Teddy, mon amour l P.V. Joli

Tu t'attendais pas à vivre c'que t'allais vivre, hein, Teddy.
Tu t'étais levé un peu fatigué mais pas trop mal, avec c'que l'âge qui te tombait sur le coin de la gueule voulait bien t'laissait comme tranquillité. Tu n'sentais presque pas ton arthrose dans les hanches, qui raidissait un peu tes mouvements et t'faisais oublier petits à petits les grands voyages. Si tu devais en r'faire un, mon gars, tu ne le savais que trop bien : il t'aurait fallu ne pas trop trainer, sinon c'est toi, qu'allait t'trainer...
Mais après quelques étirements...
Après quelques exercices...
Après quelques massages des pattes généreusement offerts par ta femme (ou pas, parce qu'elle était pas sympa ta Licorne qui tenait plus d'la vieille bique maint'nant)...
T'étais comme neuf.

Bah ouais, l'en fallait plus pour laisser à terre un Teddy, dont la définition était de ressembler davantage à un dieu qu'à un mortel car tant de bogossitude, d'endurance et d’orgueil il était fait. De bienveillance, auss, c'qui poussait à ce que l'on vénère.
A son injuste valeur, ah! souvent.

Sortant de la tanière dans laquelle tu vivais avec compagne et gamin, qui pionçait encore... Tes oreilles se redressèrent, quand une voix que tu n'connaissais que trop bien vint fleurir à tes oreilles.
Tu fronces tes babines. Tu souris.
Et en même temps qu'tu te retournes...

« ASCLEPIA ! »

On se retrouve dans de grandes embrassades masculines, dans un déploiement de voix rauque et de muscles noueux. Un ralenti, allez, sur cette scène hyper sexy prête à accueillir présentation d'un parfum.
Il vient avec l'odeur salée d'la sueur, et celles des graminées aussi. Se roule, comme à son habitude, bouge toujours autant. L'avait pas changé, l'gus.
L'avait toujours des vers dans l'cul, pour jamais s'poser.

« Mais j't'écoute, Asclepia. J't'écoute. »

Ah, AH ! Et il te raconte, qu'il a rencontré deux de tes filles. Ça t'fait sourire, après ce vague instant de surprise qui s'empara de toi.
T'es un papa gaga de tes filles, t'savoir qu'elles avaient donc fait bonne rencontre te fait plais'. Tu poses une patte sur ton coeur, là, comme ça, et tu lui dis -non, tu le flattes- :

« Aah, quel ravissement de savoir qu'une partie d'mon sang aura fait si bonne rencontre ! »

Il te touche et tu le laisses faire ; par chance pour lui tu n't'appelles Méluciole et tu n'as pas de puces. Et quand il te dit tout ça, quand il évoque le manque...
Toi, tu passes une patte sous son menton, lui fait redresser son minois à l'air si triste. D'une voix grave que tu forces un peu pour rendre plus voluptueuse, lui dit alors.

« Et c'est pour ça que tu pris tant de mois à me revenir ? Moi qui, chaque jour, guetta dans les plaines une silhouette pour flatter mon regard. »

Han, lamentation !

« J'en aurais à ce jour perdu espoir, si tu ne m'étais pas venu là. Mais voilà enfin ton beau visage rien que pour moi ! »

De rose, tu portes encore bien la couleur. On t'enlèveras pas ça, vieux loup dont le violet de la chevelure se pare de mèches blanches, que tu coiffes avec soit pour te garder l'air séduisant.
Puis tes yeux se plissent, tu prends un air plus taquin encore.

« Mais j'espère que tu auras bonne excuse, pour n'pas avoir honoré ta proposition. »

Ah ! V'là pas que l'oiseau piaille, qu'il rit et qu'il s'exclame. Qu'ça fait du bien, hein, d'entendre une autre voix à tes oreilles ! Parce que t'y entendais d'moins en moins d'monde venir y chanter, mon pauvre vieux, c'était pas très cool. Non pas qu'tu devenais sourd, hein. Qu'on aille pas croire que ton âge avancé te faisait perdre un sens (parce que tout chez toi restait encore en parfait état de marche, t o u t oui).
Juste que le temps avait emporté la famille, les amis ; et qu'tu bougeais beaucoup moins qu'avant mon cher. Fallait qu'tu te reprennes, j'crois bien, que tu retournes sur l'île de ta déesse un peu plus souvent en espérant croiser d'nouvelles gueules avec qui partager un moment.
Mais allez.
On en était pas là.
Tu te devais déjà de savourer la venue d'Asclepia.

