Mâle et demi-mâle [PV Narcisse]

Le museau du Koridé est à moitié enfoui dans la terre, alors que sur sa truffe, de petites fournies grouillent. L’assassin observe son familier se repaître, quand lui-même ne devrait tarder à trouver pitance pour le Phénix. Le vent souleva le pelage de l’hybride, sans pour autant ressortir le moindre froid. Ce n’était pas une question de poils. Simplement la chaleur du Phénix qui lui permettait de supporter ces températures, parfois plus que basses, sans en subir les maux quand d’autres se devaient de porter des capes.
La tête du Koridé se redresse, alors que sa longue langue passe sur ses babines pour en retirer les dernières fourmis. Oui. Narcisse l’avait senti lui aussi, cette présence, tout comme le Phénix qui se manifesta par une légère lueur dorée venant entourer le loup.

Son regard ne trahit aucune émotion, son attitude ne laisse rien paraître, ni joie, ni colère. Le museau se tourne vers l’ancien solitaire, celui qui avait choisi de rejoindre les Etelkrus, avant de disparaître, puis de réapparaître. Mutilé.
Un ordre aurait été donné et Narcisse l’aurait exécuté, sans hésitation.

« — Méridor. »

Le disciple de Kiro soutint le regard de son interlocuteur qui semblait… dépité ? Étais-ce donc si important ce que chacun avait entre les cuisses ? Narcisse ne le comprenait… Peut-être parce qu’il n’avait aucune ambition en ce qui concernait la famille.

Son honneur est réduit à néant. Sa fierté, n’est plus que souvenir. Si nous le finissions ici, c’est un service qui lui serait rendu. Tu en meurs d’envie, Narcisse, d’écraser ce moucheron qui a osé prétendre être Etelkrus.
Ce n’est pas un ennemi. Pas tant qu’un ordre n’ait été donné.

La peur. C’était une odeur que Narcisse n’appréciait pas. Il la détestait même.
Et Méridor empestait la peur.
Un affrontement ? Narcisse n’affrontait pas les autres, du moins pas ceux qui n’en étaient dignes. La queue féline s’abaisse, alors que le Koridé vient se cacher entre les pattes de son maître. Le familier savait reconnaître les différentes émotions qui habitaient son maître. Il savait présenter le danger.
Méridor n’était pas un guerrier de pacotille, mais il n’avait pas de glowstick. Si sa carrure semblait taillée pour le combat, Narcisse doutait de sa souplesse et de son agilité pour éviter les coups. Pourtant. Il n’en avait que faire. Car le solitaire n’avait fait ses preuves en tant qu’Etelkrus. Il n’en était donc pas encore un. Et cela donnait le droit au disciple de Kiro de le mettre à genoux.
Et dans la voix, aucune hésitation, aucune émotion.

« — Tu veux que je te tue ? »

Que j’écrase l’insecte qui sommeille en toi ? Que j’éradique ton essence de solitaire pour m’assurer que jamais plus le nom des Etelkrus ne soit souillé ?

Et sans même attendre la réponse, l’assassin attaque.

(Lancé de dé)

Avec rapidité, il se déporte sur le flanc droit de son adversaire, avant d'y approcher dangereusement ses longues griffes.

Même pas il ne cherche à esquiver. Étais-ce donc ainsi lorsqu’on n’avait plus rien à perdre ? Les crocs se serrent, alors qu’à son tour, Méridor attaque, cherchant à atteindre la gorge de Narcisse, les crocs cherchent à atteindre la gorge. Un endroit qu’il pensait probablement à découvert, facile d’accès. Mais c’était dangereux de s’approcher autant.
L’odeur du solitaire se fait plus forte encore.
Et ça le dégoutait.

Pour autant, Méridor avait commis une erreur. Car si Narcisse maintenait toujours une distance avec son adversaire, le corps-à-corps ne l’effrayait pas, il savait où frapper pour faire mal. Il savait comment tuer.
Et la patte se glisse une fois encore, les griffes cherchant à s’enfoncer dans la gorge.  

L’insecte résiste. Encore. Ne pouvait-il se pas se laisser faire écraser ? Ne pouvait-il pas disparaître, cette vulgaire vermine ? Le grognement monte dans la gorge de Narcisse, puissant. Menaçant. Énervé. Il perdait son temps contre ce loup. Tout ceci n’était que gaspillage quand d’autres avaient besoin de lui. La chair du disciple de Kiro est une fois encore marquée. Souillée.
Et une fois encore il lève sa patte, prête à l’abattre.

Ça vous rendra fière Pepper ?
Serez-vous heureuse que j’extermine la vermine solitaire ?
Hein ?

Et les griffes s’arrêtent, à quelques centimètres des yeux de Méridor. Et chose surprenante alors. Narcisse hésite. Son instinct le pousse à achever le solitaire, lui ôter la vie. Pour autant… sa morale… son semblant de morale le fait douter. Étais-ce juste ? Étais-ce ce qu’il devait faire ? Tuer un solitaire qui se pensait membre des Etelkrus ?

Tues-le, Narcisse. Tues-le et laisse moi me repaître de sa chair.

L’avant de la patte se met à trembler, alors que les crocs se serrent. Ça lui fait mal. De lutter contre cette pulsion, contre la violence du Phénix qui tente de prendre le contrôle.

Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le.
Non.
Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le. Tues-le.

« — Non. »

L’aura dorée vient entourer Narcisse qui se recule, portant griffes à ses tempes, alors que la douleur en son crâne devient insupportable.

TUES-LE NARCISSE !

« — NON ! »

Et les griffes viennent cette fois entailler sa propre chair, simple griffure. Pas assez pour faire naître une douleur suffisante permettant de faire taire le Phénix, assez pour reprendre le contrôle. Il sent la chaleur sur ses épaules. Il fait chaud. Comme si il brûlait. Narcisse à l’impression que l’on est contre lui, alors que sa vue se brouille.
Non. Il ne devait pas céder. Le Phénix ne devait pas prendre le contrôle.

« — Dégages. Maintenant ! »

Avant qu’il ne perde le contrôle.
Avant que cette fois, il n’y ait plus d’échappatoire possible.