_______ Noctuidae : Papillons de nuit, violets et fantomatiques, apparaissant à sa proximité. Minéralité : Sang iridescent, griffes et certains crocs en or. _______
₪ Apparence Solitaire.
3 ans 4 mois. [DoB : 07/03/2023]
_______ Plures Vocis : Voix modulable à l'infini. Ordo ab Chaos : Une cinquième patte atrophiée sur son flanc gauche, dissimulée par des tissus. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ○○○ ING| ●●○
☈ Mylo Etelkru.
1 an. [DoB : 10/10/2023]
_______ Zap! : Éclats de lumière colorés en cas d'émotions fortes. Encre infinie : Tatouages renouvelables et modulables à l'infini. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ●●○ ING| ○○○
Maj 29/01
» Feuille de perso' » Points: 5477
Sujet: Seule brillera la nuit - Elvazio. Mar 25 Mai 2021, 21:41
La nuit baignait déjà le paysage d’une teinte indigo quand sa silhouette se découpa entre les arbres hauts, furtive et délicate. A chaque passage sous une trouée parmi les branches, c’est d’un liserai d’argent que se paraît sa chevelure anthracite, brillant alors comme ornée d’un diadème éphémère que lui coiffait la lumière de la lune, et qui disparaissait ensuite jusqu’au prochain halo de lumière.
Une patte devant l’autre en parfaite harmonie, la créature nocturne suivait le chemin qui se traçait entre les troncs et les roches et n’en dévia pas durant de longues minutes. Jusqu’à ce que sa trajectoire l’amène entre les griffes des pics les plus élevés de ces lieux et que sa forme toute entière fut engloutie par les ombres.
Pour ressurgir un instant plus tard, bondissant le long d’une rampe d’écorce, massif tronc effondré qui se dressait encore en une passerelle vers les cieux. La louve courut d’une foulée légère jusqu’à son extrémité, sauta- et étendit les ailes d’ébène pour se laisser emporter par le vent. De longues secondes durant elle plana simplement ; supervisant ce vaste royaume baigné de nuit. La forêt dense aux pins serrés et touffus, les dents de roc qui déchiquetaient la terre, les quelques étendues d’eau qui brillaient ici et là - puis les autres terres qui y étaient collées, et tout ce qui s’étendait au-delà, loin derrière leurs frontières. Jusqu’où ? Jusqu’aux bords du monde ? Pliant légèrement ses articulations, Anita perdit quelques mètres. De quoi venir frôler les cimes d’une patte étendue, d’une griffe qui se pointait.
Cette forêt n’était pas son royaume parce qu’elle était devenue Alpha, ni parce qu’elle était Etelkru. Non, les Dents de Roc étaient leur royaume, à Axie et elle. C’était la piste de leurs courses vertigineuses et périlleuses. C’était l’arène de leurs jeux adolescents, le théâtre de leurs rires et de leurs confessions.
Sa soeur qui en ce moment restait si loin. Comme son frère, comme son ami. Sans pour autant être disparue comme eux l’étaient.
Et ses mères, aussi, dont les odeurs n’emplissaient plus ses narines à chaque fois qu’elle s’aventurait au sein du Castel ou du repère familial de la Moere. Il n’y avait plus non plus celle de sa tante, qui elle ne reviendrait plus jamais.
Anita ferma les yeux, pressant fermement ses paupières l’une contre l’autre. D’une gueule qui s’ouvrit elle inspira l’air nocturne à s’en brûler les poumons et gagna en altitude de quelques battements.
Avant de replier les membranes tout contre ses flancs et de se laisser tomber. Le commencement de chaque chute était lent ; elle tordit son corps de sorte à se retourner sur elle-même, ses membres souples se mélangeant les uns entre les autres, la queue fluide suivant le mouvement. Sans dessus dessous le ciel étoilé l’accueillait, l’avalait, l’étreignait. Seulement ici, parmi les astres de tous temps clignotant dans l’océan céleste, laissa-t-elle quelques larmes perler à ses yeux et s’en détacher en minuscules diamants brillant.
Ils disparaîtraient ou se cristalliseraient dans cette vision parfaite, iraient rejoindre les étoiles pour s’allumer eux aussi.
Le cercle s’accomplit, le temps sembla reprendre son souffle et battre à nouveau la mesure. Une seconde avant de heurter les branches noires la louve se déploya à nouveau et fila comme un météore au-dessus de leurs griffes.
Rageusement, elle accéléra, soufflant sous l’effort de ses muscles raidis, gagnant toujours plus de vitesse pour ensuite plonger, vriller, tirer à droite, rectifier à gauche, sombrer vers l’abysse avant de remonter vers la lumière. Elle se griffait parfois d’une estafilade sur l’épaule ou sur la joue. Faisait bondir son coeur d’un virage pris trop serré. Eclatait un bout d’ongle contre un appui rocailleux épousé avec trop de vigueur.
Mais elle ne s’arrêta pas avant de sentir le goût du sang dans sa gorge, pas avant de sentir son thorax s’ankyloser de trop de mouvements répétés, pas avant de sentir presque ses ailes se détacher d’avoir été trop usées.
Comme un avion de chasse dont on aurait percé le flanc, comme une étoile filante dégringolant de la voie lactée, elle perdit peu à peu de l’altitude dans un vol bien moins maîtrisé. Elle tremblait, déviait de sa lancée, ne se rattrapait qu’à faibles coups d’ailes.
Mais sa cible était sûre et verrouillée. Elle ferma les yeux, encore.
Et dans une éclaboussure glacée qu’elle accueillit avec bonheur sur sa peau brûlante, se laissa engloutir quelques secondes. Tout était si calme, ici, au sein de l’eau. Immobile, Anita retint sa respiration et laissa son corps en suspension dans cette autre dimension. Peu à peu elle remontait, bientôt briserait la surface - mais elle ne fit aucun mouvement pour accélérer le lent cheminement. Enfin elle émergea et posa ses iris sur un monde qui avait cessé de bouger à toute allure. Le vent ne hurlait plus à ses tympans, les branches ne tentaient plus de se refermer autour de son corps lancé à vive allure.
La Lune était toujours là, elle ; si ronde. Elle qui avait toujours cru préférer le Soleil trouvait en elle une bien plus fidèle amie ce soir.
Lorsque les ondulations de l’eau se furent apaisées jusqu’à redevenir un miroir lisse, elle les vit.
Toutes ces étoiles, plus seulement dans les cieux, mais autour d’elle. Si nombreuses, ni délicates, si belles. Et au milieu de ce nouveau cosmos projeté sur le lac miroitait le doré de Kiro, nouvel astre sur cette galaxie du sol, dansant en de si discrets mouvements parmi les paillettes d’argent.
Elle cessa définitivement de bouger au coeur de ce tableau, ancrée dans le lac malgré sa température glaciale, et elle sourit.
Ehnala » Coriace
» Nombre de messages : 6395 » Age : 29 » PUF : Nala » Date d'inscription : 24/05/2010 » Personnages : ~
» Feuille de perso' » Points: 5200
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Mer 26 Mai 2021, 08:55
Loin de la mâchoire agressive et redoutable des terres Etelkrus, aux lumières froides du paysage sans couleur de la nuit, une autre lumière s'était allumée. Comme une luciole, elle avait voleté le long des Falaises Littorales, ignorant le sentier vertigineux, les vagues féroces, le vent qui la faisait parfois osciller. Petite comète orangée, légère, qui allait à petits bonds réguliers contre la pierre salée. Lorsqu'elle parvint en-haut de la falaise, l'éclat de la lune naissante révéla que la luciole ne volait pas. Elle était enchaînée à un être de chair, un grand loup aux teintes indéfinissables et décolorées par la nuit. Il allait d'un trot et d'un souffle régulier, sans parler. Dans ses yeux se reflétaient les étoiles qui s'allumaient une à une, comme autant d'émotions contraires qui habitaient son esprit. Un peu de toutes les teintes, de toutes les intensités. De toutes les importances.
Le temps se déroula au rythme de ses pattes qui parcouraient la distance le séparant des montagnes. Puis qu'il longeait le gouffre sans fin de la Passe ventue, baignée d'encre, béante, qui jetait des frissons dans l'échine lorsque l'on tentait d'en sonder les profondeurs. Ou peut-être était-ce le froid de cette nuit, encore loin d'être celle d'un doux été. Ou encore la vision de cette silhouette gracieuse qui se dessinait sur la lune, entre les crocs hérissés de la terre, alors qu'il approchait de sa destination.
