Transformation | Te Hari (fini)

Pour une fois, ce n’était pas ses propres idées qu’il fallait changer.

Etna avait l’impression de connaître à présent deux différentes Te Hari. Il y avait celle d’avant, celle qui était un rayon de Soleil, qui ne se laissait jamais abattre, qui voyait le bon côté de tout. Il y avait aussi la Te Hari de maintenant, celle où elle avait vu la lumière d’un être cher s’éteindre. Le contraste fut frappant, laissant Etna à court de mots. Elle était habituée d’avoir Te Hari comme confidente, comme un échappatoire à la dure réalité de tous les jours. Loin d’être aussi ouverte et optimiste qu’elle, la verdâtre était devenu un peu timide à son égard, craintive d’agir ou de dire la mauvaise chose… elle marchait sur les œufs.

Sachant que ses actions étaient plus efficaces que ses paroles, elle avait proposé au lycaon de sortir du Castel, loin. Se vider la tête, se renouveler le paysage, sentir de nouvelles odeurs, piétiner sur une différente terre… du changement quoi. Car Etna n’en pouvait plus de se sentir inutile pour son amie, il fallait qu’elle l’aide, qu’elle ne la laisse pas devenir comme elle.

Etna n’attendit pas la réponse de Te Hari, car elle allait venir avec elle, elle le savait. À peine sa proposition d’aller à la sylve faite, le petit soldat vert se mis en route. Le seul arrêt possible était pour un petit-déjeuner, mais il n’y avait pas de retour possible avant la tombée de la nuit. Te Hari allait devoir stopper de broyer du noir aujourd’hui, qu’elle le veuille ou non.

La jeune louve n’était jamais venu ici, la curiosité lui piquait dernièrement, ayant entendu quelques membres de son clan parler de cet endroit magique, où aucun loup n’avait élu domicile. La hiérarchie de la faune y était donc un peu différente et les découvertes pouvaient être surprenantes.

En espérant que la verte eu une bonne idée de venir pointer son nez ici avec sa fidèle complice.

« Oh regarde, une grenouille multicolore ! »

Etna suivit le regard sans iris de son amie, en garde. Elle n'aimait pas particulièrement les petites bêtes visqueuses, elle était tout simplement trop étrange et inutile d'après elle. Ses yeux oranges stoppèrent sur la créature, qui la fixait tout autant. Etna leva la patte et recula, dégoûtée.

« N-non merci... » balbuta t-elle, se positionnant derrière la brune.

La jeune louve avait à peine eu le temps d'être contente d'entendre son amie s'exprimer avec de l'excitement, que la surprise de la faune de la sylve venait gâcher cet exploit. Non mais, pourquoi avait-elle choisit de visiter cet endroit ? La prochaine fois, elle allait choisir une meilleure place.

Elle s'éloigna, se dirigeant vers un petit étang afin de s'abreuver. Le museau près de l'étendu d'eau, elle prit quelques gorgées. En regardant de plus près les mouvements du liquide, elle pu distinguer des poissons qui avaient des écailles particulières. Est-ce que ça se mangeait ? Etna n'allait pas parier là-dessus, ayant appris que les proies les plus colorées étaient souvent les plus venimeuses...

« Y'a un max de bestioles ici... » ronchonna t-elle à elle-même.

Te Hari se voulait rassurante, c'était plus fort qu'elle de vouloir s'assurer qu'Etna était bien... Sauf que c'était son tour aujourd'hui, il ne fallait pas qu'Etna se laisse encore mener par le bout du nez par la gentillesse de la lycaon, non non non ! Et puis, c'était qui cette Freya ? Et pourquoi Etna ressentait une pointe de jalousie de savoir que cet endroit là n'était pas seulement leur endroit ? Son idée de sortie avait été trop bête, voilà. Elle suivit son amie de près, sa soif à présent assouvie.

« Vient voir, là ! Ils sont beaux. » chuchota t-elle à son oreilles.

Etna sortie de ses réflexions enfantines, afin de suivre son regard et de voir de quoi elle parlait. Alors c'était ça cette étrange odeur qui l'avait chatouiller les narines. Il fallait dire qu'elle ne se nourrissait pas de cervidés souvent, préférant les proies plus grasses et plus agressive à combattre. Autant que le gain était riche pour l'estomac, l'entrainement qu'il fallait pour manger la proie compensait et ouvrait facilement l'appétit. Etna se contenta de regarder ses créatures, n'ayant jamais remarqué comment elles étaient si élégantes avec leurs longues jambes et leurs oreilles fines.

« Mieux que la grenouille de t'à l'heure. » répondit-elle.

Etna se colla le cou au sol, se dandinant le derrière...

Puis elle sauta hors du buisson, rugissant vers les créatures innocentes afin de leur foutre la frousse de leur vie.

