I promise you this - Méridor

Il fallait qu'elle le voit, il fallait qu'elle lui parle.
Mais il ne faudrait pas qu'elle le touche.

Alors Hollyhock avait quitté le Castel de bon matin, laissant la direction complète à Anita, pour quelques heures au mieux, pour la journée au pire. Elle était comme un lion en cage et beaucoup trop de choses demeuraient enfouies pour qu'elle les maintienne, en elle, plus longtemps.
Au risque d'exploser.

Elle y repensait, encore et encore, à cette étreinte : Avec une immense culpabilité, par ce que ça n'avait pas été correct vis à vis de la Dragonne et qu'elle n'avait pas envie de la faire souffrir en étant infidèle. C'était d'ailleurs, l'une des raisons qui l'avait poussée à aller au Nord pour espérer rompre avec elle, en vain.
Mais il n'y avait, dans ce souvenir, pas que de la culpabilité, elle devait bien l'avouer. S'y trouvait comme une saveur agréable qui faisait battre son cœur un peu plus fort et laissait le rouge gagner ses joues.

Cette discussion n'était peut-être qu'une excuse.
Au fond, n'avait-elle pas seulement envie de le revoir ?

C'était un jeu très dangereux, elle le savait bien. Malgré sa bonne volonté, bien fugace, ces promesses qu'elle s'était faites et qu'elle avait silencieusement adressé à Alexandrine, bien que celle ci ne puisse se douter de rien, elle savait aussi à quel point elle pouvait perdre pattes auprès de lui.
Techniquement, puisqu'elle était avec sa compagne, il aurait fallu cesser de voir le beau loup noir et doré, rester sagement au Castel à attendre celle qui ne viendrait que trop rarement.
Accepter la solitude.

De la solitude, elle n'en voulait plus. Elle était devenue trop présente, trop écrasante.

Holly poussa les portes de la bibliothèque pour s'y engouffrer et, le coeur battant, se mit à chercher une odeur, une silhouette qui lui rappellerait sa présence.
Qui lui indiquerait, qu'il était là.

- Méri !

Et il était là, plus beau encore que dans ses souvenirs.

Invité

Arrivé depuis peu, il se mettait enfin dans le bain de ce qu'il devait faire. Il avait fait quelques rencontres, visité les terres Nakhus en trimballant ce poison qui lui rongeait le coeur. Il avait failli à son devoir. Il avait étreint Holly qui était en couple. Il s'était rendu coupable d'un adultère, il avait profité de l'absence de la Dragonne ...

Qu'avait-il fait ?

Il lâcha pour la énième fois un soupir tandis qu'il marchait parmi les rayonnages, suivant un Nakhus qui avait accepté de l'aider. Ensemble, ils avaient trouvé le rayonnage des livres traitant sur la maternité et ensemble, ils les y avaient délogés pour former une belle pile autour du Doré.

Et Holly ?

Son coeur se serra à cette pensée. Il regarda le Nakhus retourner à ses occupations, le laissant seul. Seul avec des livres et ce poison. Il avait honte. Comment avait-il pu laissé tout ça se produire ? Il avait et aimait la louve depuis leur première rencontre. Il avait su rester dans l'ombre lorsqu'elle avait choisi sa compagne pour la Vie. Il avait accepté. Il avait pleuré. Il était resté fidèle et il avait suffit de trois mots de la Bleue pour que s'effondre tous ses efforts de rester en retrait. Trois mots qui avaient conduits à des étreintes interdites. A raviver une flamme qu'il aurait dû éteindre depuis bien longtemps.

Il ferma les yeux. Il essaya de chasser tout cela. Il devait commencer ses recherches, il devait rapidement revenir vers ... Elle. Nouveau pincement, nouvelle colère silencieuse. Il n'arrivait plus à rabrouer ce qu'il ressentait alors qu'il le devait. Méridor avait déjà franchi un pas qu'il n'aurait dû mais aujourd'hui, ne risquait-il pas de briser davantage ? Sans doute ne devrait-il plus rester au côté d'Holly ? Sa présence n'apporterait désormais rien de bon. Sans doute devait-il retrouver une vie de solitaire pour éviter nouvelle erreur ? Il leur devait bien ça. A Holly. A Alex.

