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F A E I

La rencontre avec Onyx, quoi que fort intéressante, avait été épuisante pour la femelle. Elle avait donc fini par sortir de la Bibliothèque pour quérir un peu de fraîcheur et de tranquillité à l'extérieur. Elle fût cueillie par la brume humide du lieu. Le linceul blanc donnait un air lugubre au paysage. La forêt environnante au grand temple du savoir était toute drapée de diaphane alors que la lune donnait plus d'intensité au brouillard. C'est là qu'elle se rendit compte que la journée avait tant avancée ! Il était si aisé de perdre le fil du temps entre les murs de la grand bâtisse. Elle sourit de ses crocs immaculés et décida de suivre le chemin tracé à travers les bois par la chape pâle. Etait-ce un signe ? Une direction à prendre ? Un indice de l'Océan ? Après tout, la sorcière supposait que la rencontre des vents marins et de ceux, continentaux, étaient la cause de ce spectacle naturel. D'un pas agile et rapide, elle louvoya entre les sapins jusqu’à parvenir au devant d'un petit muret de pierre, mal entretenu. Sous ses prunelles sanguines se dressaient tombes et monuments funéraires : toutes les âmes perdues des meutards se trouvaient là. Elle souffla, intriguée. Puis, sans aucune hésitation, elle se glissa par dessus la ligne de démarcation et se promenait doucement dans les allées. Elle doutait bien de trouver là nom connu. Les siens avaient leur place dans l'Océan et leur corps et âmes retournaient à la mer une fois le dernier souffle craché. Une silhouette éthérée, comme irréelle, au bout d'une lignée, attira son regard. Un sourire goguenard étira ses babines. Voilà donc pourquoi, pour qui, elle avait été menée jusque là.

« Est-ce le fantôme de l'enfant perdu que je vois ? Ou le Roi maudit surplombant le corps de ses ennemis ? »

Elle s'approcha à pas mesuré, retenant sa "quincaillerie" de bijoux de résonner dans ce lieu si serein. Elle n'attendait nulle réponse à son invective, se contentant de rejoindre l'Oracle sans crainte et de s'asseoir non loin de lui, en une confiance évidente, mais néanmoins inattendue de la part d'un Raeder.

La nuit était claire, toute habillée de blanc et d'argent par la lune haute et pleine. On y voyait presque comme en plein jour. Ou peut-être était-ce parce qu'il marchait depuis si longtemps dans la pénombre que ses prunelles s'étaient étaient totalement habituées. Il n'y avait nulle autre lumière dans le Cimetière que celle jetée par l'astre, froide, morte. Elle allait si bien avec l'endroit que ç'en était presque perturbant. Sa lumière se reflétait sur le pelage de neige de l'Oracle et sur la cape qu'il portait. Il venait d'arriver, était depuis à peine quelques instants. Juste le temps d'entrer, de retrouver les tombes dont les noms lui étaient familiers, et de s'asseoir face à leurs immobiles visages de pierre.

Il revenait de son entrevue avec Yurai, qui avait été aussi brève qu'intense. Les visions qu'elle lui avait accordées virevoltaient dans ses pensées tandis qu'il s'affairait à les comprendre avec une sorte de fébrilité impossible à entrevoir de l'extérieur. La forteresse de ses émotions était bien gardée, parce qu'il devait protéger des vagues de son coeur ceux qui vivaient autour de lui. Impassible, le regard dans le vague, il réfléchissait. Il revenait de temps à cet endroit précis du cimetière où Vosltein l'avait amené pour la première fois. Face à lui se dressaient les dernières demeures de son grand-père, Roy, et de celle qui avait conquis le coeur de deux frères jadis, Heever. Il savait que cette dernière tombe était vide, mais que Volstein avait tenu à dresser une stèle pour lui rendre hommage. C'était ici que le vieil Oracle lui avait conté l'histoire de leur famille et fait comprendre que les Nakhus et les Raeders ne devaient pas être deux clans opposés. Ils partageaient le même sang, la même histoire. Rien ne les avait destinés à se haïr. Et c'était le cas de tous les loups du continent. Ce jour-là, il avait pardonné à Ajani d'avoir voulu les trahir et lui avait donné sa bénédiction pour l'avenir. Cet endroit revêtait donc quelque-chose de réellement spécial pour lui.
Il était amusant d'ailleurs que le destin aie fait se croiser à cet endroit-même les descendants de ces deux loups-là.

Une voix le tira soudain de ses pensées. Il secoua la tête et posa son regard clair sur la louve qui s'approchait. C'était Ann, la Maîtresse des Rituels Raeders. Ils ne s'étaient réellement rencontrés que récemment, lorsqu'il s'était rendus à la cérémonie pour Limule. Elle était plus petite que lui, bien plus sombre aussi, et son pelage aux motifs nombreux et complexe exhalait cette odeur de sel caractéristique des pirates.