Il s'arrêta dans l'ombre d'un lourd rocher, que la luciole faisait luire de reflets chauds, jurant avec la lumière glacée de la lune. Silencieux, il accrocha ses yeux à l'oiseau qui virevoltait dans les cieux. Il arrivait à la fin du ballet, sans doute, car soudain la silhouette cessa de danser pour plonger dans le lac non loin. Une grande gerbe d'eau, puis un instant de silence. Avant qu'elle ne vienne à nouveau crever la surface, doucement, entourée de ridules comme si l'eau l'accueillait. Etait-elle parvenu à charmer jusqu'aux éléments eux-même, à devenir dryade que les eaux, les vents ou même les flammes appelleraient, accueilleraient ? Elle avait en tout cas allumé depuis longtemps une flamme dans les grands yeux bleus qui la contemplaient sans bruit. Silencieuse, timide, et terrible, passionnée à la fois.
Il y avait bien des passions que l'on lisait immédiatement dans ces yeux-là. Il n'était pas de loup sans le savoir, et peu de loups qui n'en riaient pas gentiment, là-bas, au grand château des Etelkrus. Mais celle-ci était restée étonnement discrète. Ou peut-être était-ce simplement parce que tous ceux qui auraient pu l'apercevoir n'étaient plus là. Ou avaient bien trop de préoccupations de leur côté - et il pouvait le comprendre ; il n'en voulait à personne. C'était son secret, un secret un peu empoisonné mais délicieux. Un plat quotidien assaisonné d'un peu de désespoir, caché sous le bonheur et l'euphorie. Peut-être quelqu'un d'extérieur, ce jour-là, aurait pu deviner. Mais il n'y avait personne. Uniquement ces yeux bleus et la statue magnifique dressée au milieu du lac.
Devait-il rompre ce tableau ? Il en mourrait d'envie. Il avait si peu d'occasion de lui parler seul à seul, et il savait que les choses n'iraient pas en s'améliorant maintenant qu'elle avait bien des rangs au-dessus de lui. Il hésita. Puis la lumière autour de son cou émit quelques étincelles alors qu'il levait une patte devant lui. De ses coussinets brillant s'échappa une kyrielle de petites feuilles d'un orang vif, tranchant dans la nuit. Portées par une brise invisible qui faisait doucement flotter ses cheveux, elles s'envolèrent et s'en allèrent se déposer au pied de la louve. Elles flottèrent un instant sur la surface miroitant, avant de la trvaerser pour s'évaporer en volutes colorées.
Eredhys Admin sexy ( ͡° ͜ʖ ͡°)
» Nombre de messages : 5388 » Age : 27 » PUF : Eredhys, Segnory, Endermax » Date d'inscription : 10/12/2009 » Personnages :
﴾ Mildred ▎ Ex-Lazuli.
13 ans [DoB : 12/09/2019]4 JVRJ.
_______ Don inné : Perception accrue des émotions des autres. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●○ END| ●○○ ING| ●○○
▻ Anita ▎ Etelkru, Alpha & Prêtresse de Kiro.
11 ans 4 mois [DoB : 19/02/2020] 4 JVRJ.
_______ Familier : DragInsecte Liche. 3 PVs, 1 dé lutte. Don inné : Écholocalisation. Scintillant : Anita attire l'attention à chaque topic, les loups l'écoutent naturellement. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●● END| ●●○ ING| ●○○ Ailes de la dernière chance.
_______ Noctuidae : Papillons de nuit, violets et fantomatiques, apparaissant à sa proximité. Minéralité : Sang iridescent, griffes et certains crocs en or. _______
₪ Apparence Solitaire.
3 ans 4 mois. [DoB : 07/03/2023]
_______ Plures Vocis : Voix modulable à l'infini. Ordo ab Chaos : Une cinquième patte atrophiée sur son flanc gauche, dissimulée par des tissus. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ○○○ ING| ●●○
☈ Mylo Etelkru.
1 an. [DoB : 10/10/2023]
_______ Zap! : Éclats de lumière colorés en cas d'émotions fortes. Encre infinie : Tatouages renouvelables et modulables à l'infini. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ●●○ ING| ○○○
Maj 29/01
» Feuille de perso' » Points: 5477
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Mer 26 Mai 2021, 22:25
De longues minutes passèrent dans le silence. A simplement observer ces lumières miroiter sur la surface de l’eau, à peine troublée de ces quelques rides que venait souffler le vent. C’était presque une illusion qu’elle ne voulait pas prendre le risque de briser, n’osant pas même respirer trop fort. Jusqu’à ce qu’apparurent d’autres météores. Se joignant à la toile bleue sombre, à ses billes d’argent et au radieux cercle doré, une poignée de pétales enflammés envahirent son champ de vision. Ils tombèrent en pluie autour d’elle, légers et flamboyant, avant de se dissiper en une nuée d’étincelles.
Ses yeux pétillant suivirent la course et la mort des derniers d’entre eux avec passion, sa gueule s’entrouvrant sur le sourire qui ne s’en était pas défait.
Lorsqu’ils furent tous éteints, consumés de leur vie éphémère, elle se perdit encore quelques instants à attraper du regard les dernières paillettes qui en subsistaient avant que le tableau ne redevienne l’initial. Mais maintenant qu’il avait été brièvement peint d’une autre couleur un moment auparavant, celui-ci en devenait presque incomplet.
Un frisson plus violent que les autres l’agita, et Anita décida que c’était là le signe de rompre cette union avec le lac. La louve se leva et remonta la pente de sable submergé jusqu’à totalement se détacher des eaux, regagnant la berge. Ayant marché droit devant elle, nul autre n’était encore visible dans son champ de vision, mais elle n’avait pas besoin de voir pour savoir qui elle trouverait en sa présence, quelque part, non loin. La myriade de pétales aux couleurs de Dairo était suffisante signature. Elle s’ébroua pour chasser l’eau de son corps et de ses ailes, agitant leur longue forme ébène dans la nuit avant de les laisser se replier dans le prolongement de son échine.
Puis se retourna, fouillant les niches d’ombre qui truffaient le paysage autour d’eux. Trouva la lumière qui brillait pareille à la flamme d’une bougie, vacillante mais refusant de s’éteindre.
Anita s’approcha, à pas lents et amples, jusqu’à se trouver à son côté. Là, elle se laissa tomber au sol sans pouvoir tout à fait retenir un grognement d’inconfort - elle avait peut-être un peu trop malmené son corps, cette nuit. Elle en avait besoin, à défaut de vouloir se sacrifier l’esprit.
Une fois allongée et après avoir étiré tous ses membres, cependant, celui-ci se mua en soupir de contentement. Elle roula sur le dos de sorte à ravoir le ciel nocturne, étalé sous ses yeux améthystes. Et d’une patte qui s’étendit vers le firmament elle fit mine d’attraper une étoile bien plus proche - la luciole orange qui dansait dans le recoin de sa vision.
— Je ne sais toujours pas quel est mon pouvoir, tu sais.
De toutes les choses qu’elle aurait pu dire en trouvant Elvazio ici, ce soir où elle pensait ne croiser nulle âme, elle ne savait pas pourquoi ce fut la première chose qui lui vint. Peut-être parce que dans la nuit qui décolorait tout, seules se battaient contre son joug les couleurs de leurs Dieux emprisonnées dans leurs tubes de verre et qu’elle ne put alors penser qu’à eux. Peut-être parce que la délicate démonstration de ce pouvoir si différent lui restait en tête.
Ou peut-être aussi parce qu’une Prêtresse qui le devenait sans même avoir une seule fois fait usage de son don divin, ça avait quelque chose de cocasse.
Ehnala » Coriace
» Nombre de messages : 6395 » Age : 29 » PUF : Nala » Date d'inscription : 24/05/2010 » Personnages : ~
» Feuille de perso' » Points: 5200
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Mar 01 Juin 2021, 08:06
Durant un instant, lorsque les lumières furent mouchées une à une, tout demeura immobile. Même la brise avait cessé de souffler, figeant l'instant dans une sorte d'hésitation. Un calme sans égal, de ceux un peu vertigineux qui précédaient les immenses chutes. Où le temps paraît se suspendre, en haleine, et où le monde entier tourne son regard vers le même événement. Les yeux bleus étaient toujours accrochés à la silhouette au centre du lac, mais ils se teignirent soudain d'une lueur un peu inquiète. Allait-elle le reconnaître ? Oui, sans doute, puisqu'il lui avait déjà fait montre de ce pouvoir, et qu'il l'utilisait régulièrement désormais. Allait-elle l'ignorer ? Le doute naquit dans son esprit, en même temps qu'une voix lui murmurait qu'il avait été un peu téméraire. Qu'il dérangeait sans doute - comme d'habitude. Un frisson courut le long de son échine, la nuit se fit brièvement froide et inhospitalière. Puis la statue s'anima.
