Délicatesse [April]

Les Quêtes étaient terminées. La demande d'aide des Direwolves avait été honorée. Et maintenant ? Tout n'était pas réellement fini pour Kerguelen. Ce n'était que le début d'une nouvelle cohabitation. Car la brèche et les contacts avec Knut et Lyn avaient ouvert de nouvelles perspectives. Notre Sans-Oreille comptait bien fortifier ce lien ténu mais bien présent avec ce Peuple ancien. Idem pour la coopération avec les Etelkrus. Il y avait tant d'idées et d'envies qui circulaient dans son esprit. Mais là, poussée par ses amis, elle s'était éloignée du territoire de sa meute. Car, d'après eux, elle méritait bien de faire une pause. D'aller redécouvrir la chaleur des terres du Sud. Ils avaient promis de s'occuper du Jardin de Maman et du reste. Elle pouvait penser un peu à elle-même. Difficile à faire lorsque l'on mettait sa vie au service du bien-être des autres.

Alors, après moultes réflexions, notre Colombe avait décidé d'aller découvrir l'Île aux Roses. Oh, elle l'avait bien survolée une ou deux fois. Mais elle n'avait jamais osé y poser vraiment les pattes. Bien trop respectueuse des autres Divinités. Mais elle avait depuis longtemps le désir de parcourir ses rangées fleuries et de sentir leurs parfums. Les plantes avaient toujours occupé une place importante dans son cœur. Il était temps d'assouvir cette curiosité.

Comme elle avait du temps devant elle, elle choisit la voie terrestre. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus senti la caresse des vagues sur son pelage. C'était plutôt agréable, bien que fatiguant. Cette sensation la ramena à la conversation qu'elle avait eu avec Queen. Ses origines. Le côté paternel qui comportait des Raeders. Un jour, il faudra qu'elle prenne son courage et aille affronter ses appréhensions. Mais une chose à la fois. D'abord, la visite de l'Île de la Déesse Moiro !

Sa lente nage finit par la faire échouer sur le rivage. Elle se redressa et s'ébroua vivement. Avant de parcourir les lieux d'un regard attentif. Elle cherchait la direction à suivre. Elle se rappelait avoir aperçu un long serpent grisâtre depuis le ciel. Ah le voilà ! Cà devait être lui : ce chemin de pierre grise. Elle l'emprunta et commença à marcher. A faible allure. Pour prendre le temps de contempler ce qui l'entourait et de laisser à ses poils le temps de sécher. Parce qu'avec l'odeur saline dans les narines, elle serait incapable de savourer les effluves des fleurs. Ce qui serait fort dommage.

APRIL ⚚
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April n'avait pas grand chose à faire, assurément elle était repue de son lièvre chassé fraîchement au déjeuner, et nulle autre occupation d'érudit ne se prêtait à cette journée. La blanche louve avait suffisamment de mésaventures à son actifs avec les plantes, elle préférait en cette belle journée décider d'en profiter plutôt que d'en étudier ! Après tout la vie de solitaire se prête aisément à la flagornerie, aucunes corvées à effectuer qu'un tiers ou chef pourrait lui reprocher de n'avoir point effectuer. Manquerais plus qu'ça ... Oui, c'était bien l'aube d'une excellente journée pour flâner. Elle quitta alors sa grotte des Monts célestes et prit le chemin qu'elle adorait tant vers le temple de sa seule et unique Déesse, le jardin aux roses était sans nul doute le lieu idéale pour profiter d'un décor aussi merveilleux qu'envoutant.. Une fois la traversée accomplie, elle s'arrêta à quelques pas du rivages pour profiter pleinement des senteurs extraordinaires de ce lieu enchanteur, décidemment, elle ne s'en lasserais jamais ... Qu'elle chance que ce bout de paradis soit parmi les terres libres ! Elle s'ébroua d'une traite , cette nage avait fini de la fatiguée, le doux soleil lui réchauffais le poil et la voilà qui s'allonge parmi les fleurs et s'assoupit ... Quelques temps plus tard, April fût brusquement réveillée par une présence qui s'ébrouait près d'elle. Non d'un Mustyl ... Les yeux mis clos elle aperçue et sentie une lupine au corps argent et à la crête faramineuse. Elle s'exprima d'une voix maussade car encore un peu endormie ;

- Bravo, voilà que tu me tire de ma sieste ..!

