Roar — Teddy

Faisait toujours aussi chaud ici. Prudence avait du marqué plusieurs pauses, pelage épais et cagnard ça faisait pas un super bon mélange. M’enfin rien à faire, ça valait bien le coup, parce qu’aujourd’hui elle rendait visite à son super papa. Bon aux deux darons quand même parce que pas de jaloux comme ça, mais bon c’était pas de m’man dont-elle avait besoin aujourd’hui.
Puis elle aperçoit la silhouette du paternel (reconnaît son odeur surtout, continuait de s’entretenir malgré son vieil âge oh) et sautille jusqu’à lui. Ouais plus rien à casquer de la chaleur même si elle avait l'impression que ses muscles allaient rendre l'âme à chaque pas. Mais elle peut pas se faire plus discrète plus longtemps, puis il l’avait sûrement cramé depuis un moment.

« — PAPAAAAAAAAAAAA !!! »

Puis tout en braillant (la discrétion c’était pas une qualité dans la famille) tu lui sautes dessus au paternel en espérant qu’il ait les os encore assez solide quand même, ce serait dommage de le casser. Les pattes entourent l’encolure du Bélier alors que Prudence vient lui faire un maxi câlin. Adieu les cheveux mauves, désormais c’était tout blanc. Bruh, ça allait lui manquer à la Licorne ça, peut-être que l’idée d’Agathe était peut-être pas mauvaise… un p’tit coup de teinture et tout le monde n’y verrait que du feu.
La solitaire finit par lâcher son père, se redressant toute fière et toute heureuse.

« — Dis P’pa, j’ai quelque chose à te demander ! »

P’tite moue pour l’amadouer, alors que Prudence utilise son sourire charmeur afin d‘être sûr que le paternel refuse pas (bon elle se faisait pas trop de soucis de ce côté).

« — Tu veux bien m’entraîner ? T’es encore super jeune et fort, alors j’aimerais bien ne plus avoir l’endurance d’une limace… »

À ce stade… même la limace était un peu plus dynamique quand même pour tenir les courses… Enfin pas sûr que la limace serait allée bien loin avec une chaleur pareille... Ouais clairement Prudy devait apprendre à ne pas être dérangée par la chaleur, avoir le p'tit bibi comme papa quoi.

Prudy sent la patte dans ses cheveux (aïe ça foutait déjà le bordel dans sa chevelure de Licorne qui était assez pénible à coiffer comme ça), mais bon c’était le daron, il avait tous les droits quand même fallait pas déconner.
Un p’tit mouvement de patte, alors qu’elle rie. Sur que le paternel pouvait rien lui refuser.

« — Hé, mais je vais me rouiller si j’use pas de mon charme tu sais ! »

C’était important d’entretenir ce p’tit talent quand même, sinon pfiou, le jour où elle en aurait vraiment besoin ce serait rude. Genre vraiment.
La solitaire soupire quand Teddy évoque Asclepia. Si bien sûr, c’était le loup-paon qui s’était chargé d’elle jusque-là, mais boum, la vie était faite de plein d’imprévus. Du genre gros imprévus. Depuis son retour, elle n’avait pas pu remettre la patte sur le bleu et c’était pas faute d’avoir traîné du côté de chez Moiro au cas où. À tous les coups, il s’était lancé dans une incroyable aventure dont il était le héros ou quelque chose dans le genre.

« — Impossible de remettre la patte sur lui. Il est peut-être occupé ailleurs… »

Qui sait.
Un sourire amusé étire les babines de la louve.

« — J’pense qu’il doit être en train de séduire quelques âmes dans un coin pas trop reculé, à défaut d’avoir pu te ravir à M’man ! »

Mais un peu quand même, parce qu’ils en auraient entendu parlé sinon des péripéties du paon. Du genre un minimum.
Prudence fit un petit bond.

« — Du coup me voilà ! »

Puis si jamais elle recroisait la route d’Asclepia elle s’excuserait et tout le tintouin. Après tout, il comprendrait sûrement ?

Prudence voyait bien que le sort d’Asclepia préoccupait le paternel (puis bon vu le bestio y’avait quand même de quoi, semblait être un joyeux p’tit plaisantin). Mais au fond d’elle, la louve était certaine que le loup-paon était encore en vie.
Whouah, alors si y’avait pas eu M’man… SI Y’AVAIT PAS EU M’MAN LE DARON IL SERAIT ALLÉ VOIR LE LOUP-PAON ! Ça, la solitaire ne s’y était pas vraiment attendu, faut dire qu’elle avait cru que son ancien mentor l’avait taquiné… Comme quoi c’était un vrai tombeur le paternel. C’était l’effet disciple de Moiro qui faisait ça ?
Au contact, la louve ne bouge pas, se contentant de sourire, amusée. Bah c’était connu que le paternel était un sacré nostalgique, si il avait pu, il l’aurait gardé avec ses soeurs sous la forme de gamins (comme ça il aurait eu une excuse pour prendre double ration au goûter sans que M’man dise quoique ce soit).