"Bonsoir Ann." Lança-t-il de sa voix grave, en réponse à son étrange phrase

Il se demanda si elle-aussi était venue rendre hommage à cette pirate dont la tombe se trouvait sur la Terre. Mais il chassa aussitôt cette hypothèse. La louve noire était celle qui rendait les corps à la mer. Elle n'accordait sans doute aucune valeur aux froides pierres plantées dans le sol de ce Cimetière et auprès desquels les continentaux venaient pleurer les disparus.

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F A E I

Le regard vide de pupille fixa un instant Ajani, puis son environnement direct. Le nom sur les tombes faisaient écho dans sa mémoire comme étant part de leur histoire commune. La sorciere pencha la tête sur le côté si bien que ses boucles blondes cascaderent jusqu'au sol. Le coeur du grand loup blanc etait-il attaché a ces patronymes ? Ressentait-il un lien avec ces fantômes ? Que représentaient vraiment ces stèles pour lui ? Et pour les autres continentaux ? Une pierre froide et vide etait-elle necessaire pour se raccrocher a ses souvenirs ? Quand bien même les loups en question avaient vécus loin dans le temps et l'espace ?

« Bonsoir, ancien frère. »

Il n'y avait nul véritable lien de parenté entre eux si ce n'est qu'ils partagèrent un jour une tante et des cousins. D'eux An ne savait que ce que son pere avait bien voulu en dire et ce qu'elle avait vu en croisant Queen lors de son escapade avec Chimaera dans la Sylve où elle résidait. Toutefois le vieux Creek avait toujours eu a l'égard du faux traître la même affection que celle donnée a ses enfants. Il était dès lors difficile pour la sorcière de détester ce loup comme elle abhorait les continentaux en général.

« Nous avons besoin de ton aide. »

Si la noiraude savait la manipulation émotive peu utile avec Ajani, elle ne pouvait tout de même pzs' complètement laissé tombé le masque. Après tout il était Nakhu donc altruiste et il ne pourrait rejeter quiconque lancerait un appel a l'aide. Il n'était pas sans savoir qu'il était hautement improbable que limprobable en fassent la demande, c'était donc forcément important n'est ce pas ? La maîtresse des Rituels sourit de ses crocs trop propres et redressa enfin la tête pour se tenir dignement.

Ancien frère. La dénomination était intéressante, peut-être faite pour être déroutante. Il ne savait lire dans les yeux sans pupille de la louve s'il s'agissait d'ironie ou de sincérité. S'il était resté chez les pirates, ils auraient sans doute été élevés comme frère et soeur par Creek. Mais la vie leur avait fait emprunter d'autres chemins.

Les mots suivants firent frémir son oreille. Etait-elle venue non pas pour contempler les grises pierres du Cimetière, mais pour le voir-lui ? Cette idée était extrêmement peu probable. Parce que pour le chercher, mieux valait tourner ses pas vers le temple de Yurai, ou l'entrée du Dédale. D'autant plus cette nuit-là, où il restait parfois habité par les visions jusqu'au point du jour. Mais ça, Ann ne le savait sans doute pas. Les secrets des Prêtres, comme ceux des Raeders, n'étaient pas des connaissances divulguées à tout un chacun. Et la Maîtresse des Rituels en face de lui ne l'ignorait sans doute pas. Sans doute était-ce simplement l'instinct qui l'avait conduite ici. Ou bien peut-être avait-elle inventé cela de toute pièces, ce qui ne serait pas non plus complètement étonnant. Elle était après tout une louve imprévisible. Une sorcière, comme certains diraient.

Il ramena ses prunelles claires, qui s'étaient égarées dans les brumes environnantes, sur la pirate. Une lueur interrogatrice s'y était allumée. Depuis quelques temps, ils conversaient régulièrement avec les Raeders et il y avait espoir que l'arrangement passé avec Limule perdure - la pensée de sa jumelle lui arracha un bref éclat de tristesse, qui habita son aura le temps d'un battement de coeur avant de s'effacer comme si de rien n'était. Que pouvait-il y avoir qui nécessitât son soutien. Car elle n'avait pas dit "vous", elle n'avait pas parlé des Nakhus. Et cela était peut-être le plus intriguant.

"De mon aide ?" Répéta-t-il doucement.

Pourquoi de la mienne ? Et qui est "vous" ?

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F A E I

Lorsque le regard du grand mâle blanc redescendit vers la petite sorcière, une pointe de chagrin vint caresser son cœur avant de s'enfuir comme si de rien n'était. A cette simple impression, Ann tourna le museau à droite et gauche, se demanda si cette sensation éphémère était là une manifestation d'un mort à l'âme dévastée et donc non au repos, où si l'austérité et la quiétude du lieu avait simplement jouer à un tour à son imagination fertile. A son tour, elle reposa ses yeux perçants sur l'Oracle. Si d'ordinaire elle était de celles à aimer les belles mises en scène et les discussions saupoudrées de mystères et de non-dits, elle estimait ici que la situation des pirates -et surtout leur stagnation- n'avait que trop duré et qu'il était temps de simplement trouver une solution. Toutefois, elle se questionna vaguement s'il était nécessaire ou respectueux de conter l'histoire entière. Elle jugea que non, pour le moment. Libre à Ajani, plus tard, de s’intéresser au sort réel des Raeders s'il tenait encore à eux ne serait-ce qu'un petit peu.

