Occultisme - Isrâ

Onyx avait toujours voulu être une sorcière.
Ca avait commencé dès son plus jeune âge, alors que, de sa gueule, sortait les premiers mots. Princesse, elle ne voulait pas être et avait corrigé, en braillant, quiconque avait osé l'appeler ainsi. Par ce que être une princesse, c'était un peu inutile : Elle n'était ni ne voulait être héritière d'un quelconque royaume, ni rencontrer un prince charmant, au cours de l'une de ses aventures, elle ne souhaitait pas non plus vivre dans l'abondance et au sein d'un magnifique château.
Elle aimait inventer, tester, plonger ses pattes dans la boue pour mélanger des ingrédients trouvés ça et là, s'imaginer mille et une vertues, pour ce liquide obtenu, sans que jamais tout cela ne devienne réel. De magique, elle n'avait que ce pouvoir inné, qu'elle adorait, qui lui permettait de donner des formes diverses aux pierres qu'elle ramassait.

Mais cela ne lui suffisait plus. Elle n'était plus totalement une enfant et son inventivité avait ses limites. Elle ne pouvait plus faire semblant de tout devant, ce qui restait, hélas, un tas de boue agrémenté de feuilles. Et surtout, Onyx croyait toujours en une magie autre que celle fournie par les Dieux ou le hasard, une magie apprivoisable dont la trace pourrait, peut-être, être trouvée dans un vieux grimoire.
C'était dans l'optique de mener cette quête, que l'adolescente était revenue à la bibliothèque, se faisant pour une fois à peu près silencieuse pour ne pas être chassée de l'endroit par les loups penchés sur leurs ouvrages. Et, elle devait bien l'avouer, par ce que l'immense bâtisse, probablement millénaire, lui imposait le respect.

Onyx inspira profondément. Il était, désormais, temps de se mettre aux recherches. Par où commencer, dans ce lieu qui ne lui était pas familier ? Il lui avait semblé voir, en passant, quelques ouvrages traitant de l'herboristerie... Mais cela ne l'intéressait pas particulièrement, pour le moment, du moins, malgré le lien ténu que cette discipline pouvait avoir avec la sorcellerie, par les matières premières utilisées, les remèdes confectionnées et les vertus recherchées.
Il n'y avait, cependant, aucun médicament capable de rallonger durablement l'espérance de vie d'un loup et encore moins capable d'offrir l'immortalité.

La sorcellerie, elle, devrait permettre les choses les plus folles. Peut-être pas sans demander une contrepartie, cependant. C'était une chose à laquelle elle s'attendait un peu... Et à laquelle elle prendrait gare, si potion il devait avoir. Mais tout d'abord, il lui fallait trouver un livre intéressant.
Alors, Onyx, se dressant sur la pointe de ses pattes puisqu'elle demeurait toute petite, se mit à longer les longues étagères, caressant de ses yeux de chat les tranches usées des ouvrages, en quête de ce petit quelque chose qui éveillerait son intérêt.

Il n'était pas aisé de chercher des ouvrages dans une bibliothèque, lorsque l'on était aussi petite qu'elle. Elle avait beau se hisser, sautiller, Onyx ne parvenait pas à s'élever suffisamment pour lire les tranches ou attraper les livres qui se trouvaient plus haut.
Elle ne se laissa, pour autant, pas démonter et partit en quête d'un escabeau, de quelque chose qui lui permettrait, temporairement, de se grandir un peu.

Pour, finalement, croiser le regard d'un joli chat.
Elle s'arrêta alors de marcher et sourit, remua joyeusement la queue et les oreilles lorsqu'une voix vint se faire entendre. Elle laissa alors le chat pour se concentrer sur l'individu dont les teintes n'étaient pas sans lui rappeler quelqu'un.

- Oh, tu ressembles à Elely !

Elle n'était donc pas la seule, à lui évoquer quelqu'un. Quelle façon de parler, d'ailleurs ! C'était la première fois, qu'elle entendait ses parents nommés ainsi. Peut-être que c'était à cause des cornes, que l'on appelait son père chimère... Pour sa mère, par contre, elle n'en avait aucune idée.
Enfin, ce n'était pas bien important, se disait-elle.

- J'suis Onyx, et Leikn et Teddy sont mes parents !

Son sourire s'élargit ses ses yeux brillèrent, à la simple évocation de ces deux loups tant aimés. Ces loups pour qui elle était, en partie, présente ici.

- Toi aussi, t'es venu chercher des bouquins de sorcellerie ?