Le cliquetis de ses clefs en pendentifs se fit entendre et sonnait tel un carillon, elle s'étira de tout son long et esquissa un bâillement en se redressant, plus détendue tu meurs. En y repensant, la piquante louve ne se rappelait même plus la dernière fois qu'elle avait eut une conversation ou bien même avait croisé un autre lupin que ceux qu'elle s'inventait pour se sentir moins seule. Finalement cette interruption était peut-être la bienvenue, fallait-il encore que son interlocutrice soit de bonne conversation et ait le cœur à se sociabiliser un peu ... Lil' était quand à elle dans de bonnes conditions pour étoffer un peu sa fin d'après-midi avec de la compagnie. Après s'être raclée la gorge avec une délicatesse qu'elle seule savait avoir dans un bruit gutturale, elle reprit alors en souriant ;

- Mais bon, puisque tu es ici ! Autant en profiter !

Avec un entrain royale elle s'avança vers l'inconnue et s'assit à un pas d'elle, ses yeux de glace la fixèrent dorénavant, comme pour la mettre mal à l'aise ... Voyons si tu sais être sympathique et intéressante, ma jolie !

Elle n'alla pas bien loin sur le chemin de pierre. Une voix s'éleva, la faisant à la fois sursauter et s'immobiliser. Qu'est-ce qu'il était si facile de se faire surprendre lorsque l'on perdait l'odorat. Mais elle se reprit bien vite et reposa sa patte levée au sol. Sa tête fit un quart de tour vers la gauche. Et son regard doré découvrit une congénère. Une louve qui ne semblait pas agressive au vue de sa désinvolture. Kerguelen avait craint un instant de l'avoir contrariée. Elle l'avait involontairement réveillée après tout. Elle commença donc par présenter ses excuses d'une voix sincère.

"Oh, bonjour ! Pardonnez-moi, je ne vous avez pas du tout vue. J'espère de ne pas avoir mis fin à de doux rêves."

Les rêves pouvaient être si bénéfiques pour un esprit tourmenté par un quotidien trop dur. Un refuge utopique toujours bien apprécié. Mais le sommeil attendra plus tard. Il était temps de faire plus ample connaissance avec l'étrangère. Ou plutôt avec l'habitante des lieux qui était très très proche d'elle. Parce que la lueur rosée n'avait pas échappé à la Sans-Oreille. Elle avait affaire à une Disciple de Moiro. Çà expliquait son attitude tranquille. Ici, c'était donc elle, l'étrangère. Elle se devait d'être humble. Mais toujours avec le sourire parce qu'elle était comme çà. Ouverte d'esprit et toujours prête à se faire des nouveaux amis. Les autres n'étaient pas forcément dans le même état d'esprit qu'elle. Mais elle parvenait à retenir du positif de chaque rencontre.

"Je m'appelle Kerguelen. Je venais visiter le Jardin de la Déesse Moiro. Mais peut être en êtes-vous la gardienne ?"

Du bout d'une griffe elle désigna les nombreuses clés qui pendaient à son cou. Avec la proximité, elle aurait pu aisément les toucher. Mais ce n'était pas à elle. Même si ces accessoires l'intriguaient beaucoup. Il y avait peut être un portail à franchir pour accéder au coeur du lieu fleuri ?

APRIL ⚚
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Elle se cofonda en excuses bien grasses et spirituelles. Non, elle ne rêvait pas. D'ailleurs à quand remontait ses souvenirs d'un ancien rêve ? Il est vrais qu'en s'assoupissant ainsi April devait être bien détendue pour ne pas s' inquiéter d'un quelconque danger rôdant auprès d'elle. Heureusement que l'autre lupine n'était pas agressive, L'il se serrait faite surprendre comme une débutante si ça avait été le cas ! Cependant , elle avait toujours eut une bonne étoile pour veiller sûr elle.
Kerguelen, donc ... La banche louve aux oreilles attentives écouta la suite et remarqua sa griffe pointer en direction de son collier garnie de clefs, puis s'étouffa dans un rire gras avant de rétorquer ;

- Rassure toi, point de portail ! Je ne suis qu'une humble servante de la Déesse ...

Elle se sentie presque flattée, c'était lui faire bien des honneurs que de la considérer ainsi, elle, la louve solitaire qui au fond n'était rien de plus qu'une simple mortel sans grande importance. Il est vrais qu'elle était bien gardienne, mais pas de ce sanctuaire. Sa tête se pencha sûr le côté et ses yeux se perdirent un peu dans le vague quelques instants, à bien y penser elle ne servait finalement personne. La Déesse Moiro était pour elle plus une mère de substitution lui ayant accordée un bonus qu'autre chose.

