Wake me up — Rhaegar

Aucun d’eux ne s’étaient revus depuis le retour d’expédition. Il faut dire que Lewis s’était rapidement isolée, s’installant dans les Monts Célestes, ne se déplaçant que pour chasser ou… rendre visite à Cendres.
Pour voir les cicatrices encore fraîches.
Pour n’y voir là que marque de faiblesse.
La sienne.
Celle qui l’avait empêché de faire ce qui était nécessaire pour que plus jamais cela n’arrive.
Un choix qui aurait peut-être épargné la vie de Cendres. Qui lui évité de se retrouver dans pareil état.

Lewis ne voyait plus que ses erreurs lorsque ses yeux mauves se posaient sur le loup blanc. Les erreurs passées, présentes… potentiellement futures.
Elle y voyait tout ceux qui étaient morts après avoir été à ses côtés. Tout ceux qui l’avaient abandonné. Tout ceux dont l’esprit et le corps avaient fini par être empoisonnés.
Une patte vint écraser un champignon, mais la solitaire s’en moque.
Son attention est portée sur la silhouette massive.
Poe croassa, avant de bondir au sol. Le moment aurait été parfait pour placer une réplique de l’amphibien, mais Lewis n’avait plus le coeur à la faire parler. Plus maintenant.

« — Tu sens encore le sang, Celui-Qui-Fut-Marqué-Par-Les-Dieux. »

Lewis s’installe à ses côtés, face au tronc. Ses cheveux agités par le vent, maintenant que le foulard ne les retenait plus. C’est qu’ils étaient longs maintenant. Autant que ceux de son défunt père. Alys à longue chevelure, qui les avait laissé pousser tout au long de sa vie.
Jusqu’à ce que comme son corps, le reste ne devienne que poussière.

Rhaegar

La nostalgie et la culpabilité alourdissaient péniblement son cœur, encore plus devant ce paysage si différent de celui qu'il avait connu lorsqu'il n'était qu'un louveteau. Ici même, il s'était entraîné à chasser sous les directives de son mentor, Gloriel. A quelques pas seulement, il avait fait la rencontre de Tris et découvert le Terrier lumineux avec elle. Et dire que désormais, il ne pourrait plus jamais les revoir..

Tout était recouvert de champignons et de mousse maintenant. Comme si toute la beauté de la nature avait disparu en même temps qu'eux, emportée par le temps et son absence.. Les retrouvailles avec Méridor avaient réussi à l'alléger un peu, mais le conflit qui rongeait sa famille était encore loin d'être résolue. Il appréhendait ses retrouvailles avec sa mère et ses sœurs et encore plus leur réaction, lorsqu'il leur annoncerait la déchirure entre Isrâ et Méridor. Il se sentait si faible, si inutile. Il n'avait même pas réussi à protéger Cendres lors de leur dernière expédition, un peu plus et ils y restaient tous les trois.. Lui qui pourtant avait promis d'être le bouclier, la forteresse pour prendre les coups et les soutenir. Il avait échoué. Échoué en temps que grand frère, échoué en temps que fils, échoué en temps qu'ami.

L'eau monta à ses yeux et se déversa en quelques larmes silencieuses sur ses joues, comme des petits diamants brillants. La voix soudaine de Lewis le fit sursauter et il essuya rapidement les traces humides d'un coup de patte sur son visage.

Lewis ! Réagit-il d'une voix décontenancée.

Les bandages sur sa tête et la perte récente d'une de ses oreilles l'handicapaient au point où il avait du mal à se fier à son ouïe, il parvenait difficilement à reconnaître les bruits lointains.

Je ne me suis pas encore totalement remis de mes blessures.. Se reprit-il plus calmement, d'une voix aussi monotone que celle de l'ancienne pirate.

Il baissa sur elle ses prunelles encore marquées par la tristesse.

Comment te sens-tu ?

Il savait que sa souffrance a elle était aussi grande que la sienne. Il pouvait la ressentir, la comprendre, car rien qu'à poser son regard sur elle son cœur se pinçait.

Il pleure Rhaegar. Lui, pourtant si fort… Il semble avoir si mal dans son coeur. Étais-ce ces blessures récentes qui avait porté atteinte à sa fierté et l’avaient blessé ? Les yeux mauves parcourent rapidement les bandages.