Dessinant des arabesques qui se croisaient à la surface de l'eau, elle sortit de l'onde, et la lune la para d'un millier de perles d'argent qui coulaient le long de sa robe, qui explosèrent tout autour lorsqu'elle la secoua. Il y eut un battement de coeur durant lequel il fut persuadé qu'elle s'en irait. Qu'il garderait de ce soir-là un souvenir précieux et magnifique, mais dans lequel il n'avait pas sa place. Lorsqu'elle se mit en marche, ses pas obliquèrent légèrement pour prendre cependant une toute autre direction. Et s'approcher tranquillement de lui. Bien-sûr, elle avait dû sentir son odeur, voir la lumière orangée de son glowstick qui faisait luire les arêtes de pierre alentour. Peut-être même entendre ses pas, parce qu'il n'était sans doute pas un traqueur assez émérite pour les lui cacher. Mais une partie de lui s'était mis dans la tête qu'elle n'irait plus dans sa direction désormais, pas sans y être obligée tout du moins. C'était un agréable surprise, pétillante, intrigante. Les oreilles du loup se redressèrent légèrement, et le froid de la nuit n'eut plus d'emprise sur lui.
A chaque pas, il la découvrait plus épuisée. De nouveau, ses prunelles claires s'allumèrent un peu de crainte. S'était-elle blessée ? Cet épuisement était-il le prix à payer pour ses gracieuses cabrioles ? Sa silhouette paraissait se mouvoir avec moins d'aise que d'ordinaire, ses muscles qui saillaient sous sa peau être plus crispés, ses gestes moins fluides. Lorsqu'elle se laissa tomber à côté de lui, le grognement s'échappa de ses babines était révélateur. Il laissa filer un bref instant, et se coucha lui aussi, prenant garde à ne pas faire le moindre geste qui aurait pu la mettre mal à l'aise. Il voyait les choses d'un oeil un peu différent maintenant qu'il avait mis des mots sur ce qu'il éprouvait à son égard et sur la peine que les récents événements lui avaient causés. Mais il n'avait pas envie de repenser à cette peine, tout de suite. Même s'il savait que ce court moment de bonheur avait pour prix le chagrin, il ne pouvait s'empêcher de toujours vouloir y regoûter, de toujours en avoir envie. Lorsqu'elle étira sa longue silhouette aux lumières mêlées de la lune et de leurs glowsticks, il aurait aimé pouvoir figer tel Ely le moment en une fresque, tant l'image était belle. Mais il ne le pouvait pas, alors la fresque se fit dans sa mémoire.
Sa voix résonna dans le silence qui s’était installé comme une mélodie aux notes douces. Le regard d’Elvazio, qui avait suivi celui de la louve, se posa à nouveau sur son museau allongé. Ces mots étaient inattendus et à la fois, il n’avait rien attendu du tout. Il les prit comme ils venaient, comme peut-être une confidence. Cette pensée le toucha, plus qu’il ne l’aurait fallu, plus qu’il n’était raisonnable sans doute.
Ainsi, elle n’avait pas encore découvert le pouvoir que l’Anaconda lui avait accordé. Lui avait compris le sien un peu par accident, comme sans doute énormément de loups dont le don réalisait les désirs. Mais qu’avait donc trouvé le dieu à rendre meilleur chez elle ? La pensée s’imposa à son esprit. Les dieux les rendaient plus puissants, plus intelligents, leur donnait une autre perception du monde ou leur permettait d’avancer dans la vie. Mais en avait-elle réellement besoin ? Etait-ce possible que Kiro n’aie rien trouvé à améliorer chez cette louve-là ? C’était une idée un peu loufoque, complètement improbable. Mais il y avait chez Anita un si bel équilibre de force et de grâce qu’il eût presque été blasphème d’en changer quoi que ce soit. Du moins était-ce le cas dans l’esprit du mâle chocolat. Mais peut-être ses sentiments et cette drôle de période de l’année influençaient-elles un peu le regard qu’il posait sur Anita.
Il posa la tête sur ses pattes, son museau contre l’épaule de la louve dans un geste maîtrisé, qu’il considéra comme affectueux mais sans trop d’ambiguïté - et surtout dont il était facile de se dégager s’il devenait indésirable. Son regard suivit la courbe de ses longues pattes tendues vers le ciel.
"Peut-être qu’il se réveillera lorsque tu en auras besoin." Souffla-t-il. Pour le moment tu n’as besoin de rien de plus. Tu es si parfaite telle que tu es.
Il interdit à ses pensées d’aller plus loin et les chassa, comme d’un coup de griffes intérieur. Son oreille tressaillit et ses yeux quittèrent un instant la silhouette de la louve pour se perdre dans le ciel, comme pour s’ancrer à nouveau dans cette réalité dans laquelle il ne devait pas trop caresser d’espoir. En redescendant vers elle, son regard accrocha la silhouette repliée de ses ailes.
"Est-ce que tu combattais tes démons, là-haut ?" La peur. Le chagrin. L’avenir qui arrivait au grand galop.
Eredhys Admin sexy ( ͡° ͜ʖ ͡°)
» Nombre de messages : 5388 » Age : 27 » PUF : Eredhys, Segnory, Endermax » Date d'inscription : 10/12/2009 » Personnages :
﴾ Mildred ▎ Ex-Lazuli.
13 ans [DoB : 12/09/2019]4 JVRJ.
_______ Don inné : Perception accrue des émotions des autres. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●○ END| ●○○ ING| ●○○
▻ Anita ▎ Etelkru, Alpha & Prêtresse de Kiro.
11 ans 4 mois [DoB : 19/02/2020] 4 JVRJ.
_______ Familier : DragInsecte Liche. 3 PVs, 1 dé lutte. Don inné : Écholocalisation. Scintillant : Anita attire l'attention à chaque topic, les loups l'écoutent naturellement. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●● END| ●●○ ING| ●○○ Ailes de la dernière chance.
_______ Noctuidae : Papillons de nuit, violets et fantomatiques, apparaissant à sa proximité. Minéralité : Sang iridescent, griffes et certains crocs en or. _______
₪ Apparence Solitaire.
3 ans 4 mois. [DoB : 07/03/2023]
_______ Plures Vocis : Voix modulable à l'infini. Ordo ab Chaos : Une cinquième patte atrophiée sur son flanc gauche, dissimulée par des tissus. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ○○○ ING| ●●○
☈ Mylo Etelkru.
1 an. [DoB : 10/10/2023]
_______ Zap! : Éclats de lumière colorés en cas d'émotions fortes. Encre infinie : Tatouages renouvelables et modulables à l'infini. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ●●○ ING| ○○○
Maj 29/01
» Feuille de perso' » Points: 5477
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Lun 07 Juin 2021, 09:32
A son tour elle le sentit se coucher, juste à côté, la rejoignant dans cette contemplation pleine et entière de la nuit dans toute sa beauté. Anita se dit qu’il devait apprécier l’observer, elle et d’autres jolis paysages offerts à leurs yeux jour après jour, en disciple de Dairo qu’il était. Elle ne frémit pas à son contact, ne tenta nullement de s’en dégager.
Elle était de ceux pour qui le toucher venait naturellement en extension de la communication verbale et non verbale, pour qui l’affection se répandait facilement en contacts plus ou moins fugaces, censés raccrocher les corps les uns aux autres en mille fils invisibles. Comme pour se rappeler que l’on n’était jamais tout à fait seul en ce monde. A ses mots, elle glissa un regard dans sa direction avant de le rediriger sur les cieux après quelques secondes. Un souffle qui avait tout d’un rire avorté s’échappa d’entre ses crocs.
— Oui, un autre ami m’a dit quelque chose comme ça, un jour.
Alors vous devez avoir raison. Une lueur un peu triste et aussi distante que les étoiles passa dans son regard à la mention de cet ami. De quoi pouvait-elle avoir besoin de plus que le retour de ceux qu’elle aimait ? Que la possibilité d’avoir pour toujours un moyen de rester proche d’eux, où qu’ils soient ?