- Bien que je ne serve que mes propres intérêts avant toutes choses ...

Son regard vint se lover dans la descente de son cou, le tintement de ces bouts de métaux sans vie se firent encore entendre. Après les avoirs fixé quelque instant, April s'adressa de nouveau à son interlocutrice ;

- Ceci n'est qu'un de ses précieux cadeaux.

Elle lui offrit un clin d'œil en esquissant un sourire ravageur, puis observa plus attentivement Kerguelen. Elle remarqua la belle écharpe ornée d'un lot scintillant comme le sien, cependant il différait de sa couleur. April compris donc qu'elle appartenait probablement à une meute et en grande généralité ces autres étaient peu enclin à la familiarisation avec leurs concurrents solitaires, Lil' s'étonna alors de la bonne volonté de cette douce créature dans ce paysage de rêve à son égard. Avec une doucereusement voix elle lui demanda ;

- Tu ne m'a pas l'air très farouche toi, n'as tu pas peur des inconnus qui pourraient te vouloir du mal ?

Elle fit un signe de tête vers son glowstick. Peut-être que cette Kerguelen était l'exception à la règle.

Pas de portail donc. La Déesse Moiro devait être confiante envers le respect des visiteurs pour son lieu fleuri. Mais après tout, qui s'amuserait à chercher le courroux des Dieux ? Le Dôme avait déjà été une très mauvaise période pour les ex-Lazulis. Une preuve de la puissance des Divinités. Un rappel à l'ordre pour les mortels. Elle en frissonna en repensant à toutes ces vies brisées et aux paysages dévastés. A cette meute autrefois si prospère et qui avait fini éparpillé à travers le monde. Quel triste destin. Mais un groupe de loups déterminés avait réussi à améliorer la situation. Elle-même, Kerguelen, avait aidé à trouver un point d'eau, à détruire un barrage et à l'élaboration d'une bonne ripisylve. Une aide à la hauteur de ses compétences. Elle était contente de voir les terres respirer à nouveau. C'était beau ce renouveau printanier et encore plus d'y croiser des congénères. Le cycle de la Vie recommençait.

Notre Sans-Oreille pencha la tête sur le côté. Essayant de comprendre comment l'on pouvait servir ses propres intérêts avant tout. C'était une façon de vivre qu'elle avait du mal à imaginer. Non, décidément, elle n'y arrivait pas. C'était trop flou. Trop contraire à son propre mode de vie tourné exclusivement vers les autres. Elle était bien trop Nakhu. Bien trop gentille et serviable. D'ailleurs, elle ne fit montre d'aucun jugement envers la disciple de la Tigresse. Si elle était heureuse comme çà, c'était le principal.

"C'est un cadeau qui sort du commun ! Il attise la curiosité."

Un pétillement étonné passa dans son regard en réponse à ce clin d’œil et ce grand sourire. Elle était plutôt extravertie son interlocutrice. Pas l'ombre d'une méchanceté. Alors, sa dernière question ne put que lui tirer un sourire amusé. Un petit rire spontané s'échappa de sa gorge.

"Non, j'ai confiance en mes congénères. Je pense que nous avons tous un bon fond. Parfois bien caché, mais il est toujours là."

Optimiste jusqu'au bout des griffes. Elle s'aperçut de l'intérêt de l'inconnue pour sa broche illuminée d'une douce lueur améthyste. Elle décala son buste pour mieux la lui dévoiler. Fière de ce qu'elle représentait et du chemin parcouru.

"Je suis une fidèle de Dame Yurai et ses valeurs ont toujours guidé ma vie. Notre famille, les Nakhus, prône la tolérance et l'ouverture d'esprit. Nous accueillons tout loup sur nos terres. Que ce soit pour des soins, un séjour temporaire ou pour s'établir définitivement chez nous."

Une vie qui se voulait paisible, mais qui ne l'était pas forcément. Des épreuves les attendraient toujours. A eux de faire front et de les traverser ensemble.

"Marchons un peu. J'ai un pelage à faire sécher et un odorat à retrouver. J'ai hâte de découvrir la splendeur du jardin de ta Déesse. Et de le sentir surtout ! Serket m'en a fait tant d'éloges !"

Une invitation chaleureuse de faire un bout de chemin ensemble.

» Délicatesse {Lagherta}