De retour chez soi | Isrâ

Sujet: De retour chez soi | Isrâ Mer 18 Nov 2020, 20:45

« De retour chez soi »
Rhaegar

Il avait été quelque peu retardé par cette rencontre inattendue et par sa faible allure, mais enfin il apercevait l'entrée de la grotte de Mido. Dès les premiers pas sur les terres désolées son regard n'avait fait qu'observer, admirer les progrès et le travail fourni par sa fratrie et ces étrangers pour redonner vie à cette nature morte. Et quelle chaleur dans son cœur cette belle vision lui procura, il était fier et heureux de voir que de nouveau il y avait de l'espoir et de la joie. La sécheresse s'en était allée pour laisser place au froid hivernal, glaçant les quelques points d'eau revenus et les plantes naissantes. Le temps reprenait son cours et bientôt il l’espérait, cet endroit serait aussi paisible et vivable que les terres Nakhus d'où il venait. Il avait beaucoup appris sur les autres meutes et sur la maîtrise de soi mais il était encore très loin d'avoir accompli sa mission. Il était conscient du chemin à parcourir et il travaillait sans relâche pour avancer toujours plus loin.
Ôh Mido, es-tu observateur toi aussi, du progrès de l'ours noir ?

Son cœur est lourd, il est nostalgique en ces lieux. Sa famille lui manque atrocement et c'est aussi pour eux qu'il a fait ce voyage, pour les revoir après toutes ces années. Il s'était imaginé de nombreuses fois comment avait pu grandir ses petits frères et soeurs et puis finalement il n'avait fait que de les revoir enfants. Car à ses yeux ils le resteront tous, des gosses à protéger, de fragiles innocents qu'il affectionne chaleureusement.
Le reconnaitront-ils aujourd'hui, ce grand frère devenu l'ours tant comparé ? Sous cette fourrure épaisse grossie par le froid du nord, avec ces balafres gigantesques et intimidantes à faire frémir un gamin, le regarderont-ils avec le même amour ?

Sujet: Re: De retour chez soi | Isrâ Sam 21 Nov 2020, 13:17

De retour chez soi

▬ ft. Raeghar

Automne 2020.
4ans.

Le vert illumine l'herbe sur laquelle s'est posée sa queue, alors qu'il flotte au-dessus d'iel l'archer qui comme le stylet trouve maîtrise sur le violon, lui comme un corps. Le crin tenu sur le bois vient se glisser contre les quatre cordes aussi accordées que sont désaccordés les membres de sa nichée ; y passe et repasse quand d'une petite roche plate sont pincées les cordes en amont de l'archer.
Ses sourcils se froncent sur ses yeux clos ; iel force le rythme en même tend que se détende ses traits fins.
Les notes sont des plaies infligées, pourtant douce est la suite qui se joue pour l'enfant mort. La maîtrise se fait, iel orchestre de sa tête qui se penche et du glowstick qui se mouvoie, supporté par son fouet, sous l'instrument.
Si tout avait commencé piano, le tempo bientôt se fait prestissimo.

Et tout se mêle.
Des sentiments qui s'éteignent.
La symphonie est un chaos.
Des émotions que point on ne lui écouta.

Dans cette musique qui raconte l'arrivée d'un orage et les insectes qui s'agitent, dans le violon qui parle du vent et des éclairs de notes qui filent ou montent au sommet de la tessiture, Isrâ noie sa tempête ignorée de tristesse bafouée. Celle qu'iel voulu confier à un frère qui ne parlait qu'en Je et ne l'écouta point, laissant sa peine et l'appel à l'aide devenir comme frappe l'éclair un brusque revirement de colère redirigée. Prit à moitié ce qui fit d'iel un parent inachevé, accouchant d'un enfant mort-né pour qui se joue cette mélodie.
Aurait pu attirer prédateurs et vengeurs.
Isrâ le sait.
Isrâ n'en a que faire.