Lui qui de ses longs cils te portent doux regards, presque à t'en faire chavirer. On le sait : tu es sensible aux émeraudes, tiens, justement, car n'était-ce pas là couleur des yeux de Leikn ? Tu réponds d'un sourire et avance un peu ton museau, sans le toucher toutefois.
Ébauche de contact envoyé comme un baiser qu'on dépose sur une patte et qu'on souffle ensuite à l'attention d'la joue de l'autre ; n'était-ce pas comme ça que naissaient les plus grandes tensions ?
Tu es d'humeur fort taquine, aujourd'hui.
Consent toutefois à noter l'information qu'il te donne, là. Quelque chose se passe, dans le Nord.

« Tant qu'c'n'est pas là-bas, que tu y envoyas mes gamines après qu'elles t’eurent épuisés d'questions. »

Ah ! C'est comme ça que tu t'esclaffes. Tu baisses pourtant le museau, acquiesce dans un petit geste. Ouais. Tu retenais quand même, de n'pas trop t'y aventurer. D'faire gaffe, aussi, au cas où jusqu'ici viendrait le danger.
Peut-être devrais-tu te faire patrouilleur, d'temps en temps. Tu étais p't'être plus tout jeune, mais loin d'être bon à j'té. Encore fort, encore endurant. Encore prêt à repousser l'ennemi si c'est à un ami qu'on s'en prenait.
Alors ouais, Teddy. Tu l'notes, et maintenant v'là que tu redresses la tête pour mieux le toiser.

« Tant qu'c'est pas là-bas, aussi, qu't'y laisseras tes jolies plumes. »

Tu n'as pas l'droit d'kanner avant moi, t'le sais ça n'est-ce pas.
Puis le sujet dérive sur ton p'tit nid douillet. Ta savane, ton premier amour. Là où plus qu'un véritable attrait pour ce lieu, c'était pour les souvenirs qu'il portaient qu'tu le chérissais autant.

« Aah, c'est surtout que Moiro m'donna pour capacité de n'plus pouvoir m'immerger dans la flotte, tu vois. Alors, l'Atoll... »

Tu hausses les épaules, fait une petite moue.
Un peu risqué, quand on savait qu't'avais déjà failli y rester dans un putain lac à demi-asséché.
Puis tu penches la tête, lui accorde un air qu'on aurait pu qualifier d’enjôleur.

« Eh puis, d'vivre dans un endroit quelque peu dénué de beauté, ça permet d'prétendre sans mentir et sans offrir moindre argument à l'interlocuteur qu'on est de loin la plus belle chose de ces terres sur laquelle poser son regard. »

On ressort dans le vide des plaines, on accroche son regard au pelage et à la lumière des glowsticks, à l'éclat dans les yeux. On parvient à se sublimer, davantage encore.
C'est tout un jeu qu'on peut en tirer.
Leikn, sans doute, t'aurais demandé si t'en avais d'autres, des bêtises à lui sortir.
Le sourire s'étire en coin et tes sourcils se haussent.

« C'est sans doute c'que tu dois te dire en c'moment présent, plus beau loup de ces terres. »

Naaaan, ainsi allait-il prendre l'une de tes gamines en apprentie ? C'est ce que tu piges sans mal, Teddy, alors que t'ouvres les yeux en grands en haussant haut tes sourcils. Surpris, mais pas déçu : on dira même ravi.
Ton sourire s'étire à son maximum, t'as la tête du parfait daron fier à c'moment précis. Parce que ta petite Prudy chérie n'avait donc jamais quitté d'un pas le chemin de Moiro. Parce qu'en plus de s'faire présenter à la déesse par son père, disciple fidèle, elle allait s'faire mentorer par un autre disciple des plus fidèles avant de lui revenir. Elle mettait toutes ses chances de son côté, et plus encore.
C'que t'étais content, de ce qu'elle était en train de devenir, ta gosse.
D'une patte qui se lève, tu tape derrière l'épaule d'Asclepia, heureux comme un cochon.

