I'm back, bitches l Family prio Anette

Son esprit s'est allégé.
Le terrain se prépare pour l'avenir, la transition va s’effectuer en douceur. Pour que jamais les choisis n'aient à vivre l'accès au pouvoir comme d'être lancés dans une arène sans préparation, jetés aux lions. Elle a accepté et apprends petit à petit à vivre avec ce qui se passe dans son corps. Elle ira voir le dieu aussi pour lui dire, il sait peut-être déjà mais la culpabilité a été chassée alors elle se sent d'y aller.
Elle respire un peu mieux.

Il lui manque encore un peu d'oxygène cependant, elle doit encore s'entretenir avec une personne pour conclure totalement cet arc. C'est avec elle que cette phase a commencé bien que n'en ayant aucune culpabilité, alors c'est avec elle qu'elle se terminera. Tout comme le cycle du règne ne change d'étape qu'en présence de l'âme-sœur. En l'apprenant elle a eu envie d'aller la chercher ; les mots d'Anita l'ont ramené à un moment encore récent où elle a pourtant laissé partir pour Clou... Et à la demande de l'attendue, qu'elle a tâché d'appliquer.

Elle ne peut enlever le manque, évidemment, mais elle peut faire confiance.
Anette se contente d'observer le bracelet de temps en temps, comme elle le fait maintenant. Elle le serre dans ses grandes pattes, le trouve si petit, se plonge quelques secondes dans la nostalgie des corps encore sous-développés de ses enfants juste-nés ou adoptés. Puis elle se rappelle au présent et qu'ils sont devenus grands, qu'elle les guide désormais vers leur âge adulte. Même s'ils resteront toujours ses joyaux.
Elle espère juste qu'elle va bien.

Une voix réponds à ses prières.
Elle n'est pas un cri pour appeler un ami, irradie même d'enthousiasme. Elle la fait se lever pourtant d'une façon toute similaire dans la vue ; pas dans le ressenti. Ses pas ne sont pas lestes, ils soulèvent juste la poussière comme sa joie. Alors que ses yeux portent son soulagement par ce qui s'y amoncelle.

Elle est rentrée.

Anne déambule et abuse un peu de sa patte remise récemment. Mais s'arrête quand elle voit enfin le corps d'Alexandrine. Sa truffe se dilate, elle acquiert enfin l'air qu'elle avait perdu, ses poumons se gonflent de son odeur. Son âme elle se remplit de bonheur.

"Alex." Elle murmure. "Alex !" tonne-t-elle.

Elle se lance sur elle et l’agrippe, la soulève et tournoie comme un manège, fait voler ses cheveux qui ont tant poussés et leurs queues allongées. Elle plonge son museau dans ses cheveux, pose son museau sur chaque centimètre carré de son visage comme milles baisers. Elle ne la lâche pas et ne compte par le faire, elle la veut contre elle, pour une durée indéterminée.

Et elle lui passe son bracelet à la patte.

"Tu es enfin à la maison."

Elle respire enfin pleinement.

À l’entente de son nom, Sheina redressa aussitôt ses oreilles. Ses sens à l’affut, alors que sa truffe pointue cherchait à vérifier les dires d’Anette. Oui. Pas de toute. C’était bien Alexandrine. Ces enfants allaient détruire ses nerfs à force. Narcisse était rentrée après plusieurs jours dans le flou, pour se coucher dans un coin. Sans un mot. Sans la moindre explication sur son état. Alex avait disparu pour de mystérieuses raisons. Pourtant, ce soir-là, elle était revenue.

Sheina voulait hurler.

Elle voulait gronder cette enfant.

Mais ses yeux ne trahissent que l’inquiétude des derniers jours.

Que la peine ressentit à l’idée qu’il puisse leur arriver quelque chose. À eux tous. Ses précieux. Ses enfants. Ceux pour qui elle donnerait tout. Ceux sans qui son existence serait bien fade. Ceux pour qui, la vie ne serait qu’un bien maigre prix à payer pour leur assurer la survie.

Ils étaient le plus beau accordé par Kiro.

Ils étaient ses diamants.

