S'enterrer vivant ○ libre

• 5 ans et demi •
F A E I

Il lui avait fallu du calme, de la solitude, pour palier à l'agitation de son esprit. Il lui avait fallu fuir ses congénères pour retrouver un semblant de sérénité. Le volcan en lui tremblait toujours, et quelques nuages de fumée de temps en temps s'échappaient comme la vapeur s'extirpe d'une cocotte minute. Le Croquemort était vraiment de mauvais poil en ce moment, et rien ne semblait pouvoir réellement tuer les braises d'où naîtrait l'incendie ravageur qu'il contenait encore. Il avait donc couru, un long moment, jusqu'à en être à bout de souffle, jusqu'à traverser un bras de mer et se retrouver épuisé à l'arrivée, jusqu'à estimer qu'il n'en avait pas eu assez, qu'il n'était assez puni. Alors il se releva et força sur ses pattes pour gravir la falaise escarpé, pour se laisser guider vers un endroit sombre, frais, où personne ne viendrait jamais l'y trouver. Ce serait, pour quelques heures, comme s'il s'enterrait vivant.  Et cette idée glauque lui donna des frissons d'excitation. Mais qu'est-ce qui clochait donc chez lui ?!

L'entrée de la caverne lui fit l'effet d'une porte de monastère, idéal pour être reclus en solitaire, faire vœux de silence et se laisser aller à quelques introspections de mise. Il ne s'attarda pas, délaissant le soleil ardent d'une après-midi estivale pour la fraîcheur mordante du ventre de la falaise. Ses pas crissaient sur le sol de roche, résonnant dans cette atmosphère toute particulière. Peu à peu l'obscurité pris l'espace, dévorant les murs. Il lui fallu quelques instants pour adapter sa vision à la seule lueur de Kiro, à son cou. Comme un petit phare dans la nuit, pour réchauffer son coeur meurtri. Alors, ici, dans un silence de mort et une quiétude parfaite, Horus se laissa glisser sur la pente de ses émotions en pagaille tout en s'enfonçant toujours plus loin dans l'antre d'il ne savait quelle entité. Il fallait être un peu barge quand même pour se faire un tombeau comme ça, non ? Peut-être encore plus pour s'y aventurer l'air de rien, non ?

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Sous la seule lumière jaune de l'Anaconda, des formes prirent vie autour de lui. Les ombres s'agitèrent à chaque pas, glissants autour de lui comme des monstres affamés désireux de l'engloutir. N'était-ce pas là la meilleure image possible pour symboliser le poids trop lourd de sa peine non digérée, de ses déceptions, de ses désirs inavouables, de sa culpabilité, de sa patience écorchée, de ce tumulte de sentiments dont il ne savait que faire... Et qui comprimer sa respiration à chaque fois qu'il essayait d'y penser. Il était si mal à point à s'être trop soucié des autres. Il était si en colère contre l'existence qui lui ravissait tous les êtres chers à son coeur. Et il n'osait avouer à sa petite amie qu'il avait trop peur d'aimer encore. Ou d'en aimer un autre ? Horus se mordit fort la langue, si fort qu'il sentit le goût ferreux du sang emplir son palais. Ses pattes butèrent dans un objet métallique. Le mâle beige dû se baisser pour détailler la ferraille. Le forme sphérique lui rappela quelque chose. Il discerna des vieux rouages coincés, probablement très rouillés. Le truc était inutilisable. Cela le tarauda longuement, tandis qu'il jouait à le faire rouler entre ses pattes. Comme un souvenir ou une pensée qui passait trop vite pour être rattrapé et le narguait à rester dans le coin... Peut-être l'avait-il vu dans un bouquin à la Grande Bibliothèque des Nakhus ? Il lui faudrait y retourner pour vérifier. Il ramassa le lourd objet et le glissa dans une des poches cachées de sa grande cape de Croquemort, puis, il reprit son chemin vers la puanteur humide des tréfonds de l'île.

