Tout ceci n'est peut-être qu'un rêve.
De sa vasque et de ses terres désolées qui ne le sont plus tant, Isrâ jamais autant ne se sera éloigné•e.
Partant en terres inconnues, épuisant ses pattes sur l'herbe, la roche puis le marbre des ruines, mettant en épreuve l'endurance que iel ne possédait que pour se rendre à la bibliothèque... Iel se laissa guider par les tours de son esprit.
Ce n'était sans doute sain, d'ainsi occuper le temps précieux.En ce matin aux tons gelés, la vue brouillée par le souffle condensé, c'est pourtant en toute résolution qu'iel prit cette direction indiquée par ce rêve dernier. Survenu loin de la dernière nuit, pourtant (souvent le sommeil n'est que noirceur écarlate), venue en pensée obsédante et redondante un peu plus à chacune d'entre elles.
Se souvenant de la voix
(elle lui avait semblé être celle de...) et des lumières, de celle qu'encore iel suivait d'un trot lent qui à chaque foulées soulevaient en un mouvement gracieux sa longue et épaisse fourrure.
Félin, quand iel marche.
Le museau se relève vers les cieux blancs. Ses yeux se plissent, les paupières papillonnent.
Il gèle au bout de ses cils quelques gouttes minuscules.
Mais que faire de plus, de ce temps, de toute façon ?
La solitude persiste et la rancœur se ressasse, l'érudition seule ne te permet de te maintenir de bonne santé et de stabilité.
Ta famille n'est plus et au Nord l'on t'oublie.
Il ne te reste que cela.Alors iel suit cette orbe étrange, de cette magie tant étudiée faite. La méfiance est tombée, depuis que le vide persiste davantage. Comme si au bout du chemin, se trouverait un vœu réalisé.
Un vœu qui aurait pu être sien, s'il n'y avait eu aussi d'autres désirs bien moins réalisables.
Qu'est celui de revoir Père, une fois dernière, qu'est celui de vivre avec l'enfant, une fois entière.
Au lieu de cela s'entretient l'amertume. C'est dur.Aux abords de la plaie du monde, un temple persiste, se tient droit et se veut plein d'orgueil.
C'est là qu'iel est appelé•e,
évidence qui s'impose, et que le lieu lea circlut en son entièreté. Sur le marbre de son expression, iel gravit les marches ébréchées et s'approche de l'autel. Se laisse étouffer et hoquète, par l'air aussi lourd que les nocturnes angoisses. Il piège ses poumons et lea force à baisser la tête, ou n'est-ce que l'épuisement de cet achalandage jusqu'ici.
Qu'importe. Car malgré tout subsiste cette hargne, qui plus que tout autre signaux, la maintient en vie.
Ça se lit dans son regard.
L'or accuse l'endroit, se pose farouche sur ce livre dont les pages s’imprègnent d'un simulacre de vie. Se tourne une à une, bruissement régulier qui s'accorde au tempo de ses pas.
Va-t-iel ici se réveiller, dans la stupeur de cette vision ?
Tout ça fut déjà vu, iel ne connait cependant suite à cette histoire.
Mais aujourd'hui Isrâ va plus plus loin.
Les images ne se brouillent et ses yeux ne se rouvrent sur les branches dénudées du bois entourant la vasque. Tout se poursuit, dans une réalité qui encore lea déconcerte mais qu'iel accepte véritable. Iel a trop vu, trop vécu, pour se surprendre encore d'un tel fait.
Contemple ce qui traine au sol d'un oeil tant las que brillant, fait cliqueter les griffes pointues contre le sol quand iel s'arrête.
La proximité avec l'objet le fais cesser sa propre lecture.
«
Qu'êtes-vous. »
Une chose précieuse.L'ouvrage se soulève et les runes se dévoilent, à la nécromancie se soulève son cœur dans un élan de grâce avant d'à nouveau se fondre en tristesse.
Il n'y a pas que ça, regarde et prend conscience.
De ce pouvoir nouveau.
De ce qui fera de toi menace ensorceleuse.
Le livre sien est saisi, la magie dévoilée, le conseil consigné.
Un souffle se retient, un battement se suspend.
Demain sera faits d'opportunités nouvelles.Un fin sourire accompagne son retour, quand d'un mouvement de la queue le livre est mit en lévitation. Iel a parcouru les sorts et pensé à l'usage, s'invente quelques stratégies de plus.
Isrâ trouvera là force supplémentaire, pour confronter le frère.