction :

« B-b-b-bah je sais pas, peut être plus tard ? J’ai peur de les abîmer ... »

Sa phrase se perdit une nouvelle fois dans ses moustaches. Son œil doré se tourna sur le côté encore, il osait à peine lever le regard pour voir la louvette ailée.

« Euh oui, c’était ça… je crois... »

Il ne savait plus, on aurait pu lui demander comment il s’appelait qu’il serait incapable de répondre correctement. Tout ce stress de la sociabilisation, il en ignorait presque que Pierre s’était remis devant lui.

« Bah j’ai jamais dis que c’était bizarre… Juste que j’imaginais pas les filles de Judas et Raison faire du jardinage c’est tout… Puis tu l’as dis toi même, on est tous des pas normaux à notre façon... »

Momon se perdait un peu plus, lui et le dialogue ça faisait un nombre trop grand pour le dire. Mais l’idée de trouver de nouvelles cachettes, ce n’était pas pour lui déplaire. Il hocha alors la tête, tout timide qu’il était, face à la proposition de Pierre.

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Si il les aimait fort, c’est tout ce qui comptait. L’amour, c’est tout ce qui comptait aux yeux de Pierre. Ça rendait fort, ça rendait beau, et ça rendait heureux aussi. Elle remuait calmement sa queue, observant le mâle en face d’elle. Silencieuse et calme, elle était gentille, et un peu envahissante, mais c’était Pierre. Elle lui proposa de toucher son collier, mais il refusa, peur de les abîmer ? Mais ce sont des pierres, et avec toutes les cascades qu’elle a fait si ça avait dû s’abîmer ça serait fait depuis longtemps. Elle étira un sourire et hocha la tête, acceptant tout de même son choix. Elle n’allait pas le forcer après tout.

« D’accord ! »

Finalement elle proposa la photosynthèse et ça semblait être ça. Elle se sentie fière d’avoir trouvée, elle qui donnait tant d’importance à la langue et au vocabulaire, et qui voulait faire attention à ce qu’elle disait. La fille de Judas fixait le fils d’Eva, les oreilles pointées, réfléchissant, silencieusement, à ce qui pourrait lui faire plaisir. Elle savait pour Cendres, il aimait les animaux, alors lui montrer des coins où y en a qui vivent tranquille pouvait peut être lui plaire. Mais pour Cendres qui semblait si sérieux… Oh elle trouvera bien elle ne se faisait pas de souci pour ça.

Ainsi donc il n’était pas bizarre qu’elle aime faire du jardinage, il n’avait juste pas imaginer qu’elle puisse aimer ça. Elle étira un sourire.

« Tu as pleins de choses à apprendre sur moi et moi j’en ai pleins à découvrir sur toi. »

Remarqua-t-elle doucement avant d’entendre la voix de Raison, elle mit les oreilles à l’horizontal. C’était sans doute parce qu’elle avait encore prit la fuite alors que Raison voulait que tout le monde aide à ranger les affaires des Sortceliers. Elle lança un regard à Momon.

« J’crois que je vais devoir te laisser. A bientôt Momon »

Elle fit un pas sur le côté, un mouvement élégant et svelte, avant de le contourner et de s’éloigner dans le potager en direction de son père à qui elle fit un grand sourire avant de le suivre pour rentrer. Elle était obéissante même si très fuyarde, disons qu’elle adore l’aventure…

ft - Pierre

Question de point de vue

Le sourire fut facile à décrocher à la louvette ailée. Bizarrement, le louveteau se sentait suffisamment à l’aise pour lui renvoyer ce qu’il assimilait à un sourire. Il tendait les babines sans montrer les dents, du moins celles qui restaient planquées. Mais quand la petite parla de mieux se connaître, Momon se sentit rougir intérieurement. Sa timidité reprit le dessus, et il n’osa pas trop répondre. Il n’eut pas réellement le temps. Raison se trouvait derrière eux et appelait sa fille. Malgré la douceur de sa voix, le louveteau vit bien que sa comparse n’était pas réellement là où elle devait être. Il la regarda commencer à partir, le cul vissé au sol. Il lui lança tout doucement :

« A plus tard Pierre... »

Mais elle devait se trouver un peu trop loin, songea-t-il après coup. Son attention se reporta sur la plante qu’elle avait un peu déracinée, pensif. Il devait bien s’avouer que des enfants de Raison et Judas, les filles étaient bien loin de sa mère et de sa sœur. Un rien qui lui tira un sourire plus franc, presque amusé. Il allait rentrer lui aussi, il était temps. Tournant les talons, le jeune mâle emprunta le chemin du retour tout guilleret de ses nouvelles amitiés.

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