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Une goutte résonna et les oreilles d'Horus tiquèrent. Une seconde. Une troisième. A un rythme régulier, constant. Ce son avait quelque chose d'apaisant. Comme un coeur qui bat lentement, serein. Comme une aura paisible. Et Horus avait bien besoin de ça pour ne pas craquer. Pour ne pas lâcher le chaos qui l'animait, pour ne pas faire de regrettables bêtises. L'ombre d'un os s'étira devant lui et il alla renifler le reste de... De quoi d'abord ? Ce fragment de squelette provenait de quoi ? Ou de qui ? Du précédent aventurier s'était perdu ? Un sourire sarcastique étira les babines du Croquemort en un rictus. peut-être avait-il eu raison de s'imaginer enterrer vivant ici... Il souffla fort sur l'os à moelle, pour en chasser la poussière qui le recouvrait. Depuis combien de temps était-il laissé comme ça, à l'abandon ? Probablement un long moment. Cela la rassura un peu, cela signifiait normalement qu'il n'y avait pas de prédateur ici, ou plus en ce moment... Il repoussa l'os et continuer à fouiller dans la pièce, à chercher il ne savait même pas quoi. Juste quelque chose pour lui changer les idées...

Elle avait promis à Alex qu'elles iraient, ensemble, au tombeau Antique.
Pourtant, c'était seule que marchait Holly, aujourd'hui. Par ce qu'elle savait que sa copine avait, parfois, besoin de moment rien qu'à elle, que c'était sûrement aussi son propre cas et qu'elle ne souhaitait pas la déranger ni se montrer trop envahissante. Il n'était pas simple d'entamer une nouvelle relation et, surtout, de passer du stade de meilleure amie à celui de petit-amie. C'était encore si récent, après tout.

La conseillère espérait simplement que la louve ailée ne lui en voudrait pas trop, d'être allée au tombeau sans elle. Ce ne serait que partie remise, de toutes manières.
Tranquillement, elle pénétra dans le bâtiment, retrouvant rapidement ses marques. Après tout, elle était déjà venue ici, il y a quelques temps, avec Tawana. Les deux louves y avaient trouvé de très intéressantes épaulières... et des choses plus inutiles, comme des miroirs et des os.
Aujourd'hui, Holly espérait que sa pêcherait plus fructueuse.

Son poil se hérissa sur son dos, lorsqu'elle entendit un bruit, avant de redescendre presque aussi tôt. Ce n'était qu'Horus, le croque-mort. Elle lui sourit, sincère.

- Bonjour Horus. Vous trouvez votre bonheur ? Cela vous dérange, si je me joins à vous ?

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Des pas troublèrent sa pseudo-concentration. Des éclats d'orange vinrent rayer quelques ombres et Holly apparue dans son champ de vision. La très jeune Conseillère et Etelkru émérite. La copie en devenir, et en plus grand, de l'Alpha bleue au pouvoir. Elle souriait, avenante. Elle questionnait, courtoise. L'optimiste et chaleureux mâle étant en congé sabbatique pour une durée indéterminée, c'est un air étonnement austère qui accueillie la louve. Son bonheur, son bonheur... Voilà un concept bien loin de ses préoccupations actuelles et clandestines. Mais sa curiosité gourmande se voyait un peu nourrie et épanchait en conséquence son mal-être. C'était déjà pas si mal. S'il était dérangé ? Bien sûr qu'il l'était, mais il lui restait assez de respect pour autrui pour ne pas affiché un air ennuyé et esquisser un petit -tout petit- sourire.

« Avec plaisir, deux lumières valent mieux qu'une ! »

Lança t-il en guise de salutation-réponse rapide. Ses prunelles vert d'eau se heurtèrent, à celles, très pâles, de la disciple de la Renarde et il détourna les yeux avant qu'elle n'y voit le feu dévorant des enfers travaillant son âme. Dans le coin de la pièce, quelque chose renvoyait vers eux des reflets d'orange et de jaune. Sans doute des surfaces rutilantes pour ainsi réverbérer les lumières de glowstick. Il s'en approcha et découvrit un gros tas de pièces en or. Ceci expliquait cela : le métal doré n'était pas très oxydé et laissait tout loisir aux jeux de miroitement. Il tourna le museau vers Hollyock.

