Crimson tear

T'es là et tu bouges pas, ton cul devant sa statue. Il se demande si t'es venu pour contempler la grandeur de celle-ci, si tu t'es paumé suite à un trip ou si tu finiras par lui demander quelque chose.
Au fond, il est évident qu'il sait. Il estime encore avoir le droit de s'questionner pour le plaisir de le faire.
Alors ouais. Il te mate rester là, toi qui a bien grandi mais qui n'est pas vraiment devenu plus fort.

Oh bien sûr. T'as fait des trucs, tu t'es entrainé, tu comptes te mentorer et c'est bien. Mais t'as laissé une faille grandir en ton esprit. Et ça, c'est moins bien.
Enfin t'ouvre ta gueule qu'est plus si grande, tu jappes et tu laisses devant toi une sculpture en bois, du même matériau qui couvre ses roches dans de grandes forêts de pin. Le dieu la voit bien. Et puisqu'il appréciait le moindre éloge, la moindre intention en son putain d'honneur, bah il est évident qu'il allait l'accepter.
T'avais passé du temps là-dessus. Et même s'il était quelque peu imperméable à l'art, il trouvait ça sympa quand même ; ça irait prendre la poussière sur son étagère, là où dormait déjà un ours en cristal apporté par l'Alpha bleue et confectionné par un solo' exubérant, et d'temps en temps d'y jetterais un regard satisfait sans penser à y faire le ménage.

Bien sûr, il sait que ce cadeau n'est pas la seule raison de ta présence. Forcément. Y avait toujours une demande, avec vous les mortels, jamais d'prière parfaitement désintéressé.
C'pas grave. Il en a rien à foutre, lui, tant qu'il a l'impression d'être vénéré et reconnu.

A tes derniers mots, un ours de rouge fait apparait dans ton dos. Et quand tu relèves les yeux, tu peux voir que c'est sa putain de statue, qui s'est mise en mouvement pour venir se placer à côté de toi, ramassant ton bout d'bois pour l'faire disparaître et trouver sa place sur ladite étagère.

« Eh bah on est deux, à pas être très intelligent, laissons ça à d'autres tocards. »

Genre à Mido et ses disciples, si loin des siens.

« Si tu veux être comme moi, c'est simple moucheron. N'en ai rien à branler de ton image auprès des autres, avance à ton rythme et fait ce qui te parait être bien. Trouve toi des frères d'entrainements, extériorise ta colère avec eux. Ouais, c'est ça. Utilise la rage qui boue en toi pour la convertir en hargne, rend toi fort avec ça au lieu de te laisser dépasser.
T'en es capable, j'le sais bien. Et pas seulement parce que t'es fils d'une de mes disciples.

'Puis quand t'auras fini d'taper avec ta colère, et aussi d'te mentorer, bah c'que tu s'ras digne de recevoir mon glowstick.
Pour l'occasion, tu auras même droit de choisir la forme de l'adversaire à défier. Un cadeau, en remerciement pour ton bout d'bois. »

Un rire grave et rauque secoue l'ours, alors que d'un pas lent qui fait trembler le sol il s'avance, marche dans sa fontaine et retrouve ton socle.
Dans une dernière secousse son cul s'y fixe.
Il te regarde encore, futur disciple du Grizzli.