« Nous nous sommes découvert ami et ennemi dans les profondeurs sombres de l'Océan. »

Elle marqua une courte pose pour simplement prendre son souffle et continua :

« L'ami nous a offert son aide sous forme de message codé que nous avons du mal à déchiffrer. »

Ann farfouilla dans son sac, et en sortit quelques feuilles volantes manuscrites, griffonnées, rayées, et annotées de part en part, preuves des pensées hasardeuses et désordonnées des Raeders.

Spoiler:

« On pense qu'il nous prévient que la Gardienne des Abysses à outrepasser son rang et rayer l'Surimi géant d'sous la surface de l'Océan. Puis... On a pensé que y avait ptetre un truc avec les coeurs que vous- nos anciens ont volés sur les îles de ce continent. Peut-être même qu'en fin de compte il y aurait plus que trois coeurs ? Peut-être que chacun des Dieux d'vot' monde en a un de coeur... Peut-être qu'on en as b'soin. Attend, je continue et tu comprendras p'quoi on a eu c'tidée -mais c'est ptêtre faux-. Mes recherches à la Bibliothèque ont également été assez fructueuses, regarde. »

Du tas de feuilles chiffonnées d'être beaucoup transportées -heureusement qu'Ann en avait fait une belle et propre copie gardées avec soin sur Navire-, elle en défroissa deux ou trois et les étala pour expliquer  ce qu'ils avaient sous les yeux.
Des illustrations maladroites mais assez détaillées pour être comprises : quelques des espèces sont reconnaissables, la Baudroie des abysses, les Calamars, Poisson Revenant, Requin Lutin... Mais elles ne portent juste pas le même nom que ceux qu'on leur connait.
Puis une image dépeignant des poissons en cercles, petits aux extrémités de la page, et à mesure du centre, plus de prédateurs. Au milieu, des créatures connues mais plus grandes : des limaces de mer, tenant des livres. -Ça ce serait notre pote du fond des mers-
Des murènes aussi rouges que fortes, tenant des sabres, des piques, des lances. -Céto je suppose ? D'après ce que nous a raconté le vieux brigand de Creek-
Tout au centre, trône de tout son bleu le Roi des océans, avec couronne et sceptre. -Vlà Pontos le crabe, comme il est décrit depuis deux générations !-
La page suivante est dédiée au Roi, auréolé de gloire sur un tas d'or.
Une autre pour les murènes sont en petits groupes séparés, laissant la majorité mais ayant également chacun un petit trésor.
Les limaces reçoivent de la nourriture et quelques écus.
Les créatures connues elles n'ont rien, ne semble rien vouloir non plus...

La Maitresses des Rituels remit la truffe dans son sac pour y dénicher un autre parchemin, enroulé celui là et fermé par une lanière de cuir. Elle l'ouvrit et le posa aux pattes du géant de neige avant de clamer la comptine sans plus avoir besoin de la lire car apprise par cœur depuis.

« À l'heure où résonnait la colère,
D'une jeune déesse prise au fer,
Son essence fendit-elle,
Pour un linceul de nuit éternelle.

mes protégées par un soleil aveuglant,
Restait la méfiance parmi les omniscients.

«Premier acte seulement !»
Voix de la créatrice était l'enfant,
«Cent autres viendront,
Et perpétueront le front.»

Les frères, se gorgeant d'intransigeance,
Verrouillèrent ronde salle pour l'engeance.
De leur couleur marquèrent-ils,
Cette destination d'exil.

La part d'âme destinée à condamner,
Serait celle à dormir pour l'éternité.

Et cette ptite chanson pour mousse, bah on pense qu'elle parle de la porte. Pt'être t'en rappelle-tu ? De la porte aux couleurs des six dieux continentaux sans ta déesse Corneille. Et c'est là qu'interviendrais les cœurs des Dieux... Mais c'est un peu tiré par les dreadlocks j'tavoue. Ca voudrait dire que pour Navire, la murène aurait eu b'soin que d'l'énergie de... Attend y avait une pierre ambrée sur l'île fleurie, une rouge sang sur l'île creuse et... Qu'avait marmonné le vieux bougre encore ? Ah ! Oui, un bleu pour ici. Donc l'énergie de l'Anaconda hein, le doré, de la Dragonne -celle là elle doit être sympa à voir la grincheuse- pour le bleu, et forcément la brute rouge que louait notre première Capitaine, Aka pour le dernier. En lisant de ci de là, jme suis dit tiens, ptetre que ça colle a la trinité des premières meutes tsé. Mais dans les livres d'histoires, jcrois que ça dit pas ça. 'fin Kiro et Ao ça collerait mais pas Aka. SAUF SI. On part du principe que le mordorée c'est un mélange de orange et de jaune, que le rouge était ptetre un poil brillant pour rouge et rose -quoi que on est d'accord que le Grizzli écrase la rose- et que le bleu... aurait été plutôt turquoise -après tous hein les souvenirs et les histoires du soir zappent parfois des détails-, bleu-vert quoi et boum on a les deux derniers Maitres de votre continent. Mais encore une fois, ça voudrait dire des alliances particulières entre certains dieux et pas avec le tienne. Comme pour la porte cela dit... Bref. Et puis jvois vraiment pas un puissant Dieu fricoté avec la pimbêche rose... »