Il ouvrit un premier livre. L'anatomie sexuelle. Il déglutit, le rouge aux oreilles. Il tourna une page, puis une autre, lisant à en rougir. Ce n'était que des schémas, que des explications mais tout ceci lui rappelait l'interdit. Qu'avait-il fait ? Nouvelle page de tourner, il releva la tête, entendant une voix qu'il pouvait reconnaître entre milles. Une voix qui le fit frémir. Douce caresse comme gifle pour leur erreur.

Il la regarda. Longuement. Holly. Que faisait-elle là ? Il devait lui paraître froid, interdire plus grandes débauches ... Il devait ... Incapable, il se releva, un sourire béat, heureux s'empara de son visage. Il respirait le bonheur de la revoir. C'était mal. Son coeur s'emballait une nouvelle fois. Il ne devait pas. Avec le peu de raison qui lui restait, il ne fit pas un seul pas vers elle.

« Holly ...

Léger tremblement de voix, trahissant cette joie qu'il essayait de contenir. Ils ne s'était pas vu que quelques jours et là, Méridor comprit. Jamais plus il ne pourrait rester loin d'elle sans dépérir. Il allait juste devoir retrouver sa place ... Rester dans l'ombre. Essayer de calmer son amour qui le rendait si fébrile. Il hésita. Un court instant puis presque dans un murmure, il lui dit :

« Tu m'as manqué.

Il lui sourit et cette simple expression fit battre son cœur plus fort encore.
Ses paroles achevèrent les quelques résolutions qu'elle s'était fixée, avant de venir, alors que, comme un miroir, ses propres babines s'étiraient.
A ses côtés, elle ne pleurait pas.
A ses côtés, elle souriait, elle vivait.

C'était un bonheur simple, presque accessible. Il ne fallait qu'un dernier effort de sa part et, alors, ils pourraient être ensemble. Elle savait, ce qu'elle voulait, au fond.
Et ce qu'elle voulait, ce n'était pas attendre qu'Alexandrine revienne du Nord.

Elle s'élança en avant, avalant les quelques mètres qui pouvaient les séparer. Son poil court, se mêla à celui, si long et doux, du beau Panseur.

- Toi aussi. Toi aussi, tu m'as manqué. Je t'aime.

J'ai si souvent rêvé de toi, tu sais.
Holly ferma les yeux et inspira son odeur, cette odeur qui lui avait tant manqué. Ces contacts, aussi, le son de sa voix. Tout ce qu'elle appréciait de retrouver là.

- Je vais la quitter. Je veux la quitter. Je veux être avec toi.

Je sais, je sens que tu peux me rendre heureuse, Méridor. Mieux que ça, je sais qu'on pourra être heureux ensemble.
Ca ne sera pas facile, je le sais, de rompre. J'ai échoué une fois, par ce que ce n'est pas facile de mettre fin à une relation à laquelle on tient encore, et elle n'est pas personne, pour moi, Alex. Mais je suis épuisée, et je sais que d'efforts elle ne fera pas, alors qu'elle m'en demande encore et encore.
Et ça, je ne peux plus l'endurer.

Alors, je le ferai pour nous, Méri.

Invité

Il s'était attendu à beaucoup de mot. A ceux qui lui rappelleraient sa place, à ceux qui l'aiderait à faire taire ses sentiments. Mais ce ne fut le cas. Elle venait de se coller à lui. Elle l'étreignait ce qu'ils ne devaient pas. Il lui avait manqué ... Pourquoi ? et enfin, elle le lui avait redit ces trois mots. Ceux qui le firent fondre. ceux qui le poussèrent à l'étreindre, à la serrer un peu plus fort contre lui. A profiter de son odeur. Sans doute était-ce une dernière étreinte avant de retrouver leur réalité respective ? Elle avec Alex et lui dans l'ombre de la dragonne ?

Son coeur se serra puis, sa culpabilité refit surface. Holly allait quitter Alex. A cause de lui. Pour lui. Non ... Qu'avait-il fait ? Il venait de briser un couple de longue date. Il avait commis un péché. Il voulut se reculer, lui dire combien ce n'était pas une bonne idée. Lui dire qu'elle devait rester avec elle. Mais il ne fit rien. Il allait enfin goûter au bonheur d'être avec elle. Il lui volait une nouvelle fois son coeur mais cette fois, il allait être à ses côtés. Il allait pouvoir l'aimer sans être l'ombre.

il était heureux .