Les sourcils de l’hybride se froncent, alors que son corps tout entier semble s’affaisser. Aucun mot ne traversa ses babines, alors qu’elle se contenta d’observer sa fille. Son dragon. Jadis si petit. Si mignon. Désormais si grande, si forte, si… indépendante. Si Anette vint accueillir dans une étreinte Alex, Sheina n’esquisse pas un mouvement, sa queue traînant au sol, ses longs cheveux détachés traînant dans la poussière des marais.

Pourquoi étais-ce si dur de les voir grandir ?

Pourquoi étais-ce si dur d’être mère ?

C’était comme un frémissement dans les marais, comme un appel d’air entre les arbres.
Ça lui fit relever la tête, pointer les oreilles et gonfler les poumons. Juste le temps d’écouter, juste le temps de se concentrer… Juste le temps d’être sûre.
Les vibrations qui se propageaient dans le sol humide à un certain rythme, avec une certaine force. Les fragments d’odeur qui serpentaient jusqu’à son nez, tâchées par toutes les autres venues s’y agrémenter. L’éclat de voix étouffé par la végétation si dense, si protectrice et si secrète.
Les informations sont multiples et variées, un peu brouillées - pourtant il ne lui faut vraiment pas longtemps.

Pas longtemps pour bel et bien s’en assurer et bondir comme l’une de ces grenouilles qui peuplaient cet endroit.
Elle courut à toutes pattes, s’appuyant sans crainte sur celle tout juste remise de sa blessure. Dans son dos battaient un peu frénétiquement les longues ailes noires qui ne savaient pas pour le moment se rendre utiles tant elle avait tendance à les oublier - elle avait appris depuis toute petite à être rapide et à l’aise en ce terrain par la seule aide de ses quatre pattes, aussi le chemin le plus rapide qu’elle connaissait pour rejoindre leur antre familial ne lui permettait pas d’expérimenter.
Et elle surgit de sous une racine en une gerbe de boue et une nuée de moucherons dérangés par sa course.

— AXIE !!

Comme un courant d’air la louve déboula dans l’attroupement familial. Sa MamAnette prenait déjà la place principale mais peu lui importait, ce n’était pas la présence de sa mère qui allait empêcher la sienne - bien au contraire.
La louve se jeta à son tour dans l’étreinte, riant de sentir à nouveau le corps d’Alex, de la voir, de la presser contre elle. De voir la joie irradier le visage de sa mère.
Enfin, tout allait être mieux !
Envers tous les autres elle s’était portée comme la voix de sa soeur pour justifier son absence, pour rassurer, pour faire accepter. Ce n’était pas pour autant qu’elle ne lui avait pas manqué.
Terriblement manqué.

Et elle avait loupé un sacré nombre d’évènements, d’ailleurs.

— Axie t’as tout loupé j’étais dans le marais j’ai poussé Holly dans la vase mais quand on allait rentrer ya un oiseau géant qui m’a attrapée et qu’a failli me bouffer mais Kiro m’a donné des ailes pour m’enfuir et Dez il s’est transformé en serpent géant pour l’attaquer et Holly lui a crevé un œil et aaaah-

A bout de souffle elle se contenta de s’effondrer un instant contre les épaules musclées de sa sœur pour prendre une longue et sifflante inspiration. En se redressant, un sourire tellement large qu’il donnait l’impression de déborder de ses babines illuminait ses traits et la louve tournoya sur elle-même en faisant battre les ailes dans son dos afin qu’Axie puisse les voir, les yeux pétillants et le cœur battant.

Elle pourrait voler pour de vrai à ses côtés dans leurs folles aventures, maintenant.

Et quand Anita remarqua une autre présence toute aussi chérie mais retirée dans les ombres, au regard si semblable au sien mais obscurci de mélancolie et d’inquiétude qu’elle n’aurait su accepter, c’est en deux bonds souples qu’elle rejoignit son autre mère pour en silence se presser à elle, se glisser sous son encolure dans une étreinte complice.

Réjouis-toi, maman. Car ce n’était pas une absence mais une aventure. Réjouis-toi, maman, car nous sommes à nouveau réunis et nous sommes plus forts.

Ainsi, rien ne saura jamais nous séparer réellement.