A la découverte de l'autre |Feat.Roméo

Mon pelage trempé, je retirais mon chapeau de sorcière pour vider l'eau qui s'était glissée dedans. Vicieux élément. Mes oreilles s'agitaient en tout sens, mes sens aux aguets. Je ne connaissais pas cette île, c'était un inconnu pour moi. J'avais affronté l'eau, je n'avais plus peur désormais de mettre la tête dans l'eau avec le voyage que j'avais entrepris avec frère Elvazio. Je le voyais comme un grand frère il était le premier a m'avoir donné des conseils et il était très gentil. Ma queue s'agitant doucement, j'humais l'air, cherchant les odeurs d'une créature connue. Je voulais chasser une bête d'ici, revenir avec un animal qui n'était pas sur le continent en lui même mais sur une île du territoire.

Je me mis à trottiner, cherchant mon souffle, allongeant mon trot. Je fureté l'air à la recherche d'un parfum connu. Et celui ci se glissa sous ma truffe. Mais ça venait de derrière. C'était une odeur Etelkrus. Mes oreilles se glissèrent vers l'arrière alors que je tournais la tête par dessus mon épaule pour découvrir un mâle que j'avais déjà aperçu une ou deux fois. C'était un bouclier d'après maman. Je l'observais en silence. Qu'est ce qu'il faisait ici ? Qu'est ce qu'il voulait ? J'espérais qu'il ne perturberait pas ma chasse, je voulais m'entraîner sur ce territoire que je ne connaissais pas du tout. Je voulais le découvrir en même temps que de m'amuser.


Je finis par faire un demi tour avant de chercher le mâle et de le voir entrain de marcher dans ma direction. Je m'arrêtais là, entre les broussailles, mon couvre chef de sorcière sur la tête. Je n'avais pas conscience qu'il ne restait de mon corps que la tête qui planait dans les airs, sans corps apparent.

Je l'observais, l'entendant crier de surprise sans comprendre. Telle ma mère avant lui, il avait été prit par la surprise de ce don qui était mieux. J'étais un être incapable de gérer l'état de mon corps. Intangible, c'est ce que mon oncle Saqqarah avait dit sur ma personne. Je ne gérais pas ce que faisait mon apparence. Alors quand mon vis à vis expliqua son cri je me contentais de hausser un sourcil en replaçant mon couvre chef. L'écoutant me parler de sa peur dont j'étais la cause. Je m'avançais alors vers lui avant de tourner la tête et d'humer les odeurs uniques et nouvelles du lieu que je commençais tout juste à découvrir. Mes oreilles s'agitèrent alors que je retournais la tête vers le mâle pour répondre à sa question. Une question qui me fit remuer lentement la queue alors qu'un sourire vague et calme effleurait mes babines.

" Je cherche des proies nouvelles. Et toi ?"

Et lui, que faisait-il ici ? La question me taraudait la conscience. J'avais eus l'impression d'être suivi. C'était lui ? Il me voulait peut être quelque chose en particulier. Qu'en savais-je après tout ? J'étais tout de même assez perplexe. Je ne trouvais pas le sens de sa présence. Bien que je cherchais à saisir ce dernier. Ma queue se mouvant doucement de droite à gauche, je glissais un regard vers le sous bois de l'île. L'envie de courir après une proie courant dans mes veines.

"Tu veux m'accompagner dans ma quête ?"

Etait-ce les bons mots ? Etait-ce juste de lui demander de m'accompagner pour explorer l'île que je ne connaissais pas tout en chassant des proies que je n'avais jamais vu. Etais-je raisonnable d'ailleurs de chasser ici alors que je ne connaissais pas l'endroit. Ma queue s'agitait doucement. Mais le loup en face de moi est bouclier après tout. Ensembles nous ne pouvons qu'être meilleurs et plus forts non ?

Il parle beaucoup, trop en fait. Mes yeux flamboyants le fixent, je ne suis pas sûr de saisir toutes les subtilités de ses paroles. Pourquoi est ce qu'il semble si content ? J'ai fais quelque chose de bien ? Mes oreilles s'agitent et me voilà nerveux. Je ne sais jamais comment me comporter avec les loups bavards bruyants et omniprésents qui prennent toute la place. Ma mère est comme ça mais bon. Je ne suis pas convaincu d'avoir retenu tout ce qu'il a dit le loup en face de moi, ça m'embête et me voilà un peu penaud. Comment faire pour me dépêtrer de ce problème ? Instinctivement j'avais posé mes fesses dans le sable et la terre humide des lieux tout en l'écoutant me dire qu'il avait cru à un ennemi.

