On se les pèle | Feat.Vanhir

Narkhos

Diablerie ! Sorcellerie ! Sacrilège ! Dieux ! Démons ! Insupportable réalité ! Bordel qu’il fait froid dans ce pays même en été ! Mais où est ce qu’il avait atterrit ? Narkhos était gelé jusqu’aux os dans ce blizzard sur cette fine couche de neige qui lui déchirait les coussinets. Il avait de la neige jusque dans la truffe, et il ne savait plus du tout où était le nord, le sud, l’est, et l’ouest. Il avait perdu son orientation, il s’était perdu lui-même, comme un con. Loin de sa maison, loin de son îlot, loin de sa déesse. Il poussa un soupir, agacé par le fait de s’être paumé en plein brouillard.

Il s’arrêta et leva la tête, il n’apercevait même pas le ciel avec toute cette insupportable purée de poids. Il ne sentait que difficilement les odeurs, jusqu’à ce qu’enfin… Enfin il sente l’odeur d’un loup. Sa porte de sortie vers une direction qui le ramènerait vers la chaleur. Il secoua doucement la tête avant de chercher l’individu du regard, mais il ne voyait pas grand-chose ici. Il agita les oreilles, humant l’air, s’enfonçant dans la brume épaisse.

« Excusez moi ? »

Il se sentait con, il avait pourtant besoin d’aide. Il continua d’avancer, cherchant l’odeur, la trouvant de plus en plus forte, avant qu’une silhouette ne se découpe dans le blanc du blizzard. Une silhouette haute sur patte, fière et forte. Un loup… S’arrêta, les oreilles pointées vers l’individu, faisant cliqueter sa chaîne.

« Ah enfin âme qui vive. Ne me dites pas que vous êtes perdu aussi… »

Il avait la langue bien pendu aujourd’hui. Mais il savait très bien pourquoi. C’était le stress, qui était entrain de le faire parler. Il détestait être perdu. Il n’aimait pas être bavard non plus. Mais il avait besoin d’aide, de soutient, d’un autre individu pour sortir d’ici.

Il n’était pas particulièrement paniqué, il détestait seulement la basse température, la vaste étendu sans arbres. L’endroit lui déplaisait dans son ensemble. Qui était assez fou pour venir s’y perdre ? Ce n’était du moins pas son cas. Quoi qu’il y était bien perdu, mais il n’était sciemment venu jusque là. Nakrhos ne voulait qu’une chose pour le moment, retourner vers le Sud, retrouver le territoire Nakhus, puis les terres de sa patrie disparue.

Il était ravi, d’avoir trouvé âme qui vive ici. Un loup qui affirma ne pas être perdu, du moins pour le moment. Voilà une bonne nouvelle. Il avait la marque de la jeunesse sur le pelage, comme Narkhos, mais lui ne vieillissait simplement plus. Bien que ses organes, ses muscles et ses os aient déjà bien commencés à vieillir, il n’avait pas passé la moitié de sa vie, c’était déjà ça. Voyant le loup sortir un bouquet de lavandes il ne comprit pas tout de suite avant que celui-ci ne lui dise de ne pas paniquer. Mais il ne l’était pas. Il détestait juste ce lieu. Cependant la bienveillance du loup le troubla plus qu’il ne l’aurait voulu.

Il renifla le bouquet, avant de lui rendre. Ce n’était pas le bouquet qui le calmait, mais plus la présence du loup en face de lui. Les oreilles droites et pointées en sa direction. Narkhos souffla longuement.

« Merci, vous n’étiez pas obligé de m’aider… »

Non il n’était pas obligé. Pourquoi l’avait-il fait ? C’était ce qu’on appelle l’altruisme ? Narkhos connaissait le principe, la définition même du mot. Mais il ne l’avait jamais mit en pratique. Il se sentait souvent perdu à cette idée. Son cœur nageant dans un océan d’émotions qu’il n’arrivait jamais à définir.

« J’admet m’être perdu. Mais je ne veux pas vous déranger plus longtemps. »

Non il ne le voulait pas, le mâle en avait fait suffisamment pour lui. Narkhos n’avait besoin de rien d’autre. Enfin du moins c’est ce qu’il pensait en ce moment. Il ne devait pas encombrer le loup, l’embêter, ni être un poids.

Narkhos n’avait pas trouvé le besoin pressant de garder les fleurs plus longtemps. Il ne voyait donc pas non plus l’utilité de les laisser comme cela sous le froid. Si le mâle pouvait les ranger et donc les conserver pour s’en resservir plus tard, pourquoi l’en priver ? Le loup sombre remuait lentement sa queue, le mouvement pendulaire de celle-ci le calmait inconscient. Cela avait un effet légèrement apaisant sur son esprit. Et puis la simple présence du loup gris avait quelque chose qui le détendait aussi.

Le sourire qu’il lui servit laissa le sombre sans voix. Quel était ce sourire ? Quelles genres de pensées avaient-ils derrière ? Narkhos agita les oreilles, essayant de chasser ses idées de sa pauvre cervelle. Tous les loups ne sont pas comme lui, tous n’ont pas d’arrière pensées. Il fallait qu’il se le grave dans la cervelle, ou qu’il s’en fasse peut être un tatouage pour être sûr de ne pas l’oublier la prochaine fois ? Il le tutoyait déjà en plus. Le loup noir soupira longuement.

