Trucs qui PUENT l P.V. Feather

Elle passait beaucoup de temps à se rouler dans le sable. C'était rigolo, après elle en avait partout. Partout partout. Dans les cheveux. Dans les pattes. Dans les poils. Dans les oreilles. Dans la truffe - ça c'était un peu nul par contre. Elle en avait partout et maman râlait. Et Eros aussi. Et les autres, tous les autres. Ils râlaient tous. C'était drôle.

Mais aujourd'hui, ça allait être encore plus drôle. Parce que dans le sable, elle avait trouvé... Des algues. Des algues partout. Des grands doigts verts, filaments spongieux et peu ragoutants qui n'attendaient qu'une chose : qu'elle vienne les ramasser. Et Makuro allait les ramasser. Pire ! Elle allait s'en faire un collier. Un magnifique collier d'algues. De ses petites pattes encore boudinées, elle roula les algues entre elles, les gorgeant de sable et de petits crabes, et en accrocha les bouts. Hon. Quelle beauté. C'était parfait. Elle passa son oeuvre sur ses épaules et entama une deuxième portion d'Art Véritable.

Hon. Dans celle là y'avait même un peu cailloux coincés avec le sable. C'était trop beau.

Fière, elle saisit délicatement son Oeuvre de sa gueule avant de chercher une victime des yeux.

Hon. Y'avait un loup là.

Elle se dirigea par petits bonds vers la silhouette, avant de se rendre compte que c'était la louve qui-fait-peur. Makuro s'arrêta.

La considéra un instant.

Un instant seulement.

Avant de bondir entre ses pattes avant et poser le collier par terre :

POUR TOI !

C'est un cadeau. Ca ne se refuse pas, non ?

De son ancienne nature de loup, Safran gardait quelques avantages sur les créatures marine, notamment une plus grande résistance aux rayons solaire lui permettant de profiter des petits plaisir des siestes sur le sable chaud des plages de Morne-oeil -bien qu'elle devait tout de même faire attention à éviter le soleil de midi si elle ne voulait pas se retrouver dans le même état que les cétacés échoués qui ne parvenaient pas à revenir dans l'eau. L’inconvénient cependant était que contrairement aux fonds marins, il y avait des enfants sur l'île, des enfants sans le moindre scrupule ou respect pour leurs aînés et qu'il aurait été mal vu de boulotter. Lorsque Safran entendit des petits pas mous marteler le sable, elle ne releva pas la tête, elle n'ouvrit même pas les yeux dans l'espoir vain qu'un adulte faisant la sieste serait suffisamment inintéressant pour que le jeune individu qui s'approchait change de cible. Elle put considérer que la manœuvre était un échec lorsqu'elle sentit une immonde substance gluante à l'odeur d'algue en fermentation lui tomber sur la truffe accompagnée de la voix aiguë d'une des nouvelles gamines de l'île -la fille de Creek ou sa petite fille, quelque chose comme ça.
Safran releva subitement la tête au contact de la chose qu'on lui avait mis sur le nez, fronçant son museau en voyant le petit roulé de débris marin plein de sable, de crabe et de parasites. D'une griffe, elle envoya plus loin ce qui ressemblait bien plus à un déchet qu'à un collier avant que son regard rubis ne s'arrête sur la jeune louve à ses pattes, elle portait la même chose autour du cou.

« Va partager tes puces avec quelqu'un d'autre morveuse »

D'une patte elle repoussa la petite louve jusqu'à la distance maximale possible sans bouger plus avant de reposer sa tête au sol et fermer à nouveau les yeux.

« Et à garder ton truc autour du cou, tu vas finir par attraper une saloperie. »

Si elle lui remettait sous la truffe, Safran la balancerait à la flotte, ça lui ferait les pattes tiens.

Y E E T. D'un oeil curieux, Makuro considéra l'offrande qui se trouvait éjectée plus loin, bien trop loin pour qu'elle pense aller le chercher. Ou ne serait-ce que vérifier l'état dans lequel il avait fini. Parce qu'au vu de la parabole effectuée, et des crabes et algues perdus en chemin, le collier ne devait plus être constitué de grand chose.

Elle reposa son regard sur la louve-poisson, et glissa dans le sable en rigolant quand cette dernière la repoussa. Ca chatouillait ! Ca s'infiltrait partout ! C'était rigolo ! Elle piailla et, sans prendre en compte le conseil de son ainée elle bondit de nouveau contre elle, dans son cou, se lovant comme un petit chaton là où la chaleur était la plus grande.

