Power — Exorcisme

Intitulé :

Bizarre. Oui, Lewis n’aurait su comment décrire avec exactitude son état. Depuis son combat avec l’étrange bête du cimetière, son corps semblait… changé. Un moment, la louve avait douté que tout ceci ne soit pas un rêve, après tout, elle s’était visiblement assoupie. Mais non. La morsure de son cou ne mentait pas. De même que son état de ces derniers jours. Habituellement si active, elle s’était retrouvée à dormir comme une masse. Encore et encore. Jusqu’à ce que son estomac, tiraillé par la faim finisse par la sortir de ce sommeil. Et puis… les premiers effets étaient apparus. Les odeurs trop prononcées, les bruits qui la rendaient plus sensibles. Sans parler de ses yeux qui semblaient plus fragiles. La lumière de jour l’avait aveuglé les premiers instants, l’obligeant à se cacher sous une masse de rochers, le temps que ses yeux s’habituent. Pourtant, cela ne suffisait pas à faire partir la douleur. La luminosité lui donnait la migraine si facilement… Tss…
Poe croassa dans le capuchon. Lewis avait fini par chanter de nouveau, attirant ainsi de nouveaux amphibiens. Si les derniers événements lui avaient sapé le morale, Aka lui avait redonné une raison de continuer de se relever après chaque chute. La plume rouge luisait fièrement dans la chevelure de la petite louve. Un honneur, que la solitaire s’était vu recevoir. Enfin solitaire, ce n’était plus tout à fait vrai, mais mercenaire à la solde des Etelkrus ça faisait un peu nom à rallonge…

Enfin c’était bien beau tout ça, mais il y avait une ombre au tableau. Quelque chose qui l’empêchait l’ensemble de ses capacités. Depuis le chien de brume. Non même un peu avant. C’était comme un fourmillement qui la parcourait au moment du combat (du à la chance incroyable de ta joueuse au casino, mais ça c’était une autre histoire), exactement comme au réveil après le rêve de blanc et de noir. Oui. Sauf que ces fourmillements là, eux, ne semblaient apporter aucun avantage, pire, ils la rendaient faible et l’entravaient dans ses recherches de l’adversaire digne de son intérêt.
Ce n’était pas digne d’elle.
Ce n’était pas digne de la disciple d’Aka qu’elle était devenue.
Hum… Comment donc alors se débarrasser de cette foutue malédiction ? Retirer cette épine dans la patte ?
Cendres aura peut-être une…

Et le coeur se serre à cette pensée, parce que ce n’était pas possible. Elle ne sentait pas en mesure de pouvoir lui demander quelque chose. Pas capable de voir tout l’amour qu’il lui portait briller dans ses yeux dorés. Pas capable de devoir affronter sa culpabilité.
Non. C’était encore trop tôt. Et trop tard à la fois. Parce que la passé la rongeait beaucoup trop et que si elle voulait avancer, il fallait qu’elle se concentre vers l’avenir. Oui. Seul l’avenir comptait. Seul l’espoir de trouver un adversaire en mesure de rivaliser avec elle. Être digne d’Aka. Elle ne devait plus laissé son esprit s’obscurcir par le reste, au risque de tout perdre et de finir comme ceux qui l’avaient abandonné, une traître ou une moins que rien. Ou les deux à la fois.
Oui, je ne serai pas aussi faible que la catin et le traître. Je vous surpasserai tous. Absolument tous. Et avec moi s’éteindra ce sang maudit.
Pour cela, elle devait écraser les autres. Retrouver sa force pour être capable de les surpasser.

« — Ne reste plus qu’à trouver un pion. »

Un petit jouet, qui lui permettrait de s’occuper. Qui serait peut-être le moyen de faire partir ces fourmillements. C’est bien le genre de chose qu’il était possible de trouver dans les Monts Célestes. Lewis n’avait que trop parcourut ces montagnes dernièrement, trouvé le meilleur endroit où s’établir afin de pas être à la merci des prédateurs, connaître les endroits à éviter en cas de mauvaise santé ou au contraire les endroits à connaître si l’on était à la recherche de telle plante ou de gibier. Oui, tout cela elle l’avait appris au cours de ces derniers mois. Hum… il y avait bien un peu plus haut la tanière de cet ours… mais il lui faudrait marcher sous le soleil, chose impossible pour le moment… Enfin pas de suite.
Alors elle attendrait, que le soleil se cache, afin que ses yeux ne soient pas handicapés.

- - -

La nuit avait fini par tombée. Lewis quitta son petit antre, laissant ainsi Poe profité de ce sommeil mérité. C’était à elle seule d’affronter cette bête. L’odeur est forte, il est n’est pas difficile à trouver cet ours. Lui il dort, quand Lewis grogne pour attirer son attention. Grincheux, il se redresse en grognant, laissant entrevoir sa puissante mâchoire. La mauve soutint son regard.