Il se recula un peu, rivant son Or dans son Bleu. Il cherchait l'ombre d'un doute dans l'Âme de sa bien-aimée. Il cherchait ce qui pourrait lui ravir une nouvelle fois son bonheur. Mais il ne vit rien. Il fut dérouté. Perdu un court instant. Elle l'aimait. Pour de vrai. Elle voulait construire quelque chose avec lui.

« Je te suivrais quelque soi ta décision ... Je t'aime Holly.

Il la serra de nouveau un peu plus contre lui.

« Tu sais quand tu vas ... Rompre ?

Un pincement pour Alex le prit. Comment allait-elle le prendre ? Fuguer de nouveau comme lorsqu'elle était enfant ? Non, elle devait tout de même avoir mûri. Du moins il l'espérait.

Elle en vit passer, des choses dans ses beaux yeux, à Méridor.
De la surprise, sans doute ne s'attendait-il pas à une telle décision de sa part, après ses longs moments d'errance. De la culpabilité, aussi ? Peut-être du même acabit que celle qui l'avait rongée et qui pulsait encore. Ils n'avaient pas fait les choses dans l'ordre et elle n'était pas à l'aise avec l'idée de jouer sur les deux tableaux.
Alex... Il fallait la respecter, quand même, et faire en sorte qu'elle ne souffre pas trop.

Par ce qu'elle ne pourrait pas l'empêcher totalement de souffrir. Tout comme elle ne pourrait s'épargner, non plus, cette douleur là. A la différence de la Dragonne, elle retrouverait un autre cœur pour l'aimer.
Ses paroles la touchèrent.

- Le plus tôt possible. Je ne veux plus jouer double jeu, je ne veux plus lui mentir. Je ne veux plus me mentir. Je n'espère plus rien de cette relation.

Elle la rendait plus malheureuse qu'autre chose, de toutes manières.
Holly n'était plus capable de tous ces sacrifices, alors, peut-être que l'amour comme elle l'avait toujours ressenti, commençait doucement à se faner, faute d'entretien.

Son museau trouva la joue du mâle, pour un contact affectueux.

- Tu vas devoir encore attendre un peu, un tout petit peu. Ensuite... Je serais toute à toi. Et je compte bien me faire pardonne pour t'avoir fait attendre si longtemps, mon doux chevalier.

C'était fou, comme elle l'aimait.

Invité

Il l'écouta calmement. Méridor avait donc eu raison. Il lui manquait de nombreuses pièces du Puzzles. La relation avec Alex s'était effritée ... Pourquoi ? Depuis quand ? Des questions qui demeureraient sans réponses. Il ne pouvait davantage s'immiscer, pour l'heure, dans une relation qu'il venait de saboter, de sa présence. De son Amour. Il hocha doucement la tête. Il pouvait sentir la détresse de la louve, que ce qu'elle vivait avec la Dragonne n'était plus tout rose comme autrefois. Alors, il craignit un instant de ne pouvoir la rendre davantage heureuse. Qu'avait-il à lui offrir hors mis son Amour et sa dévotion ? Etait-il à la hauteur pour être à ses côtés ?

Il sourit doucement aux derniers mots de la Bleue, tout comme il rougit un court instant. Son coeur s'emballa quand sa raison lui disait de ne pas trop se réjouir. La rupture n'était qu'envisagée et non faite.

« J'attendrais le temps qu'il faudra.

Il savait attendre. La preuve de son Amour qui était resté intact et patient durant toutes ces années ... Même si elle décidait de rompre dans un an, il serait là. Même si elle décidait de ne finalement pas quitter l'Ailée, il demeurerait là.

« Tu n'as pas à te faire pardonner de quoi que ce soit. Il marqua une pause, presque taquin. Du moins, tu as juste à me dire "je t'aime" une nouvelle fois et tout te sera pardonné ...

Il frotta doucement son museau contre le sien, riant et rougissant un peu de sa bêtise.

« Je veux que tu sois heureuse.

Que ce soit avec lui ou non.