« Nous voilà plus riches que les pirates. »

Mauvaise blague. En même temps, le coeur n'y était pas.

Le visage du mâle ne savait mentir.
Elle l'avait, très honnêtement, vu plus enthousiaste, même si il ne faisait pas partie de ceux de qui elle était le plus proche, Horus. Il était pourtant Etelkrus et elle conseillère. De ce fait, elle se sentit presque immédiatement gagnée par l'inquiétude et désireuse de lui venir en aide. Mais comment faire ? Il y avait des loups, comme ça, qu'il était plus difficile de saisir. C'était le cas de son ami Désastre, par exemple.
Malgré tout, la jeune louve conserva son sourire, se voulant optimiste. C'était son but, de tous les protéger.

- Quelque chose vous chagrine, Horus ? Libre à vous d'en parler, ou non, bien évidemment. Loin de moi l'envie de vous forcer la patte.

Elle serait, cependant, une oreille attentive, si il ressentait le besoin de soulever un problème, quel qu'il soit.
Tout en parlant, elle fouilla les environs.

Elle ramassa, au sol, un bijou, se demandant bien qui il pourrait intéresser... Peut-être pas sa copine. Ca n'avait pas trop l'air d'être son style. Désastre, peut-être ? Puisqu'il aimait les serpents...

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Il se sentit observé comme une bête curieuse. Evidemment, elle n'était pas dupe. Qui l'aurait été ? Il était trop connu pour être bon enfant, aussi un moment taciturne paraissait étrange, aux yeux de n'importe quel Etelkru. Et même, pas n'importe lequel, puisque la louve était Conseillère tout de même, aussi se sentait-elle sûrement en position et en droit de proposer son aide là où il était d'ordinaire celui qui écoutait. Il lui en voulu d'être aussi souriante alors qu'il avait simplement envie de chiffonner du papier, de briser des branches ou de crier contre lui. Ou elle. Ou n'importe qui. Horus se mordit la lèvre inférieur une fraction de seconde, pour s'empêcher de laisser sa parole déraper d'une pensée qui le trahirait. Qui le rendrait coupable.

« Beaucoup de morts ces dernières lunes. »

Répondit-il laconique. Comme si cela suffisait à expliquer son état. Comme si cela était plus que la simple partie immergée de l'iceberg et que ça ne cachait pas une multitude d'autres petits soucis et inquiétudes. Il donna un coup de patte un peu rageur dans le tas d'or. Des cascades de pièces coulèrent jusqu'à ses pattes dans un sifflements caractéristiques de métal glissant sur du métal. D'autres objets apparurent alors, entassés à l'intérieur du monticule de pièces. Notemment une espèce de gros gobelet du type religieux. Il en avait déjà vu, il en était certain, dans des représentations d'autels. Peut-être même dans l'Eglise aux Corneilles ? Il l'attrapa délicatement entre ses crocs, faisant tomber d'autres pièces d'or, se demandant s'il devait l'emporter pour l'offrir à Yurai, ou à Crystal peut-être, elle lui trouverait sans doute une utilité ? Il déposa le calice au centre de la pièce. L'envie de s'enfoncer dans la suite du tombeau le titilla, mais maintenant qu'il avait une équipière, il ne pourrait pas partir sans un mot.

Le sourire de la louve bleue vacilla, puis s'éteignit. Il n'y avait pas besoin de sauver les apparences, face à cette dure réalité. Après le temps des drames en tous genre, qu'ils soient blessures, viols ou maladie... Voici celui le temps des morts. Si celle des anciens faisaient partie du cycle de la vie était donc, aux yeux d'Holly, plus acceptables, ce n'était pas le cas de tous. Celle de sa collègue, Joy, avait été un choc pour la jeune Conseillère et lui avait rappelé l'évidence : La faucheuse n'avait de pitié pour personne. Pas même pour ces enfants qui se retrouvaient désormais privés de leur mère et devraient vivre avec ça. Elle pensa, très fort, à la si jeune Épine.
Espéra qu'elle n'en garde pas trop de séquelles, qu'elle ne s'enfonce pas comme elle même avait pu s'enfoncer, après avoir perdu sa famille. Elle y veillerait, Holly.