« Aah, tu peux pas savoir à quel point ces mots m'rendent heureux, mon cher ! Je sais désormais que c'est brillamment que ma fille s'en sortira.
Elles auront su choisir meilleurs mentors de ses terres, mes p'tites Prudy et Onyx, entre toi et moi eh~ »

Tu te flattes au passage. Quant à ta ptite dernière, Agathe, eh beh... Eh beh t'en savais rien, de qui elle était devenue l'apprentie. Ni même si elle était devenue l'apprentie de quelqu'un. Faudrait qu'tu lui demandes, à l'occas, si tu la revoyais du moins r'passer par ici : s'était celle qui vous revenez le moins, au point d'pas être revenu une putain d'fois ici. Sale gosse.
D'une patte que tu lèves, tu frôles les jolies plumes de bleu pétant.
Ainsi avait-il prit le charge, et c'était mieux comme ça. Il avait pas des allures de guerrier, Asclepia, il était beau et avait l'esprit affuté mais n'avait de quoi lutter contre des menaces physiques. Tu préférais donc l'savoir ici, avec toi, plutôt que croupissant dans un froid inadapté à son plumage.

« T'as bien fait. »

C'est sincère que tu le regardes, avec cette note de paix dans le regard. Comme un père, qui aurait plus besoin d'être inquiet maintenant que son gosse s'était mis en sécurité, revenant d'un conflit qui n'était pas fait pour lui.
Celui qui soudain te vient !
Là, plus proche !
Votre jeu de regard et de corps qui se frôlent s'achèvent quand il s'entortille entre tes pattes, que t'es bien forcé d'écarter pour qu'il puisse s'y glisser tout entier. Un coin de commissure étiré jusqu'à l’œil et la tête penchée sur le côté, une patte puissante entour la tête aux traits fins, la caresse et la laisse se blottir tout contre lui pour mieux lui mordiller le poil.

« Ils ont torts, que de savoir apprécier dans leur grise vie si jolie touche de bleu. »

Tu caresses son crâne glabre, longe sa joue d'une patte puis la positionne sous son menton.
T'étais pas disciple du rose pour rien, Teddy. Et lui non plus.

Il s'enroule entre tes pattes, les étends et se contracte. Même allongé il trouve encore moyen d'emprunter milles positions, il gesticule comme un ver et jamais ne s'arrête. Et toi, toi, toi toujours...Tu t'en amuses, ah! de ça. Il est de vie et de théâtre, il s'expose et tu ne le stoppes.
Et tu peux le comprendre, après tout !
Qu'il aime ton poil doux et si bien entretenu, qu'il se sente si bien auprès de toi ! C'est une aura de daron, que tu communiques. Quelqu'un de stable et d'attentif, on n'peut qu'avoir envie d'être veillé par tes yeux violets. T'le sais bien, Teddy, tout l'effet que tu peux faire aux autres ! C'est sans doute c'qui fait de toi ce si digne disciple de Moiro, toi qui par la simple distribution d'attentions, honnêtes et sincères -parce que par Moiro, qu'tu aimais les autres et leur compagnie, grand extraverti que voilà !-, savait charmer sans avoir besoin de trop cajoler.
C'que tu restais fort fidèle, et putain de trop attaché à ta Licorne.
Il n'y aura eu qu'elle, pour savoir si bien te dompter, après quelques crushs maladroits qui n'avaient même pas été suspectés, tu penses.

Ta poitrine se gonfle sous l'inspiration que tu prends alors, avant que n'éclate un bref rire suintant l’orgueil.

« Eeeh, c'que tu peux l'être ! Elle aura réussi à obtenir mari le plus attentif de ces terres, après tout, y a de quoi convoiter sa situation. »

Ton rire reprend, un peu. De la même façon que tu parles, tu ris toujours fort. Et au silence qui s'ensuit brièvement, il se substitue ce geste, cette patte qui passe sur son crâne, là, entre les deux oreilles. Qui descend un peu le long de son échine, pour effectuer un virage et mieux revenir sous sa mâchoire.

« Mais profite, tant qu'elle est à sa cueillette~ »

De ta charmante compagnie, de posséder pour lui seul tout c'que tu avais à lui offrir. Avant de se faire immédiatement détrôné, ah! qu'il t'en excuse, par cette louve qui possédait ton cœur.
Ainsi, pouvais-tu encore lui offrir quelques caresses gentillettes, quelques regards attentifs, d'autres rires et bien des sourires.

C'est à ça, que tu consentis à occuper ton après-midi, Teddy.
A Asclepia, et à son b'soin d'attention.
Lui, un peu comme un fils.