J'attendrais le temps qu'il faudra.
N'était-ce pas une promesse qu'elle avait adressé bien des fois, à Alexandrine, lorsque les choses allaient encore ? Lorsque la louve ailée était partie vers d'autres terres, après sa déclaration, elle l'avait attendue, deux mois. Lorsqu'Alexandrine lui avait refusé les enfants tant rêvés, elle avait juste renoncé.
Jusqu'à hier, elle attendait, encore, qu'elle daigner lui accorder un peu d'attention en rentrant au Castel. Elle savait, désormais, à quel point ça pouvait être douloureux, destructeur, Holly, d'attendre sans avoir de garanties.

Méridor souhaitait son bonheur et semblait prêt, lui aussi, à de grands sacrifices, pour qu'elle le soit.
Heureuse.

Heureuse.
Elle l'était, en cet instant, à ses côtés. Alors, il n'y avait pas de raisons pour que les choses changent subitement, demain. Il était si gentil et attentionné, Méridor, à l'écoute de chacune de ses pensées et il lui semblait pouvoir parler plus librement avec lui qu'avec quiconque. Avec lui, elle ne craignait pas les réactions excessives, les fuites loin d'elle...
Elle avait craint de la voir malheureuse, comme elle l'était, elle, par sa faute.

- Je sais. Tu es un loup exceptionnel.

C'était peut-être Dairo, qui l'avait mis sur sa route.
Holly sourit doucement et ferma les yeux, se laissant aller doucement contre lui. Elle avait confiance en cet avenir commun. Oh, évidemment, elle le savait aussi, une relation de couple ne pouvait pas toujours être rose mais, malgré tout, elle en était persuadée : Méridor avait de très belles choses à lui offrir.
Ils s'aimaient, c'était déjà une bonne base. Elle ne savait pas encore comment il voyait sa vie, lui. Si... lui aussi rejetait les enfants. Par ce qu'elle y pensait, à cette étreinte, au Castel.
Et si... Cette fameuse étreinte.

Ce n'était pas le moment, ils en étaient aux balbutiements d'une relation et elle n'avait pas encore rompu avec Alexandrine.
Pourtant, au fond, ça ne lui aurait pas totalement déplu, de porter les enfants du beau Méridor.

Elle avait besoin d'avoir des enfants. C'était viscéral.
Là n'était pas la priorité, cependant, comme elle l'avait souligné précédemment. Encore tant de choses restaient à faire, et elle se devait de rendre heureux, elle aussi, ce loup qui serait son compagnon. Elle le serra contre elle.

- Je t'aime, Méri. Je t'aime tellement. Je t'ai aimé quand je t'ai revu, dans les bois de l'oubli, quand nous avons creusé les sillons pour ramené l'eau. Je t'ai aimé, quand tu es devenu Etelkru. J'ai eu le coeur brisé quand tu as voulu partir par ce que je t'aimais. Je t'ai aimé quand tu es revenu au Castel... Je suis heureuse de pouvoir te le dire, maintenant : Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime.

Ces sentiments, elle avait voulu, plus d'une fois, les glisser dans une petite boîte qu'elle aurait pu jeter à la mer. Mais cette boîte, elle l'avait finalement gardée près d'elle, niant pourtant son existence par ce qu'elle ne comprenait pas comment l'on pouvait aimer deux personnes sans trahir l'une d'elles...
Et peut-être que c'était encore le cas, désormais, puisqu'elle ferait souffrir Alexandrine. Même si la boîte était ouverte et les sentiments acceptés. Elle pouvait aujourd'hui en parler.

De ces amours multiples.

Elle n'oubliait, cependant, pas ce qu'il lui avait dit : Si elle pouvait aimer plusieurs âmes, lui la voulait pour lui même. C'était quelque chose qu'elle pouvait comprendre et qu'elle respectait : beaucoup de loups fonctionnaient ainsi et elle risquait de passer à côté d'une belle histoire en imposant sa vision des choses.
Et puis, elle n'attendait plus rien de sa relation avec Alexandrine. Ca ne pouvait pas marcher ainsi : la rupture demeurait la seule option.
Pour le rendre heureux. Pour les libérer, toutes les deux.

C'était un pansement qui se devait d'être arraché d'une plaie infectée.

- Ce ne sera pas simple, mais j'y arriverai. Il le faut.

