Rp se passant le matin suivant de la naissance de Dag/mort de Nòtt, pendant que Joy est chez Aka pour une raison similaire.

• 4 ans et demi •
F A E I

Pour la première fois de sa vie, Horus ronchonnait. Il était de mauvais poil et son coeur était lourd. Si jusque là il avait subit sans trop rien dire les coups durs de la vie, l'accumulation de ces dernières lunes avait eu raison de sa capacité à prendre du recul. C'était donc un loup à la mine sombre et à l'humeur maussade qui louvoya dans la Moere. La tête basse, il devait refouler des larmes qui, régulièrement, venaient chatouiller ses paupières. Il avait accepté la mort de ses parents bien aimés, l'année précédente, alors que Sokaris était loin et seule. Son frère adoptif était revenu par miracle ! Pour disparaître aussitôt et s'enfuir chez un autre peuple, emportant avec lui leur soeur enceinte... S'étaient-ils soucié tout deux d'abandonner le petit dernier de la famille ? Il avait accusé le coup des décès récents, à la fois ravi d'officier à la suite de son mentor et triste de voir partir des membres éminents de sa meute. L'enterrement de Clou avait été plus difficile qu'imaginé. Et puis il y avait l'agression de la Panseur, sa consoeur disciple jaune, et d'un de ses cousins, Saqqarah. Horrible événement, horrible sensations que devoir attendre de savoir si le fils de Ptah allait survivre ou non ! Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'il devait enterrer sa soeur aînée ?!

Et cerise sur le bouquet, elle avait donné sa vie contre celle d'un minuscule louveteau à peine aussi gros que sa large patte ! Bon sang, il était tonton une nouvelle fois... Sauf qu'aujourd'hui il ne restait que Thalion et lui comme famille à ce nouveau-né si petit et si fragile... Deux mâles maladroits et loin d'être assez responsable pour élever un louveteau ! Son grand frère avait beau être père, il était vieux, fatigué et... Eh bien, c'était quand même Joy qui avait majoritairement élevé Meshret et Léo ! Louve qu'il n'avait toujours vu que comme brute de décoffrage, intolérante aux étrangers et guerrière hors-pair. Louve qui, par ailleurs, avait immédiatement pris soin de ce bébé pour espérer le faire survivre à sa première, parce que son corps le lui permettait.

« Maître Anaconda...  »

Horus déglutit, baissa le museau. Ses iris vert d'eau s'emplirent de larmes qu'il ravala une nouvelle fois. Il n'avait ni le temps, ni l'énergie de se laisser aller à la tristesse pour l'instant. Il y avait la vie de ce petit nouveau-né pour laquelle il allait batailler même s'il ne savait quoi faire. Il n'avait même pas réalisé complètement que plus jamais il ne croiserait sa soeur dans la tanière des Panseurs, que plus jamais son sourire si semblable à celui de Korra ne le rassurerait.

« Comment suis-je censée prendre soin de ce bébé ? Il est aussi petit qu'un lapereau... Il a du mal à manger et à se faire entendre... Thalion et moi ne pouvons remplacer sa mère, nous... »

Il parlait tout seul, plus pour lui même finalement. Sa tête bourdonnait entre le chagrin et l'angoisse. Cet enfant né dans la douleur, trop tôt pour lui assurer une vie facile et une constitution bien portante, allait peut-être ne pas survivre à son premier jour et le dernier souffle de sa soeur aînée pour implorer à Lymphalème de sauver l'enfant aura été vain. Horus se sentait trahie par Nòtt également. Elle ne l'avait pas jugé digne de savoir qu'elle portait la vie, elle n'avait donc pas voulu de lui à son côté pour l'aider. Était-ce sa faute ? Son choix de vivre la moitié du temps -même un peu plus- au cimetière avait-il fait de lui le paria de sa famille ? Il se remémorait l'union, l'entente, la tendresse de son enfance. Aujourd'hui il se sentait si seul, si petit et si faible face à l'univers entier qui s'en prenait à lui. Comme ce minuscule loupiot dont on n'avait su encore lui donner un nom. Il fallait que le fils de Geb se raccroche à un idée tangible et logique pour que les larmes ne dévalent pas ses joues. Aujourd'hui, rien ne semblait pouvoir lui rendre ne serait-ce qu'un petit sourire. La douleur était trop grande de voir sa famille partie en lambeaux. Alors il se focalisa sur cette pensée. On n'avait su nommer l'enfant.

« Dag. Il s’appellera Dag. »

Parce que c'était déjà lui assurer l'espoir de la survie que de lui donner patronyme. C'était lui offrir l'amour et le soutien que de lui donner place auprès d'eux avec un nom. Dag, fils de Nòtt. La mère du bébé avait été nommée selon une mythologie d'ailleurs, apprise par Darius lors de son long voyage au nord. Dans ces contes, Nòtt était la déesse de la nuit., Dag y était son fils, dieu du jour. Quelque part il y avait une certaine... Beauté dans cet événement tragique. La nuit donnait naissance au jour. De l'obscurité naissait la lumière. Horus se promit d'apporter à cet enfant la même tendre qu'on lui donna dans sa jeunesse. C'était là la seul chose dont il serait capable.

« Il sera lumière pour les siens, éclairera ses pairs j'en suis certain. Seigneur Kiro, je demande votre compassion, afin d'offrir à ce petit, à Dag, toutes les chances de survie possible. Il est d'une fragilité extrême, chaque geste semble lui être une attaque, chaque son une bombe... Il doit se sentir si seul sans retrouver la chaleur connue de sa mère. »

Et moi je ne suis que maladresse, je ne saurais que lui faire plus de mal par ma présence... Un écho de sa peine se ré-enroula autour de son coeur, serrant ce dernier comme un serpent constrictor.

Maître Anaconda, je vous supplie d'offrir à ce petit un peu de votre lumière.