Un bonhomme de neige. De 80kg. [libre]

>> Voilà, ça c'était un climat supportable.

Tabralt s'ébroua, les pattes plantées dans la neige. Devant lui s'étendait une vaste banquise, la glace recouverte d'une fine pellicule de neige qui crissait sous ses larges coussinets. Le silence glacé n'était perturbé que par le bruit du vent, qui ébouriffait l'épaisse fourrure de son cou. Après le désert et le canyon asséché, la découverte de la Grève Gelée lui avait procuré un immense réconfort. Il était fait pour ces températures, pour la neige et le vent gelé. Il retrouvait la sensation du froid mordant le bout de sa truffe et de la neige craquant sous ses griffes pour dévoiler de la glace là ou il posait les pattes.

Certes, ce n'était pas exactement comme chez lui, ou les glaciers s'élevaient à l'intérieur des terres et ou seuls les lacs gelaient, très rarement les fjords. Mais il supportait parfaitement ces températures, savait chasser dans la neige et savait se déplacer sur la glace, ayant appris très tôt à repérer les endroits ou elle était fragile, à identifier un craquement inoffensif d'un autre annonçant la rupture prochaine qui vous plongerait dans les eaux glacés.

Tabralt ne s'était pas encore aventuré sur la glace, cependant, restant pour l'instant sur la côte pour admirer le paysage, l'immense glacier et ses cascades -comment diable n'étaient-elles pas gelées, c'était un mystère de plus en ces terres- et les Icebergs qu'on voyait dériver paresseusement au loin, au delà de la banquise, là ou les eaux reprenaient leur était liquide. C'était beau, c'était reposant, c'était froid.

Après un regard à droite, puis à gauche, histoire de s'assurer qu'il était bien seul dans les environs, Tabralt se laissa tomber dans la neige. Là, tel un louveteaux de 80 kg, le nordique entreprit de se rouler dans la poudreuse, couvrant son pelage gris de flocons, se tortillant dans tous les sens, les pattes en l'air. Il étendit le cou et frotta son visage dans la blancheur réconfortante, mâchoires ouvertes et langue pendante.

Quel grand guerrier. Quel puissant prédateur.

Lorsqu'il eut sa dose, Tabralt se redressa en position couchée, haletant, et probablement plus détendu qu'il ne l'avait été depuis qu'il avait posé les pattes en ces territoires. Un état qui ne dura pas que jusqu'à ce qu'il entende la neige craquer sous les pattes de quelqu'un. Le nordique tourna brusquement la tête en direction du bruit, toujours couvert de neige de la tête aux pattes.