Evidemment, elle étala du pus d'algue un peu partout sur son passage, nullement dérangée de ces saletés. De ses cheveux jaillirent quelques araignées minuscules qui se mirent à courir sur son corps, puis celui de Safran.

Qu'elle était bien installée, juste à cet endroit !

Ça aurait été trop simple n'est-ce pas si la petite morveuse l'avait écouté et serait allé retourner dans les pattes de sa mère ? Les louveteaux, on aimait se plaire à dire surtout ceux Raeders, étaient pire qu'une bande de mouette sur une carcasse échouée : terriblement agaçant et impossible à s'en débarrasser. Safran ne fit même pas l'effort de retenir un grondement, se relevant légèrement dans un mouvement de recul lorsque la petite boule de poisse vint se lover contre elle, sous son cou, dans le creux de ses pattes. Et voilà que toutes les puces et autres parasites qui habitaient la jeune femelle s'enfuyaient du pelage de celle-ci pour venir courir sur la peau brune de la plus âgée. Safran se releva, bousculant la gamine avant de s'ébrouer pour faire partir la multitude de petites araignées qui venaient la chatouiller.

Le museau froncé, dévoilant le bas de ses crocs déformés par la malédiction, elle considéra la petite boule de poil immonde à ses pattes. Ça devait faire des heures qu'elle jouait dans les algues échoués de la plage. Safran finit par se pencher vers elle, ouvrant sa gueule pour la saisir par un bout de peau, se souciant très peu si elle faisait mal ou non à la petite vermine qui l'avait dérangé dans sa sieste et se dirigea vers l'océan. Puisqu'il était évident qu'elle risquait de se la coltiner jusqu'au passage d'un autre Raeders, elle allait faire passer l'envie à la gamine de revenir traîner dans ses pattes avec l'odeur, la texture et le goût d'un poisson mort laissé au soleil.
Elle avança dans l'eau jusqu'à ce que celle-ci lui touche le ventre, jusqu'à un endroit où elle était sûre que la gamine aurait à peine patte avant de la lâcher brutalement sans même la prévenir. Puis la louve maudite se laissa glisser parmi les vagues s'enfonçant dans l'eau pour ne laisser sortir que sa tête, le haut de son dos et de sa queue, lançant à l'enfant un regard narquois, un grand sourire moqueur sur ses babines.

« Alors ? On fait moins la maligne maintenant hein ? »

Elle piaille, quand Safran la saisit sans ménagement, mais pas de douleur. De joie, plutôt, d'excitation aussi. Elle partait à l'aventure ! Et visiblement cette aventure se passerait dans l'eau. Au fur et à mesure qu'avance la louve chocolat, Makuro recroqueville sa longue queue touffue pour pas qu'elle ne tombe dans l'eau. Woops ! C'est froid ! Ca elle savait ! Parce qu'elle était pas bien grande, Makuro, et ne savait pas faire autre chose que barboter pour sauver sa peau.

Mais peine perdue ! Elle avait beau lever les fesses, la louve-crocodile la jeta quand même dans l'eau. Elle piailla quand son corps entra en contact avec le liquide, qui la submergea. Un peu trop petite, elle fut obligée de plonger au fond de l'eau, donner un grand coup de patte pour remonter.

Et replonger.

Et taper le sable pour remonter prendre une goulée d'air.

Et ainsi de suite.

Elle pédala en chien pour venir s'accrocher au pelage de la louve brune, s'avançant de plus en plus loin du rivage. Bientôt, elle ne pourrait plus faire ses petites plongées dans l'eau sans que ça devienne dangereux. Elle piaillait toujours, tentant d'attirer son attention. Elle finit par attraper une épaule et grimper à demi dessus, haletante, le sourire aux babines. Le sommet de sa tête grouillait de mille araignées en colère qui se disséminaient partout où il y avait de l'espace libre, à l'abri de l'eau. Eh, elle en perdrait peut-être quelques unes... Mais il y en avait tant. Quelle importance.

Bateau !

Tu es maintenant un joli bateau, Safran. Sauras-tu être à la hauteur de ton rôle ?