Elle s'arrêta enfin de parler, enfin, pour respirer un bon coup et fixer l'Oracle de ses prunelles couleur sang, longuement et sans ciller. Pour la dernière théorie, elle venait d'y penser là, en divulguant le reste. Peut-être que lui, il aurait une idée. Ou des connaissances en plus, après tout, le temple du Savoir était son domaine, non ?

La rencontre qui paraissait impromptue aux premiers instants prit une tout autre tournure, à mesure que la voix d’Ann tissait et retissait ses phrases, que ses pattes fouillaient dans les papiers et ses paroles dans les souvenirs et les découvertes. A peine eût-elle commencé que déjà des questions se bousculaient dans l’esprit de l’Oracle. Qui étaient ces amis et ces ennemis ? Les Raeders vivaient-ils sous une nouvelle menace ? Etait-ce pour ça que leur ami avait jugé qu’ils avaient besoin d’une aide ? Pourquoi cela n’avait-il pas suffi ?

Ses prunelles claires quittèrent celles de la louve pour se poser sur la feuille qu’elle sortit de sa besace. Un papier blanc, nacré, sur lequel étaient griffonés des symboles étranges écrits avec une encre turquoise et brillante, jurant dans la nuit. Les écrits annotés sur le côté, qui en supposaient la signification, lui donnèrent la sensation que la nuit devenait soudain froide et hostile. Il brida tant bien que mal le flot de ses émotions qui menaçait d’envahir l’espace autour d’eux et les relu quelques fois.
Etait-ce possible ? Il avait besoin d’un réfléchir, la nouvelle était terrible de mauvais augure. Les pirates s’étaient-ils enchaînés à quelque-chose qui ne savait leur vouloir du bien en croyant se libérer de Pontos ? Le sang qui avait appelé Ceto avait-il fait surgir des abysses une créature qu’il aurait mieux valu laisser là où elle reposait ? Elle leur avait offert leur Navire. A quoi était-il destiné ? La pensée terrible qu’il était peut-être là simplement pour tous les emmener le glaça. Mais les mots écrits en bas de la feuille n’auraient su être plus clair.
Ceto ment.
Tuez Ceto.
Libérez-vous.

Ensuite Ann lui parla des coeurs, ces coeurs que Ceto leur avait demandé de prendre pour réveiller le Navire. Il l’écouta sans mot dire, interrogatif. Lier les coeurs aux dieux ? Il n’avait pas songé à la chose de cette manière, peut-être parce que seul l’un d’entre eux se trouvait dans un lieu explicitement lié à l’une des sept divinités. Pourquoi se seraient-ils trouvés simplement sur les îles dans ce cas-là ? Leur avait-on demandé de simplement voler les plus simples d’accès ? Ce serait une découverte presque humiliante pour les vieux pirates de l’époque. Mais il en restait bien peu, fort heureusement.

Il continua à y réfléchir dans un coin de son esprit tandis que, devant lui, Ann sortit une nouvelle liasse de papiers. Heureusement pour eux, la lune ronde et claire prodiguait suffisamment de lumière pour que l’on distingue aisément ce qui y était écrit ou dessiné. Il fut interpellé par l’illustration qu’elle lui présenta comme leur ami du fond des mers. La ressemblance avec la créature de la vision que lui avait offerte Yurai était troublante, sans doute un peu trop pour qu’il s’agisse d’une coïncidence. Il confirma d’un signe de la tête lorsqu’elle montra d’immenses murènes et se demanda s’il s’agissait de Ceto. un frisson courut le long de son dos à son évocation, qui réveillait en lui le souvenir lointain du soir des sacrifices. Maintenant qu’il voyait tout cela se dessiner sous ses yeux, une question terrifiante de simplicité lui venait : qu’avaient-ils fait ?

Nouveau parchemin, cette fois-ci conservé avec bien plus de soin que les feuilles précédentes. Avant que ses yeux n’aient lu les premiers mots qui s’y trouvaient, la voix de la louve sombre les lui chantait. Il ferma les yeux pour l’écouter, même si un pressentiment des plus sombres ne put que le saisir. Il fallait vraiment qu’il réfléchisse, qu’il aille peut-être poser quelques questions et relire quelques lignes. Il hocha la tête à l’évocation de la porte - comment ne pas s’en rappeler. Elle était presque un affront, à porter les couleurs des dieux sur une terre où leurs enfants n’avaient longtemps pas été les bienvenus. Yurai n’y était pas, il était vrai - et entendre ceci rappelé après la comptine précédente fit manquer un battement à son puissant coeur.