« — Je n’ai pas à me plaindre. »

Elle n’en avait pas le droit.
Comparé à eux, ses blessures n’avaient été que superficielles. Après tout, Lewis avait donné, plus qu’elle n’avait reçu.
C’était pour cela que l’ours avait tout dressé dans cet ultime attaque. Toute sa colère. Toute sa douleur.
Pour mettre à terre une fois pour toute celle qui ne l’avait pas ménagé.
Mais tous deux avaient échoué dans leur mission.
L’un en s’en prenant au mauvais. L’autre en demeurant debout.

L’attention se porte au loin, sur les champignons aux tailles et couleurs diverses. Un autre jour, à une autre époque, peut-être aurais-ce été amusant de se cacher parmi eux. Mais plus rien ne semblait amusant ces derniers temps. Parce que quelqu’un avait voulu mourir pour elle. Un loup qui l’aimait, mais qu’elle avait maudit par sa simple présence. Parce que c’était la seule explications logique, aux disparitions qu’elle avait connu. L’abandon de sa mère. La mort d’Alys. Godric. Trixie. Méluciole. Tous. Ils l’avaient connu. Tous. Ils étaient morts aujourd’hui.
Ne restait que Rheager et Cendres.
Cendres à l’agonie.
Rhaegar gravement blessé.

Et tu le sais au fond, Lewis, que c’est ta faute tout cela. Qu’en voulant foncer dans le tas, encore et encore, sans te préoccuper de ta vie, d’autres s’en sont inquiétés. D’autres ont risqué leur vie pour préserver la tienne.

La louve vint porter une patte à sa tête, masquant ses yeux.

« — Ça aurait dû être moi. Mes blessures. Ma douleur. C’était MON combat. Pourquoi il s’est interposé cet idiot ? »

Les muscles se contractent. Le corps tremble légèrement.

« — J’étais prête à mourir. »

En guerrière.
J’attendais qu’on me libère.
Depuis tout ce temps.

Rhaegar

Toujours aussi forte Lewis, et toujours aussi tête de mule. Dans son attitude Rhaegar reconnaissait certains traits de Mildred, l'une de ses sœurs. Par son petit air inatteignable, cet volonté de montrer un visage confiant alors qu'à l'intérieur le doute la ronge, par ce visage froid refusant d'admettre la moindre émotion, le moindre attachement. Alors qu'à l'intérieur elle a bel et bien un cœur sensible, Lewis.

Il l'observa en biais silencieusement et il attendit patiemment que l'orage tombe. L'ours noir connaissait bien ce que ce genre d'orage laissait derrière lui, il l'avait vécu lui aussi, tant de fois.. Le contenir ne ferait que le retarder et le rendre plus chaotique, elle devait s'en libérer et maintenant. Maintenant oui, pendant qu'il est là pour étouffer les bourrasques trop violentes de sa tristesse, pendant qu'il est là pour ramasser les miettes de ce carnage émotionnel.

Parce qu'il sera toujours près de toi, lui. Il n'est pas près de rendre l'âme.

Lorsque le petit corps de la violette se mit à trembler à côté de lui son unique oreille restante s'agita et vint se coller contre ses bandages. Il l'écouta et son expression devint plus attristée, plus compatissante. D'un coup un peu brusque, il entoura le corps de son amie de sa patte et la colla contre sa poitrine. Il ne lui laissa pas l'occasion de le rejeter, elle était désormais enfouie dans la chaleur de poil épais et il l'encerclait d'une étreinte chaleureuse. Comme une barrière de protection contre toute la haine et la tristesse qui tentaient de l'abattre.

Parce que cet idiot tiens à toi Lewis, tout comme moi.

Il aurait fait pareil si son état le lui avait permis, Rhaegar. Ça aurait dû être lui la forteresse..

J'étais trop blessé pour assumer mon rôle de protecteur, alors il l'a fait..

Il courba son dos et vint poser le bout de son menton sur la tête de Lewis.

Tu ne dois pas t'en vouloir, il savait très bien ce qui l'attendait quand il s'est interposé. Il l'a fait en connaissance de cause, parce qu'il préférait mourir plutôt que de vivre sans toi.

Il marqua une petite pause et écouta son cœur battre près du sien.

Peut-être que toi tu étais prête à mourir Lewis, mais nous, nous n'étions pas prêt à te perdre.

Il avait perdu déjà tant de proches, il n'aurait pas supporté de la perdre elle aussi.

Lewis sent la patte entourer son corps. Le grognement monte. La dernière étreinte, Cendres avait tout gâché. Il avait avoué sa faiblesse. Il avait TOUT détruit. Rheagar était fort, mais la mauve aussi. Elle échappa à l’étreinte en se tortillant, reculant de deux pas pour mettre de la distance.

