Les Tronstres l P.V. Aylan

Menthe, reviens !

C'était une habitude, maintenant. Cendres qui trottinait, la queue haute et le museau en l'air, souriant, pour rattraper son écureuil. Et ce dernier, l'oreille sourde et le pas leste, qui filait entre les troncs tel un éclair roux tombé sur terre pour faire tourner en bourrique le petit loup à la cape blanche. Mais soyons honnêtes, Cendres ne s'en formalisait pas tant que ça. Il se contentait de suivre son ami, sourire aux babines, en s'assurant que personne n'en profitait pour lui croquer sa longue queue poilue.

Les troncs entre lesquels ils louvoyaient étaient immenses. Chacun d'entre eux aurait nécessité plusieurs loups de sa corpulence pour en faire le tour, et pourtant il n'était plus ce minuscule louvard qui trainait dans les pattes de sa mère. Il était grand. Loin d'être aussi imposant que Momon et sa carcasse qui rivaliserait bientôt avec celle d'Ajani, il tirait plutôt de son autre mère, si fine, et paraissait-il aussi de son père, ce mystérieux inconnu.

Le loup s'arrêta au pied d'un arbre plus imposant encore que les autres. Menthe, le petit écureuil, trainassait entre les racines, pointant de ses petites pattes l'entrée d'un terrier bien trop grand pour être ordinaire. Ah ! Le terrier lumineux. C'est avec sa soeur et d'autres comparses Nakhus (Lewis, entre autre), qu'il était venu ici. Quelle aventure ! Une bande de louveteaux qui trainent leurs pattes dans ce petit terrier, curieuse bande de joyeux lurons aux truffes excitées de mille nouvelles odeurs !

Il agita sa longue queue duveteuse. Voilà bien longtemps, qu'ils n'avaient pas joué entre frères. Ils étaient jeunes, et chacun déjà prenait un peu plus une direction qui lui était propre. La présence et l'amour restaient ! Mais ils devenaient des loups à part entière, et non plus simplement des simples portions d'une portée.

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Izykia
&
Cendres

Loin. Être loin.
C'était tout ce qui lui importait ces derniers temps. Plus il passait de temps au Castel, plus les souvenirs se faisaient douloureux. Bien sûr il avait reçu du soutien, quand bien même il ne fût pas celui qui parlait à grand nombre de gens. Mais le vide glacial était bien là, malgré la chaleur de ses congénères.
Alors il préférait s'éloigner, accomplir des missions loin des grottes, loin du fumet persistant de sa mère dans sa couche. Depuis sa disparition s'étaient écoulés plusieurs jours. Pour un loup lambda, son odeur était quasi éteinte. Pour Izykia, elle l'embaumait comme au premier jour.

Il filait à travers les arbres, sur un terrain dont il maîtrisait peu de choses. Pourtant on lui avait parlé de ce terrier où il était possible de dénicher des choses grandioses, magiques dirait-on ? Il y croyait peu, bien que la magie était une partie intégrante de leur vie. En l’occurrence c'était leurs Dieux qui leur fournissaient ces particularités. Là, il ne s'agissait que de nature.

Sur le chemin le brun ne mit pas longtemps à comprendre qu'il ne serait pas seul dans le secteur. C'était une évidence. Une légère nappe d'un violet lumineux se traçait entre certains arbres. Un Nahkus. Il se détendit un peu. Les relations étaient bonnes, il ne risquait rien.

Quelques foulées plus loin le brun se rendit compte que la trace laissée par le canidé avant lui se dirigeait exactement là où il souhaitait se rendre.

Il aperçut enfin au loin une émanation lumineuse, claire, pure, dans le dédale des arbres. Et cela ne venait pas de sa propre vision. Il n'eût pas le temps de s'élancer qu'une étrange créature lui sauta au visage, le privant de sa vue pendant quelques secondes. Il remua vigoureusement la tête, chassant la bestiole qui se réceptionna souplement sur le sol avant de filer au travers des arbres. Iz leva la tête et resta un instant ébahis devant la crinière bleue verte du personnage face à lui. Que de jolies couleurs.

-Bonjour Nahkus. Il semblerait que nous ayons eu la même pensée quant à notre balade du jour.

Cendres l'entendit arriver bien avant qu'il se présente devant lui, et avant qu'il n'ait le temps de le retenir Menthe sauta au visage de l'inconnu. Cendres jappa de protestation, mais évidemment l'écureuil ne l'écouta pas et fila se planquer dans les arbres. Le loup bleu fronça les sourcils. Un jour, l'écureuil n'aurait pas le temps de sauter dans les arbres, des mâchoires se refermeraient sur son petit corps chaud et mettraient fin à ses jours.

Mais ça n'était pas aujourd'hui.

Le salut du nouvel arrivant était cavalier - qui appelait quelqu'un via son appartenance comme ça ? Etait-ce une provocation, une marque de supériorité ? La méfiance naturelle de Cendres s'éveilla de nouveau et ses oreilles se cambrèrent, disparaissant à demi dans ses mèches colorées.

Il ne savait pas trop quoi lui répondre, à ce loup crème. Après tout il n'avait pas vraiment choisi de venir jusqu'ici, il avait simplement suivi Menthe. Mais il ne comptait pas l'expliquer à cet inconnu. Cendres se contenta de l'observer, un temps trop long, avant de se souvenir qu'il n'avait pas répondu à son salut.

Bonjour.

Il n'ajouta rien, n'accordant que peu d'importance aux blablas inutiles, et peu disposer à entamer de lui-même une conversation.