Invité

Il sourit. Lui, exceptionnel ? Non il ne l'était et ne le serait jamais. Il avait de nombreux défaut. Il avait été si souvent égoïste, égocentrique. Il avait fui sa famille sans dire un mot, lançant derrière lui sa propre traque. Il avait parfois menti. Il avait trahi. Son Sang puis Holly. Il tait qu'un simple mortel. Plein de qualité et bourré de défauts. ëtre avec Holly le comblait de bonheur tout comme il savait que parfois, ils ne seraient pas d'accord. Que parfois la vie à ses côtés ne sera pas toute rose. Allait-il le supporter ? Leur dernière dispute n'avait-elle pas engendré trahison puis mutilation ? Tout comme l'incertitude le rongeait. Tout comme il avait voulu Mort d'Isrà.

Il la serra un peu plus quand la longue tirade d'amour se fit entendre. Elle l'aimait aussi depuis si longtemps ... Son coeur se serra puis se mit à battre la chamade. Des larmes de bonheur coulèrent doucement sur ses joues tandis que le rouge s'installaient rapidement sur son minois. Il la relâcha un peu. Il se sentait mis à nu. Incapable de dire quoi que ce soit. Alors toutes ces étreintes avaient été le témoin de son amour ...

« Tu vois ... Je ne suis pas exceptionnel mais juste un brin trop émotif.

Il sourit comme un idiot tandis que larmes tombaient toujours.

« Tu mérites d'être heureuse Holly. J'ignore tout de ce qui se passe avec Alex mais ... Je serai toujours là pour t'épauler. Parce que je t'aime depuis notre première rencontre. Je t'ai même aimé quand tu n'étais que boue dans la Bourbe. Même lorsque ton coeur choisit une autre, je suis resté amoureux. Il marqua une pause puis il pouffa.Même quand tu m'envoyais valser dans la poussière, je continuais de t'aimer ... Même si c'était douloureux.

Son sourire amoureux au visage, il la regardait avec tout cet amour qu'il avait dû refouler. Son coeur battait si vite qu'il allait sans doute en perdre la mesure.

Je sais que nous aurons des différents à l'avenir, mais je veux pouvoir rester à tes côtés. T'aimer jusqu'à ce que je ne sois plus que poussière. T'offrir ce que tu aimerais le plus au monde ...

Holly sourit, amusée. Attendrie, surtout.

- Un brin, seulement ?

De ses pattes, elle vint essuyer les larmes sur les joues du loup aimé.
Elle-même était émotive : elle pleurait parfois, plus que les autres, souvent de tristesse, cependant. A quand remontait-elle, ses dernières larmes de joie ? Avait-elle déjà, au moins une fois, pleuré de joie ?
D'eux deux, Méridor était pourtant le plus sensible. Ca faisait son charme, aussi.
Elle vint appuyer son front contre le sien.

Elle le savait, tout ça, qu'il l'aimait depuis si longtemps.
Que si, elle, trouvait ça difficile, d'attendre quelqu'un durant des mois, lui l'avait fait pendant des années.

- Tu vois, c'est pour ça, que tu es exceptionnel.

Un beau chevalier.
Elle l'avait vu évoluer, depuis leur première rencontre, au gouffre. De jeune loup timide, mais très mignon, elle devait bien l'avouer, il avait glissé vers des chemins plus sombres, consumé par la solitude puis le désir de vengeance. Mais aujourd'hui, il lui semblait changé, le beau Méridor. Ses sombres desseins semblaient -jusqu'à preuve du contraire- derrière lui, et il était redevenu l'individu doux et tendre qu'elle avait aimé.
Tout en ayant grandi. Il était plus adulte et semblait, davantage, savoir ce qu'il souhaitait.

A ses dernières paroles, son coeur loupa un battement.
Serait-il, cependant, capable de lui offrir ce qu'elle souhaitait le plus au monde ? Elle avait toujours, en elle, les cicatrices laissées par le rejet d'Alexandrine sur ce sujet épineux.
Celles d'un deuil qu'elle n'était pas parvenue à faire.