« — Ça suffit. »

Le ton est dur, alors que ses yeux mauves trahissent une certaine colère.

« — Je ne veux pas que tu me touches. Je ne veux pas qu’on tienne à moi, Rhaegar. Tout ceux qui l’ont fait sont morts ou couchés sur une paillasse avec un avenir incertain. »

Sa famille. Ses rares amis. Cendres. Et lui… Rhaegar… Dans quel pauvre état était-il parce qu’il s’était cru assez fort pour faire face à la bête ? Parce qu’aucun d’eux n’avaient pu accepter qu’elle mène ce combat seule. Ses oreilles se couchent sur son crâne, alors que les babines se retroussent.

« — Comment veux-tu que je ne m’en veuille pas ?! Je l’ai laissé m’aimer, sans même m’intéresser à ce que cela signifiait. » Le ton monte progressivement, jusqu’à ce qu’elle mette à hurler. « REGARDES OÙ ÇA L’A CONDUIT RHAEGAR ! L’AS TU VU ? AS-TU VU LES BLESSURES, LES SÉQUELLES ?! COMMENT VEUX-TU QUE JE NE ME SENTE PAS RESPONSABLE ALORS QUE CETTE BLESSURE C’ÉTAIT LA MIENNE ? »

Comment puis-je le regarder en face en lui disant que tout ira bien ?
Comment puis-je affronter le regard d’Eva alors que son fils a encaissé ma blessure ?
La patte frappe violemment le sol.

« — Ce n’est pas à vous de décider quand je dois mourir. Ce n’est pas à vous de vous mêlez de mes combats. Ce n’est pas à vous de faire mes choix. »

Aucun d’eux.
Ils n’avaient à dire sur ce qu’elle ressentait.
Ils n’avaient pas à chercher à la comprendre.
Elle ne leur avait jamais rien demandé. Jamais.

Rhaegar

Il ne la retint pas en la sentant s'extraire de son étreinte. Il ne voulait pas la forcer, jamais il ne le ferait car même s'il le pouvait il savait que ça ne mènerait à rien. Il plongea donc son regard dans le sien et l'écouta patiemment. Chaque mot était comme une lame acérée dont il pouvait saisir les contours tranchants. Sa voix, accablée, froide et sévère était comme un cri de détresse provenant des profondeurs de sa poitrine. Plus elle montait en gravité et plus il sentait son cœur se serrer, comme pris au piège par les griffes invisibles de ses paroles. La souffrance qu'elle dégageait était telle que Rhaegar eut un frisson mais il ne cilla pas, parce que même si il était loin de pouvoir prétendre la comprendre totalement, il savait ce que l'on pouvait ressentir par culpabilité. Lui aussi s'en était voulu pendant longtemps, pour la mort d'Akira, pour la disparition de Mildred, pour le chaos qui s'était emparé de sa fratrie, pour la peine et la colère des dieux.. Et puis récemment pour ne pas avoir été assez présent, assez sincère avec Tris.
Tant de regrets qui ne font qu'entraver son bonheur.

A mesure qu'elle aboya, Rhaegar fronça les sourcils et ferma les yeux. Il n'était pas d'accord avec ce genre de paroles, il refusait de la laisser se montrer aussi égoïste. Alors lorsqu'elle eut terminé, il les rouvrit avec plus de colère.

Alors pourquoi avons-nous eu le privilège de naître en ce monde, Lewis ?

Sa voix se fit plus forte, plus grave. Elle résonna avec beaucoup moins de tolérance.

Qu'est-ce que c'est que la vie, pour toi ? Se résume-t-elle à s'isoler de tout et de tous le monde, à ne pas connaître ni l'amitié, ni l'amour ?  Se résume-t-elle simplement à de la survie, manger et dormir ? Est-ce vraiment ce que tu souhaites faire pour le restant de tes jours ? Est-ce vraiment ce que Cendres voudrait ?

Sa queue se hérissa légèrement sur les feuilles mortes derrières lui.

Qu'aurais-tu fait Lewis, si ce n'était non pas toi mais Cendres à la merci de l'attaque de l'ours rouge ? Serais-tu restée là à le regarder mourir sans réagir ?

Il fronça son museau dans une grimace révoltée.