« — Si je t’écrase, ourson, alors je serai de nouveau en mesure d’affronter plus fort que toi. Alors ne m’en veux pas hein ? Je pense que toi et moi on va bien s’amuser. »

Même très bien s’amuser.
L’ours lui n’est vraiment pas content d’avoir été dérangé de la sorte, déjà il fait claquer ses crocs quand l’ancienne pirate se déplace. Outch. Elle allait encore y laissé quelques touffes de poils ce soir. Peut-être une nouvelle cicatrice aussi qui viendrait marqué sa chair ? Aux côtés de celle faite par Celle-Qui-Se-Tient-Tranquille-Dans-La-Mort, l’Ours ou le vampire… Hum… chacune avait une histoire, chacune un passif.
Son adversaire cherche vraiment à l’écraser, jouant de ses pattes, cherchant à l’écraser, la broyer. Oui, réveiller un ours en plein sommeil était chose dangereuse… vraiment dangereuse. Pourtant, ça l’amuse Lewis. Les ours sont si susceptibles, ils sont tellement bourrins, c’est pour cela qu’ils étaient si ennuyeux, car beaucoup trop prévisible. Mais quand elle veut frapper de toute ses forces, elle ne fait que l’égrainer, cela la frustre. En temps normal, cet adversaire avait été bien vite balayé, mais là… il fallait redoubler, tripler d’efforts même. Pour que cela ne suffise jamais pleinement.
Elle ne pouvait pas puiser dans sa force, pas quand les fourmillements se faisaient aussi forts… Tss, p’tain Aka lui avait donné qu’un peu plus de fort, non, lui avait donné autre chose. Une chose qu’elle n’avait pas encore eu le temps de vraiment expérimenté. Alors pourquoi pas maintenant ? Pourquoi pas faire cette première fois avec l’ours ?
Un sourire étire ses babines.

« — Voyons voir ce que ça donne… Ne m’en veux pas trop si ça cafouille, ce n’est qu’une première fois. »

Une chose à laquelle elle n’était pas habituée. Lewis se concentre alors que les griffes de l’ours raclent le mur juste au-dessus de sa tête. D’accord, donc… son pouvoir… Si elle se concentrait pour genre… être plus grande… Au moins assez pour atteindre les yeux… Les sourcils se froncent et Lewis sent quelque chose changer. Ah ouais d’accord, passer du format nain à… À ÇA ! La louvette (qui ne l’était plus tant que ça) avait l’impression d’avoir bu des litres de soupe super puissante. C’était incroyable cette croissance soudaine.
L’ours se recule quelque peu surpris par ce changement de taille, alors qu’un babine vient étirer les babines de la mauve. Ouais, là ils allaient pouvoir s’amuser davantage. C’était plus équitable maintenant qu’elle pouvait atteindre sa tête. Un pas sur le côté. Deux pas de l’autre. Lewis trop enthousiaste à l’idée de ce combat n’accorde pas trop d’attention à son énergie qui baisse progressivement. Déjà, elle envoie ses griffes dans les yeux de son adversaire qui hurle de douleur. Une astuce montré par Maître Corbeau contre les ours polaire. Oui, ces bêtes n’avaient vraiment plus aucun secret pour elle.
Absolument aucun.

Il lui était désormais bien trop facile de savoir comment mettre son adversaire à terre. Aveuglé, il donne des coups de pattes dans le vide, cherchant à atteindre Lewis qui se sent peu à peu essoufflée. Ce pouvoir… pompait son énergie. Il fallait pourtant qu’elle tienne encore un peu, pour achever l’ours. Ne serais-ce que quelques secondes.
Tu peux bien faire ça hein, pouvoir-accordé-par-l’-ours ?
Son dos heurte le mur pour éviter un coup et l’ours comprend où elle se trouve, il l’avait coincé. Pourtant Lewis sourit, quand il se redresse sur ses pattes arrières, quand il s’apprête à mettre toute sa puissance dans son coup. Oui… il était à sa merci. La solitaire laisse ses longues pattes allongées par son pouvoir prendre appui contre la paroi rocheuse pour bondir à la gorge du prédateur. Les crocs s’enfoncent dans la chair. La bête hurle. Lewis s’essouffle, sentant son corps reprendre progressivement une taille normale. Le sang envahit sa gueule, alors qu’elle est entraînée dans la chute de l’ours.
Un petit nuage de poussière se soulève, alors que le corps tremblant, la mercenaire se redresse, relâchant prise. Elle avait gagné, mais se sentait si faible pourtant. Déjà les crocs arrachent des touffes de poils à son adversaire, pour accéder à la chair. Ce n’était pas bon, mais il fallait absolument qu’elle retrouve des forces. Ça lui donne presque envie de vomir à chaque bouchée, pourtant, elle sent son corps gagner en énergie.
Mieux encore, elle sent ses forces lui revenir.
Oui, le fourmillement a disparu.
Elle se sentait comme avant, libérée de toute malédiction étrange.

Regardes Aka, je suis capable de botter le cul à un ours, bientôt je botterai celui de ton Général, histoire de voir qui est toujours le plus fort.