Et lui ?
Pouvaient-ils aborder le sujet maintenant ? Après tout, ils s'aimaient depuis si longtemps, mais étaient encore des amants, bien que couple en devenir...
Au moins, elle serait fixée et en parler ne signifiait pas faire des enfants tout de suite. Si elle n'était pas déjà enceinte, suite à leur étreinte.

- Je... Je veux une famille.

Il venait d'un environnement tout aussi chaotique que le sien et n'avait, de ce fait, probablement pas plus de repères qu'elle.
Se pourrait-il, pourtant, que son coeur brûle d'un désir aussi ardent de parentalité que le sien ?

Invité

Il sourit à son tour. Il était vrai, il n'était pas qu'un brin émotif. Il l'était purement et simplement. Il avait tant pleuré au cours de sa vie. De pleurs dans son enfance avant de voir ses larmes se tarir. Emotivité corrompue, détruite par la vie de solitaire. Oh il avait fait de belles rencontres, dont celle d'Holly mais ses larmes l'avaient quitté. Il avait continué à tout prendre à coeur, à réagir parfois de bien des manières exagérées. Une émotivité qui avait sans nul doute rendu folle Anianka qui ne voulait que des enfants au masque froid. Et puis, il avait grandi. Il avait appris à s'épanouir dans ce certains jugeraient de faiblesse. Aujourd'hui, il pleurait. De bonheur. De tristesse. Il ne les cachait plus. Il n'en avait pas besoin. Il vivait simplement avec cette émotivité témoin de son honnêteté. Il se montrait gêné, il montrait ses faiblesses ...

Méridor s'était trouvé pour de bon. Il s'aimait comme il était. Avec ses forces. Avec ses faiblesses. Sans doute cela faisait réellement de lui un loup exceptionnel mais il savait que ce n'était pas le cas. Il restait des ombres à son Âme. Il n'en parlait pas. Il les évitait. Il en avait peur. Sa famille demeurait cette Ombre qu'il voulait tant ignorer mais plus le temps passait, plus il savait que bientôt, il devrait la voir. Lui faire face. Il allait aussi devoir revoir Isrà. Son coeur se serra. Sa discussion avec Rhagar l'avait aidé à mieux voir. A peut être mieux comprendre ce qui avait poussé à mutilation.

Elle voulait une famille.

Il chassa les spectres de la sienne pour la regarder, incertain. Avait-il bien entendu ? Fonder une famille. Sa propre famille. Leur famille. Il resta silencieux, le regard absent. A dire vrai, il n'y avait que trop peu songé à avoir des enfants. La première raison était qu'il avait toujours aimé Holly et jusqu'à peu, c'était impensable qu'il puisse être avec elle. Alors, il avait accepté de poursuivre sa vie seul, sans chercher à avoir enfant. Sans doute que si son coeur avait tangué pour une autre, il y aurait réfléchi mais ça n'avait été le cas. Quant à la deuxième raison ... Il n'avait jamais pris le temps de se poser et se demander ce qu'il voulait de l'Avenir. Ses quelques années de vie avaient été mouvementées. La perte de son clan, de certains membres de sa famille, une reconstruction longue, arrivé dans un nouveau clan, essayé de s'intégrer, trahir, revenir, aller au Nord, vouer sa foi à Ao.

Alors voulait-il en avoir une ?

Pourrait-il être un bon père ? Sa propre figure paternelle s'était rapidement effritée, devenant distante avant de disparaître sans un au revoir. Il ne savait pas comment faire ... Il lança un regard à la pile de livre. Il trouverait quelques réponses dedans, quelques "mode d'emploi" pour être un bon parent. Est-ce que sa propre famille nuirait à ses petits ? Sans doute ... Il ne la connaissait plus que vaguement, il ne savait pas comment ses soeurs et sa mère avaient évolué mais les Siens auraient la protection de Etelkrus. Ils vivraient heureux, bien entourés et ... Aimés.

« Je dois avouer que je n'y avais songé.

Cette notion lui échappait encore.

« Mais, je pense que ça me plairait ... D'être père.

Il était un peu gêné. Il ne s'était attendu à pareil question et pour l'heure, il n'avait aucune certitude de s'il voudrait l'être. Il n'était même pas pleinement en couple avec la Bleue alors, fonder une famille demeurait un projet encore bien lointain.

