Rouge et vert, complémentaires l P.V. Alth

Observer les grenouille, c’était tout un art. Lewis faisait de petits pas autour de l’amphibien pour ne pas l’effrayer, parce qu’il n’avait pas reçu de bisous magique celui-ci. Braise vient se poser sur le crâne de la pirate pour mieux observer la scène en l’absence de Poe. Depuis sa rencontre avec Rhaegar, la sans-glowstick n’avait pas récupéré la grenouille, laissée sur place afin de lui laissé la possibilité de vivre tranquillement ses dernières années. Après tout, elle avait manqué de finir écrabouillée sous sa patte…
L’observation s’interrompt lorsqu’une odeur familière vient titiller ses sens. La mauve se redresse d’un coup, avant de bondir sur Cendres.

« — CENDRESSSSSSSSSS ! »

Elle ne retient pas sa force, alors que son corps percute celui du blanc.
Une lumière attire l’attention de la louve qui se saisit de l’étrange accessoire entre ses crocs. C’était trop génial ça !

« — Trop bien t’as un pinceau fluorescent ! »

Elle le lève vers le ciel de sa patte, alors que ses yeux mauves glissent sur sa chevalière, offerte par Aka. Une seconde. Ils ne brillaient pas pareils, celui de Cendres brillait plus.
Beaucoup plus.

« — Attends… »

Est-ce que ça voulait dire que… ?

Un glowstick. D’un dieu. Il avait donc rejoint les rangs d’un dieu ... et le vert, Lewis ne le connaissait pas, mais il ne devait pas être n’importe qui pour avoir séduit Cendres. Les oreilles se couchent sur le crâne, alors que la sans-glowstick sans l’odeur du stress chez son ami.

« — Alors, t’es devenu un disciple. »

Un constat, qu’elle se devait de répéter à voix haute pour en admettre la réalité.
Elle n’aura pas cru qu’il se soit réellement intéressé à une couleur... il n’en avait pas parlé. À cause d’elle ? Parce qu’elle avait émit tant de réticences au sujet des dieux ?
La tête se penche sur le côté, alors que la mauve se redresse.

« — Tu vas partir pour le servir ? »

Qu’allait-il faire maintenant ?

Hum... rien ne changeait donc ? Absolument rien ? Lui qui était vert maintenant, quand elle souhaitait prétendre au rouge du grizzly.

« — Alors de quoi as-tu peur ? »

Elle continue de pencher sa tête sur le côté, cherchant à comprendre pourquoi il était si inquiet.
Lewis ne comprenait pas, après tout si il affirmait que cela ne changerait rien... alors pourquoi empestait-il la peur ? Les mots suffisaient pour qu’elle le croit, il ne lui fallait rien de plus à la mauve. Car Cendres n’avait qu’une parole.

Alors pourquoi une telle appréhension ?
Alors qu’elle lui faisait confiance ?

Il évoque l’abécédaire, quand Lewis repense à son entrevue avec Rhaegar. Elle en trouve la gueule, avant de la refermer lorsque Braise commence à émettre de petits sons de protestation car elle bougeait trop.

« — Je crois... que je vais laisser les grenouilles tranquilles. Rhaegar a raison, il est peut-être temps que je... grandisse... »

Laisser Poe.
Laisser les grenouilles après avoir manqué de tuer son familier.

Il ne répond pas à la question, alors qu’elle attendait. Craignait-il qu’elle lui tourne le dos ? Lewis l’observa en instant, attendant sans que rien ne vienne. Pourtant son attitude se décontracte à Cendres, il est moins crispé et de lui n’émanait plus d’odeur.

Il était peut-être là le problème. Peut-être l’aimait-il car, Lewis se comportait comme une gamine.
Et puis... il n’y avait pas que lui. La sans-glowstick tenait à d’autres, et son comportement les mettait parfois en danger. Très souvent. Trop souvent. Ce n’était pas ce qu’elle voulait. Ses combats, il fallait qu’elle les mène seule, sans prendre le risque d’y mêler d’autres, ceux qui sont incapables de se battre.
Ceux comme Cendres.