Il ne fallait pas se mentir, Safran tirait une certaine satisfaction à voir ainsi la morveuse galérer autant, agitant maladroitement ses grosses pattes disproportionnée typique des louveteaux et à ouvrir la gueule dans le but de piailler facilitant aux vagues le travail de lui faire boire la tasse. La louve adulte elle, se laissait flotter paisiblement à la surface sans user du moindre effort tel un morceau de bois lancé à la mer. Elle déchanta pourtant bien vite quand l'espèce de petite larve à pattes et à poil vint s'accrocher à elle, refermant ses petites dents de bébés sur les membranes gagnées avec la mutation, tirant dessus pour lui grimper sur le dos. Safran ne put contenir une grimace, ce n'était certes pas les morsures qu'elle avait reçu en combat mais ça n'avait rien d'agréable et sans doute ce fut ce qui laissa à la gamine le temps de finir de lui grimper dessus avant de carrément avouer non sans une pointe de joie et de satisfaction qu'elle la considérait comme un bateau maintenant.

« Comptes pas trop là dessus morveuse. » grommela la louve aquatique avant de se laisser couler vers le fond.

D'un geste brusque, elle se débarrassa de la gamine accrochée à elle, lui faisant maintenant face pour mieux la repousser d'un coup de patte arrière, l'envoyant se noyer un peu plus loin. Enfin se noyer... non pas vraiment, Safran malgré sa brusquerie restait un minimum attentive, si la morveuse buvait un peu trop la tasse, bien sûr qu'elle la ramènerait à la plage. On lui en voudrait si elle perdait un louveteau, aussi pot de colle et insupportable soit-il, dans les eaux profondes de l'Océan. Cependant...

« Tu n'as qu'à prendre ça comme un entraînement, ceux qui apprennent à nager de bonne heure sont ceux qui ont le plus de chance de survivre quelques jours de plus. »

Elle ne prétendait pas être une bonne prof.

De nouveau, elle vola. Elle éclata de rire, jusqu'à ce que son corps heurte l'eau, et jusqu'à ce qu'une patte de la louve crocodile lui martyrise le ventre et l'envoie par le fond. Un instant, elle paniqua dans ce monde glacé, agitant ses pattes tant qu'elle pouvait, cherchant à rejoindre la surface, sentant l'air lui manquer. Et son museau creva la surface, et elle ingéra une énorme goulée d'air, ses poumons accédèrent à la libération. Elle toussa, battit des pattes, sa tête replongea de nouveau sous le niveau de la mer, elle se débattit.

Naturellement, ses mouvements, malgré la panique, devinrent plus fluides et plus orientés, et elle émergea de nouveau, volant une goulée d'air, secouant la tête pour chasser de sa vue ses cheveux. Elle toussa encore un peu, grapillant les paroles de son ainée.

Devenir plus forte, pour survivre.

Elle battit des pattes un peu plus fort, et cette fois ne replongea pas complètement, parvenant à garder sa tête hors de l'eau. Toute concentrée sur cette réussite, elle mit un moment avant de se rendre compte que Safran l'observait.

Makuro se força à sourire, avant de barboter, bon an mal an, vers elle.

Cherchant, encore une fois, à rejoindre cet îlot-bateau, dans l'intention manifeste de grimper sur son dos.

Elle coula, remonta, ria, coula à nouveau buvant la tasse mais elle tenait bon la môme. Et évidemment, plutôt d'essayer de rejoindre la côté pour venir chouiner sans les jupons d'un adulte plus... sympathique ? Conformiste ? Voilà qu'elle essayait à nouveau de la rejoindre avec dans son regard cette détermination à remonter sur son dos. Évidemment,à quoi est-ce que Safran aurait pu s'attendre avec ce genre de gamine ? C'était bien la petite fille de Creek tiens, manquerait plus qu'elle perde une patte tout comme lui parce qu'elle aura jouer les têtes brûlées malgré les avertissements.
Il aurait été si simple pour la maudite de simplement se laisser couler et dérive vers les profondeurs plus éloignées de l'Océan mais à coup sûr la morveuse la suivrait et c'était évident qu'elle se noierait, on risquait de le lui reprocher ensuite. Mais si la môme voulait nager, hé bien qu'elle nage. Se laissant un peu flotter à la surface dans un air nonchalant, gardant ses yeux sur la petite crevette mauve qui se débattait contre la vague, ne laissant dépasser de la surface que le haut de son museau, de son crane et de son dos, Safran donnait de très léger coup de queue pour s'éloigner progressivement de la gamine au fur et à mesure que celle-ci avançait, conservant cette distance entre elles deux sans jamais la réduire ou l'augmenter pour mélanger espoir de réussir l'objectif et désespoir de ne jamais progresser.
Nage morveuse, ton inexpérience te fatiguera bien plus vite que Safran malgré ton jeune âge.