Alors iel joue. Encore.
Des minutes jusqu'à s'écrouler, quand dans l'abus le pouvoir l'épuise. N'en reste que le souffle ténu et la gorge en feu, sur laquelle se lève une patte pour en retirer quelques croûtes et des poils qu'iel arrache autour d'une morsure dessinée sur sa peau si pâle.
Pour l'entretenir apparente, cette plaie qu'iel doit conserver vivante.
Une importance, pour toute une suite.
L'autre tient à l'entretien de sa petite tombe, de chrysanthèmes blanches chaque jour iel recouvre.

Je te pressentais à apprécier échecs et musique, Miraj.
Que damné me laisse ton sort.

Le visage est dur quand iel se détourne de cet endroit et dépose en sa tanière si cachée ce qu'iel joue en hommage.
Les yeux qui brillent, les crocs serrés. L'amertume dans le cœur, celle qu'on lui penserait être folie quand elle n'était que conséquence du manque d'amour et de soutien ; de tout ce qu'iel n'aurait vocation à chercher en ce jour.

Même pas envers lui.
Ou peut-être que si, diantre, qui sait.
Un peu d'amour, mon frère.

Comme ce chat noir qui dort toujours chez iel, Isrâ se faufile sans un bruit en son dos. Laisse les roses qu'iel porte en odeur souffler en son nez, lui offre quelques réminiscences de l'île. Se dévoile à lui, frère massif face à qui iel n'est que plus chétif encore. A peine soutenu par l'épais pelage que lui aura conféré Mère, quand en dessous il n'y a qu'os et profondes blessures.

« Mon frère. »

C'est un souffle au bout de ses babines. Iel ne le craint pas ; les cicatrices le rapprochent un peu du Père perdu dont le deuil de lui aussi ne fut point fait.

« Je vous pensais à jamais fugitif de ma vie. »

Mais vous voilà, ô, mon Frère.
Il y a un souffle qui se bloque dans sa poitrine, alors qu'Isrâ soudain rompt la distance. Un mouvement de tête, brusque! sur le côté, comme pour cacher quelques larmes aux coins des yeux. Fragile être, qui se jette si fébrile contre lui, l'entoure de ses pattes.
N'ouvre les yeux que lorsque sa tête est glissée sur son épaules.
O, mon Frère...
J'ai tends à vous compter.

Sujet: Re: De retour chez soi | Isrâ Lun 23 Nov 2020, 21:02

Rhaegar

Il entendit d'abord un soin lointain, à la fois captivant et vibrant, si profondément émouvant qu'il en sentit les muscles se raidir sous son épaisse couche de poils. Et puis alors qu'il s'était un peu approché pour en découvrir l'origine, c'est la surprenante silhouette d'Isrâ qui se dévoila sous son regard stupéfait. Le corps droit et la tête haute, il eut un frisson tout le long de la colonne vertébrale quand il sentit cette odeur familiale à la fois si connue et si lointaine. C'est pantois qu'il resta de longues minutes à l'observer, cet-te enfant fragile qu'il avait quitté des années auparavant et qui se présentait aujourd'hui en adulte, sous de parfaites courbes à la fois graciles et intimidantes. Iel avait autant changé que lui, arborait des cicatrices toutes aussi effrayantes dont les récits ne tarderaient pas à être posés.
Qu'iel ressemble à Mère. Tant dans l'allure que dans les formes, et il espère intimement que le caractère lui, reste aussi innocent et pure que lorsqu'iel rigolait en lui mordant les oreilles.

Isrâ.. La voix est basse, fragilisée par l'émotion qui fait battre son cœur plus fort.

Il se sent si heureux de lea revoir, iel est son sang, iel est sa famille, une partie de lui. Il dresse les oreilles lorsqu'iel détourne le regard et ses sourcils se lèvent avec tristesse pour former des rides entre ses yeux, la culpabilité le gagne. Il voulut s'approcher mais iel l'arrêta bien assez vite, se jetant contre son épaisse poitrine et il put sentir son museau se glisser sur son épaule. Le choc se fit tant bien sur son corps que dans son être et il sentit l'eau gonfler ses paupières, tandis que le cœur d'Isrâ battait contre le sien. Il baissa son museau pour l'enfouir dans ce pelage duveteux et soigné, dont les fragrances parfumées lui rappelèrent Mère, encore.