Puis voilà qu’il fait mine d’être vexé d’avoir été le «  second choix » ou alors l’était-il vraiment ? Faut dire que Prudence ne s’était pas particulièrement attendu à devoir se tourner vers quelqu’un d’autre pour terminer son mentorat.

« — C’est pour ça que je suis venue te demander avec mon super sourire et mon p’tit regard pour t’amadouer. »

Puis voilà qu’il passe aux choses sérieuses. Par les dieux. Ok, Prudy était un peu hyperactive quand même à sautiller partout, se balader à droite et à gauche… mais… le cardio c’était 0.
La vengeance du daron était terrible.

« — À vos ordres chef ! »

Dans un petit geste théâtrale, elle effectue un salut digne d’un soldat avant de finalement se mettre à l’ouvrage. Bon c’était parti pour la course. Cinq minutes ça représentait quoi ? Si elle faisait le tour du point d’eau là, ça suffirait ? On va dire que oui. Prudence s’exécuta donc, bon les trente premières secondes, ça allait, la première minute aussi. Puis après bon, rapidement elle se sentit un peu essoufflée. La vache, lui restait encore combien de distance là ? Allez, faut s’accrocher ! C’est finalement pas mal essoufflée, qu’elle arriva son père. Faut dire que le pelage épais + chaleur de la savane + le manque d’endurance bon, ça donnait que c’était pas fameux.
Il avait dit quoi ensuite ? Ah oui des burpees (comment un loup faisait des burpees ?!). Prudy se couche sur le sol, avant de se relever d’un saut. Un, deux, trois… etc.
C’est bon elle voulait redevenir une larve. Après un p’tit bain. Couverte de poussière qu’elle était plus la transpi…
M’enfin elle en perdait pas son enthousiasme habituelle la gamine, souriant à son père.

« — Y’a une suite ? »

J’pense que la question allait rapidement être regrettée…

Bon, t’avais quand même espéré que l’exercice s’arrête à te faire cracher tes poumons en courant autour d’un point d’eau là. Puis les burpees. Bon sang ce genre d’exercice ne devrait même pas exister. Au moins y’avait eu les encouragements du paternel tout le long pour l’accompagner, et ça, ça n’avait vraiment pas de prix.
En plus maintenant voilà que ça partait sur un scénario inventé de toute pièce par Teddy (déjà rien que ça avant même de connaître le dit exercice y’avait de quoi inquiéter). Une bête terrifiante ? Entre deux respiration, Prudy laisse échapper un rire. Tss, comme si tous les monstres étaient terrifiants.

Mais c’est qu’il est sérieux le daron.
Voilà qu’il se met en position, commence un compte à rebours. Trois secondes pour potentiellement prendre de l’avance, mais ce serait de la triche. Prudence se prêterait au jeu, elle prend appuie sur ses pattes arrières, observe son daron du coin de l’oeil et puise dans ses forces pour taper un p’tit sprint. P’tit. Fallait pas déconner. Une maigre avance pour lui permettre de réfléchir.

Ok résumons.
Une bête qui courrait pas très vite MAIS qui avait non seulement l’avantage de pouvoir courir longtemps, mais en qui en plus pouvait analyser le terrain. Donc la possibilité de lui tendre un piège.
Face à une vraie bête, Prudence aurait envisagé plusieurs situations. Numéro 1, se cacher en attendant le moment opportun pour prendre la poudre d’escampette. Numéro 2, faire face à la bête. Généralement les prédateurs étaient dans un rapport de force, fuir c’était leur faire croire que nous étions ne proie et cela éveillait leurs instincts de chasseur. Leur faire face, c’était leur montrer qu’ils ne nous intimidaient pas, que nous les traitions en égal. Si on se montrait menaçant, on pouvait même laissé croire que l’on était une mince pour eux.
Numéro 3, utiliser le terrain à son avantage, le moindre élément. Connaître les faiblesses de son poursuivant.

Et il se trouve que… son daron il avait beau se montrer super intimidant, il en avait un de point faible.
L’eau.
Tss, c’était pas hyper fair-play, surtout pour lui, mais Prudence n’avait pas dit plus tôt qu’elle ne dirait pas non à un bon bain ?

Bon par contre est-ce qu’elle parviendrait à mettre son plan à exécution ?

(DÉ AGI 2)

Ah bah faut croire que t'as mis trop longtemps à cogiter, Prudy, tu t'essouffles rapidement, l'daron il a aucun mal à te rattraper avec des dés pareils.