Elle s'approchait ! Elle approchait du Bâto-Safran ! Safrateau ? Safrateau ! C'était un très joli nom, que Makuro se mit à scander en battant des pattes, s'essoufflant bien vite :

SAFRATEAU ! SAFRATEAU !

Elle piailla tout ce qu'elle put, jusqu'à ce que la fatigue se fasse sentir et engourdisse ses pattes. Parce qu'au début, elle ne se rendit pas compte que Safran l'emportait bien plus loin que ce qu'elle avait prévu. Mais au bout d'un moment elle s'inquiéta de ce qu'elle ne rejoignait pas son bateau.

Elle s'arrêta de pédaler et, presque instantanément, coula.

Pour remonter à la surface d'un coup de patte, prendre une énorme gorgée d'air... Et flotter. Oh. Quand on prenait de l'air et qu'on arrêtait de bouger un peu on... Flottait ! Fière de sa nouvelle trouvaille, elle s'agita (et coula) de nouveau, tournée vers la louve crocodile.

SAFRATEAU !

Parce que fallait pas déconner, c'était drôle de l'appeler Safrateau. De nouveau elle se mit à battre des pattes vers elle, mais cette fois elle n'avait pas à fournir d'efforts pour flotter et tout était plus simple. Elle allait aussi plus vite.

Alors pourquoi ne se rapprochait-elle pas ?

Safran plissa le museau dans un air mécontent lorsque la môme commença à l'appeler « Safrateau ». Elle n'avait pas réussi à trouver plus pourri comme surnom ? Et d'où elle osait penser que la louve transformée lui autorisait à lui en donnait un. Alors par vengeance puéril sans la prise en compte de l'âge et la fragilité, Safran attendit finalement que la gamine la rejoigne, juste pour l'avoir à porter et écraser une de ses pattes avant sur sa tête, la faisant couler et cherchant à la maintenir sous l'eau.
La doyenne Raeders devait cependant admettre quelque chose, aussi agaçante et insupportable qu'était la morveuse, elle apprenait vite. De peluche inutile qui coulait comme une pierre, elle avait rapidement compris comment ça marchait jusqu'à être capable de rester la tête hors de l'eau, flotter et avancer, sans doute en grandissant, si elle apprenait toujours aussi vite, qu'elle ferait une bonne Raeders. Sans doute que la noyer, au-delà du fait que ça lui mettrait les parents sur le dos, pouvait s'avérer être une perte.

Erf, les mômes étaient des êtres si insupportables.

Au bout de quelques secondes, suffisamment pour que cette petite larve pleine de poil boive la tasse mais bien trop peu pour qu'elle se noie, Safran plongea la tête dans l'eau pour la saisir par le dos comme elle aurait saisie une proie, sans douceur ni aucune délicatesse avant de la remonter à la surface et se diriger vers la plage. La louve brune était lassée de surveiller la morveuse, ça l'avait amusé un petit temps mais elle avait clairement d'autre chat à fouetter.
Arrivée sur le sable, elle lâcha la gamine de sa hauteur, ne cherchant même pas à la déposer avant de passer au dessus comme si elle n'existait pas.
D'un bond, elle sauta sur un rocher un peu haut, trop pour qu'un enfant de l'âge de la violette ne puisse la suivre puis elle se laissa glisser dessus pour s'allonger, faisant dos à la gamine.

« Va emmerder ta mère maintenant, et essayes même pas de retourner à l'eau, j'viendrais pas te repêcher si tu te noie. »

Et hop !

Contre sa volonté, son petit corps violet plongea sous l'eau et elle se retrouva à boire la tasse, surprise. Très vite, elle paniqua un peu et se débattit, le sel lui donnant envie de vomir et ses poumons criant à l'aide. Heureusement, des crocs saisirent son dos et la tirèrent hors de cet Océan si sauvage. Elle perça la surface et hoqueta, cracha une gorgée d'eau, hoqueta de nouveau de panique, vida encore ses poumons avant de réussir à prendre une véritable goulée d'air - délivrance.

Le choc sur la plage de sable fut misérable à côté, et elle roula dedans. Elle toussa encore une fois ou deux pour faire bonne mesure et se redressa avec un sourire. Elle ressemblait à un petit tas de sable qui s'animait, et sa mère serait probablement très contente de la retrouver ainsi.

Les poumons encore douloureux, Makuro bondit vers le rocher de Safran :

A demain, Safrateau !

Et elle déguerpit en riant sans demander son reste, à la recherche de quelqu'un à qui coller tout ce sable, ou une couche à rendre grattouillante.

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