Tu m'as manqué.. Pardonne-moi d'avoir été si long à revenir.

Un murmure glissé à son oreille alors qu'il savoure cette sensation chaleureuse qu'il ressent pour la première fois.

Est-ce ça, l'amour ?

Sujet: Re: De retour chez soi | Isrâ Sam 28 Nov 2020, 15:21

De retour chez soi

▬ ft. Raeghar

Automne 2020.
4ans.

Les émotions.
Ces états complexes et intenses, qui s'immiscent en lui, en iel. Isrâ les perçoit en son frère, dans son souffle et dans la façon dont son nom fut prononcé. Isrâ les lui afficha, iel aussi ; cela va au-delà de cette façon dont iel sait s'en peindre pour mieux les offrir à d'autre. Car si l'on peut feindre, on ne peut se mentir à soi-même, à ce qui brûle dans son corps et serre un peu son ventre. Son cœur, aussi.
Il y a cette joie sincère et un peu triste, qu'est celle que l'on incombe aux plus grandes retrouvailles d'un frère parti il y a près de quatre ans de cela vivre ailleurs et loin d'iel. Il y a ces réactions physiques, que de se prendre dans les pattes, de sentir l'épais et massif membre fraternel se refermer dans son dos et presque en faire le tour -iel est si maigre, Raeghar si imposant !-. Il y a une larme, ça y est, qui sait perler au coin d'un œil doré.
De grands états d'âme que l'on dévoile, une intimité que l'on gagne et une pudicité que l'on s'oublie.

Iel sent le cœur de son frère marteler contre ses côtes, si fort qu'iel aurait pu craindre que face à cette force dans sa poitrine, l'une d'elle se brise. Le sien palpite comme celui d'un frêle oiseau, qu'on n'aurait prétendu revoir au-delà de l'hiver.
Son museau lea couvre.
C'est plus bon encore que celui de Père.

Là, blotti contre lui... Isrâ s'accapare de la force qu'il dégage, se surprend à davantage de vie dans les souffles embruns de sanglots qu'iel fait entendre en tempo travaillé.

« Je te pardonnerais tout, regarde-moi devenir intouchable tout contre toi. »

Le rire qui brise le souffle et les geignements est fugace et semblable à une note de musique. Une noire, en un temps, qui s'en suit d'un silence. Et alors que ses maigres pattes se serrent un peu plus autour du cou, sans pouvoir un instant pouvoir prétendre en faire le tour, iel relâche cette pression et se laisse glisser au sol dans une dernière caresse, alors que les yeux d'ors trouvent les yeux -dont l'un marqué, face auquel réagit le glowstick accordé d'une lumière plus vive- du frère.
Les cicatrices ne lui apportent qu'une réaction. Point de dégoût ni de peine, point d'inquiétude pour celui qui lui revint. Sa patte se lève et ses doux coussinets, ceux si lisses tant ils n'ont connu la rudesse des marches sur les pierres ou la glace, frôlent les plaies qui n'en sont plus.

« Tu ressembles tant à Père, avec ces cicatrices. Tu es devenu guerrier, mon frère. »

C'est de Gloriel dont iel parle, de ce Père dont iel cri la colère du départ en même temps qu'iel s'écroule de tristesse à chaque fois qu'iel observe la chevalière offerte. Son absence lea fait suffoquer, pareil à celle de sa fille.

Rhaegar

Ses oreilles s'abaissèrent lorsqu'il entendit les sanglots soudainement éclatés d'Isrâ dont le visage était caché contre son épaisse fourrure. Ses paupières s'abaissèrent et la bulle d'eau salée éclata sous chacune de ses cornées, se répandant en fines traînées sur ses joues durcies par le froid. Il n'avait pas été assez présent pour constater son évolution frappante et la rudesse de son cœur marqué par les épreuves, alors il ne se montra pas plus surpris que ça devant cette démonstration d'émotivité.