Elle en parlait d'une façon totalement décomplexée, par ce qu'à ses yeux, il n'y avait jamais eu le moindre mal à vouloir être une sorcière, puisqu'on ne le lui avait jamais reproché.
Tout en attendant sa réponse, elle poussa un tabouret : Voilà qui devrait faire l'affaire.

Adelphe ? C'était quoi ce truc ?
Ah, ça devait être un genre de frère ou de sœur, étant donné l'âge, qui semblait être le même, d'Isrâ et d'Elely. C'est qu'elle n'avait pas l'habitude d'utiliser, ni d'entendre, des termes aussi savants, Onyx. Son papounet adoré, il bouffait même des lettres quand il parlait, ce qui était rigolo... Et qu'elle avait tendance à faire aussi, parfois, à force de l'avoir entendu faire ça. Elle sourit intérieurement, se disant qu'elle devait avoir l'air d'une belle plouc, à côté de cet individu et ses belles paroles.
Une belle plouc pas complexée pour deux sous.

Pas même lorsque le loup rouge fit usage de son pouvoir, faisant ainsi parvenir un livre, alors inaccessible, à leurs pattes, en faisant tourner les pages sans même le toucher. Par ce qu'elle en avait déjà vu, des pouvoirs, et que le sien ne l'étonnait pas plus que cela. Ses paroles, cependant, la captivèrent immédiatement. Elle n'avait que faire de la danse de la pluie, mais savoir qu'elle ne s'était pas trompée, en croyant à l'existence d'une magie autre que celle offerte par les Dieux, ça, ça la mettait carrément en joie.

- Enchantée Isrâ !

... Quand bien même elle ne comprenait pas pourquoi il / elle / iel ? parlait de ses parents comme ça. Mais bon, plus rien ne l'étonnait !

- J'dois avouer que je sais pas encore grand chose. Mais j'ai toujours été persuadée qu'il y avait, sur ces terres et peut-être même ailleurs, un pouvoir qui n'était pas lié aux Dieux.

Elle leva le nez en l'air.

- Y'a qu'à aller au terrier lumineux, voir ces plantes qui aident les loups à avoir des enfants, le terreau qui rend les végétaux hyper grands, soudainement... Ce genre de petites choses. Mais aussi le manoir, les poupées possédées, les fantômes... Et sûrement plein d'autres choses que je n'ai pas encore vues ! Nous vivons entourés par des choses qui ne s'expliquent pas.

Un sourire étira ses babines.

- Avec des ingrédients, comme les plantes du terrier ou ce qu'on peut trouver ailleurs, on pourrait ptet faire des potions avec d'autres effets, encore plus ouf. Genre des trucs qui pourraient rallonger la vie des loups, soigner les blessures les plus graves... Et plein d'autres choses encore !

Elle hocha la tête, acceptant sa jeunesse et le fait que, ouais du coup, elle savait pas encore grand chose. Mais bon, c'était aussi pour ça, qu'elle était ici, à la recherche de bouquins intéressants sur la magie.

- Ouais, carrément !

Elle n'avait, après tout, aucune raison de ne pas vouloir coopérer avec Isrâ. Au contraire, peut-être pourraient-ielles s'aider dans cette quête un peu folle. C'était quand même rare, de croiser des gens renseignés sur la sorcellerie et, peut-être même, la seule opportunité qu'elle rencontrerait. Alors ouais, elle était carrément partante et même heureuse !
Ce serait aussi l'occasion de profiter, sans mauvaise pensée, du savoir du loup rouge.

Elle réfléchit un instant.

- Quand tu parles d'une âme à sauver, tu parles de quelqu'un de... mort ? Ou de quelqu'un qui s'est fait bouffer par la folie ?

L'on pouvait vouloir sauver une âme de bien des choses, après tout. Et la folie n'était pas quelque chose qu'elle pouvait exclure, désormais, après en avoir parlé avec son Daron et avec Méridor.
D'après le contexte, elle pensait, pourtant, plutôt à la mort... Mais préférait mettre les choses au clair, afin de n'être prise d'aucune confusion ni quiproquo.

Elle sourit, à la réflexion. Elle le savait, ça, qu'elle parlait comme son père ! C'était ça, d'passer beaucoup de temps avec lui lorsqu'elle était gosse, d'être même mentorée par lui et de repasser le voir dès qu'elle revenait vers les plaines savanes.