- Courage, Horus. Ce ne doit pas être simple... de gérer ce genre de choses.

Elle passa sa langue sur ses babines, un peu nerveuse, attristée.
Puis reprit espoir, prenant exemple sur Anita, si optimiste.

- Les choses finiront par s'arranger. Ça n'effacera pas la douleur liée à la perte des nôtres mais... Au moins, cela nous laissera l'occasion de profiter des vies à venir.

Les chaleurs étaient imminentes. Certaines louves tomberaient sûrement enceintes, en cette période. C'était quelque chose qui arrivait toujours, quand bien même ils semblaient avoir passé l'étape du baby boom.
Et elle, envierait encore ces ventres ronds, elle le savait d'avance.

Un calice.
N'ayant rien à en faire, elle le laissa ici.

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C'était mesquin, mais il était content de son petit effet. Il avait fait fuir ce sourire trop optimiste pour une poignée de seconde. Il s'en sentit coupable juste après : ce n'était quand même pas la faute de la louve bleue s'il était de trop mauvais poil, et submergé par sa tâche et tout ce qu'il cachait au fond de lui. Et rien n'allait s'arranger non. Elle avait tort. Il y aurait encore plus de morts, plus de tristesse et de dégâts dans la vie des plus sensibles. Il y aurait d'autres misères, d'autres épreuves, d'autres cauchemars comme le Monde Rouge qui ferait craindre pour la vie des enfants. Comment pouvait-elle vouloir plus de têtes blondes autour d'eux alors que le monde n'était que chaos et souffrance ?! Il n'y avait pas assez désespérés autour d'eux ? Lui peut-être le premier. Il shoota dans un caillou qui alla rebondir contre du métal. Une nouvelle fois le son caractéristique des cascades de pièces d'or teinta à leurs oreilles. Il venait donc de trouver un nouveau trésor ! Formidable, avec ça il pourrait... Aller acheter un peu de rhum maudit aux Raeders pour officialiser son mauvais sort ? Quelle charmante idée !

« Tu te vois gérer des gamins dans ce monde si triste ? »

Demanda t-il quand même, bataillant avec lui même pour ne pas souffler sa propre lueur d'espoir que la vie valait encore d'être vécue.

- Évidemment !

C'était un cri du cœur.
Comment pouvait-il en être autrement, pour celle qui, depuis ses premières chaleurs, rêvait de devenir mère ? Elle l'aurait sûrement déjà été, si, plus que cela, elle n'avait pas eu le rêve d'une famille plus que celui d'une portée eue, là, comme ça, pour répondre à un désir un peu égoïste. Désormais, Holly savait pourtant que les choses prendraient du temps. Elle venait tout juste de se mettre en couple avec sa meilleure-amie et, toutes deux, avaient besoin de temps pour apprivoiser cette nouvelle relation. Il n'était pas question de brûler les étapes. Pourtant, paradoxalement, elle ne pouvait qu'espérer avoir, dans quelques années peut-être, des enfants avec Alex.
Elle rougit, bien malgré elle, à cette simple pensée. Il devait être... merveilleux, de pouvoir fonder un foyer avec la personne que l'on aimait. Et elle, qui n'avait plus personne partageant son sang, en avait tellement envie, de cette famille.

- Le monde n'est pas... Triste. Evidemment, qu'il se passe des choses horribles qui marquent les cœurs et les esprits. Mais il y a aussi de belles choses, non ? La cohésion d'une meute, le soutient que l'on peut trouver auprès des nôtres durant ces moments difficiles. Nous n'avons pas de laissés pour compte. Tawana a trouvé de l'aide, après ce qu'il lui arrivé. Quand ça n'allait pas, j'ai moi-même trouvé des amis pour m'épauler. Nous avons de si belles valeurs à transmettre à des enfants. La foi, l'entraide, le partage.

