Derniers Mots [Yurai + Nocera + Avalon ]

Il avait marché. Si longtemps. Une errance dans un monde de souffrance, de changements.
Il avait marché. Sans jamais oser rentrer sur ce territoire, cette maison qui fut sienne un temps. Par peur. Uniquement, par peur. Lui qui avait vaincu loups et monstres, démons et géants ; il était pétrifié de faire face à ses enfants.

A faire face à Nocera.
Et à ce destin qui se déliait sous ses pattes.

Il avait marché. Fuit. Préférant les grondements des Etelkrus à ce saut dans la vie adulte, qu'il avait pourtant entamé depuis si longtemps. Qu'il avait nié. Et que, désormais, il ne pouvait que voir sur son visage abbatu, creusé de ridules.

Il avait marché.
Et il était fatigué.

Alors, pour la première fois depuis des années, il se tenait là. Droit. Vide. Un regard dans le néant de ses dernières années, de ce passé ignorait dans l'espoir d'effacer le futur. Face à ce temple où tout avait commencé. Et où tout devait finir.

Un simple soupir accompagna ses pensées, tandis qu'il déposait le dernier des cœurs sur l'autel de la corneille. Ce dernier pulsa de sa vie de mercenaire, de solitaire, de vagabond intrépide. Ce dernier battement qui le plongeait dans un nouveau chapitre. Un arc paisible, enfin. Sans combats. Sans vadrouille.

Juste lui.

- Je suis prêt.

Et il plongea dans cet océan d'incertitude.

Derniers mots

Une forme se pencha au-dessus de l'âme incertaine qui venait de lui rendre le cœur. Celui-ci disparut, accepté et renvoyé dans un volute de violet vers l'endroit qui était sien. Ce fut d'un regard calme qu'elle observa le loup, qui annonçait être prêt.

Ce fut dans son cœur et son esprit, qu'elle le félicita de ces années de quête, qu'elle le remercia de ses initiatives.

"Je suis heureuse d'avoir pu te revoir. Au cours de tous ces événements, tu as déjà été béni de plusieurs avantages, je veux pour ma part rendre l'honneur qui est tiens. Autorise-moi à apaiser ton cœur pour aujourd'hui."

L'incertitude se gomma, au moins en partie, pour laisser place à une sensation agréable de sérénité. Une forme de félicité et de soulagement peut-être externe, mais entourant son âme comme la chaleur d'une mère.
La broche de Moiro se métamorphosa également, gagnant une teinte étrange.
Lumineuse, sans réelle couleur.

"Permet-moi de parler pour mes adelphes, car je sais que tu les as marqué." Une pause. "Alors à toi qui a œuvré pour les dieux, en nos noms... Merci. Rien ne perturbera plus ta paix."

Un ultime pacte, qu'elle transmettrait aux autres.

Sagesse de Yurai · Yersine voit ses sentiments négatifs réduits, apaisés par une vague de chaleur de la part de Yurai.

Pacte · Yurai s'assurera qu'en cas d'utilisation de la broche , un message soit transmis à tous les dieux que Yersine a marqué. Moiro, Kiro, elle-même, et en partie Ao et Mido.

La surprise avait dérobé son souffle.

Elle n'avait pas les griffes de la tristesse qui enserrait la gorge, ni celles de la colère qui empoignait le cœur. Elle avait l'agilité pour elle, à emporter à tire d'aile l'oxygène. Il fallut se défaire de ses plumes pour confirmer la tangibilité de la silhouette. De sa silhouette. Lui, avec son pelage de nuit, ses cheveux de suie. Qui avait tout et rien à faire là, tout pour terminer sa quête et rien pour elle qui était exempte de l'information.

Et la pie voleuse rendit son butin.

Son regard clair s'empressa d'accrocher celui avec qui elle avait fait route, pour capter sa réaction et partager le sentiment. Puis en communication silencieuse, elle lui offrit un contact. Pour rassurer, ancrer. Prévenir, aussi, car elle s'avança ensuite, bien consciente que le moment de retrouver l'As avait lui aussi, attendu bien longtemps. Il y avait encore beaucoup à écrire entre eux.
Il était temps de prendre la plume.

Elle écrivit la première parcelle de ce chapitre avec une courbe simple. Une voix qu'elle déguisa plus calme que ce qu'elle pouvait ressentir. Appliquée.

"Yersine."

Elle voulait appuyer directement, laisser l'encre ne laisser aucun non-dit et d'espace pour un malentendu.

"Je sais déjà, pour l'origine magique des enfants, par Eva." Le temps de lever l'outil et insérer un espace. "Tout va bien. Je n'ai qu'eu peur un instant ; de te perdre au profit d'une cellule familiales avec elles. C'était un peu bête."

Son regard passa vers Avalon, pour revenir vers le loup borgne.

"J'ai pensé que, en plus de se revoir, vous voudriez vous revoir aussi."

Ainsi passait-elle le stylo à Avalon, pour le laisser s'exprimer et permettre un dialogue entre les deux mâles également. S'effacer un instant pour qu'ils puissent aussi composer en duo une prose.

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DERNIERS MOTS

RP FT NOCERA & YERSINE

AVALON

Et toi aussi tu plonges dans son océan. Tu perds ton souffle, tu sens tes poumons se faire transpercer par l’air glaciale, par l’incertitude palpable qui mord dans tes muscles. Il est là. Yersine. Hermes des dieux, leur voix, leur volonté. Et toi ? Toi tu es leur meurtrier. Toi tu es celui qui met de la boue sur leurs noms. Puis Nocera prend la parole. Tu l’observes sans rien dire. Elle est ta lumière, dans cette terreur qui te prend. Cette fois c’est toi l’être faible qui tremble, malade. Ce n’est plus Yersine. Il est grand. Il est fort. Et son regard est dur.

