FLOYD
T’as la tête ailleurs. T’as le courage dans les rotules. T’as le moral dans ta gorge. Tes yeux qui glissent sur le néant, tes pensées sont partout, sur les roches, sur l’herbe. Partout. Elles t’encombrent, alourdissent tes pattes et ta marche se fait lente et bruyante. Chaque pas est un effort. Tu n’as plus tes bandages autour du crâne mais t’as encore toujours cet étrange bourdonnement qui te rend à moitié sourd. C’est le début, tes cornes commencent à pousser tout comme l’hiver approche et au printemps elles tomberont pour repousser encore et encore.
Tu poses ton cul sur le sol, t’as plus envie d’avancer. T'observe le ciel. T’as envie de remonter le temps, de redevenir un louveteau inconscient et bête qui se pose pas beaucoup de questions. D’être ce Floyd heureux qui souriait, le museau en sang, qui souriait même quand on le poussait, qui se relevait toujours. Là t’as du mal à te relever Floyd, t’es plus cet éclair jaune qui éclate dans le ciel sans demander son reste.
Maintenant t’es que le bruit de l’orage. T’es ce grondement inquiétant qui s’approche lentement. Et t’attends.