Rift - libre

• 4 ans et demi •
F A E I

Le hasard fait-il bien les choses ? Alors qu'elle était en quête de son jumeau, afin de partager avec lui ses états-d'âmes, ou d'écouter celles d'Elvazio, la rouqine tomba truffe à truffe avec l'une des filles ainées de son père. La Panseuse dévouée et discrète, Helga. A part avec Salazar qui pensait beaucoup comme elle, la louve avait eu du mal à établir des liens étroits avec les premiers enfants de feu le Conseiller tricolore. Timide, et embêter de croiser un imprévu sur son chemin -elle n'était toujours pas à l'aise des aller et venus du campement et de son mouvement perpétuel-, elle se crispa automatiquement. C'est seulement en reconnaissant sa demie-soeur qu'elle se délia un peu pour une posture moins défensive. Elle avait eu peur... Ses angoisses ne lui laissaient que peu de répis, lorsqu'elle n'était pas en présence de son jumeau. C'était comme si le disciple de la Renarde était le rempart entre elle et ses propres pensées mesquines et auto-critiques.

« Bonjour Helga. »

Elle s'était promis, Solelio, de faire mieux alors qu'on lui offrait une seconde chance, sous la forme de son retour chez les Etelkrus. Il lui faudrait certes fournir des efforts, mais si elle voulait se détacher définitivement de l'ombre de Nachos et se soigner des blessures psycologiques infligées dans son enfance, elle devait sortir de sa zone de confort et essayer. Juste essayer. Plusieurs fois elle avait eu l'envie d'aller saluer la louve brune et frisée, mais le courage lui avait manqué, à chaque fois. Maintenant, elle ne pouvait plus reculer, et c'était peut-être tant mieux. Elle irait trouver son frangin un peu plus tard, elle avait là une occasion qu'elle n'avait pas le droit de rejeter, si elle voulait vraiment changer les choses pour son avenir.

• 4 ans et demi •
F A E I

Elle s'était effectivement attendue à devoir faire face au sempiternel ' comment tu vas ? ' la rouquine. Elle ne pu retenir un sourire plus franc envers son aînée qui était fine psycologue et avait probablement bien conscience de la futilité de la question. Prise au dépourvu, elle n'eut rien de fou à répondre et ne voulait pas prendre le risque de l'a blessée en précisant qu'elle cherchait après son frère, et pas elle. D'autant plus que finalement, c'était un bon hasard, non ?

« Je... pensais peut-être aller faire un tour aux Falaises ? »

Un ton hésitant, une inflexion dans la voix qui fit ressembler sa réponse en une question au lieu d'une affirmation, et elle se morigéna intérieurement. Stupide louve, vide d’intérêt.

« Tu veux venir ? »

Elle créait enfin l'occasion de découvrir cette demie-soeur plus intimement. Enfin, si la Penseuse acceptait son offre. Peut-être n'avait-elle pas envie de se lier aux cadets de son paternel ? Peut-être n'avait-elle jamais bien vu qu'Athelstan trouve autre compagne ? Peut-être jalousait-elle les rouquins qui avaient reçu un poil plus d'attention de leur père que sa première portée ? Enfin, surtout elle, finalement, qui avait pu être son apprentie. Probablement qu'elle devait les haïr de lui avoir voler son père...

• 4 ans et demi •
F A E I

Enthousiaste, ravie, sa sœur aînée ne se fit pas prier et elles bifurquèrent vers l'extérieur du Castel d'un trot tranquille. Le paysage était lumineux, le ciel était clair et pas un seul nuage ne venait gâcher l'ambiance. Les rayons de soleil lui réchauffait les épaules, le dos et les joues. C'était très agréable. Sur le début de la promenade, il n'y eu pas vraiment de conversations, comme si chacune ne savait, trop timide, comment lancer la discussion. C'est finalement Helga qui parla en premier, alors que les deux louves traverser un terrain plus escarpé les forêts des Monts Célestes laissaient peu à peu places à la rocaille, signe qu'elles atteindraient bientôt le col qui mènerait ensuite aux falaises. Solelio sourit à la mention de du seul demi-frère avec qui elle était parvenu à lier une relation de confiance mutuelle. Du moins c'est ce qu’elle avait espéré, que les sentiments fraternels qu'elle plaçait en lui soient réciproques, maintenant elle ne le saurait jamais.

