A petit feu Isrâ s'éteignait, au fond d'une bibliothèque dont l'odeur du papier ne suffisait à calmer l'amertume et l'intense rage qui depuis ce jour le consumait.
Ce jour où du fond d'une antre aujourd'hui désertée par la honte qui y pesait, iel avait cherché deux jours durant à faire sortir de son corps inadapté un enfant qui n'aurait dû prendre essence en iel, mais qui pourtant s'y développa contre son bien dans une grossesse extra-utérine. Repoussant les organes, causant tant de douleurs.
Iel sut à ce diagnostique, là posé par un guérisseur garant d'une expérience plus grande que la sienne, que l'enfant était la cause de ses maux et que rien ne se passerait bien ; au moins que les poisons n'y étaient pour rien. Ce diagnostique qui confirma cet enfant porté à la suite d'une relation consentie qu'iel masqua en abus pour sauver l'honneur devant Mère, celle qu'iel n'aurait songé ainsi concluante par l'impossibilité qu'elle se fasse.
Pourtant c'est bien une vie qu'iel portait et ne savait déjà morte...Cette vie qu'iel aurait bien de la peine à mettre au monde, par sa frêle constitution qui lui causerait des dommages.
Pourtant Isrâ espéra y parvenir aux termes de souffrances, à s'offrir cette même vie...Peut-être que dans les derniers instants où iel fut en pleine conscience de cet état, iel s'attacha dans un instinct à ce qui partagerait à demi son sang, bien qu'à moitié celui d'un couard.
Et qu'iel le chercha, cet enfant, de quelques palpations contre son ventre...
C'était sa chance unique de devenir parent, qu'iel n'avait eu aucunement désir de saisir mais qui, désormais présenté, iel acceptait pour cette dynastie qui d'un membre se serait étendue. Iel l'aurait instruit de récits volés ici, aurait donné à l'enfant une éducation qui l'aurait placé dans une situation confortable. Il aurait fait de sa vie ce qu'il aurait désiré faire, sans se heurter aux limites d'une quelconque incompétence.
...Iel ne le sentit jamais bouger.
Deux jours, on y revenait. Pour mettre au monde cette bâtarde descendance. Iel avait su au si long délais que de voix l'enfant n'aurait jamais.
Sa fille était née sans vie, enterrée dans l'oubli mais pourtant porteuse d'un nom qui faisait suite au sien.
Miraj. Elle ressemblait à la sœur noyée, comme si d'asphyxie toujours elle se devait de ne pas exister.
Un enfant dont iel se souviendrait, pour les séquelles qu'il lui laissa plus que pour sa vie qu'il ne vécut.
Quelque part le regret.
Et l'amertume, de croître.
Et l'amertume, de croître...
Saisit par la douleur qui plus intense encore que la grossesse subsistait en post-mise bas, par ce sang coagulés et porteur d'un mélange d'infection qui toujours prenait place entre ses pattes, iel avait finalement déserté famille et îles aux roses, se masquant avant que rien n'aille plus pour se vanter d'un pèlerinage sur les terres Nakhus, là où d'instruction iel saurait davantage trouver.
Des soins, pour se sauver.
De la distance, pour ne plus trouver un regard de pitié.
C'est les crocs serrés qu'iel avait élu ici domicile, faible et malade. Dans des lectures qu'à moitié iel faisait, avant que l'épuisement encore ne le saisisse. La maigreur, un peu plus. Le poil dense qui s’abîme et le visage qui se ternit.
A se laisser choir sur les coussins disposés, c'est un lit de pissenlits qu'à chaque fois iel menaçait de trouver. A trouver pourtant toujours la force de feuler, contre ceux qui s'approchaient un peu trop.
Iel détestait ce monde.
Il n'y avait qu'un chaton tout noir, pour ne pas s'effaroucher de tel comportement. Un chaton tout noir, que pourtant iel chassait d'un livre envoyé dans toute sa colère qu'iel déversait sur chacun.
Plus qu'un autre, iel le détestait.
Vulgaire animal porteur de mauvais augure.
Ce soir pourtant il n'est pas là, pour s'allonger sur l'étagère qui lea surplombe, Isrâ ainsi ramassé sur iel-même.
Iel ne sait même pas pourquoi il le cherche de ses yeux ambres, juste avant que le sommeil ne les lui éteignent...
Tu le pensais de mauvais augure. Peut-être est-il celui qui te porta chance, tendre Isrâ ?
Chaton contre ton ventre meurtri ose trouver son repos.
Chaton au matin, tu te retrouves toi aussi.
La première chose qu'iel perçut fut cette absence totale de douleur.
Celle qui lui fit songer que déjà achevé était son existence, aussi courte et incomplète fut-elle.
Pourtant iel sentait ces odeurs de papier. Pourtant iel sentait contre lui cette chaleur.
Iel se retourne et voit ce chaton, qui d'un coup lui semble bien plus gros.
Ou est-ce son corps, minuscule.
Un souffle qui se retient.
Isrâ se lève et iel constate.
Ce n'était pas une malédiction, qui venait là lea saisir.
C'était l'opportunité d'à nouveau devenir, un retour à zéro que seul un divin aurait pu lui permettre. Iel respire et emplit ses poumons d'un air nouveau qui ne cause aucun mal en même temps qu'ils se gonflent, de ses ambres qui brillent à nouveau de lumière observent le petit chat.
«
Ta présence n'est point si superfétatoire, chaton, si à ce point tu désires me rester. »
Quelle voix fluette, petit enfant que tu es redevenu.
Et à nouveau s'éveille pleinement ton esprit.