Puis vient ton tour. Tu hésites. Tu es sur une corde, instable et tu ne sais pas si tomber est mieux que de résister. Cependant ta voix ne tremble pas.

-Bonjour Yersine.. Cela fait .. une éternité.

En effet, cela fait bien trop longtemps. Vous avez tout les trois grandit, vous êtes devenu des adultes. La jeunesse a forgé vos caractères.

-Tu m’as beaucoup manqué. Je me faisais du soucis.

Tu lances un bref regard vers le ciel. Un bref regard car tu te dis qu’il est bien surveillé. Tu te demandes comment Yurai te vois. Sûrement comme sa soeur; un insecte désagréable. Tu crains même de t’approcher un peu, tu sais que sa source n’est pas loin et la douleur qui dévore ton visage est un bien mauvais souvenir

CODE BY TESSISAMESS

La déesse était apparue, le bénissant pour son cadeau et ses efforts. Elle lui avait parlé, et pourtant, chaque mots n'avaient été qu'un vide immense en son être. Elle l'avait apaisé ; en vain. Car il n'y avait plus de peur, ni de colère ; pas plus qu'il n'y avait de regrets. Il n'y avait rien de plus que ce qu'il avait fuit, dénié. Une réalité qui, désormais, lui semblait évidente.

Une réalité qui se tenait désormais face à lui, tremblante.

- Nocera...

Il écouta la douce louve parler, ne détachant son regard de son visage. Sans un mot, sans un sourire ; il contempla longuement l'étoile sombre qui venait éclairer de nouveau sa vie. Comme un nouveau souffle. Frais. Revigorant.

- J'ai fui si longtemps, que j'ai fini par me perdre moi-même. Ce n'est pourtant pas les pirates, ni les dieux, ni les monstres, ni même ces enfants, qui me terrifiaient à ce point. C'était toi, Nocera. Ça à toujours été toi.
Cette quête des cœurs que je me suis juré de retrouver, cet engouement pour être un Sauveur. Tout ça. Tout ça, ce n'était qu'une excuse pour fuir, loin. Loin de ce bonheur qu'il faisait tien, fit il en regardant Avalon ; et il aura fallu que je réussisse, pour me rendre compte à quel point toute cette aventure, tous ces combats, tous ses remerciements, divins ou non, ne faisaient pas battre mon cœur comme ta seule présence pouvait le faire.

Il hésita un bref instant avant d'enfin oser s'avancer vers elle. Le regard craintif, il déposa une lèche sur le front de la louve, non sans un pincement au cœur quant à Avalon. L'ancien prêtre d'Ao. Ancien, pour plus qu'une très mauvaise raison. Une part de lui voulait sa gorge pour la mordre. Une autre pour s'y engouffrer et pleurer tout son content.

- J'ai passé toute ma vie à combattre des monstres au nom des autres. Il est temps que je combatte mes peurs au nom du tien.

Il fit un signe de tête au grand mâle blanc tâché pour qu'il vienne les rejoindre, goûter à ce vague sentiment de paix qui pouvait désormais émaner de ce trio incongru. Car si le bonheur de la louve était aussi avec le traître bleu, alors Yersine ferait fi de sa foi et de ses convictions. Il lui pardonnerai. Pour elle.

Il la ferait passer devant les dieux.

Une fuite.

Il venait de défaire les attaches autour de son âme, pour l'extirper en enfin la montrer au grand jour. Sous tous ses départs, sous toutes ses blessures, sous toute son exubérance, la peur. Tout n'avait toujours été que prétexte, une fuite vers l'avant, avoua-t-il. Des mots prononcé du bout des babines, du bout du cœur. Le voile dans ses yeux n'était plus, ne menaçait plus d'être tendu pour devenir un mur.

Il racheta les fois où elle avait fait un pas vers lui, et où il s'était dérobé, avec l'approche qu'il esquissa.
Ce n'était pas une écriture, mais une image qu'il dressait, vive de ses aveux et pure de sa résolution. Vibrante, de ses sentiments. Son expression chassa ses tremblements, son contact aviva la chaleur et un frisson unique.

Qu'aurait-elle pu faire d'autre, que de l’accueillir ?

"Je t'ai toujours attendu." murmura-t-elle.

Elle se chargea de larmes avec une inspiration volée au destin.
Le monde ne tanguait plus, incomplet, il se sécurisait désormais dans une stabilité qu'elle n'avait jamais espéré obtenir. Providence ou hasard, ces notions lui paraissaient si abstraites, si étrangères, quand elle se trouvait au contact du mâle noir.

"Et tu es revenu."

Elle était à ses côtés.
À ceux d'Avalon.

Il n'y avait plus que leurs instants suspendus, cathartiques. Qui prenaient une place si spéciale dans le cours de son existence, des lumières qui l'avaient aidé à naviguer, à devenir forte. Ils étaient, avec Sobieski, des morceaux de son âme.
Qui débordait, désormais, de félicité.

Les larmes pouvaient couler, libres. Et les mots aussi.

"Je t'aime."

Un souffle, qui compléterait l'instant.
Comme ils la complétaient, elle.

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