Il remua les oreilles aux suppositions de la louve, tâchant de se rappeler la couleur et la teinte qu’avaient les coeurs. Pour autant qu’il s’en souvienne, ils n’avaient pas l’apparence d’artéfacts divins à ses yeux…. Ou en tout cas pas liés aux Sept. L’idée que certains soient des mélanges entre plusieurs divinités était… incongrue, inattendue, et il la nota dans un coin de son esprit même s’il n’était pas exactement convaincu. Lorsque le silence se fit, il le laissa maître de leur rendez-vous pendant un instant, se réfugiant dans ses pensées pour contempler la vague d’informations qui venait de lui être partagée. Il était intrigué par cette confiance qu’Ann avait en lieu, et profondément perturbé par tout ce qu’il venait d’apprendre. Il lui fallut donc un instant avant de répondre en relevant les yeux vers elle :

“Je me souviens des coeurs. Je ne sais pas s’ils avaient…. la lumière des dieux.”

Ses yeux retournèrent sur les feuilles étalées devant eux, la comptine, les illustrations, le message codé. Il finit par désigner d’une griffe la créature qui avait une forme de limace et ajouta :

“Cette chose… cet ami dont vous parlez. J’ai eu une vision et il se trouvait dedans.” Ses prunelles revinrent dans celles d’Ann. “Cette aide dont tu parles, je vous la donnerai. La Corneille… la Corneille va vous apporter son soutien.”

C’était des mots délicats à prononcer à un Raeder, mais après tout les premiers d’entre eux ne haïssaient-ils pas les dieux parce qu’ils les avaient reniés ? Les pirates avaient changé de chemin, et peut-être aujourd’hui n’étaient-ils plus aussi frileux à l’idée que d’autres puissances que l’Océan ou les simples mortels puissent venir leur donner un coup de patte.

Il se redressa pour mieux voir tout ce qui se trouvait devant eux, ses yeux allant de l’un à l’autre des documents, son esprit tissant et défaisant des liens entre chaque chose au gré de ses muettes suppositions.

“Ce texte parle des dieux.” Murmura-t-il en approchant légèrement le museau de la comptine, comme pour mieux la relire. “Mais de quel événement parle-t-il ?”

Que cachait cette porte-là, apparue sans que personne ne sache exactement pourquoi et sans que quiconque ait encore été capable de l’ouvrir ? Une pensée simple, predsque stupide, lui vint : un loup possédant un glowstick avait-il déjà mis les pieds là-bas ? A cet endroit où les couleurs des dieux étaient soigneusement alignées, comme attendant celui qui en comprendrait le message. Ou avait-elle été mise sur Morne-oeil justement parce qu’il ne fallait pas que les loups porteurs de la lumière des dieux puissent en briser les sceaux ?

Peu ignoraient que la Corneille avait eu un passé douloureux, sombre, et qu’elle incarnait aujourd’hui presque plus que la sagesse les valeurs de la rédemption. Ces valeurs qui étaient devenues celles des Nakhus, accueillant sans tenir compte du passé tout un chacun. Il avait la sensation que ce poème parlait d’elle, sans doute parce qu’elle n’avait pas apposé son sceau sur la porte. Cependant, ce n’était pas là qu’elle avait été emprisonnée, non. Les livres parlaient d’une prison céleste, et puis la porte était apparue bien plus tard… Les dieux avaient-ils enfermé là une créature venue à leur insu sur le Continent ? Il y avait bien eu ce sommeil un peu étrange qui les avait frappés au moment où elle était apparue… Juste avant Ceto.

“As-tu lu l’histoire du Grand Sommeil ?” Lança-t-il doucement. “Ce jour où tous les loups se sont endormis subitement et éveillés presque aussitôt. La porte… c’est à ce moment-là qu’elle est apparue. Si les dieux ont enfermé quelque-chose là-dedans, ça ne peut qu’être à ce moment-là... Ou bien quelque-chose l'a révélée à nous, et elle a été scellée avant que Dame Yurai n'emprunte le chemin de la rédemption.”

C'était la seule explication qu'il voyait au fait que la Corneille n'aie pas participé. L’idée le taraudant, il ajouta :

“Est-ce qu’un porteur de glowstick y est déjà entré, dans cette grotte ?”

Il laissa échapper un soupir alors que ses yeux retournaient aux illustrations et au message codé. La traduction lui paraissait écrite à l’encre noire et brillante, sanglante. Libérez-vous. Tuez Ceto. Il n’avait pas besoin de mettre en lumière le fait que Ceto n’était visiblement pas aussi bienveillante à l’égard des marins que ce qu’ils auraient pu croire.