Il avait donc fait son travail et il y mettait tellement de coeur qu'il m'avait traqué. C'était remarquable. C'était un trait de caractère qui aurait plu à mère. Elle l'aurait sans doute félicité et elle aurait été toute enjouée de lui parler. Mais moi je ne savais pas comment m'y prendre, ni quoi lui dire. Je me mis à me dandiner sur mes pattes. Levant une patte, puis la reposant pour lever l'autre, les oreilles à l'horizontal.

"C'est admirable un tel investissement dans ton travail."

J'essayais, au combien maladroitement, de lui rendre ses compliments. Mais je n'étais pas du tout douer et un grand soupir échappa à mes babines. Il m'appela par mon prénom, et cela me fit écarquiller les yeux. Je le fixais avec surprise alors que je me sentis bouffi de bonheur d'entendre mon prénom.  Ma mère me surnommait en permanence, ma soeur m'appelait frérot, mes oncles me donnaient des surnoms. Il était le premier a m'appeler par mon prénom et ça me raviait. Ma queue s'agitant je m'étais retourné en l'invitant à me suivre, tournant la tête vers lui en l'observant. Il était petit comme ma mère, mais il était musclé comme elle. Quoi que peut être un peu plus gras. Si on chassait ensemble je devais me servir correctement de sa force musculaire pour qu'il ne se sente pas laisé ni mit à l'écart. Je devais rendre ses capacités naturelles optimales et lui permettre de déployer tout son potentiel. A côté j'étais une brindille haute sur pattes et d'une élégance naturelle. Mes oreilles s'agitèrent avant que je ne hausse vaguement les épaules.

"La première qu'on trouvera."

Un sourire énigmatique effleura mes babines. J'avais lut des livres sur la faunes et la flore des différentes îles. Grâce à Elvazio je savais très bien lire. Et j'étais très heureux d'avoir cette connaissance. Ce n'était pas négligeable. La connaissance offrait un pouvoir indiscutable car j'apprenais  à user mon environnement pour avancer sans blessures, et j'apprenais à rentabiliser les qualités que je voyais chez mes congénères. Parce que j'avais une confiance innée en eux, et que j'étais persuadé qu'accompagner si nous travaillions ensembles, alors nous sommes capables de tout.

J'humais l'air à la recherche d'une proie quelconque, mais pour le moment, je ne sentais rien du tout. Juste le froid qui s'insinuait en moi. Je secouais ma longue chevelure bleuté et remontais mon écharpe. Mes pattes redevenant visibles sans que je n'en ai vraiment conscience, ne manquait à l'appel que ma queue, toujours porté disparue aux yeux du monde. Un frisson me couru dans tout le corps. Il faisait froid sur cette île. C'est bizarre.

J'avais suivi mon congénère en voyant les traces sur le sol qu'il avait aperçu. Bon pisteur, un sourire effleura mes babines. Un collègue de choix, je pouvais donc m'appuyer sur lui pour la chasse en plus d'une certaine forme de protection. ça n'était absolument pas négligeable et ça le faisait monter dans mon estime. Peut être que je pourrais passer d'autres moments avec lui pour apprendre à le connaître, bien que la discussion ne soit pas du tout mon fort. Mes oreilles s'agitaient, écoutant le bruissement du sous bois alors que je me mettais à analyser les environs. Le froid était anormal, était-il lié à la présence de la proie ? Cela sous entendait que d'autres créatures en dehors des loups et des dieux disposaient d'un pouvoir. Cela était donc légèrement inquiétant pour nous, pourtant il n'était pas question pour moi de faire demi tour. Ma mère m'avait enseigné qu'il fallait faire face à nos peurs. Je ne comptais donc pas me ramollir en si bon chemin.