Et puis vint ce si ravissant rire qui lui rappela bien des souvenirs et qui lui fit décrocher un sourire à la fois nostalgique et fier. Parce qu'à ses yeux il était encore le grand frère protecteur et qu'iel avait garder cette joie chaleureuse, alors il avait de quoi l'être. Enfin lorsque les corps se détachèrent il put mieux observer ses belles courbes, son pelage soyeux et son allure confiante. Ainsi que cette lumière verte à sa queue, qu'il fixa presque par addiction ou par sorcellerie de son œil brûlant attiré comme un aimant.

Le contact sur ses cicatrices froides le délivra de sa paralysie du regard et il vint plonger dans l'ambre héritée des gènes maternels pour s'y noyer avec une affection infinie.

Il se sent flatté, et pourtant du sang et des gènes paternels ils se diffèrent mais Rhaegar y voit plus qu'un compliment, il y voit une fierté, une récompense pour les combats gagnés et pour avoir porté les valeurs du chevalier gris. Car quand même bien le sang ne les rapprochent, il restera à jamais son père de cœur.

Je suis loin encore de prétendre au niveau de père, mais j'ai hâte de pouvoir lui montrer tous mes progrès et de lui partager mes aventures.

Il sourit de nouveau et ses prunelles brillantes trahirent son impatience. Et surtout son ignorance. Puis il les dirigea vers son cou, désignant sa cicatrice de sa simple fixation.

Il semblerait que je ne sois pas le seul à m'être endurci. Qui est l'imprudent ?

Qui est l'insolent, ou plutôt le malchanceux qui a osé s'en prendre à sa-on protégé-e et qui a subit son courroux ?

De retour chez soi

▬ ft. Raeghar

Automne 2020.
4ans.

Oh, cher Raeghar, tendre frère.
Tes mots me font effet de couteaux, me voilà martyre de ses souvenirs.
Tu es parti tant de temps que tu ne sais point encore.
Laisse-moi aujourd'hui te dire, mon frère...

« Père n'est plus, Raeghar... Il est parti. »

Je ne souhaitais être cille qui te l'appris.
Sous les sanglots arrêtés persistent cette tristesse immense. Celle qui reste et en iel pourri, visqueux état dont iel ne se défait plus depuis que plus rien ne va. Son regard soutien le sien, quand de son âme iel semble en émietter quelques miettes de plus.
Il est parti.
Cette phrase murmurée au bout de ses lèvres, dans laquelle peut-être percevrait-il cette note de rancœur. Aussi littérale que véritable, Gloriel s'en était allé ailleurs pour mieux mourir loin d'eux.

Et Isrâ ne l'accepta.

Ainsi fut-iel abandonné•e par Père, contraint à la perte de son géniteur sans un dernier au-revoir, une dernière étreinte, un dernier contact de son museau contre son large torse. De celui qui lui transmis l'art de se manier l'arme, qui lui transmis aussi l'arme... Une notion d'amour et de fierté...
Un regard bleu, posé sur iel, rien que sur iel...
Il ne restait qu'une évocation du bout des lèvres, une odeur estompée et une image qui s’égrainait.

Son cœur est une bombe qui explose à chaque fois qu'iel y pense.

Vide, se veut désormais le regard d'or qui se confronte aux yeux similaires, alors que comme un frisson l'émotion passe en iel. Parce que l'étau revenait, encore, parce que chaque soir des larmes trop salées lui étaient décernées.
Parce qu'iel aurait aimé savoir pourquoi, il était parti.
Lea plongeant davantage dans sa solitude, qu'iel lui en voulait, lea laissant avec cette insupportable peine, qu'iel le détestait.
Qu'iel, pourtant, aurait aimé lui crié qu'iel l'aimait.
Qu'iel aurait eu tant besoin de lui. Persiste à croire que c'est dans ses pattes, que le réconfort aurait été trouvé suite à la perte de son enfant, quand l'aide hurlée maladroitement à d'autres n'avaient trouvés en issu qu'en ce combat ou l'ignorance.