Un jour viendrait, bien trop proche, où ses mères s’en iraient pour un voyage qui les emmènerait bien plus loin que la plage et l’océan qui l’entourait. Un endroit où elle ne pourrait plus aller les voir au crépuscule ni à l’aube. Peut-être que de la même manière qu’elle avait revu Piclou, elle aurait le privilège d’en attraper des fragments par-delà les frontières de leur réalité. Mais elle doutait que tel soit le pouvoir de Kiro. Elle attendrait, alors. De voir à quel autre moment de sa vie surgirait un besoin apte à réveiller la faculté de l’Anaconda, dormante dans ce tube de verre et dans la plume de colibri qui s’y lovait.
Ses oreilles se redressèrent quand Elvazio posa une toute autre question. Ses démons ? Elle laissa quelques secondes se perdre dans le silence, un sourire équivoque aux lèvres. Comment expliquer ce tumulte de sentiments déchaînés et dévorants qui avait fait battre ses ailes pour l’empêcher de dévorer son coeur et son esprit, quand elle-même ne savait poser des mots dessus ?
— D’une certaine manière, je suppose.
Il y avait dans les yeux bleus d’Elvazio un éclat qui lui faisait penser que lui était bien plus familier du concept. Si elle n’avait jamais fait qu’effleurer la surface de ce qui pouvait rôder dans les profondeurs de son esprit, elle avait pu deviner par le passé que le mâle ne semblait jamais tout à fait l’aise. Elle ressentait ce mal être qui hantait de trop nombreux Etelkrus, celui de ne jamais suffisamment bien faire, de n’être pas tout à fait issu du bon moule. Récemment, la mort de son père avait du être terrible à encaisser. Et peut-être bien d’autres choses encore, qui sait, pour venir alourdir ces prunelles claires.
Elle, a défaut de les combattre, faisait au moins en sorte de ne pas les laisser l’attraper.
— C’est ici qu’on passait une bonne partie de nos nuits, avec ma soeur, à une époque. J’imagine que je voulais ressentir la même chose.
L’exhaustion jusqu’à la perdition. Cette adrénaline en perfusion qui venait effacer tout le reste.
La souffrance des corps pour apaiser celle d’un esprit bien plus léger dans ces années dorées.
Ehnala » Coriace
» Nombre de messages : 6395 » Age : 29 » PUF : Nala » Date d'inscription : 24/05/2010 » Personnages : ~
» Feuille de perso' » Points: 5200
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Lun 21 Juin 2021, 07:28
Elle ne refusa pas sa présence près de lui, ni le contact de leurs pelages. L'instant devint plus précieux encore, suspendu dans le temps, ineffable souvenir d'un espoir empoisonné. Elle eut un spasme et un petit souffle, comme un rire. Ses paroles ne le surprirent pas beaucoup, parce qu'il savait ne pas être très original. Mais comme il n'y avait pas de mépris dans la voix d'Anita, ça lui était égal. Il inspira lentement en silence, laissant la louve se perdre dans ses songes, sans oser interrompre les pensées qui dansaient derrière ses prunelles. Lui ne la quitta pas des yeux, patient, regardant sans s'en lasser les traits fins de son visage tourné vers le ciel. A se demander comment il était même possible que quelqu'un de vivant, que quelqu'un de si proche, fut d'une telle perfection. A se demander comment tous les loups autour d'eux ne voyaient pas cette perfection, ne se jetaient pas à ses pieds pour lui être dévoué. Il avait encore habitant son esprit la candeur des premiers amours et d'un coeur qui n'a jamais été déçu par ceux-là, cachée derrière le voile du désespoir. De temps en temps encore, en des moments comme celui-ci, il se levait pour laisser la lumière et l'émerveillement l'habiter.
Elle parla à nouveau, parla de sa soeur. Il n'était pas sans savoir que la fratrie d'Anita était étrangement éclatée depuis quelques temps. Alexandrine n'était plus très présente au Castel, partie loin dans le Nord. Et Narcisse lui aussi s'en était allé avec le fils de Pepper sans affirmer qu'ils reviendraient jamais. Même s'il ne participait pas beaucoup à toutes les activités qui mettaient les loups sur le devant de la scène, il était difficile de ne pas prendre conscience des liens qui se tissaient dans le clan. Même s'ils n'étaient pas de son sang, la mort de Pepper et le départ de Désastre avaient peut-être eu un impact aussi sur Anita. Il ne l'avait jamais vue abattue, triste à en pleurer. Elle était toujours forte, si forte, souriante, rayon de soleil et flamme brûlante qui ravivait les coeurs et les motivations. C'était sans doute l'une des raisons pour lesquelles elle était Alpha, pour lesquelles elle avait été choisie comme Prêtresse. Pour lesquelles elle faisait naître dans son coeur cette si grande chaleur lorsqu'ils se croisaient.
Mais avait-elle seulement ces instants cachés, ces instants maudits où tous les oracles se faisaient délétères ? A lui pour qui ils constituaient pratiquement toute son existence, ça paraissait inévitable. Peut-être était-ce un de ces moments-là qu'elle vivait. Mais au lieu de sangloter, prostrée dans son coin, elle volait.
"Elle te manque ?" Lança-t-il doucement.
La disparition de Solelio avait été une période sombre de son existence, même s'il avait fini par trouver la lumière de Dairo au creux des vagues qui l'avaient assailli. Elle portait pour toujours la blessure de n'avoir rien pu faire, d'avoir été très seul face à lui-même, d'avoir été celle du deuil de son dernier parent. Mais Solelio était rentrée. Anita était rentrée. Et il avait même découvert que son aîné Dough pouvait être un soutien inattendu malgré le fossé qu'il avait toujours cru présent entre eux. Rien ne ferait jamais revenir le temps où Atheltan était là, ni celui où Anita et lui n'avaient pas une hiérarchie entière pour les séparer. Mais les choses allaient indéniablement mieux. Elles finissaient toujours par aller mieux, non ?
"Solelio m'a beaucoup manquée lorsqu'elle n'était plus là." Ajouta-t-il, comme pour justifier sa phrase précédente, ou bien pour exprimer le fait qu'il pût peut-être comprendre un peu la douleur de la distance.
Il y eut un instant bref de silence, le temps d'une inspiration, d'une hésitation, d'une décision.
"Toi aussi."
Il n'avait pu empêcher sa voix de se serrer un petit peu, de trac, d'émotion, il ne savait pas exactement.
Eredhys Admin sexy ( ͡° ͜ʖ ͡°)
» Nombre de messages : 5388 » Age : 27 » PUF : Eredhys, Segnory, Endermax » Date d'inscription : 10/12/2009 » Personnages :
﴾ Mildred ▎ Ex-Lazuli.
13 ans [DoB : 12/09/2019]4 JVRJ.
_______ Don inné : Perception accrue des émotions des autres. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●○ END| ●○○ ING| ●○○
▻ Anita ▎ Etelkru, Alpha & Prêtresse de Kiro.
11 ans 4 mois [DoB : 19/02/2020] 4 JVRJ.
_______ Familier : DragInsecte Liche. 3 PVs, 1 dé lutte. Don inné : Écholocalisation. Scintillant : Anita attire l'attention à chaque topic, les loups l'écoutent naturellement. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●● END| ●●○ ING| ●○○ Ailes de la dernière chance.
_______ Noctuidae : Papillons de nuit, violets et fantomatiques, apparaissant à sa proximité. Minéralité : Sang iridescent, griffes et certains crocs en or. _______
₪ Apparence Solitaire.
3 ans 4 mois. [DoB : 07/03/2023]
_______ Plures Vocis : Voix modulable à l'infini. Ordo ab Chaos : Une cinquième patte atrophiée sur son flanc gauche, dissimulée par des tissus. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ○○○ ING| ●●○
☈ Mylo Etelkru.
1 an. [DoB : 10/10/2023]
_______ Zap! : Éclats de lumière colorés en cas d'émotions fortes. Encre infinie : Tatouages renouvelables et modulables à l'infini. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ●●○ ING| ○○○
Maj 29/01
» Feuille de perso' » Points: 5477
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Mar 22 Juin 2021, 22:42
Le loup au pelage fait de feu et de bois était une présence indéniablement agréable à son flanc dans un moment où elle n’aurait pas cru être en mesure de pouvoir profiter d’avoir quelqu’un à ses côtés. A moins qu’il ne s’agisse d’Alexandrine, peut-être ; qui comme une ombre détachée des nuages noirs dans le ciel aurait pu se matérialiser dans la forêt pour chasser le vent avec elle. Mais finalement, c’était lui qui était là, et qui l’écoutait tout simplement en relançant la conversation de quelques mots dans un rythme adéquat avec le calme qui les baignait, allant toujours dans son sens. Elle ne s’en était jamais fait la remarque, mais cela n’était pas si fréquent. Anita était souvent celle qui s’enquerrait des pensées et des soucis des autres quand ceux-ci étaient peints sur leurs visages ou que sans détour on venait simplement les lui confier. Alors elle faisait de son mieux pour compatir et conseiller, tentant d’aborder même les plus complexes des situations en cherchant à synchroniser sa propre personne avec l’autre, s’appliquant de son mieux même quand elle était perdue.