Suivant mon congénère je m'arrêtais à sa hauteur avant de découvrir la proie inconnue. Reposant mon regard sur Roméo, je le félicitais d'un sourire avant de reposer mes yeux sur la bête. Déjà je réfléchissais à une tactique pour l'abattre facilement et rapidement. Roméo semble du genre à foncer et attaquer tout de suite, comme mère l'est. Myrtille et moi mêmes sommes plus agiles et rapides en général. Mais cette idée de foncer dans le tas ne me plaisait guère. Nous ignorons tout de la proie et de la potentielle présence de congénères. Il fallait donc l'abattre vite sans qu'elle n'est le temps d'alerter les autres. Une idée me vint et un regard vers mon collègue avant que je ne baisse la truffe vers son oreille.

" En travaillant ensemble on peut réussir à l'avoir sans déranger le reste de ses congénères s'il y en a . Je te propose que je l'empêche d'alerter les autres et d'y voir pendant que tu attaques et la tue ? "

Pour l'empêcher d'y voir et de crier j'avais une idée déjà toute trouver. Je pouvais me servir de mon couvre chef. Il me suffisait de sauter sur la bête et de lui passer devant le museau. Comme ça elle ne pourrait alors plus ouvrir la gueule et plus y voir non plus. Cela permettrait alors à Roméo d'atteindre plus facilement la gorge ou les flancs de la proie. Mais il me fallait son complet accord pour travailler ainsi en équipe avec lui. Seul j'aurais privilégier de lui faucher les pattes et de la tuer une fois au sol. Mais nous étions à deux, et nous ne savons pas si elle était accompagnée.

Ainsi donc, mon partenaire du moment était d'accord pour suivre mon idée. Un sourire effleurant mes babines, je lui demandais donc de bien vouloir attendre mon aval avant d'attaquer la proie pour l'abattre ou la blesser suffisamment pour qu'on la tue ensembles. Silencieux, je quittais mon ami et me glissais habilement sous les taillis, contournant la proie. Faisant attention où je mettais les pattes. Il était hors de question que je la fasse fuir maintenant qu'on l'avait trouvé et que l'ona vait prit la décision de l'abattre comme les sauvages affamés que nous étions tout les deux. Enfin en réalité je n'avais pas faim, j'aimais seulement l'adrénaline de la chasse et ce moment de flottement avant de bondir sur ma victime. Ma queue s'agitait d'ailleurs dans mon dos avant que je ne m'arrête dans le dos de la victime. Retirant mon couvre chef, j'étirais un sourire, et attendit le meilleur moment.

Quelques secondes s'écoulèrent dans le silence avant que l'animal soit totalement dos à moi. La position parfaite. Bondissant hors de ma planque je tendis la patte devant moi et attrapais l'autre extrémité de mon chapeau de sorcière. C'est avec succès que la partie creuse de mon chapeau passa autour du museau de l'animal. Et le voilà incapable d'ouvrir la gueule et de crier. Je m'étais retrouver sur son dos, les pattes arrières agrippées à ses cuisses, les crocs dans sa nuque grasse. Mes pattes avant écrasant les rabats de mon chapeau sur ses joues. Le voilà aveugle et muet. Il s'agita avant que je ne lance un regard en direction de mon partenaire.

"Mainchenant !"

Maintenant, désolé très cher partenaire j'articuler aussi bien que quand je mange. Je sais qu'il fallait pas parler la bouche pleine. Mais là si je relâchais la proie, il allait filer à travers le sous bois de l'île et on risquait de le perdre et de rentrer bredouille. Je sentais sous mon corps celui de ma proie qui se secouais, se levait et se rabaissait, offrant une vue imprenable sur sa gorge et plus particulièrement sur sa jugulaire. Profite en partenaire ! Moi je lui labourais les pattes arrière, cherchant à atteindre les tendons du bout des griffes pour qu'il ne puisse pas s'échapper dans le cas où mon collègue raterait son coup. Je devais absolument parer à cet éventualité pour que l'on ai pas de mal à rattraper la proie, et qu'elle soit déjà affaiblit dans le cas d'un second round. Oui, je pensais à tout...

Je vis mon partenaire foncer sur la proie, et bientôt ses forces la quittèrent. Relâchant ma victime, je remis convenablement mon couvre chef après l'avoir secoué, avant de lancer un regard à Roméo. La proie était morte, ses pattes ne bougeaient plus, aucun soubresaut ne la secouait plus. Elle était notre proie, et je me senti profondément satisfait de cette réussite partagée. Un sourire étira mes babines alors que je m'approchais de mon nouveau camarade de chasse, ma queue revenue, elle s'agitait dans mon dos avec entrain.

"Excellent travail d'équipe."

