La suite des préparatifs - Solo

A peine rentré au Dédale, après la chasse, il s'était occupé des Renards.
Des corps, il avait soigneusement retiré la peau à l'aide d'un scalpel. Il était pratique d'être panseur... D'avoir été panseur, pour ce genre de tâche, il devait bien l'avouer. Ses gestes se faisaient précis, sans l'ombre d'une hésitation. Il coupait, râclait, détachait. C'était même plus simple que d'opérer quelqu'un de vivant, shooté aux plantes. Là, au moins, l'erreur ne serait pas fatale.
Les peaux furent tout aussi soigneusement nettoyées de chair et de nerfs qui pourraient les faire pourrir puis lavée à l'eau, essorée, et finalement enduite des graisses animales, utiles pour le tannage.
Il les emballa et les laissa au frais, le temps pour elle d'absorber le produit dont il les avait recouvertes.

Le temps de repos ne fut,pour lui, pas perdu. Il profita de cette journée pour réunir un maximum d'ouvrages sur la conception des capes. C'était fou, tout ce que l'on pouvait trouver à la bibliothèque ! Il y avait même des livres regroupant des patrons divers et variés, lui laissant l'embarras du choix pour la forme qu'il souhaitait donner à sa cape.
Il ramena ses trouvailles au Dédale, avec le reste, pour pouvoir se concentrer sur l'étude de la confection. Pour cela, il n'était pas question de se louper, et donc d'y aller à l'arrache : Il serait fort dommage de devoir retourner à la grève pour aller chercher de nouvelles peaux, et donc tuer d'autres animaux, juste par ce qu'il se serait planté.
Pas de gâchis.

En parlant de gâchis, la viande des animaux serait mise à sécher, de quoi faire quelques provisions pour les loups partant en expédition.

Noé posa, devant lui, ses ouvrages et une feuille vierge. A l'aide d'un peu d'encre, il dessina grossièrement la silhouette d'un loup. Il devait bien avouer... Ne pas avoir le talent de Bibi, en matière de création artistique, c'était même le contraire. Mais soit, ce n'était pas grave non plus, ce croquis n'avait pas pour vocation d'être montré à tous les Nakhus.
Il sourit pour lui-même.

Le mâle chocolat pencha la tête sur le côté, songeur.
Peut-être pourrait-il se lancer dans la fabrication d'un manteau bien ajusté, plutôt que dans celle d'une simple cape qui risquait de glisser sur ses flancs, le gêner dans ses mouvements et laisser le vent et le froid s'engouffrer. Oh, bien sûr, cela prendrait un peu plus de temps, mais le sacrifice en valait la peine. Du moins, c'était ce qu'il pensait.
Alors, il allait faire comme ça, oui.

Son croquis s'affina peu à peu. Sur la silhouette, fut dessinée un manteau, ajusté comme il le souhaitait. Une bande resserrerait la taille, le col monterait haut, et il y aurait même une capuche pour protéger ses oreilles. Peut-être pourrait-il également mettre la patte sur des lunettes, pour les yeux, et fabriquer des chaussons pour ses pattes avec ce qu'il lui resterait de peau.
Les coussinets aussi, étaient sensibles au froid.

A l'aide de ses ouvrages et de ses observations, il dessina, sur du carton, ses patrons, puis les découpa au scalpel. Tout ceci, après avoir pris ses mesures, histoire de ne pas flotter dans son vêtement.
Maintenant, il n'avait donc plus qu'à finir de préparer les peaux... Et passer aux choses sérieuses : La couture.

Mais avant la couture, et comme il l'avait pensé, il lui restait du travail à faire sur les peaux.
Le lendemain, il les récupéra et les déroula. L'excédent de produit qui y avait été appliqué fut essuyé. Les peaux furent alors assouplies à l'aide d'un bâton, puis fumées à l'extérieur. Les voilà désormais prêtes pour être assemblées et former le manteau dont Noé avait besoin.

Il les étendit sur le sol, prêt de ses croquis et de ses patrons.
Son scalpel retrouva sa place entre les doigts de ses pattes et, de geste assurés, il vint couper les peaux minutieusement, suivant scrupuleusement les patrons faits la veille. Là, il y avait le dos, là, le ventre, les manches, la capuche, le col... Bref, tout ce qu'il lui fallait. Il assembla d'abord à l'aide d'épingles, histoire de bien vérifier ses mesures, et enfila le manteau en prenant garde de ne pas se piquer. Quelques mouvements, quelques pas furent faits dans le dédale. Ainsi, tout lui paraissait correct.

Son ouvrage retrouva sa place sur le sol du dédale.
Il retira les épingles sans tout éparpiller. Les coutures les remplacèrent, là aussi assurées : Coudre, il savait faire. C'était comme suturer, à quelques différences près. Et là, personne ne pouvait chouiner, si il manquait de délicatesse. Noé serra bien le tout, afin de s'assurer que rien ne saute, en cas de mouvement particulier. Ce serait préjudiciable, une fois rendu sur la glace. Les épaules furent renforcées, après tout, c'était là où la pression serait la plus présente, et les frottements réguliers.
A plusieurs reprises, il s'interrompit pour enfiler son vêtement et vérifier que les mesures étaient toujours bonnes : On ne savait jamais.

Tout était bon, ou presque.
Il lui restait quelques points à faire, quelques retouches à faire pour avoir un manteau bien terminé. Son aiguille revint perforer la peau, nouant le fil là où il manquait. Son scalpel découpa ce qui dépassait.