Et elle se plaisait dans ce rôle, à soutenir d’un sourire, d’une épaule ou d’une parole quand elle le pouvait, quand on l’avait laissée s’immiscer dans des problèmes qui n’étaient siens.
Mais avec tout cela, elle même se retrouvait souvent à se confronter à ses propres interrogations -et démons, comme le disciple de Dairo les appelait- dans une forme de solitude pas tout à fait volontaire, mais qui s’était bâtie malgré tout. Ses émotions n’étaient pourtant pas une chose qu’elle considérait honteuse et qu’elle cherchait à camoufler aux yeux des autres, mais… Tant qu’elle s’en sentait capable, et peut-être pour ne pas alourdir le fardeau de tous ceux qui avaient déjà tant de leurs soucis à traîner, elle encaissait et cherchait avant tout à s’en débrouiller seule. Mais ce soir, les deux oreilles d’Elvazio étaient toutes deux dressées pour elle. Alors qu’elle sentait pourtant que lui aussi, aurait eu bien des choses à dire. Il la relança d’une question, dont la réponse était à la fois si évidente et complexe qu’elle ne lui vint pas immédiatement. Lui laissant le temps de dérouler le fil et d’ajouter quelques mots sur l’expérience qu’il avait vécu, avec sa propre soeur de portée.
Puis sur elle.
La dernière mention la surprit un peu, mais ne déclencha aucune gêne - seulement un autre sourire sincère et touché, quelque part, qu’elle ait pu lui manquer autant qu’il l’affirmait. Si elle considérait le mâle chocolat comme un ami, elle ne s’imaginait pas si… Marquante à ses yeux. Les sentiers sinueux du destin ne les avait pas souvent amenés à partager beaucoup de moments ensemble - les éloignant même lors de certains évènements marquant où la présence d’amis se faisait importante, comme lors de la mort d’Athelstan ; où elle était encore aux prises avec les glaces du Nord quand le deuil avait frappé le Sud. Au moins ces quelques moments seuls à seuls étaient-ils tous de bons souvenirs. Enfin, presque tous.
Elle en voulut un peu au fil de ses pensées d’avoir fait une épingle jusqu’à ce sujet à cet instant, mais la mention de Solelio avait ravivé ce passage et son besoin de réaborder un jour cette tâche noire qui la laissait un peu amère. Si le présent moment n’était pas le plus propice, leurs dernières retrouvailles l’avaient encore moins été - et sa propension naturelle à la franchise la poussait à ne pas repousser encore cette discussion, comme un petit coup de pied de la providence.
Mais avant cela, restait à se raccrocher au point de départ.
— Elle me manque, oui, mais j’imagine que cela devait être pire, pour Sol’... Ne pas savoir si elle allait bien, si elle était même encore en vie. Axie est loin, mais je sais au moins où elle est, ce qu’elle fait. C’est étrange, comme sensation, ce manque alors que je peux aller la retrouver et passer du temps avec elle quand je veux.
Si Anita n’avait pas été Anita, elle aurait presque pu se sentir coupable de ressentir telle émotion face à Elvazio et le manque autrement plus terrible qu’il devait ressentir au travers de sa famille trouée et de ses amis qui s’en étaient allés. A son tour elle laissa passer un temps, remua un peu le corps comme les oreilles sans pour autant se détacher du loup.
— D’ailleurs... Pour Solelio. Je sais que tu voulais vraiment aider. Et je sais que tu en étais capable. On est capable de tout, pour sauver quelqu’un qu’on aime. Mais je voulais pas… Te mettre en danger aussi, j’imagine ? Je savais quel rôle allait tenir les autres, le plan s’était organisé autour de leurs fonctions. Je ne me sentais pas capable de tout réadapter sur le moment, si peu de temps avant le départ, de mettre en péril un autre membre...
La louve se suspendit dans ses paroles qui auraient pu se décliner un certain temps encore, mais elle réalisa que c’était inutile et elle inclina la tête avec un sourire un peu peiné et gêné, consciente de ses explications quelque peu décousues bien que sincères. Elle n’essayait pas de se justifier ou d’embellir les choses - déjà car Elvazio n’était pas un enfant qu’il fallait ménager, ensuite parce que ce n’était pas sa philosophie d’essayer de maquiller ses fautes.
— En tout cas, je sais que ça t’as fait du mal, et j’en suis désolée.
De ses yeux violet elle chercha les prunelles bleues, et posa une de ses pattes sur la sienne.
Ehnala » Coriace
» Nombre de messages : 6395 » Age : 29 » PUF : Nala » Date d'inscription : 24/05/2010 » Personnages : ~
» Feuille de perso' » Points: 5200
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Dim 25 Juil 2021, 13:07
Comme il la regardait, redessinant chaque second un portrait plus juste de ses traits délicats pour ne jamais les oublier, il ne manqua pas le sourire léger qu'elle eut à ses mots. Son corps à lui, qui s'était imperceptiblement tendu, se décrispa en voyant qu'elle ne réagirait pas d'une mauvaise manière. Qu'elle ne verrait pas dans ses mots quelque-chose dont elle ne voulait pas. Finalement, la situation se dessina exactement de la même manière que le jour où il avait créé pour elle cette fleur de flammes. Elle n'entendit pas l'écho derrière les mots, ou tout du moins fit comme si c'était le cas. Et le mélange de joie et de malheur qui habitait le coeur du mâle fut enrichi d'un peu de chacun de ses ingrédients. Il ne broncha pas, se contenta d'apprécier ce sourire qui lui était destiné, rien qu'à lui, en cet instant hors du temps. Une dose de bonheur comme un médicament dont le manque serait plus douloureux encore, une fois que tout serait terminé.
Les mots qui suivirent furent justes, et touchants. Comme si la louve sable découvrait que parfois, les entraves qui les empêchaient de rejoindre ceux qu'ils aimaient n'étaient pas physiques, mais bien ancrés dans leurs esprits. Oui, elle pouvait d'un battement d'aile quitter le Castel et se rendre dans le Nord pour retrouver la compagnie de sa soeur. Pourtant, un millier de chaînes invisibles la retenaient clouée au sol, là où se trouvaient d'autres loups, d'autres responsabilités. Peut-être avait-elle elle aussi connu de la part d'Alexandrine cette volonté simple et dure qu'elle ne vienne pas. Il ne connaissait pas les détails qui avaient entouré le départ de la louve dragonne. Il n'étaient pas du même monde.
Elle laissa passer un instant dont il ne rompit pas le silence. Le sol bruissait légèrement lorsqu'elle bougea un peu, peut-être pour trouver une place plus confortable pour son corps meurtri. Elle ne se dégagea pas de son contact, ne sembla pas chercher à l'éviter. Durant un bref instant, il fut pris de l'envie de l'étreindre de serrer contre lui cette silhouette pour qui il éprouvait tant de choses entremêlée, de se blottir dans son cou, d'humeur son odeur à n'en plus respirer. Ca le prit aux tripes, au fond de lui, et il dut une fois de plus chasser avec violence ces idées qui n'avaient pas leur place à ce moment-là. Peut-être n'aurait-il jamais dû laisser à son coeur et à son esprit le loisir de réfléchir à ce qu'il éprouvait pour elle. Il avait le sentiment d'avoir entrouvert une porte, entraperçu des possibilités et des scénarii impossibles qui désormais le hantaient. Il souffla doucement du nez, silencieusement, pour ralentir les battements de son coeur qui avait eu comme un sursaut.