Mère nous a appris à ne guère montrer nos faiblesses. Tu le sais, mon Frère.
C'est pour ça que je ne te dirais rien, de ce poison dans mon esprit.
Pour ne point qu'il ne m'advienne autre cicatrice, comme celle que tu montres.

C'est une autre annonce, qui lui vient avec une émotion différente. Amertume et froide colère chasse la peine, et le vide des yeux devient dur.
C'est pourtant une autre mine, qu'iel faisait exploser dans la tête du combattant.

« Notre frère.
Méridor. »

D'une patte Isrâ caresse la marque, l'expose davantage. Tant de choses difficiles, à annoncer au seul frère méritant.
La suite des mots ressemblent au mécontentement d'un chat qui crache.

« Je le laissa davantage en déroute qu'il ne me laissa lui.
Il n'appartient désormais plus ni aux sains, ni à notre famille. »

Que difficile, devienne son existence.

Sujet: Re: De retour chez soi | Isrâ Lun 18 Jan 2021, 01:08

Rhaegar

Le regard affectueux de l'ours se chargea doucement en surprise sous ses arcades haussées lorsque tomba l'affreuse nouvelle. Il lui fallut bien quelques secondes avant de réaliser le poids des mots qui venaient de lui tomber sur les épaules et d'autres encore pour les assimiler. A la fois perplexe et triste, il refusait de croire que cela puisse être vrai surtout en connaissant le caractère chevaleresque et aimant de son mentor. Il voulait en savoir plus, il avait besoin de comprendre et alors que les questions traversèrent sa matière grise, il les arrêta au bout de ses babines dans un bruit étouffé lorsqu'il perçut la lueur glaciale qui consumait le regard d'Isrâ.

Iel semblait insensible et pourtant.. L'ours noir pouvait percevoir qu'iel était en réalité rongé-e et manipulé-e par une aura sombre et dévastatrice, plongé-e dans un gouffre vide sans issue. Car il avait l'habitude de le voir dans le regard de mère et ce regard, il le retrouvait de nouveau chez Isrâ. Et cette constatation ne fit qu'accentuer la véracité de ses paroles. Rhaegar avait beau refouler cette idée, elle lui revenait en place face à chaque seconde qu'il s'enfonçait dans les abysses ambrés. Et quand enfin il l'accepta, il sentit son organe se percer lentement puis se fendre dans sa poitrine dans une douleur qu'il crut infinie. L'eau salée monta, s'accumula sous ses paupières et embua ses prunelles jusqu'à former une petite perle sur le coin de l'ambre commun. D'un geste de la patte il la rejeta, ne lui laissant pas le temps de tracer son chemin.
Il gardait espoir car dans son cœur, Gloriel était comme un père et il espérait le revoir une dernière fois au moins, avant que la vieillesse ne l'emporte. Peut-être qu'il avait simplement besoin de voyager.. Qu'une tâche l’accommodait loin d'ici avant de trépasser.

D'un geste de la patte, il attira Isrâ contre lui dans une nouvelle étreinte. Il ne lui avait pas laissé le choix, lea plaquant contre lui soudainement, presque brutalement. Celle-ci était davantage réconfortante, davantage émotionnelle et sentimentale, iel pouvait le sentir à travers son cœur palpitant et ce souffle long que Rhaegar laissait glisser sur sa tête. Ils partageaient une douleur commune et plus que les mots, ce simple geste pouvait apaiser la plus pénible des douleurs et transmettre le plus sincère des messages : « quoi qu'il arrive, je suis là pour toi. »

A présent je suis là. Tu pourras toujours compter sur moi.

Le rôle du grand frère, le protecteur, l'épaule sur laquelle iel peut se reposer qu'importe la situation. La forteresse qui, forte et invulnérable, boira la tristesse et la colère qu'iel a besoin d'évacuer sans ciller.

Il lâcha son emprise après une longue minute, ce qui lui permit à lui aussi de reprendre le contrôle de ses émotions et de garder son image d'ours fier intacte. Comme s'il posait la dernière pierre sur le bouclier érigé autour d'eux pour l'achever, il sourit faiblement mais sincèrement, avec tout l'amour que son palpitant pouvait contenir.