« JE SUIS UNE GRENOUILLEEEEEEEE ! »

« Tu vas bien ?! »

Mais oui qu'elle allait bien ! Pourquoi Te Hari l'avait poussé comme ça ?! Si elle s'était occupée de sa propre peau, elle aurait pu remarquer qu'Etna allait esquiver l'arrivé des cervidés à elle-seule. Malheureusement, les deux louves avaient voulu riposter de deux directions différentes... ce qui eu comme conséquence que Te Hari avait davantage de force et avait amener la verte vers sa direction. Elle ne pensait donc jamais à elle en premier décidément, même dans ses réflexes !

La soldate ne pouvait pas rester fâcher longtemps contre elle cependant, elle l'avait prise en surprise après tout. Elle sentit l'humidité du museau de son amie, à présent à quelques centimètres du sien. Elle respirait vite la lycaon, complètement paniquée. Etna n'avait pas voulu la blesser, encore moins l'inquiéter.

Son amie s'éloigna aussitôt, la patte inconfortable. Etna baissa ses oreilles, désolée de cet accident qu'elle avait naïvement causé, voulant l'amuser. Elle regarda la nouvelle créature, une étrange bête qui semblait être un mélange de plusieurs autres.

« C'est à ça qui vont ressembler tes gosses si tu trouves quelqu'un d'aussi zarb que toi ! », ricanât-elle afin de détendre l'atmosphère.

Elle resta derrière la femelle un moment, peur de faire encore un truc stupide. Elle laissa ses yeux se diriger faire un autre étang, encore plus de poissons nageant sans soucis dedans. Elle se demanda alors si nager était aussi plaisant que ses créatures le faisaient croire.

Etna, toujours la tête dans les nuages.

(J'vais ignorer mon dé, car cette face est déjà sortie :U)

Etna regarda silencieusement la créature faire son travail, soulageant Te Hari de sa blessure. Fallait dire qu'elle avait eu du timing d'être apparût comme ça ! La verdâtre ricana à la réponse de son amie, toujours impressionné par son rapide tact et son je-m'en-foutisme.

Aussitôt arrivée, aussitôt partie, la créature bondit au loin pour continuer sa route, visiblement peu impressionnée par les deux demoiselles qui visitaient sa maison. De toute façon, s'il avait déjà un pouvoir de guérison, peut-être pouvait-il être dangereux ? Il ne fallait jamais sous-estimer l'autre qui se présentait devant nous, Narcisse lui avait bien fait savoir...

Elles continuèrent leur routes, rencontrant cette-fois ci un renard. Ce dernier ne voulait rien savoir des deux inconnues, il glapit et s'enfuit à la vue des deux silhouettes plus grandes que lui. Son pelage de feu impressionna la verte, tout comme sa longue queue ébouriffée.

***

Le reste de la journée passa tranquillement, le soleil transperçant légèrement la Sylve, colorant le décor d'un orangée aussi puissant que les pupilles d'Etna. Elles prient une pause sous un des arbres les plus grands de l'endroit, inspirant l'air frais. Bien que le silence n'était pas pesant, la jeune louve vînt le briser.

« Il te manque beaucoup, je sais. » commença t-elle timidement. « Ce sentiment ne va jamais réellement partir, mais on apprend à vivre avec. »

Bien que la fille de Joy avait été là pour réconforter son amie depuis le début, elle n'avait encore rien dit à voix haute d'aussi direct à propos de l'évènement tragique qui s'était passé. Elle n'était pas douée avec les mots, mais elle avait finalement pris le courage à deux pattes pour tenter de rendre les choses plus faciles.

« J'espère que la présence des gens que tu aimes te donnes un peu de réconfort, de... de la mienne aussi. » ajouta t-elle rapidement, en fixant le sol.

Bon, mais qu'est-ce qu'elle disait-là ?

Mais qu'est-ce que ?!

À peine sa conversation maladroite commencée, Te Hari qui lui admet l'état de son père face à la mort de l'aîné... avant qu'elle se fasse propulsé par une grande masse de poils. Etna aurait dû être attentive à son environnement et ne pas seulement se fixer sur Te Hari, car elle avait à présent été touché par une bête qui était nulle autre qu'un sanglier sauvage. Ses créatures étaient sans pitiés et ne frappait pas gentiment.

Alors qu'Etna se remet sur ses quatre pattes, elle est témoin de la contre-attaque de son amie, qui semble vraiment choquée d'avoir été interrompu pendant leur petite conversation. La lycaon utilise tout ses atouts, allant de ses ailes pour bien se positionner, ses dents pour bien écraser ses veines et ses griffes de félines pour bien s'agripper, Etna est presque timide de mettre du sien dans ce duel. Elle voit cependant une ouverture, car le sanglier a déjà oublié la présence de la petite verte. Elle ajoute ses crocs à ceux d'Hari, allant pour la cuisse, un des muscles les plus forts de cette créature. Elle poussa un crie de surprise, décidément dans le regret de s'être attaquer à ses deux adversaires. Etna avala goulument le sang qui giclait hors de la créature, sentant sa mort proche.