Pousser pépé dans les orties | Cendres

Richard

Un nouvel environnement à découvrir.
Quelques jours après son réveil, Richard a, enfin, osé quitter le cimetière. Désormais plus à l’aise dans son corps et moins chamboulé psychologiquement par son retour dans le monde des vivants, il rejoint la plage. Après avoir attendu un moment que la marée soit assez basse afin de rejoindre facilement le continent, le mâle laisse derrière lui l’île Chuchotante, non sans une pointe d’appréhension. Il se force a ne pas regarder derrière lui et à avancer d’un pas assuré sur le chemin du renouveau. La tête haute, le rapatrié pense à tout ce qui l’attend avec curiosité, crainte et envie. Il redécouvre la sensation du sable sous ses coussinets, les embruns et le chants des Laridés qui, dérangés dans leur quête de coquillages, s’envolent sur son passage. Derrière lui, les vagues font disparaître ses traces. Tu as passé la première étape Richard. Tu as fais le plus dur en quittant cet endroit. Maintenant, il te faut avancer dans cette seconde vie.

Quand ses pattes effleurent l’herbe du continent, la boule au fond de son estomac se dissipe. Il se sent connecté à cet endroit. Il se sent chez lui. Soudain l’euphorie le prend. Il a envie de hurler sa joie. Il est si heureux de vivre, de sentir à nouveau le vent, le soleil et l’herbe sous ses pattes. À ce moment il ne pense plus à ses souvenirs perdus, il savoure l’instant. Inspirant un grand bol d’air il se lance à la découverte du territoire. Il croise des loups qu’il salut chaleureusement. Parfois, il s’arrête et les observent transporter des proies ou des végétaux. Cet endroit regorge de vie. La terre est fertile, d’ailleurs, la nature qui l’entoure est splendide en ce début d’été. Mais Richard n’est pas au bout de ses surprises. Alors qu’il parcourt de gaieté de cœur le territoire Nakhu, il entre par hasard dans une place plus verdoyant encore que les précédentes. Ici, les plantes poussent en abondance et de nombreux loups s’affairent à travailler le sol. Quel est cet endroit ? Le loup n’ose pas demander de peur de déranger.

Se laissant guider par les odeurs qu’il sent encore un peu, et par les vives couleurs des plantes, Richard avance entre les platebandes. Il prend soin de ne pas écraser la moindre pousse. Et soudain, il voit cette lumière. Cette lueur qui l’attire et fait battre plus fort son cœur. Il veut la voir de plus près. Il s’approche et puis …

— Oh ! Je suis désolé je ne vous avez pas vu ! Pardonnez ma maladresse, je ne vois plus très bien.

Absorbé par la lumière, le punk n’avait pas vu son congénère qu’il vient de copieusement bousculé.