C'est égoïste de ta part de croire que cette blessure t'appartenait, de croire que nous n'avons pas notre mot à dire, de croire que ta mort ne te concerne que toi. Il pourrait très bien dire ça, lui aussi. Lorsque nous nous sommes engagés dans cette grotte, nous savions tous ce qui nous attendait, nous avions fait ce choix depuis longtemps déjà. Si Cendres est dans cet état, c'est de notre faute à tous les trois parce que nous avions sous-estimé l'ennemi. Mettre tout sur ton dos ne va pas changer la situation Lewis, et ça ne va pas le guérir non plus. Tes sentiments n'ont rien avoir avec ses motivations, car ce sont les siens qui l'ont poussé à agir. Je suis certain qu'il ne regrette pas son acte, qu'il est même très fier d'avoir pu te sauver, alors ne rends pas son geste pitoyable !

Il souffla par les narines et puis reprit avec plus de calme.

Ce qui est fait est fait maintenant.. Je sais que ce n'est pas facile de le voir dans cet état, mais tout ce que nous pouvons faire c'est le soutenir pour qu'il se rétablisse vite. Crois moi Lewis, les regrets ne servent à rien, nous devons aller de l'avant car c'est la seule chose raisonnable qu'il nous reste à faire. Il a encore besoin de toi, ne laisse pas la culpabilité noircir ton cœur..

Encore de belles paroles. Encore de beaux discours. Il n’était pas le premier à lui en servir, il ne serait pas le dernier. Lewis fait les cent pas devant le loup, alors qu’il parle, encore et encore. En quoi étais-ce un privilège de venir au monde ? En quoi étais-ce un privilège de naître auprès de loups qui n’avaient pas désiré de descendance ? Au sein d’une meute qui n’apporte que malédiction et rejet des autres ? De connaître l’abandon et le chagrin ? De voir ceux auxquels on s’accroche, souffrir encore et encore, avant qu’ils ne disparaissent ? En quoi tout ceci était un privilège ?
Hein Rhaegar, il est où ton putain de privilège dans tout ça, hein ?
Un rire lui échappe lorsqu’il évoque l’amour.

« — L’amour. Qu’est-ce que Rhaegar ? Un poison qui vous consume à petit feu, avant de vous détruire. »

Regardes-les Rhaegar, se laisser mourir, sans pouvoir trouver de remède.
Tout ceux qui ont aimé.
Tout ceux qu’elle a aimé.
Et au fil des années la consciences s’était détruite. À chaque perte. À chaque promesse on tenue. À chaque abandon. Il avait fallu se relever, continuer de sourire, continuer de se battre, en espérant qu’un jour tout irait mieux. Mais le soleil ne s’est pas levé. Il fait encore nuit noire et les lumières s’éteignent progressivement.

Il la questionne beaucoup Rhaegar, la pousse un peu plus dans ses retranchements à chaque fois. Qu’aurait-elle fait si les rôles avaient été inversés ? Le poil se gonfle.

« — Ça n’a rien à voir. Parce que j’aurais pu m’en sortir. Cette blessure n’aurait rien représenté. »

Depuis le rêve fait de noir et de gris, tout repoussait, tout se remettait en place de manière naturelle. Cette blessure n’aurait été que pichenette. Rien de plus.
Les crocs se dévoilent, alors que la louve grogne, en position d’attaque alors qu’elle ne se tient qu’à quelques centimètres de Rhaegar.

« — Je t’interdis de me traiter d’égoïste. Toi et tous les autres avec vos belles paroles. »

Cendres n’était venu que parce qu’elle avait insisté pour se rendre dans cette grotte, rien de plus. Surtout après leur dernière discussion.
Noircir son coeur. Que de grands mots. L’expression de la louve mauve trahit sa douleur, alors qu’elle se redresse pour affronter le regard vert de son ami.

« — Tu n’as jamais compris, après tout ce temps ? Mon coeur est noir depuis bien longtemps. »

La solitaire tourne le dos à son ami, alors qu’une larme lui échappe pour s’écraser sur les feuilles mortes.

« — Je ferai ce que j’ai à faire, même si cela doit le détruire, il aura les siens pour le soutenir. »

C’est ce que j’aurais du faire dès le début.
C’est comme ça que je dois le protéger.

