Le Temps suspendu [Ft Freyja]

Pourquoi avoir tant changé, tant vieillie ? Elle avait pris un peu d’âge, elle avait changé, mais nul ne savait depuis quand était-elle devenue une louve et avait cessé être cette minuscule louvette qui dormait hier encore lovée entre les pattes de son oncle chéri ou de sa mère. Nourrie d’histoires fantastiques et de légendes féériques, elle était devenue exploratrice au grand damne de sa mère qui avait beau la couvrir de tout l’amour qu’une mère pouvait lui donner, n’avait pu se résoudre à la tenir toujours enfermée, protégée. Elle le savait, elle ne pouvait toujours la retenir à elle, ou toujours demander à son oncle de la suivre lorsqu’elle souhaitait explorer le monde. Parfois, la louvarde lui échappait et courrait explorer le monde bien au delà des limites qui lui étaient permises. De quoi faire perdre ses cheveux prématurément à sa pauvre mère qui bien trop déjà avait souffert d’infortune.

Mais la louvette ne s’en souciait guère du tourment qui faisait vieillir prématurément sa pauvre mère. Optimiste, elle vagabondait sautant de racine en racine, clopinant d’une patte à l’autre, chantonnant joyeusement entre ses canines blanches. Les yeux mi-clos son sourire s’étendait presque jusqu’à ses oreilles joyeuse qu’elle était de parcourir le monde, de s’égarer toujours plus loin des terres qui l’avaient vu naître.

On ne pouvait pas vraiment dire que la petite louve était mue par le travail ou bien le devoir. Chaque jour était un nouveau jour de fête et toujours prétexte à une nouvelle aventure. - lorsqu’elle ne jouait pas avec les nerfs de sa mère -. à chaque jour suffisait sa peine, une peine vite oubliée, vite effacée tant elle semblait imperméable aux imprévus et aux difficultés.

C’était un peu le hasard ou sa chance légendaire qui l’avait mis sur la voie de cette étrange forêt, une forêt comme celle des livres d’enfant comptés par son oncle, merveilleuse, magnifique à ses yeux encore aussi émerveillé que ceux des plus jeunes enfants. L’angélisme de la forêt et son côté mystique fit naître en la louve des idées saugrenues, et si c’était la forêt des fées ici. Ainsi, elle se mit en tête de parcourir la forêt à la recherche de fées.

c’est presque à chaque pas qu’elle s’efforçait de soulever les lits de feuilles, regarder sous les pierres,entre les herbes, apparaissant déçue un instant avant de regagner son sourire en une fraction de seconde et de sautiller jusqu’au prochain buisson.

Les fés ? Les fées ? Où êtes-vous très chère ? Montrez-vous, je ne vous ferai aucun mal, d’aucune façon.

Jolie forêt celte dans laquelle elle s’égare la fille du nord. Jolie forêt brumeuse dans laquelle elle se montre imprudente la jeune louve. Alors le vent se lève sans lever la brume qui l’entoure et il s’engouffre dans sa fourrure épaisse habituellement habituée aux caprices des terres du Nord. Ici, le zephyr se fait particulièrement mordant lorsqu’il lui arrache un frisson. Est-ce un avertissement, ce frémissement qui soudainement remonte le long de son échine.

A chaque pas, les feuilles séchées craquelaient sous son poids. Un son caractéristique en cette saison mais que ses oreilles découvraient à peine, bien loin des craquements de la neige ou des herbes du nord. Ses coussinets s’enfonçaient dans le tendre tapis d’humus de la forêt sylvienne alors qu’elle slalomait entre les arbres. Les odeurs de verdure et de fraîcheur l’envahissaient et venait lui chatouiller le museau autant que la mousse qu’elle effleurait sur les roches qu’elle escaladait. Elle ne pouvait qu’être ravie de s’être égarée en ces lieux si mystique et naturel. Cette impression d’être un exploratrice dans une contrée oubliée - comme les adultes qui partaient tous pour le Nord, mais sa mère lui avait formellement interdit de s’y rendre pour de très bonne raison, que la louvarde avait accepté en partie-. Sans se résigner, elle s’était autorisé quelques sorties clandestines en dehors du territoire des Nakhus, explorant les abords et s’éloignant au grès de ses envies. C’est pour cette raison qu’elle s’était éloignée vers les terres plus au sud, vers les montagnes. Ignorant les dangers de la faune et de flore, elle se sentait si bien sous le couvert des arbres à glisser parmi leurs ombrages. Elle s’était arrêté sous un superbe arbre aux racines cendrées et aux feuilles azurs, elle l’observait avec intérêt tout en continuant à parler seule.

Si bien concentré sur ses jeux qu’elle ne remarqua pas son approche. Celle de l’etelkrus qui suivait sa piste non dissimulée qu’elle avait laissé derrière elle. Si insouciante et naïve petite louve brune. La louve féline au pelage couvert de rosaces et aux grandes ailes de cuir n’eut pas de mal à surprendre la jeune valkyries alors qu’elle papillonnait au pied des arbres cherchant toujours les petites femmes ailées des bois. Surprise, elle ouvra de grand yeux lorsqu’elle se fit héler par la voix étrangère. Loin d’en être vexée, elle se contenta de la toiser bouche bée. Jamais elle n’avait vu telle créature, si surnaturelle. Bien sûr elle l’avait l’habitude de voir des créatures ailées de tout type au sanctuaire, mais des créatures qui partageaient des similarités avec les vampires, jamais elle n’en avait soupçonnée l’existence.

AAAAAAAhhhhhhhhhhhh Un cri à gorge déployée à faire s’envoler tous les oiseaux de la forêt environnante, mais toujours aucune peur dans ses yeux. Elle oublia vite son apparence singulière. Jamais elle n’avait croisé personne de son âge non plus. Tu veux jouer avec moi ? Grand sourire et queue battant rapidement de gauche à droite. Enfin une copine pour jouer.