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| Sujet: Sérénité éternelle [PV Libre] Mar 06 Avr 2021, 17:30 | |
| C'est la fin ... C'est sa fin.La menace des dinosaures semblait presque terminée, ils étaient revenus des zones froides et semblaient avoir réussi même si certains revenaient avec des cicatrices qui les marqueraient à jamais. Le monde semblait prêt à retrouver une certaine sérénité. Tout comme elle à trouver une sérénité éternelle. La Vie la quittait, elle s'éteignait dans ce monde qui l'avait vu souffrir, hurler pleurer mais aussi connaître de nombreuses joies. Serket-Béatriz ne se concentrait que sur ces bons moments. Elle voulait s'en aller l'esprit en paix, pardonnant les péchés des autres et les siens. Son âme trouvait quiétude quand son corps peinait encore et encore à rester fonctionnel. La marche ne lui était plus acquise comme autrefois. Elle semblait presque désarticulée tant sa démarche était chaotique. Certains la disaient souffrante d'arthrose quand elle savait que végétation la gangrénait. Sa malédiction que beaucoup trouvait belle gagnait chaque seconde un peu plus de terrain. Autrefois, ce n'était que de petites douleurs, aujourd'hui, elle souffrait rien qu'à respirer, rien qu'à avancer, à manger et à bien d'autres choses. Son regard était fatigué, les nuits douces et paisibles bien lointaine quand insomnie s'installa quelques mois auparavant. Elle ne semblait être plus qu'un spectre errant mais une chose restait présent sur son doux visage ciré par la Mort proche : son sourire. Toujours présent, éclairant encore son minois, il restait là malgré la douleur de le garder afficher, malgré la douleur de cette dernière marche. Il était le seul signe qu'elle était encore en vie. Et puis, elle y arriva. Le petit Eden s'ouvrait à elle. Il était magnifique et bien que Mort elle aurait voulu connaître auprès de sa déesse, Mort elle devait se résoudre à accepter ici. Elle n'avait pas l'énergie pour devenir beauté auprès de Moiro. C'était l'un de ses derniers regrets qu'elle portait, l'autre allant à son fils qu'elle ne verrait une dernière fois. La Belle s'approcha d'un bosquet en retrait. Elle ignorait en quoi elle se transformerait alors, elle préféra la côté pratique, évitant grosse ombre si bosquet elle devenait, évitant pullulation si elle devenait plante gênante. Bref, un endroit où quoiqu'elle devienne, elle ne serait gêne pour aucune autre végétation. S'enivrant une dernière fois du doux parfum qui émanait de ce paradis, elle lâcha enfin prise. Elle ferma les yeux et elle arrêta de lutter. La Vie laissa place à la Mort sans émettre la moindre douleur en dernier souvenir. Chair devint herbe et mousse, couronne de cognassier du japon prit son envol, se dressant fièrement tandis que toutes autres plantes autrefois sur Serket-Béatriz s'étendirent sur le sol. Louve n'était plus tandis qu'une autre Vie prenait place dans le petit Eden. Seul le collier porteur de rose resta intact, enfouit et piégé dans la végétation. Ainsi s'achève la Vie de louve de Serket-Béatriz ... |
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Vashtoures » Gluant
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| Sujet: Re: Sérénité éternelle [PV Libre] Jeu 08 Avr 2021, 17:17 | |
| Elle le sentit dès son arrivée dans le Jardin de Maman. Ce parfum inhabituel. Qui n'était pas celui des plantes qu'elle chérissait. Un intrus végétal était présent. Elle se devait de découvrir qui il était. Invasif ou simple cadeau ? Elle allait rapidement le savoir. Inspirant de longues bouffées d'air, elle imprégna ses narines de cette senteur étrangère. Bien focalisée sur cet effluve, elle n'avait plus qu'à remonter la piste. Elle traversa quelques rangées tardives, encore endormies après les longs mois d'hiver. Mais bientôt, très bientôt, les couleurs jailliront de toutes les parcelles. Les bourgeons offriront leurs délicats cœurs sucrés. Tout resplendissera de vie. Et elle, Kerguelen, nagera dans le bonheur de ce petit Paradis.
Mais avant de savourer cette magie du Printemps, une épreuve l'attendait. Difficile et aussi grise que cette matinée d'Hiver où elle avait retrouvé Sachiel allongé dans l'une de ces allées. Paisiblement plongé dans un sommeil éternel sous les caresses de flocons de neige. Elle l'avait bordé, lui confectionnant un nid de foin. Avant de le recouvrir de sa cape qui avait connu tant d'usages. C'était toujours avec une pointe de mélancolie qu'elle passait près de l'endroit où il avait accepté de passer de l'autre Côté. Elle avait hâte de voir éclore les fleurs qu'elle avait planté à son hommage. Bleutées et violettes. Comme ses cheveux, car il lui avait semblé comprendre qu'il s'agissait de ses couleurs préférées. Elle passa une patte maternelle sur la terre qui cachait les petites graines. Avant de regarder de nouveau devant elle et de revenir à son objectif présent.