Tu n'auras plus à te cacher, tu n'auras plus à supporter ça tout-e seul-e.

Ses oreilles se dressèrent et une nouvelle fois, la chaleur de son regard se dissipa pour ne laisser que perplexité face à l'accusation. Méridor...
Ses arcades se froncèrent et il releva un peu plus la tête en observant la cicatrice, l'expression tourmentée. Sa queue s'agita sur le sol derrière lui, nerveuse. Avait-il été absent aussi longtemps pour que sa fratrie s’entre-déchirent ? Comment Anianka avait-elle pu laisser faire une chose pareille ? En était-elle actrice ?
A cette dernière idée, il fit grincer ses crocs. Il savait que son frère était influençable et perdu, qu'il avait rejeté mère depuis ses premiers mois... L'aurait-elle rejetée définitivement de la famille ? L'aurait-elle condamné parce qu'il voulait suivre les pas de Gloriel ? Il chassa toutes ses questions pour se concentrer sur Isrâ, le regard bien encré dans le sien, inquiet.

Raconte moi plus en détail s'il te plaît. Pourquoi vous êtes-vous battus ?

Si seulement j'avais été présent. Rien de tout ceci ne se serait produit. J'aurai pu les protéger..

Sujet: Re: De retour chez soi | Isrâ Sam 30 Jan 2021, 00:51

De retour chez soi

▬ ft. Raeghar

Automne 2020.
4ans.

Tu n'imagines pas, la douleur d'une simple lettre et d'une bague.
C'est pire que ces mots.

Contre lui iel se retrouve à nouveau, entre les longs poils de rouge et de camel se plonge et se confond. La force de pleurer n'est plus, subsiste ce même néant qui le tient plaqué contre ce torse large qui se veut rassurant. Un instant, se veut être poupée que l'on saisit pour mieux se consoler, de beau visage mais de visage vide. Le mouvement est brusque et soudain, presque aurait pu causer un tourment à ce corps fragile dont seul l'esprit se voulait affuté.
Isrâ sent encore, le choc de sa patte contre son dos, d'autant plus se sait fragile face à Frère revenu. Celui qui le relâche, après un temps qu'iel ne calcule pas tant cette attention est une chose qu'iel voudrait acquérir au quotidien, plus que de quérir.

Se jouait maintenant pour lui l'affliction de cette attaque, une autre perte : celle de l'unité. Elle ne serait jamais plus, ma foi Isrâ y veillerait. Pour ce frère qui n'en était plus un, ne méritait plus que la solitude pour n'être capable que d’égoïsme.
Ô.
Comme Raeghar se doit de savoir, comme bienvenue est cette question.

Pourquoi, Isrâ ?

Un théâtre qui se joue à ciel ouvert, ou bien une exposition de cette rancœur qui l'anime : c'est un art qui se susurre au bout de ses babines, celles semblables à celle d'une vipère qui haie. Les mots sont crachés, les mouvements se veulent accorder à l'expressivité de son visage.
Que se souligne les traits qui se tirent, les babines qui se froncent et les yeux d'amende qui un peu plus se font fouines.
Qu'enfin, diantre! sa famille sache et que se répande la nouvelle.

Que l'on déteste Méridor, en cœur.

Tout débute sur la neutralité et la froideur des mots.

« Il te faut d'abord savoir que Méridor trahit Mère, s'en allant devenir ennemi Etelkrus sans en avertir les membres de sa propre nichée. »

D'un mouvement de patte, iel chasse pourtant cette information.

« Mais qu'est-ce, cela ! Une déception, une trahison... Pourtant point les raisons de cette attaque, mon Frère, veux-tu bien me croire malgré tout ce que j'éprouvais quant un jour, il revint me voir.
Dans ses doutes et ses incertitudes, que de penser qu'il eut fait mauvais choix.
Oh... »

Un soupir et l'ambre se brouille. Par pudicité pour ses émotions, celles faibles tel qu'on lui apprit bien plus tôt, iel chassa sur le côté son regard.