Rhaegar

L'envie de répliquer était forte mais il se força au silence, Rhaegar, pour l'écouter, pour la laisser vider son sac. Chaque fois qu'elle répliqua, la tension remonta dans ses veines, dans ses muscles et il dût faire un grand effort de self contrôle pour ne pas s'énerver. Ses arguments étaient dérisoires, elle ne cherchait même plus à comprendre et préférait se faire du mal. C'était en quelque sorte la punition qu'elle s'infligeait pour ce qui était arrivé à Cendres et pour la mauvaise conduite de sa famille.
Qu'importe ses paroles, Lewis ne semblait pas du tout se remettre en question. L'obscurité qui engouffrait son cœur s'était emparé de sa vision et elle refusait d'approcher la moindre parcelle de lumière. Par peur, plus que par dénis. Elle était beaucoup trop en colère pour raisonner calmement, et il craignait qu'elle ne commette l'irréparable dans cet état. Lorsqu'elle s'approcha de lui, crocs mis à nus, il planta ses griffes dans la terre et la fixa sans ciller du regard.

Te laisser consumer par la peur et par la colère n'est en rien une solution Lewis ! Que cherches-tu à faire en réagissant de la sorte ? A nous protéger ? A te protéger ? Mais crois-tu réellement que partir va changer quoi que ce soit à notre comportement ? Crois-tu sincèrement que c'est pour notre bien, alors même que ça nous détruira plus profondément ? Alors même que ça TE détruira aussi ?!

Le ton s'était élevé, de nouveau. Il se releva de toute sa hauteur et la fixa avec plus d'ardeur.

Pendant longtemps j'ai cru que l'amour était une faiblesse, tout comme toi. Mais en créant des liens, en m'ouvrant aux autres j'ai compris qu'en réalité c'était tout l'inverse. L'amour est une force, parce que c'est un bonheur contagieux, c'est le sentiment d'être entouré et d'appartenir à quelque chose, d'être important aux yeux de quelqu'un. C'est l'envie de se surpasser, d'être le meilleur de nous même. Même si parfois cela peut nous faire du mal.. Il faut l'accepter. Car ça fait partie de la vie, des épreuves qui nous permettent de grandir.

Il avança d'un pas, la dominant largement.

Il ne s'agit pas de savoir ce que ça t'aurait fait Lewis, mais de pourquoi tu l'aurais fait. Imaginons un instant que tu n'aurais pas pu supporter cette blessure, est-ce que ça t'aurai empêché d'agir pour autant ?

Ses yeux grossirent lorsqu'elle prononça ses dernières paroles et qu'elle lui tourna le dos. Rapidement, Rhaegar la contourna et se plaça face à elle comme un gigantesque mur de muscles. Il se mit à gronder, museau froncé.

Tu ne partiras pas tant que tu n'auras pas libéré la boule de haine qui te ronge.

Vas y Lewis, défoule toi sur moi. Je suis prêt.

Pourquoi ne pouvaient-ils pas tous se taire ? Ne serais-ce qu’une minute ? Ne serais-ce que pour l’éternité ? Il l’agace, à se prendre pour un thérapeute, à croire que les mots peuvent aider. La parole n’est rien. Que de l’air. Elle n’a aucun poids. Les actes eux, sont bien plus forts, bien plus conséquents. Ils sont tout ce qui comptent.

« — Nous mourrons tous un jour. »

Une fatalité qu’elle avait accepté il y a bien longtemps.
Un sourire moqueur vient étirer les babines de la louve. Pourtant aucune malice dans son regard.

« — Tu crois que tu es en mesure de m’aider Rhaegar ? Tu crois que tu peux me sauver ? » La mauve marqua une pause. « Comment le pourrais-tu alors que toi-même tu es déjà perdu ?  Que le Vert t’a marqué. Que tu es aussi maudit que moi. »

Regardes Rhaegar, tu te voiles la face, mais tu es tout aussi pourri que moi.
Lewis n’aime pas le jeu de dominance qu’il cherche à imposer. Il lui barre le passage. Encore. Peut-être pour la dernière fois. Parce qu’elle en avait assez de devoir contourner les obstacles. De devoir faire des détours.
Que ce soit dans les choix.
Que ce soit dans les actes.
Les crocs se dévoilent et la solitaire s’approche, menaçante.

« — Tu cherches à te sauver toi-même, tu te laisses consumer par le déni, pensant qu’il y a une porte de sortie. Mais il n’y en a aucune.   »

Elle marqua une pause.

« — Mais regardes je peux t’aider à retrouver le droit chemin. »

Méluciole l’avait bien sauvé de la malédiction en la saignant, ça avait été le seul moyen de faire partir le sel.
Alors si elle arrachait cet oeil vert.
Peut-être que lui au moins serait sauvé.

(Lancé de dé attaques)