« Vous êtes étrange… »

Spéciale et assez unique en son genre, mais pas méchant non plus. Il n’avait pas l’odeur de la haine, ni celle de la violence. Plutôt quelques choses de doux, de floral, et de vagabond. Puis il croisa son regard interrogatif, et entendit sa question alors que le mâle se mettait à tourner autour de lui. C’était très indécent ! Narkhos tourna la tête pour le suivre des yeux avant de s’asseoir dans la poudreuse et de rabattre sa queue sur son corps fin et élégant.

« Et si c’était le cas, vous pensez m’attaquer ensuite ? »

Demanda-t-il calmement, il hésita à retrousser légèrement les babines mais ne le fit pas. Il ne voulait pas se battre. Il jaugeait l’adversaire, le danger. Il n’avait pas envie d’entrer en conflit. Mais il se sentait comme une proie avec un charognard qui lui tourne autour.

Les paroles qu’il venait de souffler ne semblèrent pas plaire au mâle. Tant pis, l’ancien Lazulis n’était plus à ça prêt de toute façon. Le nombre de fois où il était entré en conflit avec les autres. Il ne cherchait même plus à retenir ces moments. Avant d’entendre le loup poser une question qui lui fit hausser très vaguement un sourcil.

« Je n’en sais rien, quand je vois la stupidité notoire de certains… Plus rien ne m’étonne. »

Non plus rien du tout même. Il s’est mit à boité, et le regard de Narkhos se glissa sur la patte boitillante du mâle. Avant de relever les yeux vers lui. Oh c’était donc pour cela que sa truffe lui semblait familière, fort intéressant. Le loup étant plus jeune, le mâle sombre l’avait même peut être vu venir au monde. Mais il ne s’en souvenait pas. Epoque lointaine où il ne se souciait jamais de personne d’autre que de lui-même.

« Voilà qui est une incroyable rencontre… »

Observa-t-il calmement, les oreilles pointées vers lui avant de l’entendre parler de sa mère. Spleen… Oh oui ! Elle. Il étira un sourire en hochant la tête.

« Je me souviens vaguement de votre mère, par contre je me souviens avoir choisi du Bleuet pour sa tombe. Je me suis permit d’en planter tout autour. La fleure de la délicatesse lui sciait très bien je trouve. Votre père était donc Sly, je me souviens avoir choisi de la Gentiane pour lui. »

Oui oui de la Gentiane car il trouvait injuste que le loup soit mort alors qu’il commençait enfin à s’ouvrir à chacun. Enfin, c’était du passé maintenant. Narkhos observa le jeune loup. A bien y regarder il avait des airs de ses parents. Mais il semblait souffrir aussi. Il pencha la tête.

« Vous avez besoin d’aide ? »

Allez Narkhos, tu peux le faire… Aider sans attendre de retour, c’est un premier pas vers la bienveillance qui manque tant à ta personne !

Après avoir connu la chaleur ardente et agressive du dôme, c'est le froid, qui siffle dans les poils du grand sombre. Ce monde n'est-il qu'hostile à la vie des loups ... Probablement. Il commence presque à en avoir marre, mais ne le dira pas. De toute façon il n'a qu'un seul et unique désir pour le moment, pouvoir retourner là où son corps supporte la température. Malgré les paroles du mâle Narkhos sent bien que ce qu'il a fait ne plait pas totalement. Peut être parce qu'il n'était pas capable de ce souvenir des individus dont il avait parlé. Mais il avait rencontré tellement de gens, tellement de morts, et si peu de vivants. Comment pouvait-on le blâmer de ne pas retenir tout le monde ? Il haussa les épaules, ça n'avait strictement aucune espèce d'importance.

A sa question sur de l'aide Narkhos se demanda si le loup était idiot, s'il faisait semblant, ou s'il se moquait ouvertement de lui. Mais il opta pour la première option. Agitant lentement les oreilles avant de pointé la patte de son congénère.

"Vous semblez souffrir..."

Remarqua-t-il calmement en observant son compatriote, espérant que ça ne le mettrait pas mal à l'aise ou aux aguets, parce qu'il n'avait absolument aucune mauvaise intention.

Il est fort étrange mais pas désagréable, Narkhos l'observait, impassiblement et très calme, les oreilles dressées. Il ne comptait pas broncher ni même lui répondre, il n'avait de toute façon rien à dire du tout à cet individu. Hormis qu'il voulait retourner vers le sud et les terres plus tempéré des Nakhus. Il opina de la truffe à ses paroles, ne devrait-il pas faire un peu plus attention quand même ? Ou se ménager ? Enfin, ça ne le regarde pas après tout. Le mâle étira un vague sourire à ses dernières paroles, hochant la tête, marchant à ses côtés pour l'accompagner calmement en direction de ce territoire duquel ils s'étaient tout deux un peu trop éloignés.