Lorsqu'elle parla à nouveau, il s'accrocha à ses paroles pour complètement oublier le reste. Et les mots qu'elle prononça eurent l'avantage d'attirer complètement son esprit sur d'autres chemins que ceux qui venaient le parasiter parfois. Sans doute à la fois du fait de l'admiration qu'il lui portait et de la certitude qu'il avait quant à sa propre inutilité, il n'avait jamais attendu de sa part des explications sur ce qui s'était passé le jour où elle avait refusé sa venue à l'expédition qui chercherait Solelio. Il n'avait pas conscience, sans doute, de l'impact que ces quelques mots avaient eu sur sa vision de lui-même et sur ce qu'il était devenu depuis. Mais même si ç'avait été le cas, il n'aurait sans doute jamais songé à lui en vouloir. Il s'en voulait à lui-même, énormément, et la blessure béante dans son coeur ne guérirait jamais. L'ombre sur son épaule qui lui chuchotait à tout instant des mots grinçants ne disparaitrait plus jamais. Mais ce n'était pas de sa faute. Elle ne pouvait pas être coupable de dire la vérité.
On est capable de tout, pour sauver quelqu’un qu’on aime. Ces paroles ricochèrent sans le toucher, parce qu'il savait que c'était une croyance commune et pourtant il était persuadé que c'était faux. Ca ne valait pas pour lui. Parce que dans les récits qui parlaient de ces loups capables de faire n'importe quoi, des véritables héros, aucun n'aurait courbé l'échine si facilement. Un vrai héros capable de sauver sa famille aurait montré les crocs, se serait opposé au refus. Lui avait obtempéré, avait scellé sa propre déchéance. Dans les sombres moments où s'était rejoué la scène en boucle, où elle l'avait hanté dans ses jours et dans ses nuits, s'était dessinée la certitude que s'il avait insisté, peut-être que le dénouement aurait été autre. Mais la voix au fond de lui lui répondait alors qu'il se serait ridiculisé plus encore, car non, le dénouement n'aurait pas été autre. On n'emmenait pas les faibles dans le Nord. On n'emmenait pas les incapables pour sauver quelqu'un.
Elle se tourna légèrement vers lui, et croisa son regard qui ne l'avait pas quittée. Il n'avait pas de doute quant à la sincérité de ses excuses. Il ne pouvait nier le fait que cela lui avait fait du mal. Mais il ne jugeait pas qu'elle lui avait fait du mal. Ses yeux s'allumèrent d'une tristesse mélancolique lorsqu'elle ponctua ce regard d'un contact de la patte. Peut-être pour le réconforter, peut-être parce que les mots n'exprimaient pas exactement ce qu'elle voulait dire.
"Tu n'as pas besoin de l'être." Souffla-t-il d'une voix triste. "Vous avez réussi... C'était sans doute le bon choix à faire."
La sincérité de ses mots, les émotions qui dansaient dans son regard, laissèrent sans doute deviner durant un instant combien moindre il se jugeait. Il pensait vraiment que c'avait été une bonne décision de l'écarter, qu'il n'aurait été qu'un poids, qu'une coquille dans leur organisation, qu'un imprévu dangereux qui les aurait mis en danger et peut-être compromis toute leur expédition. Cela ne dura pas. Il détourna les yeux et laissa échapper un soupir silencieux. Soudain le bel instant s'était entaché de peine, soudain il sentait poindre au creux de ses prunelles des larmes menaçant de les emplir. Il s'en voulut à nouveau, car s'il avait été un loup meilleur, cette discussion n'aurait jamais eu lieu, et n'aurait pas gâché ce moment qu'ils pouvaient partager.
Ses yeux s'accrochèrent au ciel, et il ajouta d'une voix un peu serrée :
"Comment ça s'est passé, là-bas ?" Raconte-moi cette histoire dans laquelle je n'étais pas destiné à figurer.
Eredhys Admin sexy ( ͡° ͜ʖ ͡°)
» Nombre de messages : 5388 » Age : 27 » PUF : Eredhys, Segnory, Endermax » Date d'inscription : 10/12/2009 » Personnages :
﴾ Mildred ▎ Ex-Lazuli.
13 ans [DoB : 12/09/2019]4 JVRJ.
_______ Don inné : Perception accrue des émotions des autres. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●○ END| ●○○ ING| ●○○
▻ Anita ▎ Etelkru, Alpha & Prêtresse de Kiro.
11 ans 4 mois [DoB : 19/02/2020] 4 JVRJ.
_______ Familier : DragInsecte Liche. 3 PVs, 1 dé lutte. Don inné : Écholocalisation. Scintillant : Anita attire l'attention à chaque topic, les loups l'écoutent naturellement. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●● END| ●●○ ING| ●○○ Ailes de la dernière chance.
_______ Noctuidae : Papillons de nuit, violets et fantomatiques, apparaissant à sa proximité. Minéralité : Sang iridescent, griffes et certains crocs en or. _______
₪ Apparence Solitaire.
3 ans 4 mois. [DoB : 07/03/2023]
_______ Plures Vocis : Voix modulable à l'infini. Ordo ab Chaos : Une cinquième patte atrophiée sur son flanc gauche, dissimulée par des tissus. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ○○○ ING| ●●○
☈ Mylo Etelkru.
1 an. [DoB : 10/10/2023]
_______ Zap! : Éclats de lumière colorés en cas d'émotions fortes. Encre infinie : Tatouages renouvelables et modulables à l'infini. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ●●○ ING| ○○○
Maj 29/01
» Feuille de perso' » Points: 5477
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Sam 21 Aoû 2021, 02:12
Ils étaient si expressifs, ces grands yeux, pourtant ce n’était pas si simple d’y lire. Parce que même si les émotions qui y brillaient étaient reconnaissables, Anita n’avait pas la prétention de savoir en trouver la cause précise. Au-delà de se savoir un peu maladroite quand il s’agissait d’interpréter certaines choses ou d’aborder des angles inhabituels aux pensées complexes qui pouvaient s’agiter dans un esprit, elle avait en général besoin d’éléments concrets pour espérer progresser dans sa compréhension des autres. Mais avec Elvazio… Elle n’avait que des suppositions, des pistes, des intuitions auxquelles se fier ou non. Ils… Ne se connaissaient pas assez. La constatation de ce fait lui serra un peu la poitrine. Il était pourtant son ami. Il lui était cher, vraiment. Mais il ne s’était jamais vraiment épanché sur ses pensées profondes, leurs discussions s’étaient en général contentées de gratter la surface. Peut-être parce qu’elle ne lui avait pas demandé. Une certaine chaleur monta à sa tête devant cette réalisation un peu abrupte. En général, elle se contentait de tendre des pattes vers les autres sans les forcer à lui parler. Parfois les confidences venaient naturellement, parfois elles n’arrivaient jamais.
Et cette patte, l’avait-elle seulement tendue pour de vrai ? Prononcé les mots, au lieu d’espérer qu’il comprendrait tout seul et qu’il ferait le choix de la saisir ou non ? Elle ne savait plus.
Les mots qu’il prononça en réponse à ses excuses s’inscrivirent un peu davantage dans cette réalisation. C’était comme si… C’était normal de se faire blesser, pour lui. Un fait commun qu’elle n’aurait même pas eu besoin de relever tant il s’y était résigné. Et là encore, l’hybride avait la sensation d’être face à un mur d’ombres et de ne pas savoir retrouver le chemin vers une source lumineuse. Etait-ce à cause d’elle ? Ou bien était-ce encore et toujours ce mal être de ces trop nombreux enfants Etelkrus pas toujours désirés et de ceux qui ne parvenaient pas à se calquer à l’image dite idéale qui avait continué de prospérer, de gonfler et de nécroser ? Ou autre chose, encore ?
La louve contracta légèrement les doigts. Elle entendit son soupir non loin de son oreille, frémit au contact du souffle chaud, ouvrit la gueule pour dire quelque chose – elle ne savait pas encore quoi, mais elle trouverait. Mais le mâle chocolat la prit de vitesse, s’emparant du fil de la conversation à nouveau. Cela fit naître l’espace d’un instant un demi-sourire sur ses babines. La Prêtresse inspira lentement, imitant Elvazio en laissant son regard dériver vers les étoiles.
Toujours présentes, immuables, rassurantes.
— C’était… Effrayant.
Pourquoi dirait-elle le contraire ? S’infiltrer dans des terres inconnues et hostiles sur une piste vieille de plusieurs mois en étant partiellement responsable de plusieurs autres vies, sachant que des créatures puissantes capables de les réduire en pièces rodaient tout autour et que le moindre faux-pas aurait des conséquences… L’expérience n’avait rien eu de comparable avec les simples bravades d’adolescent. Bien-sûr, il y avait eu une forme d’exaltation dans cette confrontation au danger. Mais quand elle avait vu sa sœur se faire attraper par ce monstre, ses proches se couvrir de sang sous son attaque, ses crocs se refermer sur le corps agile de Quetzalcoatl juste après avoir menacé d’engloutir Solelio…
Elle avait eu peur.