« Ça lui correspondait bien oui. Et non, je ne suis pas une grande fan des reptiles grands ou petits... »

Ceux qu'elle avait eu l'occasion de croisés, les géants dinosaures du Nord, restaient des souvenirs plutôt inquiétants à vrai dire. Toutefois elle avait suffisamment évoluée ces derniers temps pour tenter là une plaisanterie à demi-mot. Son regard bleu glacé se plissa, dans une expression plus chaleureuse et amusée. Elle se détendait petit à petit, un peu plus à chaque foulée partagées avec son aînée brune. Par ailleurs les serpents lui rappelaient également la vipère qu'avait été sa mère, donc non vraiment, très peu pour elle. Elle se demanda quelle relation Helga avait eu avec sa génitrice, avant de se mordre la lèvre en se rappelant qu’elle ne l'avait pas connue. Athelstan étant Athelstan, il n'avait probablement pas été plus proche non plus de ses premiers enfants. Au fond, combien de louveteaux vivaient une enfance parfaitement stable et heureuse ? Chez les Etelkrus, elle avait l'impression que ce n'était pas monnaie courante. A part les princesses et princes de l'Alpha et de l'ancienne Prêtresse jaune... Et encore, leur bonheur affiché était-il si réel ou de simple façade ? Elle haussa les épaules, chassant de son esprit ces idées plutôt grises. Pas étonnant qu'il n'y ai plus eu de jeunes depuis quelques temps. Devenir parent, ça avait l'air de craindre.

« Tu as toujours su que tu voulais soigner ? »

Questionna la rousse de but en blanc.

• 4 ans et demi •
F A E I

Solelio ne cacha pas sa stupeur. En effet, elle avait toujours vu cette sœur aînée comme avançant sur une ligne droite bien tracée, sans même imaginer que peut-être, la femelle aux yeux vairons auraient pu avoir d'autres envies. Elle comprenait d'ailleurs celle d'avoir voulu devenir guerrière. Elle-même n'aurait jamais accepter un autre destin, enfant, terriblement convaincue que c'était ce qu'elle devait faire. D'un autre côté, Nachos ne l'aurait sans doute même pas laisser supposé qu’elle avait le choix. Et puis elle avait toujours cru rendre fier Athelstan en marchant dans ses empreintes. Elle réalisa qu'au final Helga avait dévié de son intention première tout en y trouvant son compte tout de même, ce n'était donc pas non plus une décision contre son gré. Pas vraiment, n'est-ce pas ? Ou était là l'exemple même du choix par défaut ? La rouquine observa la louve grise et brune. Elle redressa la tête en mentionnant une famille, et l'idée d'enfanter. Les prunelles glacés de Sol dérivèrent vers l'horizon, évitant soigneusement de regarder Helga. Elle sentit son malaise mais ne savait pas comment y répondre. Elle se força à inspirer et changer son museau de direction. Elle avait décidé de faire des efforts.

« Tu es la douceur incarnée. Tu seras une mère formidable, j'en suis sûre. Ne laisse personne t'empêcher de te réaliser. »

Elle n'était pas très tourné sentiment et ne savait encourager à trouver l'âme-soeur. Ou quoi que ce soit du genre. A vrai dire, elle était plutôt contre l'idée de s'attacher tant à quelqu'un qu'on en devenait malheureux -hein Elvazio!-, car elle savait pertinemment le mal que procurait la perte de l'être aimé. Elle esquissa un sourire un peu triste au souvenir de Evan, ou enfin, de l'image mentale ou quoi que ça ai pu être. Pour elle, à ce moment là, ça avait été réel. Juste assez pour la garder en vie, c'est tout ce qui importait. La question lui fût retournée et elle revint au présent, avec son aînée.

« Je... J'ai longtemps cru que je devais satisfaire Père... Et ma mère. Elle était très... Exigeante de ce que devait être ma vie. Maintenant... »

Maintenant ils ne sont plus là. Ni lui pour te guider et t'éblouir, ni elle pour te réduire à néant et t'écraser. Maintenant elle était revenue de loin et cherchait à trouver qui elle était véritablement et qui elle voulait être. Maintenant elle n'avait plus qu'un souvenir d'une mère abusive et une image noble d'un père glorifié. Plus personne à rendre fier. Juste elle, et Elvazio. Et peut-être Dough. Et Helga ? Si elle désirait nouer des liens qui n'existaient que dans les rêves de sa cadette.

« Je ne sais pas ce que moi je veux faire. »

Solelio haussa les épaules, un peu gênée de cette aveu.