La suite fut, malheureusement, bien moins amusante, effaçant immédiatement ce sourire qu'elle portait, pourtant, toujours sur les babines au profit d'un petit pincement au cœur. Par ce que c'était triste, putain, de perdre son bébé. Enfin, ce n'était pas quelque chose qu'elle avait connu, ni même qu'elle serait encline à connaître à cause de sa petite taille et son sang de licorne mais... Ca ne l'empêchait pas de deviner, un peu trop bien, ce qu'Isrâ avait du ressentir en voyant ce corps sans vie, après l'avoie porté durant de longues semaines.
Onyx avait beau être optimiste, elle avait bien du mal à voir un peu de lumière dans ce genre d'évènement.

Est-ce que c'était vraiment possible, d'ailleurs, de ramener des morts à la vie ? Techniquement, si l'on laissait de côté les sentiments et l'affect, c'était plus simple de refaire un bébé. Mais comment sortir telle horreur à quelqu'un qui ne venait pas ici par hasard mais avec l'espoir, le besoin sûrement, de ramener cette petite vie bien trop courte.
L'espoir revint. Il fallait tenter, sinon, ielles ne sauraient pas. Ce n'était pas comme si il y avait encore quelque chose, ou plutôt quelqu'un, à perdre. Alors Onyx hocha la tête, l'expression déterminée, et se hissa sur son petit tabouret, apposant ses pattes avant sur les rayons chargés de la bibliothèque à la recherche d'ouvrages intéressants pour cette quête.

Bien moins délicate qu'Isrâ, elle laissa, lourdement, tomber sur le sol ce qui pouvait l'intéresser et descendit de son perchoir pour consulter les ouvrages sélectionnés. Concentrée, elle fronça les sourcils, tournant les pages rapidement de ses pattes, repoussant plus loin, les livres qui ne l'intéressaient pas. Il lui semblait pourtant s'approcher de quelque chose d'intéressant, via des témoignages qu'elle pouvait parfois lire, de loups ayant eu leurs proches revenus à la vie. Est-ce que c'était vrai ? Ou juste des loups qui ne parvenaient pas à faire leur deuil et pensaient revoir leur proche ?
Depuis quand, était-elle aussi sceptique ?

Peut-être pour ne pas donner de faux espoirs à Isrâ.
Elle lui lança un regard, d'ailleurs.

- Tu trouves quelque chose ?

Couchée à plat ventre, les pattes avant étendues sous son corps, au moins l'on pouvait être certain qu'elle n'était pas touchée par la dysplasie, ainsi, Onyx fit la moue. Quand bien même il lui semblait de s'approcher de quelque chose... Ce quelque chose lui disait aussi que cela ne suffirait pas et qu'il faudrait continuer de descendre bien des livres pour les feuilleter, si ielles souhaitaient trouver des réponses à leurs questionnements.
Enfin, ça faisait partir du processus et elle n'avait d'autre choix que de l'accepter. Par ce que Google existait pas sur Punk Wolf et que, même sur Google, c'était même pas simple de trouver.

Elle roula sur le dos, portant, de ses pattes avant tendues, un livre ouvert, prenant garde de ne pas se le lâcher sur la gueule par ce que ça devait pas faire du bien.
Ses yeux de chat revinrent parcourir les lettres noires et ses sourcils se froncèrent. La résurrection... N'était finalement pas un terme plus abordé que cela dans les ouvrage, tiens. L'on parlait davantage du cheminement de l'âme après le trépas d'une personne, d'une éventuelle réincarnation. Mais elle doutait fort qu'Isrâ veuille retrouver l'âme de son bébé dans une biche ou un lapin, et puis, comment la reconnaître, si c'était le cas... Cette âme, il leur fallait la récupérer et la voir réintroduite dans un corps probablement déjà bouffé par les asticots.

Erk.

Nan, vraiment, elle ne trouvait rien, rien du tout.
Alors elle referma son bouquin et le posa sur la pile, juste à côté d'elle, puis roula jusqu'à Isrâ qui, iel, semblait connaître davantage de succès.
La petite louve lut l'ouvrage qui lui était présenté.

- Eh bah. C'est top comme trouvaille ! Ca m'parait crédible !

Malgré son échec à elle, il y avait, grâce à iel, l'espoir d'un avenir heureux.

Beaucoup de poussières et de pages furent soulevées. Beaucoup de déception. Dans les premiers temps, ce n'est que le vide, l'absence de savoir, de réponses. Des soins pour les nouveaux nés précoces ou handicapés, vous avez ; mais rien pour ceux dont le souffle de vie n'a jamais été expiré.