« — C’est peut-être l’ordre des choses. »

Mais elle vint quand même lui pincer la jouer de ses griffes.

« — Ne te morfonds pas comme un vieux p’tit loup ! Ça te cause des rides tout ça. »

Et il était encore trop tôt pour en avoir...

La louve ne réagit pas lorsqu’il vient dégager une mèche de cheveux. Elle écoute, ses inquiétudes. Des inquiétudes liées à celles de la mauve. Oui. Soucieuse. De bien des choses. Mais hantée aussi, par le passé, par les souvenirs, par la crainte de commettre les mêmes mauvais choix.

« — Oui, je pense l’être. »

Soucieuse, de voir les fantômes du passé resurgir.
Soucieuse de devoir réfléchir aux chemins à suivre.
Soucieuse, de devoir faire des choix.

La patte de Cendres se porte sur le pendentif grenouille, alors que celle de Lewis par réflexe se porte sur l’écureuil. À cette époque même, elle aurait du percevoir que les choses changeaient. Et pourtant... elle n’avait rien pressentie.
Elle soupire avant de plonger ses prunelles mauves dans celle du blanc.

« — Mais peut-être que les deux ne sont pas compatibles. Peut-être que tu ne pourras jamais être heureux en restant à mes côtés...Peut-être... »

Elle inspire avant de lâcher les derniers mots.

« — ... que te convaincre du contraire ne te permettra jamais de savoir ce qu’est le vrai bonheur, Cendres. »

Le museau s’approche de celui du blanc, la truffe mauve vient entrer en contact avec la sienne.

« — Et savoir ce qu’est le bonheur, c’est ce que je te souhaites, plus que tout. »

Si lui, savait comment être heureux, où trouver son bonheur, quand était-il de Lewis ? Ou trouverait-elle son bonheur ? Elle avait pour aspiration de devenir disciple du grizzly, de servir la force à l’état brut. Mais étais-ce suffisant ? Non. Les yeux mauves s’attardent sur le pinceau vert de Cendres. Maintenant lui aussi portait une couleur qui n’était pas celle de la mauve.
Lui aussi n’avait plus vraiment sa place en ces lieux… À sa définition du bonheur, Lewis se contente de sourire, râlant son museau sur son crâne blanc, avant qu’il ne bouge de nouveau. Une pile électrique en fin de compte. Autant qu’elle.

Que désirait-elle ?

« — Je veux partir. Dans un endroit sans souvenirs, pour en créer de nouveaux. Loin du sel, des mensonges, de la trahison. Là où je ne serais plus la pirate, mais simplement Lewis. »

Oui, voilà ce qu’elle souhaitait.
Trouver sa place, mais plus ici.
Car elle n’avait jamais été une Corneille.

Le front se pose contre le poitrail blanc, alors qu’un sourire vient étirer ses babines.

« — Je ne veux plus être parmi les Nakhus, comme un parasite. Car je ne serais jamais comme eux, et toi non plus. Ils ne me doivent rien, je ne leur dois rien. C’est ainsi. Alors je préfère partir, tant que c’est encore possible, avant qu’il ne soit trop tard. »

Elle avait chassé pour eux, combattu, contribué aux missions. Mais tout cela, ne lui avait rien apportait, absolument rien. Lewis avait espéré trouver un foyer, mais les Nakhus n’étaient pas aussi unis qu’elle l’aurait cru. Ils ne seraient sa famille.

« — Nous n’avons plus notre place ici… »

Nous. Car, elle savait qu’il la suivrait n’importe où.

Exxus la loque. Il n’empêche que Lewis ne s’impliquait pas autant que les Nakhus dans les tâches quotidienne, ou en fait si, mais pas comme les autres l’auraient souhaité. Disons, qu’elle usait plus de la force brute quand eux voulaient de la tempérance et du calme…
C’était agréable. D’être contre lui, d’avoir se sentiment de sécurité. De chaleur. La mauve demeure immobile, écoutant les mots du blanc. D’ici, elle entendait son coeur batte. C’est fou à quel point il battait vite. Très vite. Étais-ce elle qui provoquait cela ?