Maintenant que tout cela était passé, elle essayait simplement de ne plus tant y penser et de laisser les mauvais souvenirs s’effacer loin d’ici, piégés sous la neige, pour en garder le meilleur. Comme elle avait toujours essayé de le faire.
— Quand on a fini par retrouver sa piste, on a croisé les restes d’un cadavre. Un loup-oiseau aux plumes colorées qui contrastaient tellement sur la glace. C’était le frère d’une Nakhu, elle ne savait pas non plus qu’il était parti là-bas, on le soupçonnait d’avoir accompagné Sol’ mais... Lui non plus n'avait rien dit à personne sur cette destination.
Elle était inquiète, elle s’attendait à le revoir, comme toi tu attendais le retour de Solelio. Et elle n'avait pas eu cette chance. Le frère d'Eva n'était lui jamais revenu.
— A ce moment, je… J’ai douté, une partie de moi était persuadée que si on continuait de suivre cette piste, on trouverait le corps de Solelio un peu plus loin. Mais l’autre partie de moi avait soudain plus d’espoir au contraire et se disait qu’elle devait être en vie, que sinon ils seraient morts au même endroit.
La louve haussa les épaules. Tant de choses abondaient en même temps dans un esprit lors d’une telle situation, inondant les sens et la raison en un ballet rapide de pensées contradictoires et urgentes qu’il fallait parvenir à trier, traiter et appliquer en un temps record. Elle décrivait en rétrospective cet instant en le scindant en deux axes, mais tout avait été bien plus intriqué que ça dans ce mélange complexe de détermination et de désespoir.
— On a continué à avancer, bien-sûr, au moins on savait qu’on était sur la bonne voie. Puis le monstre qui l’avait enlevée nous a attaqué, et il a pris ma sœur. On a continué à le traquer dans un dédale de tunnels glacés, longtemps. C’était une bonne chose qu’il nous tombe dessus finalement, sinon je ne sais pas comment on aurait trouvé notre chemin dans ce labyrinthe sans une piste fraîche pour nous mener à son antre.
La louve fit une pause, s’humecta les lèvres, sèches d’avoir tant parlé.
— Et là, on l’a vue. Elle était bien vivante, j’étais si heureuse – ma sœur aussi avait l’air d’aller bien, il l’avait amenée au même endroit. On a encore dû agir vite pour lui échapper, un peu brusquement aussi, mais… C’était fait. On l’avait retrouvée et elle était avec nous.
Son sourire trouva l’énergie de s’agrandir en se remémorant l’accomplissement ressenti une fois que la réalisation de leur succès avait pu prendre le dessus sur elle, passées l’urgence, la peur et la précipitation. Elle ne décrivit pas leur retour au camp, banale conclusion à une si éprouvante mission. Ni le crochet qui fut effectué pour annoncer à la Nakhu la mort de son frère, alors même qu’elle venait de mettre bas.
La suite, Elvazio la connaissait – bien plus qu’elle, même. Son retour, la découverte de la mort d’Athelstan, le début de la réhabilitation encore timide. Anita espérait qu’elle s’en sortait bien, et qu’elle irait mieux. Elle ramena le museau vers le loup roux.
— Vous deviez être si heureux de vous retrouver.
Comment ça faisait de retrouver quelqu’un qui était parti depuis si longtemps, disparu du jour au lendemain ?
Ses oreilles s’affaissèrent de quelques centimètres. Mais elle s’efforça de maintenir une expression joyeuse et encourageante. Elle voulait entendre sa partie de l’histoire, aussi. Conter le présent qui succéderait à un passé amputé.
Ehnala » Coriace
» Nombre de messages : 6395 » Age : 29 » PUF : Nala » Date d'inscription : 24/05/2010 » Personnages : ~
» Feuille de perso' » Points: 5200
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Jeu 02 Sep 2021, 14:18
Ele eut l'ombre d'un sourire et détourna le regard, comme pour aller revivre ces souvenirs avant de les lui raconter. Il s'accrocha à ce récit à venir, se prépara à s'y plonger. Il aimait les histoires, et même si celle-ci avait un goût un peu amer, elle avait la même qualité que bien de ses consoeurs : elle l'arrachait la réalité pour l'emmener dans de lointaines aventures. Il n'y serait même pas seul ce soir-là, puisque ce serait la voix d'Anita qui l'y emmènerait. La perspective était douce, l'excuse sans doute un peu lâche pour s'échapper de sa pesante réalité... mais si réconfortante.
Effrayant. Le mot était juste pour ce qu'elle conta ensuite. Un frisson courut le long de son échine lorsqu'lele parla du corps, celui d'un Nakhu, trouvé avant Solelio. Un frère parti loin lui aussi, sans vraiment prévoir de s'enfoncer autant dans l'inconnu. Il se demanda comment il aurait réagi en voyant celà, s'il se serait effondré en songeant que sa jumelle avait subi le même sort, ou s'il aurait gardé au fond de lui cette flamme lui assurant qu'elle était en vie et continué coûte que coûte. La flamme et le démon lui chuchotaient des choses contraires.
Il était moins douloureux qu'il ne l'aurait cru de prime abord, d'entendre cette histoire, de la vivre par procuration. Sans doute la part de lui qui désirait ardemment aider sa soeur à guérir voulait connaître le plus de détails de ce qui s'était passé là-bas, pour mieux comprendre, pour essayer de voir un peu à travers ses yeux. Si lui ne saurait jamais comment il aurait réagi, la louve ailée lui raconta à défaut ce qui s'était passé dans son esprit à elle. Il fut surpris d'y entendre comme un aveu de faiblesse, une once de désespoir. Il était étrange d'entendre ces mots de cette louve sur qui le malheur semblait avoir si peu d'demprise - mais peut-être c'était-ce qu'une armure, après tout. Cette nuit où il l'avait trouvée chassant à s'en déchirer les muscles les étoiles dans le ciel en était un autre écho.
Les images se dessinèrent dans son esprit. Un monstre qui, sans description, prit la figure de ces dinosaures qui peuplaient le nord. Un labyrinthe de tunnels froids. La course dans les galeries, les griffes qui râclaient la roche, la buée autour des museaux. Autant d'images qui s'inscrivaient à la place qu'auraient pu prendre des souvenirs. Si l'expression d'Anita s'était assombrie pendant son récit, lorsqu'elle parvint à sa fin ses babines furent à nouveau étirées d'un large sourire. Comme si elle revivait l'instant où ils avaient réalisé que c'était terminé, qu'ils avaient réussi. Puis elle finit par se tourner vers lui, laissant l'écho de ses mots s'échapper dans la nuit. Ses mots n'étaient pas une question, et son expression se modifia légèrement, imperceptiblement, sans qu'il ne sache comment l'interpréter. Ses yeux bleus à lui étaient toujours rivés sur elle, et ce fut à son tour de sourire avec moins de tristesse.
"Plus que l'on ne peut imaginer." Répondit-il - et cette fois-ci il ne baissa pas les yeux. Il savait que ses mots n'auraient pas la profondeur de ce qu'il avait éprouvé en la voyant, alors il voulait qu'Anita puisse le lire sur son visage, dan ses yeux, tout au fond de de lui. Cette gratitude qu'il avait à son égard de l'avoir retrouvée. "Une partie de moi s'en était allée avec elle."
Il ne savait pas si Anita comprendrait la teneur du lien qu'il y avait entre Solelio et lui. Il ne doutait pas des liens qu'elle avait avec ses frères et soeurs, mais s'ils avaient grandi dans la même meute, leurs histoires d'enfances étaient bien différentes. Elle avait été élevée dans une grande fratrie et avec les soins et l'amour de deux parents attentifs. Solelio et lui étaient arrivés un peu comme des intrus, enfants d'un loup qui n'était pas bon pour être parent malgré ses nombreuses autres qualités, et d'une louve dont l'amour était déformé par l'orgueil. Ils avaient surtout eu l'un et l'autre sur qui compter, à qui se confier, qui les comprenait réellement. Ils s'étaient faits piliers de chacunes de leurs vies, et en retirer un c'était faire s'effondrer une bonne partie du reste. Et ce qui restait chez lui ne valait rien.