« Il fut là encore trop égoïste, n'agissant que dans son intérêt sans se soucier de l'état d'autre. Je n'allais point, Raeghar, pourtant ne fut-il capable que de mots pour se rassurer lui. Moi qui lui donna paroles fortes, un jour, lui qui toujours ne fit que s'apitoyer ! Je ne demandais qu'une attention.
Aussi...
Ai-je ce jour eu un mot de trop, une action un peu vive. »

La patte se porte au cou, encore. Les coussinets, là, sur la plaie cicatrisée.

« Et le parjure de me sauter au cou, de rage et d’orgueil. Et moi de le couper d'à demi, cet orgueil, d'un poignard entre les cuisses. Il me faut te l'avouer, ce qui n'est point une fierté... »

Au sol revient l'antérieur, quand dans ce mouvement suit ce port de tête qui descend en même temps. Les quelques mèches éparses, celles qui s'échappent du chignon, retombent devant ses yeux.
Tu te dois de garder haut, ton port de tête, enfant de bon sang.
Pourtant...
Cela tient souvent plus de l'exploit.
En murmure, le dernier acte s'achève.

« Ma survie n'est dû qu'à deux solitaires, puisque Mère et Sœurs s'en étaient, à ce moment...aller au Nord. Elles ne le savent encore, mon Frère, et je n'ai point force de me rendre auprès d'elles pour les en avertir. »

Comprends-tu ce que je te demande, mon Frère ?
De tête toujours basse, Isrâ s'avance et revient au contact. Pour s'y noyer, là ! encore! dans cette mer immense de poils et d'affection, dont iel cherche à avoir la protection de la tempête.

Rhaegar

L'expression de lea benjamin-e se fit plus sombre et les mots prononcés avec acerbité firent baisser les oreilles de Rhaegar. Un frisson parcourut son échine. Ielle portait le même masque féroce et assassin que mère. Il avait eu l'espoir naïf que peut-être i-elles y échapperaient en grandissant mais en le voyant sur Isrâ, pas de doutes que la fratrie entière avait été influencé. Quel triste constat.. Mais tu t'y attendais quand même un peu Rhaegar, n'est-ce pas ?

Le large visage balafré se tendit de plus en plus à mesure que les accusations sont sifflés avec mépris des babines délicates. Le cœur mis au silence, la respiration lente et irrégulière, il baissa le regard, accablé, frustré par toutes ces informations. Un père disparu, une mère partie dans le Nord avec ses sœurs, un frère peut-être mort et enfin Isrâ.. Seul-e resté-e sur ce territoire en renaissance, isolé-e de sa famille, le cœur noirci par le sentiment de trahison et d'impuissance.

Ses paupières se fermèrent lorsqu'iel s'approcha et vint se coller une nouvelle fois à lui, cherchant réconfort après telle confession. Rhaegar les rouvrit pour poser un regard peiné sur iel et un long soupire s'échappa de ses naseaux, faisant voler quelques mèches des cheveux écarlates.

Quelle atroce histoire.. Murmura-t-il.

Il pria intérieurement Ao pour que sa famille aille bien, où qu'ils soient tous et chercha la force nécessaire pour chasser les mauvaises pensées de sa tête. Comment mère réagira-t-elle quand elle découvrira cette atrocité ? Comment le lui annoncera-t-il, lui qui avait manqué à ses obligations d’aîné ?

Tout ceci n'est qu'une mauvaise dispute.. Vous aviez tous les deux beaucoup de choses sur le cœur et vous aviez besoin de le relâcher.

Aux mauvais endroits, aux mauvais moments. Un dérapage qui n'aurait pas eu lieu si il avait été présent.

Je.. J'aurai dû être là.. Je regrette tellement d'arriver aussi tard..

Une larme coula secrètement sur ses joues creusées par la fatigue.

J'irai l’annoncer à mère et j'endosserai la responsabilité de ce désordre.

Son visage se ferma, dur et grave.

J'arrangerai tout ça, je te le promets.

Je vous le promets, à tous.

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