La vache d’où il était aussi rapide l’daron ? Ok c’était un pro de l’endurance… MAIS QUAND MÊME. Fallait qu’elle accélère encore, mais elle avait quand même l’impression de cracher ses poumons sous peu.
Une seconde. Peut-être… qu’elle n’arrivait pas à se donner à fond, parce qu’elle ne voyait que son père, pas le prédateur potentiel. La Licorne savait que si Teddy la rattrapait, il ne lui ferait rien. Pas comme le jaguar dans la jungle. Lui, il l’aurait attaqué, dévoré si il l’avait attrapé. Les paupières se ferment un instant, alors que Prudence réfléchit.
D’accord, imagines que c’est le jaguar qui t’colle le cul Prudence. Si il t’attrape, il te mange. La jungle c’est son élément, pour atteindre l’abri, il faut pouvoir courir entre dans la végétation, éviter les arbres, rester concentré.
Ce n’est pas ton père derrière toi, c’est le prédateur.
Ouais, comme ça, ça pouvait le faire.

Une lueur nouvelle dans le regard, alors que le museau se lève.

« — Même pas en rêves. »

Il voulait du zigzag le paternel ? Il allait être servi.

(Lancé de dé AGI)

Bien que la Licorne tente de se projeter au maximum dans le scénario, elle applique les conseils, ne court plus en ligne droite, mais zig-zag, s'appuyant sur ses pattes pour faire de petits sauts afin de changer de direction. Ça l'épuisait pas mal.
M'enfin là c'était plus question de rigoler.

« — Vas-y P'pa j't'attends ! »

Ils s'approchaient de l'eau...
Si il tentait de la choper, elle pourrait trouver une issue.

Balances ton corps.
La vache, elle avait beau avoir une carrure de crevette sous son pelage épais, il n’empêche que son corps pesait lourd. Prudence n’en pouvait clairement plus, et le paternel il semblait toujours aussi déter à continuer. Ça commençait clairement à craindre sévère. Les pattes de la Licorne commençaient vraiment à lui faire mal (bonjour les courbatures demain).
L’affrontement, c’était vraiment pas son genre à la solitaire, mais… peut-être que si elle faisait face à son père, pour partir dans la direction opposée… peut-être qu’elle pourrait gagner de précieuses secondes.

(Dé)

Prenant appuie sur ses pattes arrière, Prudence fit faire un demi-tour à son corps, voyant le corps fléchit de son père (il lui aurait bondit dessus ?!). D'un bond, elle parvint à se placer derrière Teddy, repartant ainsi dans le sens inverse. Le temps que lui aussi se replace, elle pouvait gagner de précieuses secondes qui lui permettraient ainsi de rejoindre l'eau, la rendant ainsi hors de portée.

Ah bah c’est sûr qu’à défaut d’être taillée pour le combat ou même de pouvoir lever la patte sur un être vivant, Prudence elle privilégiait la strat. Sous le compliment de son père, elle redresse le museau (sa p’tite fierté quand même). Mais c’est que l’daron il en a pas fini, déjà il repart. La vache ils étaient tous aussi énergiques loups à cet âge ou le Bélier c’était une exception ?
La Licorne retient les conseils de son père. Fausser la piste. Utiliser un subterfuge. Mélanger sa trace à d’autres.

Bon dans le cas présent, la savane offrait peu de cachettes, aussi à moins que le prédateur soit bigleux ce serait vraiment pas évident dans pareil environnement. Hum… Prudence sent vraiment ses batteries à plat, il est peut-être temps de mettre fin à cette course ? Le temps gagné auparavant lui permet de finir par un bond dans l’eau. Au vu de la saison ce n’était pas profond, ça lui arrivait aux pattes, mais elle savait que son père ne pourrait pas la suivre. La queue tressée se balance alors qu’elle cherche tant bien que mal à récupérer.

« — T’as bien me failli me choper deux trois fois quand même ! »

Un rire.
Parce que même si ça avait été un entraînement, passer du temps comme ça avec son père, ça avait été agréable. C’était un bon prof.

C’est qu’il voulait encore de l’action le paternel (c’était JAMAIS fatigué à cet âge là ? La vache maman elle devait avoir de sacrées journées). Voilà qu’il invoquait ses ailes ! Prudence fléchit ses pattes, sentant l’eau mouiller son ventre, alors qu’elle observa le daron visiblement bien déterminé à gagner cette manche.
Puis…
Plouf.
La Licorne fut stupéfaite un instant, avant de s’élancer vers Teddy. La vache, il s’était pas raté.

« — Eh si je te ramène dans cet état là, m’man elle va m’arracher la peau des fesses. »

Et encore, juste la peau des fesses ça semblait juste un peu léger.
La Licorne glissa son museau sous les pattes de son père pour le pousser, fallait faire gaffe de pas l’embrocher. M'enfin c'est que c'était pas un poids plume quand même. Sortant son museau de la flotte, Prudence sourit, observant avec malice son vieux père.

« — Dis P'pa faudrait peut-être songé à se calmer sur les collations ! »

En riant, Prudence aida son père à sortir de l'eau, prenant fermement sur ses pattes arrière pour le pousser. Bon au moins il était sorti de la flotte, par contre pour ce qui était de la caillasse. Les yeux mauves étudièrent la pierre.

« — Je t'enlèves ça comment ? »