C'est toi, Onyx, qui frôle le but tant recherché en premier. Quelques lignes, quelques espoirs dans le journal intime d'un chercheur. Il aurait voyagé dans bien des terres, bien des traditions ; aurait vu tant de miracles qu'il ne saurait dire s'il s'agit là de la fatigue de son esprit, ou bien de la réalité déformée par la magie.
La magie. Occulte. Puissante. Tu connais bien ça, Isra. Tu baignes dedans depuis un certains temps. Les recherches reprennent dans cette direction, parfois maigres ; parfois plus confuses. Jamais ta question n'est clairement rependue. Jamais ta question n'est défendue.

Il s'agit là d'un art discret. Interdit.

Au cours de ces longues heures, épuisantes, quelques ouvrages trainent devant vous ; chacun ouvert à la page désirées. Beaucoup sont abimées, déchirées. L'encre à coulé, ou bien l'écriture est juste illisible.

An ████

J'ai trouvé un petit clan aux abords de la vallée. D'abord craintifs, ils ont très vite apprit à reconnaitre ma supériorité grâce à mon glowstick. Il semblerait que la religion soit au cœur de leurs mœurs. Je devrais pouvoir l'utiliser à mon avantage.
Ils chassent et mangent comme nous, s'occupent de leurs petits av██ bienveillance. En fait, j'ai pensé pendant quelques jours qu'ils n'étaient pas si différents de nous. Mais leurs rituels funéraires sont tout autre. Quand nous nous contentons d'enterrer et de pleurer, eux pratique le "██████" qui sem██ être un ██sfert de la vie d'un ████ ██ ██ ███re. Leurs nai██████ se font ainsi, ██pe██les. Je crois que j'ai ██████ le ██████ de l'im████████.


J'ai eu tort. Ce n'est pas ██ ██████ ██ ██ ██ plutôt u█ échange. A leur mort, le prêtre ██ ri█el sac████ ██████ en plu█ ██ ██ █ ████████. Je crois qu'ils ne m'ac████ que pour servir de ca████.


Ils m'ont eu. J'écris ses dern██ ████ dans l'espoir que quelqu'un trouve mon journal. ████ ████ ██. J'av██ ████. Ma vie v█ servir à ███ ██████ █ █████████.

Codage par Libella sur Graphiorum, parchemin de ftourini

Le reste est déchiré, et un peu de sang à coagulé. Le journal en soit est très abîmé, couvert de terre, corné. Comme si on l'avait jeté et que les aléas du temps et de la nature avaient fait leur chemin, avant de replacer le livre dans les rayons plus sereins de la bibliothèque.

Transfert de vie ???

████████ ████ ████ <=> ████ ???
Aucun ré████ prob█████
Besoin énergie autre
Roche
Pla███
Animal
Glowstick ████ pas !!!!

Transmutation
Eq████ ████████

Codage par Libella sur Graphiorum, parchemin de ftourini

Les notes sont arrachées. Comme si quelque chose de puissant avait soufflé, brûlant en partis les données gribouillées.
Le dernier ouvrage semble être un croquis d'une ancienne peinture rupestre. La page est elle aussi en charpie.

C'est tout ce que vous avez. A vous de trouver la finalité de ces quelques informations.

Ielles avaient trouvé quelque chose.
Onyx balada son regard de chat sur ces lignes noires sur des pages jaunies par le temps et dégradées par... elle ne savait trop quoi. A peine le temps de prendre connaissance des phrases effacées, rayées, difficiles à comprendre, qu’elle vit la patte d’Isrâ s’abattre sur ce qui se situait plus bas.
Quelque chose dont, elle s’en doutait, il valait mieux, pour elle, fille licorne, ne pas avoir connaissance.

Alors la petite louve se redressa et hocha la tête, nullement déçue. Peut être inquiète en imaginant cette voie qu’Isrâ serait amené à emprunter.
Isrâ qui était, ceci dit, assez âgé-e pour savoir ce qu’iel faisait, pensait-elle. Et même si elle se sentit gagnée par un certain malaise qu’elle ne saurait pas vraiment expliquer, peut-être par ce qu’elle se doutait que ce qu’allait faire Isrâ n’était pas très licorne, sans savoir de quoi il s’agissait exactement.

- D’accord, fais attention à toi !

Elle pouvait, au moins, lui souhaiter cela, et d’autres choses aussi.

- J’espère que tu la retrouveras, ta fille ! Et qu’tu me la présentera !

Un large sourire étendit ses babines, masquant le malaise qui l’habitait.
Un salut de la patte et elle quittait les lieux.