“Les coeurs ont été rendus aux dieux je crois.” Murmura-t-il. “Ils pourraient nous apporter une réponse.”
La Corneille le pourrait peut-être.

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F A E I

Oh. Ann laissa paraître un sourire un tout petit peu plus franc alors que le grand mâle blanc répondait sans trop d'hésitation, prêt à partager, prêt à aider. Elle avait fait le bon choix en décidant qu'il serait le premier qu'elle irait voir. Ajani parla d'une vision lui montrant Paquot, et affirma que la Corneille apporterait également son renfort. Elle en doutait, forcément, son Capitaine n'ayant été reçu avec sympathie. Elle devait tout de même avouer qu'elle avait eu la gentillesse de confirmer ce qu'ils savaient déjà. C'était toujours ça de bon, non ? Ann ne croyait pas tellement dans le concours positifs des Déités du Continent, pour la simple raison que toutes les histoires racontées depuis sa naissance les dépeignaient comme les méchants de l'Histoire des forbans. Seul le Grizzli était à peu prêt respecté, car aujourd'hui encore, les Raeders portaient sa couleur comme signe distinctif. C'était pour cela qu'elle espérait aller le voir, un jour... Savait-on jamais. M'enfin, trépasser le territoire Etelkru était un danger trop important pour qu'elle ne s'y risque maintenant, alors qu'elle gardait bien au chaud l'espoir de nouvelles vies.

« Si la porte est celle d'une prison, bien mal nous prendrait de vouloir l'ouvrir. »

Et pourtant. La curiosité la rongeait depuis toujours au sujet de cette entrée verrouillée que son sang de louveteau n'avait pu descellé. Cela dit, si de geôle il s'agissait, place y aurait-il pour un pensionnaire aussi imposant et puissant que la Gardienne des Abysses ? On parlait tout de même, selon le récit du vieux brigand de Creek -qui aimait exagérer aussi, cela dit-, d'une murène rouge comme le sang et plus grande qu'un trois-mâts.

« Ainsi il serait possible que derrière cette porte se cache une des abominations légendaires de ta déesse ? »

Elle ricana, sans malveillance mais tout de même moqueuse de voir Ajani si naïf croire qu'un loup porteur de glowstick ai pu être invité sur Morne-Oeil, et mieux, qu'il ai été tranquillement laissé en son sein pour y farfouiller dans les trésors et secrets. Elle secoua la tête négativement, estimant non nécéssaire de parler pour lui rappeler l'amour des pirates pour le mystère les entourant.

« Ao n'a pas répondu à notre Capitaine, il y a de celà des années maintenant. Moiro n'a pas non plus été accueillante. Quand à la trinités des brutes, ils sont inaccessibles pour un Raeder voulant rester en vie. Ta déesse à été moins virulente, mais néanmoins pas d'une grande aide lorsque Chimaera est allé la voir. Quand aux coeurs... Un solitaire à la solde de l'Anaconda nous les as dérobés il y a des lustres. »

Elle haussa les épaules. Elle avait bien pour projet d'aller voir Aka un jour, et Mido peut-être, sous prétexte qu'une tante dont elle avait peu de souvenir avait été sa Prêtresse. M'enfin c'était tiré par les cheveux et on disait du Raptor qu'il était le grincheux de la bande.

Il lança u regard entendu à la louve noire lorsqu'elle parla de la Porte ; la question était intéressante. Mieux valait laisser enfermé ce qui y était caché, faisant peut-être planer sur les générations futures une menace qui ne ferait que grandir, ou prendre le problème à bras le corps de leur propre initiative et tenter de le régler avant, quitte à prendre le risque de libérer sur leur monde une puissance dangereuse ? Il la laissa en méditation dans son esprit, alors que la réponse - ou plutôt l'absence de réponse - d'Ann lui indiquait qu'effectivement aucun loup porteur de glowstick ne s'était aventuré aussi loin dans Morne-Oeil. Hm. Maintenant c'était à son tour d'être taraudé par une curiosité nouvelle-née. Certes, ça paraissait presque bête mais... La part un peu naïve et qui croyait en un futur de bonté et de paix pour le monde n'avait pu s'empêcher de faire naître une idée au creux de ses pensées, une belle idée, une idée qu'il aimait. Si cette porte ne pouvait être ouverte qu'en réunissant des porteurs de glowstick, elle était peut-être le symbole du début d'un âge où tous les loups vivraient sans haine. Puisqu'ils auraient tous eu le droit de poser les pieds sur l'Île. Une sorte de symbole d'harmonie, dans laquelle les Nakhus n'étaient pas nécessaires car ils étaient déjà en paix avec les pirates. C'était peut-être tiré par les cheveux. Hmpf. L'Oracle remua les oreilles, indécis et silencieux.