Il n'y avait pas l'ombre d'une hésitation, dans sa voix. Elle était convaincue par tout ce qu'elle disait. Son sourire revint sur ses babines, désolée Horus.

- Il ne faut pas se laisser abattre !

Ce furent les mots de son amie Anita, lorsqu'elle même s'était retrouvée saisie par le doute. Des mots qui l'avaient aidée, elle. Elle espérait qu'ils auraient le même impact sur Horus.

- Si tu as besoin d'aide ou de soutien, tu peux compter sur nous. Nous sommes une meute. Dans ces moments difficiles, nous resterons forts et soudés.

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« MMh-mh. »

Répondit le Croquemort sans prendre la peine de regarder la louve. Au contraire même, il évitait son regard pâle véhiculant sûrement trop d'espoir et de joie de vivre qu'il n'était décidé à en supporter pour le moment. Ce n'était pas pour rien qu'il avait choisi l'endroit le plus éloigné du Castel pour s'isoler... Malgré tout, il senti l'enthousiasme et la confiance émanant de la jeune Conseillère. Hollyock avait le don de bien parler, dans le sens où ses mots, simples et sincères, portaient haut et loin son message. Ils auraient presque atteint le coeur de guimauve d'Horus, s'il n'avait pas volontairement gardé à l'esprit la mort de Nòtt et de ses autres petits.

« Apprends donc tes belles valeurs à nos orphelins. »

Marmonna t-il en se détourna un peu plus. Il voulait être entendu, et ne le voulait pas en même temps. Il se sentait quand même un peu coupable de vouloir piétiner la bonne humeur de la fille de Dairo. Ce sentiment plein de compassion fût d'un coup balayé d'un vent glacial : finalement les mots de la louve eurent tout l'effet inverse à celui espéré : la colère du beige, sournoise et couvante comme des braises au milieu des cendres, s'embrasa. Il fit volte face vers la Conseillère, sans autre agressivité que clele contenue dans son ton de voix :

« Forts et soudés ? Alors que tout le monde s'attende à ce que je déserte comme mon frère et ma soeur ? Fort et soudés ? Quand je vis déjà plus au cimetière qu'ici ? Fort et soudés ? Quand on apprendra que... »

Il se tut soudain. Ce n'était pas ainsi qu'il voulait révéler qu'il avait beaucoup d'ami hors de leurs territoires. Ni comme ça qu'il voulait avouer son attirance pour un congénère non Etelkrus. Et surtout, surtout pas mettre en avant Crystal sans lui en avoir parler avant. Après tout, cena faisant longtemps maintenant qu'il se côtoyaient, longtemps qu'il partageait des moments tendres et complices. Et même s'il n'était pas certain que c'est ce que son coeur désirait le plus ardemment, le plus passionnément, il savait que c’était exactement ça qui était nécessaire à sa raison et à sa sécurité. Une vie rangée, tranquille, avec la louve la plus douce qu'il ai pu rencontrer après sa mère. Et la belle Nakhu aux cheveux couleur crépuscule ne méritait aucunement qu'il... ne lui offre pas cette vie paisible et sécuritaire. Horus souffla bruyamment de la truffe avant de s'évader du contact visuel de la Conseillère en se retournant vers un coffre outrageusement décorés d'or et de pierres étincelantes, probablement de toutes les couleurs, sous la lumière de son glowstick. Si Holly estimait qu'il lui avait manqué de respect, il accepterait la punition sans broncher, il préférait être mordu plutôt que de devoir continuer à parler. Il avait peur d'en avoir déjà trop dit.