Son regard de ciel posé sur lui, Holly resta à l'affut de son changement d'expression, s'attendant à tout : A la colère, au rejet, à ce qu'il lui dise que, non, ce n'était pas raisonnable, que ce ne serait pas possible, pour une raison ou une autre.
Par ce qu'elle s'était habituée, depuis le temps, à devoir renoncer à tout ce qui lui tenait à cœur. Qu'elle s'était convaincue, le cœur brisé, qu'elle serait une compagne, une épée, une Etelkru, une Alpha, mais jamais une mère.

Elle resta suspendue à ses babines, aux premières paroles prononcées.
Lui, n'y avait jamais pensé. Mais elle... C'était un désir qui la bouffait depuis ses toutes premières chaleurs, arrivées bien plus tôt que chez la plupart des louves. Elle avait encore un corps d'adolescente et, si les gamines de son âge espérait, à ce moment là, pouvoir ramener la plus grosse proie ou gagner à tous ces jeux de jeunes loups qu'avaient partagé cette génération tournoi, Holly, elle, ne rêvait que de cela.
Pouvoir donner la vie.

C'était pourtant un désir qu'elle avait réprimé, au fond de son coeur. Car il était inconscient, lorsque l'on était un enfant, d'en mettre au monde. Par ce qu'elle avait vu, ce que cela avait donné avec sa propre mère, bien trop jeune, et à quel point elle avait été malheureuse. Par ce qu'elle n'aimait personne assez fort pour lui offrir son corps et par ce que, malgré tout l'intensité de ce désir d'enfant, elle espérait mieux pour sa progéniture qu'une mère célibataire, seule et débordée.
Elle leur voulait, et leur avait toujours voulu, tout ce qu'elle n'avait pas eu. Et plus encore.
Et plus encore.

Puis, elle avait rencontré Alexandrine, l'avait aimée, et avait espéré un peu plus fort, avant qu'elle ne balaie ses rêves d'un puissant coup de patte.

Mais lui, Méri... ?
Lui, ça pourrait lui plaire, d'être père. Ce n'était pas un cri du coeur, de ceux qu'elle aurait pu lancer, elle, avec toute cette certitude. Ce n'était pourtant pas un problème.

Il lui donnait le droit d'espérer, à nouveau.

Elle cilla.
Les larmes roulèrent sur ses joues, sans un bruit. Sans que ne naisse, sur son visage clair, l'esquisse même d'une expression douloureuse.

Son museau vint trouver sa joue, si douce.

- Je pense que tu serais un père formidable.

Invité

Il la regarda pleurer. Presque inquiet. Etait-ce des larmes de bonheur ? Les geste furent réponse et doucement, il la serra un peu plus contre lui, souriant. Lui, un père formidable ? Il ne savait pas trop quoi en penser. En avait-il l'étoffe ? Ne se ferait-il pas rapidement dominer si tous les enfants qu'il aurait été des brutes ç l'instar d'Holly ? Cette pensée lui arracha un sourire tandis qu'il se retint de rire. Pour ne pas briser cette étreinte. Ce contact qui semblait avoir bien plus d'importance que la Bleue ne le laissait paraître.

« Et toi une mère tout autant formidable ... Et une mère aimante.

Si lui n'était guère sûr d'être une bonne figure paternelle, il savait que ce ne serait pas son cas. Il l'avait beaucoup observé. Elle savait prendre soin des siens, que ce soit ceux qu'elle appréciait ou d'autres dont elle ne partageait pas les valeurs. Elle savait être forte, s'imposer alors, elle saurait éduquer quand lui se montrerait sans doute trop laxiste ...

Calmes toi.

D'un mouvement de queue, il stoppa l'affluence de ses pensées. Méridor ne devait pas trop se hâter en rêveries d'avenir. Il devait garder les pattes sur terre. Suivre son chemin tranquillement. Il ne voulait pas t'être déçu. Il l'avait déjà été lorsqu'il avait découvert ne plus être le premier aimé d'Holly. Lorsque sa foi s'était guidée vers une voie que les Etelkrus ne pouvaient pour l'heure ne pas lui accorder. Il y en avait eu bien d'autres des déceptions alors, chaque chose en son temps.