Il se sentait étrangement apaisé, comme si ce récit avait comblé une zone d'ombre dans son esprit. Pour lui permettre d'accepter pleinement que ces choses-là étainet passées et qu'il n'était plus question d'y participer maintenant. Qu'il allait falloir faire avec, et aller de l'avant. Bien-sûr, il était bien plus simple de le formuler que de réellement le mettre en oeuvre... Mais quelque-chose qui ressemblait à une forme d'acceptation s'était fait en lui. Que ce fut une bonne ou une mauvaise chose.
"Je t'en serais éternellement reconnaissant." Ajouta-t-il doucement. "Si jamais je peux faire quoi que ce soit..." Il repoussa la pensée violente qui manqua de le saisir - pourquoi aurait-elle besoin de lui ? Y avait-il quoi que ce soit qu'il sut faire et elle non ? Certainement pas. - et continua après une hésitation : "... Si tu as besoin de moi, je serai là."
Pas seulement parce qu'elle était son alpha, pas seulement parce qu'elle était prêtresse, et en réalité pas non plus seulement parce qu'elle avait ramené Solelio. Mais c'était bien plus simple à formuler par ce biais, alors au fond, pourquoi pas.
Presque sans y penser, parce qu'il était Elvazio, parce que le moment était devenu plus apaisé, moins électrique, il appuyé son front contre l'épaule de la louve et ferma les yeux. S'il y avait une chose qui lui avait terriblement manqué durant l'absence de Solelio, durant la traque menée par Anita, après la disparition d'Ortie... C'était ces instants de partage. Il avait toujours été très attaché à ces moments où il pouvait s'ouvrir à ceux qui comptaient pour lui et réciproquement. La solitude l'avait écrasé, l'avait entraîné dans cette espèce de spirale où, face à lui-même, il n'avait d'autre choix que de replonger encore et encore dans les mêmes noires pensées. Cette soirée qui l'en arrachait était si précieuse, et il expira avec un sourire tandis qu'une tension quittait ses épaules. Il était un loup qui aimait l'affection, les confidences, la douceur des moments avec ceux que l'on aimait.
"Vas-tu être très occupée, à partir de maintenant ?" Demanda-t-il doucement, la voix moins serrée, moins triste.
Il s'autorisait à ouvrir une porte dangereuse, mais il se sentait bien, si bien. Oh, bien-sûr, il était toujours habité par ce chagrin qui ne le quittait jamais. Mais il s'était fait doux pour un temps, comme pour le laisser respirer, le laisser vivre ce rare instant de bonheur et de tranquilité.
Eredhys Admin sexy ( ͡° ͜ʖ ͡°)
» Nombre de messages : 5388 » Age : 27 » PUF : Eredhys, Segnory, Endermax » Date d'inscription : 10/12/2009 » Personnages :
﴾ Mildred ▎ Ex-Lazuli.
13 ans [DoB : 12/09/2019]4 JVRJ.
_______ Don inné : Perception accrue des émotions des autres. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●○ END| ●○○ ING| ●○○
▻ Anita ▎ Etelkru, Alpha & Prêtresse de Kiro.
11 ans 4 mois [DoB : 19/02/2020] 4 JVRJ.
_______ Familier : DragInsecte Liche. 3 PVs, 1 dé lutte. Don inné : Écholocalisation. Scintillant : Anita attire l'attention à chaque topic, les loups l'écoutent naturellement. _______
FOR| ●●○ AGI| ●●● END| ●●○ ING| ●○○ Ailes de la dernière chance.
_______ Noctuidae : Papillons de nuit, violets et fantomatiques, apparaissant à sa proximité. Minéralité : Sang iridescent, griffes et certains crocs en or. _______
₪ Apparence Solitaire.
3 ans 4 mois. [DoB : 07/03/2023]
_______ Plures Vocis : Voix modulable à l'infini. Ordo ab Chaos : Une cinquième patte atrophiée sur son flanc gauche, dissimulée par des tissus. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ○○○ ING| ●●○
☈ Mylo Etelkru.
1 an. [DoB : 10/10/2023]
_______ Zap! : Éclats de lumière colorés en cas d'émotions fortes. Encre infinie : Tatouages renouvelables et modulables à l'infini. _______
FOR| ●○○ AGI| ●○○ END| ●●○ ING| ○○○
Maj 29/01
» Feuille de perso' » Points: 5477
Sujet: Re: Seule brillera la nuit - Elvazio. Mar 21 Sep 2021, 20:44
Elle lui offrit bien volontiers son regard comme réceptacle à ses yeux clairs et aux émotions contenues dans sa voix. Qu'elle ne puisse tout à fait s'imaginer sa joie et son soulagement à la ravoir près de lui, elle pouvait bien le croire. Après tout, là où était parti son frère, elle avait du mal à entretenir l'espoir de le voir prendre le chemin du retour. Même si sa mère croyait au contraire.
Alors elle se gorgea de ce qui transpira de sa part, essaya d'en extraire un petit fragment pour elle-même et par ce biais apaiser la douleur qu'elle ressentait à son tour à subir le départ inopiné de ses proches. La seconde partie de sa phrase ne put qu'être un douloureux écho à ce constat. Bien-sûr, il lui manquait cette compréhension du passé d'Elvazio pour réaliser que ce n'était pas pareil, mais le lien important qu'elle partageait avec sa fratrie lui laissait croire qu'elle pouvait tout à fait comprendre ce qu'il voulait dire. C'était l'essentiel, non ?
Ses oreilles se redressèrent aux mots qu'il prononça ensuite et elle le dévisagea quelques secondes, peut-être un peu surprise de la tournure de sa phrase, peut-être un peu heureuse aussi de le voir plus apaisé qu'il ne l'avait été quelques minutes apparemment. Un sourire étira le coin d'une de ses babines en asymétrie et elle lui donna un petit coup de museau, taquin et amical.
— Tu ne me dois rien, Elva'. Elle non plus, d'ailleurs.
C'était simplement ainsi. Ils étaient une meute, ils se devaient de s'unir quand l'un d'entre eux était en détresse. La louve devinait néanmoins que les mots qui étaient venus ensuite et le soutien qu'il lui offrait n'était pas qu'une contrepartie, et même si elle n'en attendait pas moins de sa part Anita en fut tout de même touchée. De cette présence attentive qu'il lui offrait dans le présent comme au futur, de la certitude qu'il était on ne peut plus sincère, et de cette force particulière qu'elle percevait maintenant.
Celle de se mettre soi-même de côté pour accorder du temps et des mots à un autre, alors même qu'il souffrait aussi - peut-être plus qu'elle.
— Mais merci. J'espère que tu sais que c'est pareil pour moi.
Quand sa tête reposa contre son épaule l'hybride apposa la sienne par-dessus avec un soupir d'aise, la truffe perdue dans les mèches enflammées de sa chevelure. La nuit n'était pas fraîche, mais son intense activité et son plongeon dans le lac avaient refroidi sa peau et quelques frissons la ridaient parfois. Mais pas là où le corps de son ami était contre le sien, pas là où tous deux partageaient une chaleur mutuelle. Elle réalisa qu'elle avait fermé les yeux sans s'en rendre compte quand ils se rouvrirent d'un mouvement rapide à la surprise d'entendre sa voix revenir. Sa mâchoire se détacha un peu du nid de cheveux dans lequel elle s'était enfoncée.
— Dur à dire. Je suppose qu'il y a beaucoup de choses à reconstruire, et beaucoup à apprendre.
Autant pour la meute qu'il lui fallait apprivoiser d'un tout nouveau point de vue, que pour elle-même qui divaguait sans repères. Une boussole dont l'aiguille tournait sans trouver le Nord. Anita souffla, pensive.
— Est-ce que ton père te parlait souvent de son rôle dans la meute ?
Après tout, si elle était fille d'Alpha et de Prêtresse, ce n'était pas pour autant que pareils sujets étaient les plus abordés au quotidien. Ses frères, sa soeur et elle avaient toujours pu vivre leur vie comme ils l'entendaient et leur statut n'avait jamais été apparenté à celui d'héritiers ou de princes tant la coutume Etelkru n'était pas de laisser le trône au seul critère d'un même sang. En était-il de même pour la seconde portée du Chevalier, ou avait-il transmis ces valeurs qui lui semblaient si chères ? Athelstan n'avait pas seulement été Conseiller, il avait été un mentor que Pepper chérissait et respectait profondément. Comme un parent spirituel, de la même manière que sa tante avait été figure aussi importante dans son quotidien qu'en étant réellement soeur d'Anette.
A croire que dans leur clan, les liens de l'esprit et du cœur s'affirmaient bien plus souvent pour combler les vides laissés par ceux du sang.