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Sujet: Murmures avant l'épilogue | Pepper Ven 15 Jan 2021 - 14:15
Le jour tombait avec une lenteur presque insolente. Comme si l'astre du jour se plaisait à flâner entre les nuages, à quelques pas encore de l'horizon, se délectait des lumières rougeoyantes qui enfin coloraient le ciel, après une journée froide et morose. Même l'aube n'avait pas eu le droit à tant de place dans les cieux. Les teintes orangées du crépuscule se reflétaient dans les iris vairon du loup solitaire sur la Falaise. Sur ses cheveux épais, changeant en fils d'or les mèches argentées qui les striaient désormais. Sur son corps dont le pelage cachait en partie l'âge, bien qu'il fut resté vigoureux jusqu'à ce nombre avancé d'années.
Athelstan avait, comme chaque jour, effectué les tâches que l'on attendait de lui. Il avait organisé avec méticulosité toutes les patrouilles, toutes les expéditions de chasse. Il avait pris part à un tour du territoire vers la mi-journée. La soirée venant, il avait vérifié que tout était en ordre, encore, avant de partir pour une promenade solitaire. Point de course, seulement une marche tranquille, qui ne tirait pas trop sur son corps. L'hiver était mauvais avec lui. Ou peut-être n'était-ce là que la course normale du temps sur lui, lui qui l'avait tant rejetée, presque reniée. Il avait eu une sorte de déclic quelques lunes auparavant, et avait légèrement ralenti le rythme. Il avait pris conscience que ses pattes, bien qu'elles ne lui aient jamais fait défaut de sa longue existence ne pouvaient plus le porter aussi loin, aussi vite. Que son souffle s'épuisait, que son vieux coeur se lamentait de devoir continuer de vivre une telle vie. Il avait été tant brisé, après tout.
Il inspira profondément. L'air avait la saveur du soir et du sel. Il s'était arrêté en haut des Falaises Littorales, silencieux, et y avait assis sa grande silhouette. De temps en temps, les embruns les plus violents faisaient cliqueter autour de lui la chaîne qui y demeurait, et dont il ne se servait pratiquement plus. Il avait même cessé de s'entraîner avec. Peut-être était-il temps de la transmettre à quelqu'un. L'idée lui avait plusieurs fois traversé l'esprit, accompagnée du regret de ne pouvoir avoir transmis toute la subtilité de son maniement avant. Il était trop tard désormais. Trop tard, alors qu'il contemplait en silence le soleil qui lui faisait des clins d'oeil à travers les nuages.
Sur ces terres, il avait la sensation d'être au sommet du monde. Il était le dernier loup à avoir connu et vécu la destruction du continent par Cronos et la reconstruction par les dieux. A se souvenir du Palais blanc, de ce qu'avaient été les Brethens. Même si les souvenirs s'étaient ternis, comme de vieilles photos, ils demeuraient, flash teintés de candeurs d'une époque presque oubliée. Et qui le serait avec lui.
Enfin, le soleil toucha du bout de son cercle parfait la surface de la mer. Entamant la dernière étapes de sa course de la journée. Avant de s'en aller mourir dans les flots pour une longue nuit.
Daisy » Incrusté
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Sujet: Re: Murmures avant l'épilogue | Pepper Dim 17 Jan 2021 - 21:40
Murmures avant l'épilogue
▬ ft. Athelstan, ce mentor comme un père
Hiver 2020. 11ans.
Il est tard, quand elle rejoint le castel, oubliant derrière elle les terres froides de la grève. Dans une relève qu'elle prend avec Anette, s'en est allé au matin pour ne poser patte sur ces terres que maintenant. Un peu trop fatiguée, un peu trop lasse de ces allers et venus. Elle est une alpha sur le déclin, celle qu'elle cache derrière ses glorieux moments où elle clame encore sa force et ses ambitions ; pourtant réalise ce qui la guette. Il se cache sous ses yeux des valises qui ne sont du voyage, et un petit cœur trop épuisé qui lutte au creux de sa poitrine.
Elle sent le soleil décroître sur son dos. Elle a presque froid maintenant.
La Petite Reine aurait pu joindre plus en profondeur l'intérieur de son château, feindre d'être vaillante sur son trône ou s'écrouler dans sa grotte dans un sommeil qu'elle chercherait. Pourtant d'un pas lent, elle traine son être abimé sur ces voies tracées d'odeurs et de souvenirs, dans ce besoin étrange venu la saisir. Comme une brise de nostalgie. Un désir, de se rattacher un instant à celle qu'elle fut y a longtemps. Un travail de sa mémoire, un oublie de sa condition. Un soupir, au bord de ses lèvres, quand d'une patte levée elle effleure de ses coussinets ce sol familier. Elle retrouve l'herbe de sa Rougelande, et le vent qui agite cette plaine qui bruisse à ses oreilles. Elle se souvient, des chasses avec Joy, du jeu de frontière avec Lymphalème, de son apprentissage et de celui qu'elle donna à ses propres apprentis ainsi qu'à son enfant. Elle poursuit, renoue avec ses frontières et les marques de ses patrouilles, se plait à retrouver une odeur plus qu'une autre. Peut-être avec conscience, ou fruit d'une volonté contre laquelle elle ne sait lutter, en vient à remonter cette piste plus qu'une autre. On dirait que ses pas sont appelés, à être mené prêt de lui. Il le faut, en ce soir.
