Frère chéri | Vénuve

C'est sur le bout des pattes qu'iel avance, se laisse porter par la grâce tant innée qu'acquise de ses mouvements. La queue se porte haute et affiche en un œil vert dessin à son bout le vert éclatant d'un glowstick mérité, quand de regard fier iel portait tout aussi droitement.
Aspirant à la prestance et au mérite que son sang se devaient d'évoquer, qu'importe fusse l'état du corps ou de l'âme en ces instants précis de déambulation, lea noble enfant d'Anianka partant trouver cette dernière en cette offrande particulière.
Pour de fierté quérir, autre once qu'iel avait là volonté de trouver.

C'est un fardeau qu'iel transportait dans une réalité autre que celle présumée, pourtant, mais que rien n'aurait pu laisser présager. Une odeur de sang, qui maculait encore le fond de son nez, iel qui pourtant de finesse d'odorat n'avait guère. Une horreur en cinéma, au fond des yeux.
Ses paupières clignent.
Son souffle est raccourci quand iel réajuste d'une pensée positive (qu'est celle de plaire à Mère, objectif persistant) l'éclat de ses prunelles.

Son pas s'accéléra, et cille qui naquit faible mais se déployait dans une force aussi nouvelle que cruelle à peine tourna tête vers celle qui se dressa non loin devant iel.
De noir et d'orange.
De déception et de rancune tenace.
La sœur adoptée, belle mais sotte. D'une inutilité à en faire pâlir moule sur son rocher, laissant à Isrâ soin de douter de la pertinence des choix de Mère en matière de rapportés.

Les yeux dorés et mesquins roulent.
Isrâ ne ferait semblant aujourd'hui, d'humeur iel n'était point. La langue claque, acide et piquante dans des propos tenus avec mépris.

« Ce n'est point parce que Mère décida de te laisser chance de ne pas finir gaupe, que de telle appellation tu dois tenir à mon égard. »

Iel jamais ne serait son frère. Ni sa sœur, ni son adelphe, si c'est sur le terme qu'iel aurait pu jouer alors.
Ielles n'étaient que des individu•es forcé•es de cohabiter sur une même île, de route croisée par la volonté d'une louve.
Elle n'avait eu mérite de sortir des bonnes entrailles, et de ce fait ne mériter que coups bas et pensées noires à son égard. Le regard sur elle persiste, et voilà que vient tenir compagnie à celui-ci un sourire fort hypocrite quand iel redresse sa tête et repousse en arrière quelques épaisses mèches couleur de sang séché.

« Ma foi... Je me sied bien. »

Quand elle exécute un pas de danse sur le côté, dans une invitation à la suivre, c'est d'ignorance qu'Isrâ se pare. D'immobilité iel persiste à tenir, de mouvement iel n'a à suivre seulement à initier. Iel est seul•e à décider ce qu'iel initie, pour cela ne fera rien en cœur avec elle car de volonté il n'y est point.
Quand Mère dans les parages n'est point, d'efforts il n'y a guère.
Que Venuve se frappe à sa froide violence, qui persiste tant dans le regard qu'au bout de ses lèvres, quand ce n'est pas à la langue qui claque qu'iel rappelle sa supériorité.
Voilà que la rapportée de stupidité se dévoile, soutirant à l'adelphe imposé•e ce sourire de carnage psychologique. Elle lui offrait sur un plateau d'argent la bêtise de sa pauvre âme, que seule sauvait un physique ma foi ravissant qui au moins lui donnerait audace d'être bonne putain plutôt que fine érudite.

« Ce n'est point nouveauté et il fut triste que ce soit par Mère que tu le constates. De vert, je possédais déjà avant qu'elle ne te prenne en pitié. »

Est-ce les grandes mèches blondes qui ainsi diminuaient sa vision, au point d'ignorer le vert splendide brillant au bout de sa queue, par l’œil ouvert qui s'y dessinait ? Impossible à ignorer, plus encore depuis temps qu'ici il trônait.
Il était certitude que ce n'était point elle, qui à Mido pourrait prétendre. Preuve de son ignorance, ou volonté stupide de mener conversation avec iel.
Ses yeux roulent, l'or est aussi provocateur qu'affligé. A la question rhétorique iel n'avait pas même à répondre, et de présence déjà iel trouvait lourdeur en elle.
L'on sentait malgré l'éducation que ce n'était point de Mère qu'elle sortait, cette croque-lardon. Et puisque d'apitoiement elle appela à Mère, iel décida de se montra un peu plus apte à la générosité dans une décision de dédain plus que de mépris à son égard... Ainsi s'en alla d'un pas inverse à celui pris par la jeune louve d'intellect trop limité pour trouver raison auprès d'Isrâ.

« ...Allons, admettons que nous ne possédons ni toi ni moi envie de nous côtoyer, il n'est bon de nous y forcer. Mon mépris à ton égard finirait par plisser ton joli minois, et diantre qu'il t'est nécessaire de le garder si beau.
Ce n'est point toi que je suis venu trouver ici, aussi je m'en vais te remercier. »

Le sourire est cruel, iel la laisserait désormais dans l'indifférence.