Pouvait-il battre encore plus vite ?

Il évoque Moiro et Ao. Si la deuxième était inconnue au registre de Lewis, la première… ne verrait sûrement pas d’un bon oeil sa présence sur son île, moins encore si Lewis venait s’adresser à elle. Non, pour Moiro, elle ne pourrait l’accompagner, car sa venue ne serait pas de bonne augure et sa présence peut-être désastreuse.

« — … Je ne peux pas rendre visite à Moiro… C’est moi qui ait dérobé le coeur de son île. »

Pas de tristesse dans sa voix, simplement un ton parfaitement neutre, car les choses étaient ainsi.
Partir pour aller où précisément. Hum, Cendres en demande beaucoup. La mauve n’était pas allée aussi loin dans son désir de partir. Pas sur les terres Nakhus, ni Etelkrus, ni Raeder. Ne leur restait que les terres libres.

« — Il y a les bois. Ceux longtemps oubliés. Ceux qui te permettront de ne pas être trop loin de ton dieu, qui nous permettront d’être à proximité des choses qui se passent… »

Au moins un temps. Histoire qu’ils posent leurs marques loin d’un clan, qu’ils puissent être libres, ne serait-ce qu’un temps sans pour autant se couper totalement du monde. Peut-être même venir en aide à ceux dans le besoin, ceux qui étaient perdus et cherchaient encore leur place.
Pour l’instant.

« — … Et pour l’Est, nous avons encore tout le temps pour le découvrir, P’tit Loup. Beaucoup de temps. »

Oui, les bois ça semblait bien. Là où les plantes reprenaient doucement vie. Là où personne ne semblait réellement vivre. La queue recourbée de Lewis tapote doucement le sol. Parce que cette idée lui plaisait. Cele de tourner une nouvelle page, pour pouvoir écrire sur une nouvelle. Peut-être la dernière. Peut-être la première d’une toute nouvelle série d’aventures.
Et une idée germe dans son esprit, pour ceux qui comme elle, ne trouvent place nul part. Ceux qui ne veulent rejoindre de clan qui représentent des valeurs opposés. Ceux qui continuent de chercher leur chemin. La sans-glowstick se recule, inclinant l’avant de son corps pour éviter que ses muscles ne s’engourdissent. Eux qui avaient toujours l’habitude d’être sollicité de par son hyperactivité.

« — Peut-être qu’on pourrait également en profiter pour… faire une sorte de refuge ? Pour ceux qui n’ont nul part où aller, ceux qui cherchent un endroit, un foyer. »

Simplement un refuge, pour leur permettre de reprendre leurs marques, d’avoir un foyer.
Lewis sourit.

« — L’occasion de rencontrer de nouveaux partenaires de jeu. »

Peut-être qu’un adversaire digne de ce nom viendrait alors croiser leur route !

Les oreilles sont droites, alors que le regard se perd à l’horizon, observant un point qu’elle est la seule à pouvoir voir. Sa posture se fige un bref instant, alors que résonne dans son esprit la réponse de Cendres. Lui avait grandi au sein des Nakhus. Et ce n’était que maintenant qu’il était prêt à partir, parce que Lewis le voulait.
Il avait eu le choix, mais n’avait pas choisi une autre voie de sa propre initiative, quand bien même il portait la couleur du raptor.

« — Non. Une meute c’est comme une prison, t’es attaché de force aux lieux, aux personnes qui le dirigent. Un refuge, tu peux partir quand tu veux. Ce n’est que passager. Mais dans les moments difficiles tu es heureux d’en avoir un, puis de poursuivre ton chemin après. »

Ce n’était qu’une petite pause dans l’aventure. Le temps de remettre ses idées au clair puis de se décider à les mettre en oeuvre. Lewis lui tourne le dos, mais le museau se lève vers le ciel, alors que sa tête se penche en arrière pour voir Cendres sous un autre angle. D’un sourire s’étirent les babines, alors que lui trouve cela chouette.

« — Ça promet surtout d’être amusant… »

Plus qu’amusant même…