Oui, excellent travail d'équipe. On avait été formidable. Et j'étais fier de nous. J'humais l'odeur de la proie, me demandant si je pouvais retenir son parfum, pour éventuellement lui trouver un ou deux congénères lorsque je reviendrais seul. Mon regard brillant de satisfaction, mon regard se glissa vers le loup. Je savais qu'il était l'élève d'oncle Saqqarah. Je me demandais comment ça se passait, j'étais curieux. C'était rare qu'un loup pique ma curiosité. D'habitude je me contentais de faire ce que j'aimais, seul ou en groupe, puis je passais à autre chose. Je savais que je contribuais à la vie de la meute en chassant régulièrement et en entraînant mon corps à la musculation. Il fallait que je devienne endurant, et musclé, mais aussi capable de soutenir les miens dans de multiples domaines. Finalement je m'autorisais la question.

"ça se passe bien ton entraînement avec Oncle Saqqarah ?"

Je ne me trompais pas je le savais, je reconnaissais accrocher à son pelage l'odeur distinctive mais ténue du mâle reptilien. Et je les avais vu rentrer ensembles plusieurs fois. Je savais mon oncle assez dur et sérieux de nature. Est ce que cela convenanit à Roméo sans pour autant vouloir m'immiscer.

J’observais mon camarade, plus petit et lourd que moi, robuste et puissant. Je devais apprendre de lui pour me muscler. J’avais commencer a faire des exercices d’assouplissements très tôt dans ma vie pour que je puisse être plus agile et souple. Maintenant je devais y associer de la musculation et des exercices de combat. Je l’entendis acquiescer mes paroles, pourquoi me jeter des fleurs alors que son coup était tout aussi magnifique que mon idée ? Je fus incapable de comprendre ce qu’il cherchait, ni si c’était sincère, alors je ne répondis rien. Changeant de sujet rapidement.

Ainsi donc, ça se passait bien avec mon oncle. J’avoue que je n’aurais pas envie de l’avoir comme mentor. Quand j’entendis le mâle se rabaisser je sentis mes oreilles se glisser à l’horizontal alors que ma queue se rabattait contre mes pattes arrières.

« Ne te rabaisse pas, fait toi confiance, et fait confiance à ceux autour de toi. Tu arriveras à atteindre tes objectifs et tu deviendras une meilleure version de toi même... »

C’était sorti tout seul, paroles mère qui m’étaient restées. Paroles de ma grand-mère qu’elle avait transmises à ma mère. Tu atteindras tes objectifs, tu deviendras une meilleure version de toi même. Quand je l’entendis venter ma technique, et découvrit par la même que mon oncle me ventait, je me sentis rouler des yeux. Je suis un loup ordinaire, je n’ai rien de mieux ou de moins bien que les autres. Je suis juste bons dans certains domaines, et moins dans d’autres.

« Tout ce que tu portes, et tout ton environnement, peuvent te servir d’allier dans la bataille. »

Soufflais-je calmement à mi-voix avant de l’entendre me demander ce que je voulais faire plus tard. Moi je m’étais déjà mis à réfléchir à une solution pour ramener cette bête à notre campement. Je songeais au fait qu’il faille traverser un bras de mer… Certes quelques mètres, mais suffisant pour que le poids mort coule et nous emporte avec. Je réfléchissais donc à une solution pour le faire flotter avant de hausser les épaules.

« Celui qui sera le plus cohérent avec mes qualités. »

Répondis-je avant de trouver de l’écorce d’arbre, et de lancer un regard au grand et large tronc. Mes oreilles se dresser. Le bois flotte après tout… Ma truffe se tourna vers la bête morte puis sur l’écorce. Peut être que ça pouvait servir. Je cherchais une faille, un moyen de décrocher cette large partie d’écorce avant de lancer un regard à mon partenaire alors que j’avais trouvé une interstice où passer mes griffes.

« Roméo aide moi s’il te plaît. Si on arrive à récupérer cette écorce on pourra mettre la proie dessus et la faire flotter une fois qu’on sera au bord de la mer. Ça évitera que le poids de la bête nous coule. »

Expliquais-je à mon ami en lui faisant une place et en lui montrant où glisser ses griffes pour décoller l’écorce alors que je passais de l’autre côté pour que nous puissions mettre de la force des deux côtés et enlever correctement cette écorce.