Il finit par pencher à nouveau les yeux sur les feuilles présentes, sans parler, laissant simplement le flot de ses pensées circuler, piochant ici et là, tâchant de trouver une inspiration qui serait la clé de cette inextricable énigme.

[Utilisation du lot "Souffle du Raptor - Au cours d'un event, un de tes personnages se voit souffler la solution à l'oreille par Mido lui-même, lui permettant de savoir où se rendre ou d'aboutir à une avancée dans celui-ci." avec Ajani pour l'event Raeders !]

Après tant d'années au service de Yurai, en tant que Prêtre, d'aucun auraient pu se dire qu'il s'était habitué aux présences divines. Qu'il n'aurait plus en lui l'angoisse ou l'excitation des premières rencontres avec ces présences qui n'étaient pas de la même nature qu'eux. Pourtant, à l'instant où celle-ci se manifesta, un frisson parcourut l'échine du Lion Blanc. ses yeux demeurèrent accrochés aux parchemins devant lui alors qu'il avait la sensation soudain qu'une immense créature se trouvait à côté de lui. Une présence prédatrice, qu'il pouvait appréhender comme divine mais qui n'avait rien de l'aura maternelle et chaleureuse qui entourait en général la Corneille lorsqu'elle venait à lui. Plusieurs sentiments passèrent dans son esprit ; la surprise, l'incrédulité, la fascination. Ses yeux s'ouvrirent imperceptiblement plus lorsqu'une voix résonna, à son oreille ou dans son esprit, il n'en était pas certain. Une voix grave et mâle, un murmure qui n'était définitivement pas celui de sa déesse.

Il n'y a derrière cette porte qu'une pièce vaste et vide laissé par un fragment de ta déité jadis corrompue, et qui dans un sommeil profond vous plongea vous, Mortels. Cette porte renferma la Princesse sans Regard.

Cette simple phrase faisait poindre des dizaines d'interrogations, et en même temps balayaient celles qu'il pouvait avoir quant au rôle et cette étrange apparition. Ainsi donc, les mortels avaient été plongés dans le Grand Sommeil par une créature que cette grotte avait toujours renfermée, et qui était un fragment de ce qu'avait été Yurai. Ce constat soulevait surtout une question : combien de fragmets corrompus des temps funestes où la Corneille n'éyaient que haine pouvait-il y avoir encore, derrière des portes scellées qui s'ouvriraient pour déverser leurs hydres sur eux ? La voix ne répondit pas à cette question, quand bien même elle l'aurait entendu. Elle était là pour parler, pas pour écouter.

Pour l'essence de la Corneille qui y coule encore, pour sa magie puissante...
De prison pour un monstre, ce qui se trouve derrière cette porte pourrait encore le redevenir.

Ainsi la libération de la créature ne l'avait pas détruite. Ainsi c'était là le rôle des sceaux. Ils ne servaient pas à ouvrir, ce n'étaient pas des serrures. Ils servaient aux Dieux à refermer, à piéger. Ils étaient comme ces pentacles dont les livres occultes parlaient et qui enfermaient les démons. Les oreilles d'Ajani tressaillirent alors que la lumière se faisait sur ce qui allait se passer. Il n'avait pas hérité de l'entière intelligence dont la nature avait pourvu certains de ses ancêtres - disciples de Mido - mais à cet instant il sut ce que la voix dirait. Ils compris ce qu'ils devaient faire.

A condition d'en sceller à nouveau l'entrée, une fois monstre enfermé.

La présence se retira, et il se rendit soudain compte qu'il avait retenu sa respiration durant otu ce temps. Son souffle s'échappa de ses poumons en une expiration soudaine, et son regard resta encore accroché aux lettres et aux dessins devant lui. Il ignorait si Ann avait entendu la voix, ou même si elle avait senti cette présence - quoi qu'il doutât peu de ce second point. Il murmura donc :

"Ce ne sont pas des serrures. Ce sont des sceaux."

Ce n'était pas une question, c'était une affirmation, une conviction. Il releva les yeux vers la louve pirate.

"Il ne faut pas tuer Ceto. Il faut l'y enfermer."

Alors les Dieux condamneraient la créature aux limbes. Et les raeders seraient libres.

▒ 5 ans+ ▒
F A E I

La petite sorcière ne prétendait pas posséder de pouvoir quelconque, bien qu'elle vantât de sa connexion avec l'Océan. En réalité, elle était louve attentive, observatrice, et un grande part du mysticisme reposait en réalité sur cela. C'est ainsi qu'elle comprit et remarqua que quelque chose dans l'atmosphère était différent. Parce que la composition du museau d'Ajani changea imperceptiblement dans la pénombre, parce que sa respiration se suspendit et qu'aucun mouvement de son poil diaphane ne vint plus caresser ses tympans. Elle qui savait si bien manier le silence, savait aussi l'écouter. Il se passait quelque chose dans la tête du grand loup blanc. Un message soudain de sa déesse, hors de son temple ? Peu probable. Ann aurait mis sa patte à couper qu'Ajani aurait sourit en sentant la présence de la Corneille. C'était donc autre chose. Elle tendit l'oreille mais n'entendit rien de plus que le bruissements des feuilles secoués par les brises de la nuit. Ça ne dura pas longtemps et l'Oracle lui revint, un peu éberlué, mais accompagné de nouvelles conclusions. Une prison donc, derrière cette porte qu’elle n'avait jamais pu ouvrir enfant, ni de force, ni de sang. Un piège, très bonne idée. Mais ne fallait-il pas déjà ouvrir la porte avant de vouloir la clore et la sceller ? A son retour, elle essayerait de l'ouvrir à nouveau, peut-être qu'autrefois elle avait été trop petite, trop faible ?