Son enquête la mena dans une zone bien particulière de l’Éden. Éloignée des fleurs qui ouvraient doucement leurs corolles pour se gorger du Soleil. En retrait de ce petit monde, se dressait un arbuste aux branches fleuries. Un Cognassier du Japon qui n'était pas là la veille. Il était impossible qu'il eut poussé naturellement en une nuit. Il y avait là l'aide de la Magie. Et Punk Wolf en était rempli. La Colombe, intriguée par cet étrange phénomène s'en approcha. Elle n'avait jamais eu peur des plantes, même inconnues. Elle fit le tour de ce nouveau-venu, qu'elle accueillit avec plaisir. Tout comme la végétation plus discrète qui l'entourait. Herbes et mousses remplies d'autant de vitalité que ce petit arbre. Un nouveau petit monde qui fragilisa le sien lorsque que son regard doré perçu un éclat familier. Un rayon jouait avec des pierres à la forme si spécifique. Une forme qu'elle si souvent observée après l'attaque du Mosasaure. Un Scorpion. Un Scorpion qui aurait dû être illuminé d'une lumière rosée. Mais pas cette fois-ci. De lueur il n'y en avait plus. Quant au reste du collier, il était comme mangé par la végétation. Inaccessible. Aussi invisible que la personne qui portait cet accessoire. Serket-Beatriz. La louve-plante. Celle qui avait été sa patiente à deux reprises avant de devenir plus que cela : son Amie. Qui n'était plus là.
Sa gorge se serra douloureusement et ses yeux la piquèrent. Cette boule, qui gênait sa respiration, ne pouvait être enlevée que d'une seule manière. Et elle la connaissait notre petite louve au cœur trop grand. Elle savait qu'il lui fallait une fois de plus accepter l'irréfutable. Elle connaissait les propriétés du corps de Serket. Elle avait plongé dedans et les avaient combattues pour lui sauver la vie après son amputation. Ces plantes qui ne faisaient qu'un avec elle, avaient finalement pris le dessus. De louve, elle était devenue Cognassier du Japon. Une belle réincarnation. Une fin qui apaisait les tourments de cette difficile cohabitation. Mais cette fin lui avait dérobé son Amie. Et elle avait du mal à l'encaisser. Elle n'aimait pas les adieux. Elle n'aimait pas la souffrance qu'ils généraient. Ni ce sentiment de solitude et d'abandon qui l'accompagnait. Oui, cela faisait un mal de chien de perdre quelqu'un.
Larmes qui devinrent ruisseau puis torrent. Creusant des sillons imparfaits sur son museau. Elle se laissa aller, à pleurer, la tête baissée face à cet arbuste si plein de majestuosité dans ce moment. Elle en avait besoin. Pour mieux accepter la perte. Pour pouvoir rebondir et ne se concentrer que sur les beaux souvenirs qu'elle avait partagé avec Serket. Car dorénavant, elle vivra dans sa mémoire. Éternelle jusqu'à sa propre disparition.
Le temps passa, infini dans ce moment de deuil. Son corps finit par être moins parcouru de sanglots. Sa gorge fut délivrée du poids qui la gênait. Le chagrin était toujours là. Il le sera toujours mais évoluera vers une douce mélancolie au fil des mois. Notre Colombe choisit de revivre une dernière fois les précieux souvenirs que son amie et elle avaient créés. Sa voix ébranlée s’éleva dans le bourdonnement lent des insectes.
"Je me souviens de la première fois que je t'ai vue Serket. Le jour de la naissance de Heinly. J'étais un peu perdue sans mes plantes, heureusement que Noé était là ! Quelle drôle de façon de se rencontrer n'empêche Ahahah !
Tu es à nouveau devenue ma patiente après l'attaque du Mosasaure. Tu m'as forcée à découvrir la facette de médecin de guerre. C'était dur, très dur. Mais j'ai réussi et tu en es ressortie vivante.
Après, je ne t'ai pas lâchée. J'ai essayé de tout faire pour te rendre la vie plus douce. Je me rappelle de notre atelier cordage. Qu'est-ce que l'on s'était bien amusé tous les trois ! Un véritable moment de bonheur pour moi."
Un sourire flotta sur ses babines humides à l'évocation de ce souvenir.
"Oh ! Je t'ai ramenée un cadeau de ma quête dans le Monde Perdu. Un piège fabriqué par la représentation de la Déesse Dairo. Parce que c'est grâce à tes propres pièges que j'ai pu récolter assez de peaux pour la Lavvu et offrir la viande au campement des Etelkrus. A ton niveau, tu as participé à cette belle coopération et à notre réussite. Je comptais te l'offrir à notre prochaine rencontre. Mais cette occasion est perdue désormais... Alors, je vais te l'accrocher là, à cette branche ! J'espère qu'il te plait."
Elle joignit le geste à la parole. Elle recula brièvement pour voir l'ensemble avant d'enlacer le Cognassier. Un dernier geste d'affection.
"Tu es magnifique. La beauté de cet arbre reflète la pureté de ton âme. Tu vas énormément me manquer Serket ! Je t'aime fort !"
Je tâcherai de veiller sur Heinly pour toi. Merci pour tout ce que tu m'as apportée. Repose en paix, ma belle et douce amie fleurie.
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