Elle ne saurait partager avec lui la beauté du ciel et des astres qui y luisent, ne sait à quel point la lune est belle ce soir. Pourtant, elle sait dire en ce crépuscule qu'il est agréable, dans les embruns qui lui montent aux abords des falaises qu'elle défie, comme vous me l'aviez si bien appris, pour mieux se rendre auprès de la Renarde. Dans ce temps qui lui semble adoucit, aussi, ou peut-être est-ce par effet de cette chaleur qu'elle sent monter par son ventre, dans ce sentiment rassurant qui lui vient à son approche. Elle n'a plus si froid que ça, Pepper.
Et vous... Vous étiez étais là, Sir Athelstan. Immortel, comme toujours.
Il est grand et elle minuscule, elle se blottit contre lui et contre son flanc devient presque invisible, autant qu'elle se sent redevenir invincible. Sans doute aura-t-il remarquée sa venue, par les pas lourds de celle qui ne voit ; aussi elle ne s'annonce pas même d'un mot avant ce contact devenu nécessité. Pour redevenir un instant l'enfant, auprès de son mentor. Profiter du silence, il n'est pas pesant. Elle n'ose perturber la contemplation et le bruit joint de la mer et de son souffle de père, se joint seulement face à lui devant le vide et l'horizon. Se retrouver. Vous me manquiez tant.
Ehnala » Coriace
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Sujet: Re: Murmures avant l'épilogue | Pepper Dim 21 Fév 2021 - 9:51
Alors que le soleil inondait les flots d'un rouge brûlant, un nouveau parfum vint s'ajouter aux senteurs du jour tombant. La truffe du grand mâle frémit, tandis qu'un sourire se dessinait sur ses babines. Il s'écoula un battement de coeur, juste assez de temps pour que le son léger de pas vienne à ses oreilles, avant qu'il ne tourne la tête. Devant la lune qui se levait paresseusement, éclairée par les lueurs chaudes du crépuscule, se dessinait la petite silhouette de Pepper. Le regard vairon du vieux Chevalier s'emplit de chaleur, invisible pour elle, peut-être perceptible tout de même, tant ils se connaissaient bien.
Elle s'approcha sans mot dit, et vint tout contre lui. Il frôla de son museau le bonnet qui ornait sa tête, la laissa s'appuyer contre son flanc. Deux images se mélangeaient pour n'en faire qu'une lorsqu'il la regardait. Celle de l'enfant qu'elle serait toujours à ses yeux, fille de coeur à défaut de l'être de chair et de sang. Et celle de la louve qu'elle était devenue, celle qui avait vu passer tant d'années, survécu à tant d'épreuves. Il la voyait fatiguée, et cela lui serrait le coeur. Il avait envie de prendre sur ses épaules tout ce poids qu'elle portait, parce que c'était à lui d'être fatigué, non ? C'était lui le vieux loup, qui était allé bon an mal an à travers de si nombreuses années. Lui qui devait contempler la jeunesse d'un air un peu sage et fatigué. Pas elle. Elle serait toujours jeune à ses yeux, toujours celle qui prendrait la suite. Il inspira profondément, en silence, d'un souffle qui souleva son poitrail qui n'était plus si puissant qu'auparavant.
Il ne lui était jamais venue l'idée que Pepper puisse s'en aller avant lui, mais elle surgit en cet instant, insidieuse, plus terrifiante qu'aucune autre. Mais en réalité, c'était à chose impossible. Dans la plus terrible des situations, ils s'en iraient ensemble. Car il avait trop supporté de pertes pour être capable d'en vivre une nouvelle. Et celle-ci en particulier. Il tâcha de repousser cette pensée, et d'imaginer les années qu'elle pourrait avoir devant elle une fois que lui aurait fait le grand voyage. Ne t'endors pas avant moi.
Il posa la tête sur le cou et les épaules de la petite louve et ferma les yeux. Comme pour imaginer encore une fois qu'ils se trouvaient des années auparavant, en des temps bien moins troublés. Des souvenirs hantés de tristesse désormais, qui lui serraient la gorge, parce qu'il savait qu'ils ne reviendraient jamais. Il soupira. En apparence, ils pouvaient avoir l'air du père consolant sa fille. Mais la réalité était complètement inverse.