« C'est... Cohérent. Je retournerais voir la porte... »

Pour l'instant il en étaient là donc. Elle releva les oreilles vers le mâle et se redressa soudain, poussant vers lui toutes les feuilles volantes et éparses.

« Garde-les, ce sont des copies. Nous seront amenés à en reparler je pense. »

Le vent forcit soudain et la noiraude leva la truffe, huma l'air de la nuit. Elle serra les crocs.

« Je dois filer, l'orage s'en vient. J'ai cependant une autre requête. Disons. Un troc, un échange. »

De sa besace fourre-tout, Ann sortit un nouveau papier plié en quatre. Dessus, était dessiné un miroir arrondi, comme parabolique. Dessous l'illustration annotés d'un mécanisme de roulement à poids. Elle le tendit à Ajani dans un sourire mystérieux.

« J'ai une commande pour votre forgeron. Le loup gris aux cheveux de feu. Un service en échange d'un service. De lui, de toi, d'un de tes enfants, d'un de tes amis. Peu importe, la sorcière des îles tient toujours paroles. »

Elle recula d'un pas, prête à bondir à nouveau dans l’obscurité et fuir la lumière de la lune. En réalité, elle n'avait pas à reprendre la mer pour l'instant, car elle comptait rester quelques jours. Elle savait toutefois qu'à trop regarder tous ces symboles, le disciple de Yurai finirait comme elle par être bloqué sur quelques rares idées. Il valait mieux un temps de repos, un autre jour, pour mieux appréhender et redécouvrir ces mystères. La Raeder attendait néanmoins de voir si Ajani avait a ajouter quelque chose, sans quoi elle partirait sans plus tarder pour la Bibliothèque, se mettre à l'abri de la pluie qui s'annonçait.

La brise autour d'eux se fit plus froide, plus insistante, alors que la louve noire lui faisait cadeau de ces documents. Ajani les rassembla d'un mouvement de patte, sans savoir exactement ce qu'il en ferait. Peut-être les relire, à tête reposée. Sans doute les partager avec Kerguelen, parce qu'elle était après sa compagne sa plus proche amie et une bonne conseillère. Peut-être aurait-elle un mot à dire là-dessus. Il ne savait exactement ce qui le faisait hésiter à se précipiter pour retourner au dédale et les lui partager immédiatement. Peut-être une peur un peu étrange de la contaminer avec ce passé qui l'avait longtemps hanté. Les Raeders avaient fait partie intégrante de sa vie à lui. Une once de culpabilité pour leur avoir tourné le dos le poussait peut-être à vouloir régler sa dette seule. Mais l'idée n'était certainement pas sage. Il secoua doucement la tête, et sa lourde crinière se perdit quelques opulentes ondulations.

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter les lieux, Ann lui tendit un autre parchemin, cette fois-ci griffoné de sa patte. Il jaugea le croquis sans mot dire, un peu intrigué par ce qu'elle comptait en faire. Cela lui rappela en une pensée amusée ce conte d'une sorcière qui se regardait chaque matin dan sun miroir. La pensée fut fugace et s'en fut aussitôt, parce que tout son esprit était bien trop préoccupé par tout ce dont il venait de discuter. Il s'empara du dessin et hocha la tête. Il croyait en sa parole, et imaginait qu'lele s'était sans doute déjà entretenue avec Fergus au sujet de la faisabilité de ce projet. Il ne posa pas plus de questions, parce qu'elle était sur le départ. Si elle avait voulu lui détailler ce qu'elle comptait faire de ce miroir, sans doute l'aurait-elle fait. Elle n'était pas avare de mots, bien que certaines de ses phrases eûssent des tournures originales et parfois nébuleuses.

Il se redressa à son tour, les feuilles toujours calées sous l'une de ses pattes pour que le vent mauvais ne les emporte pas. L'air s'était soudain rafraîchi et une averse ne tarderait pas à leur tomber sur le coin du museau. Les lourds nuages de coton gris qui s'enrouaient au-dessus de leur tête, cachant les lumières stellaires, en étaient de tristes augures.

"Je lui transmettrai." Répondit-il simplement. "Au-revoir Ann."
Nous nous reverrons au prochain caprice de l'Océan.

[Fin pour moi :hearts:]