Il était un traître. Se sentait en tout cas comme tel, car son coeur battait ailleurs que là où il aurait dû, même s'il n'était pas prêt à se l'avouer, et encore moins à le clamer haut et fort. Pour sa meute et pour sa petite-amie, il était un parjure. Dans le coffre qui s'ouvrit lorsqu'il força un peu, avec un bruit de décompression fortement surprenant, il découvrit une toute petite momie, de la taille d'un louveteau, très fin. Peut-être un petit félin ? Ça aurait pu être un lionceau, tout sec et tout rabougri. En voilà aussi un dont l'apparente façade était tout l'inverse du contenu véritable... Tout comme lui.

Son échine se hérissa. Pourtant, jamais ne lui vint l'envie de le mordre : S'emporter n'était pas la solution.

- Je suis moi-même orpheline, Horus. Ma propre mère a été maltraitante et négligente, le peu de temps que j'ai pu la côtoyer. Je ne sais pas ce que c'est, une famille.

Ce n'était pas à elle que l'on apprendrait ce qu'était un début de vie difficile.
Née, avec son frère, d'une mère qui ne les avait pas voulus, elle avait été laissé de côté. Mais là où d'autres orphelins avaient pu être replacé dans un foyer aimant, elle, s'était retrouvée liée à son bourreau, jusqu'à ce que celle ci ferme les yeux. Et même après sa mort, sa génitrice avait laissé des blessures qui peinaient encore à guérir.
Le plus difficile, c'était encore la disparition du frère, à cause de la négligence.

- Même en étant orphelin, l'on peut s'en sortir. Il suffit de s'en donner la peine. Forcément, ça demande plus d'effort que pour ceux qui sont nés en ayant déjà tout. Mais c'est possible ! Tu as peur que l'on te voit comme un traître ? Redouble d'efforts au sein de la meute, montre toi brillant, par rapport aux mauvaises langues qui t'accablent. Ils n'en valent pas la peine. Tes obstacles sont ceux que tu poses toi même sur ton chemin. A toi de les franchir.

De cela aussi, elle était convaincue. Sinon, elle ne serait jamais devenue Conseillère. Sûrement pas si jeune. Aujourd'hui, elle était fière, Holly, de voir que tous ses efforts payaient et, surtout, d'être debout malgré ce qu'elle avait pu vivre.

- Quand l'on apprendra quoi ? Pourquoi faire des secrets ? Nos Alphas aiment l'honnêteté.

Elle ramassa au sol quelques rubis et émeraudes.

• 5 ans et demi •
F A E I

Touchée. Mais pas coulée. Contrairement à ce qu'il avait imaginé, la Conseillère ne s'énerva pas assez. Elle sortie même sa petite histoire censée faire pleurer les vieilles dames et attendrit même les plus aguerris. Bon, ok, le Croquemort aussi, du genre sensible, était au bord des larmes et il lui fallu penser à toutes les choses horribles de son existence pour ne pas laisser Hollyock remporté cette manque. Elle avait été à un cheveux de le faire s'effondrer. Il oscillait tant entre la colère et la peine. Entre la honte et la rage. Mais ce n'était pas assez, aussi mesquine que lui qui avait voulu blessé, elle lui assénait sa vérité à elle, sa façon positive de voir les choses, sa confiance en l'avenir. La tête basse, les oreilles couchées contre son crâne et les épaules tremblantes de tout ce poids insupportable, le mâle découvrit son affreux reflet. Dans la pénombre où brillait les glowsticks et quelques torches, il voyait la lumière jaune éclairé son menton et le dessous de ses joues, creusant son visage étrangement de sorte qu'on aurait pu le prendre pour un mort-vivant. Ce qu'il était à l'intérieur, en ce moment.

« Quand on apprendra que tout ce que je veux, c'est retourner dans le Monde Rouge ! »

Se retourna t-il en criant, crocs dévoilés. Une boule douloureuse bloqua sa gorge et coupa sa respiration l'espace d'un instant. Il lui fallu déglutir. C'était un mensonge. Ou pas. Peut-être bien que c'était ça l'ultime solution. Il rejeta l'idée aussi loin qu'il pu. C'était ridicule, il ne voulait pas mourir. Il voulait juste ressentir autre chose que de la tristesse, de la culpabilité et de l'ennui...