Oui, c'était certain, qu'elle serait une mère aimante.
Elle l'avait toujours su et en était d'autant plus certaine, maintenant, alors que d'enfants elle n'avait pas encore et qu'ils n'étaient, d'ailleurs même pas encore conçus... Quoique rien n'était sûr, de ce côté là, avec leur dernier échange. Et si... Là, elle portait déjà leurs enfants ?
Son regard se fit flou, un peu.

Elle ne souhaitait clairement pas à des petits de naître d'un tel échange, plein d'amour mais pourtant si controversé. Par ce qu'elle, et Méridor, en prendraient sûrement plein la gueule. Par ce qu'elle n'avait pas envie que ses gosses soient vus comme des bâtards, par le reste de la meute.
Mais si elle était bel et bien enceinte, aura-t-elle seulement la force de faire en sorte de les perdre, pour leur éviter, à tous, cela, après les avoir tant désirés ?

Et Méridor... Il n'était sûrement pas prêt, maintenant.
Un nœud se forma dans sa gorge, douloureux, et elle se laissa davantage aller contre lui, tâchant de ne rien laisser paraître.

- Il me tarde que nous puissions nous aimer sans avoir besoin de nous cacher, mon chevalier.

Elle bougea un peu, pour lui lancer un regard énamouré.
Elle n'était pas bien, là ? Quel dommage, qu'elle ne puisse pas rester des heures, des jours, son corps contre le sien, à l'aimer. Azymondias avait beau l'aider à traverser les terres rapidement... Les autres risquaient de se rendre compte de ses petites cachotteries, si elle venait trop souvent à la bibliothèque sans excuse valable.

- Oh, au fait. Nous avons discuté avec Anita, pour Ao. Penses-tu qu'elle pourrait rejoindre nos divinités ? Ou plutôt... Penses tu pouvoir la convaincre ? Ainsi, tu pourrais être Bleu sans traitement de faveur. Quand bien même, si ça ne tenait qu'à moi, tu pourrais l'être juste en échange d'un câlin.

Elle eut un petit sourire taquin et se mit à jouer avec les longs cheveux blonds de son amant, du bout des pattes, guettant sa réponse à sa proposition.

Invité

A lui aussi, il lui tardait de rendre cette union connue. A lui aussi, il lui tardait de pouvoir s'exposer, montrer à tous à quel point il l'aimait mais mieux encore, pouvoir rester à ses côtés. Ne plus se cacher, ne plus faire semblant qu'il n'y avait rien entre eux. Avoir leurs premières disputes et pouvoir en parler avec des amis. Et puis ... Pouvoir lui offrir une famille qui semblait lui tenir tant à coeur. Il lui sourit avec tendresse en captant son regard. Qu'il était bon d'être aimé d'elle bien qu'ils devaient continuer de se voir en cachette.

Il voulut lui dire de nouveau mot d'amour quand le sujet devint plus religieux. La surprise se peignit sur son visage. Demander à Ao de rejoindre les Dieux Etelkrus ? L'idée pouvait être bonne mais, la Dragonne le voudrait-elle ? Difficile à dire. Ao avait un caractère bien étrange. Un caractère auquel il ne valait pas attirer les foudres. Sans doute repartirait-il maudit après une telle annonce ? Instinctivement, il porta son regard vers l'armure où iphéon était gravé. Il avait été béni mais cela lui donnait-il le droit de faire pareil demande ? Il ne s'était pas attendu à pareil consensus des Alphas. Qu'elles acceptent qu'il porte le glow aurait été déjà un grand pas, mais voir pour intégrer le Bleu était impressionnant.

« Je ne sais pas. Ao est assez particulière. J'ignore si elle sera ou non favorable ou quand bien même, j'arrive à en discuter avec elle.

C'était tout ce qu'il pouvait dire. Ce sujet était encore bien épineux et lui demanderait bien des réflexions.

« Si Ao accepte, la zone autour du temple deviendra Etelkrus ? Et qu'en est-il des solitaires qui portent ou souhaiteraient être Bleu ?

Son coeur se pinça à pensant à Onyx.

Attentive aux paroles du mâle noir et feu, elle cessa de jouer avec ses cheveux, laissant retomber sa patte près des autres.
Il était vrai, elle devait bien l'admettre, qu'elle possédait des connaissances bien limitées en ce qui concernait les divinités des terres libres : Contrairement à celles Etelkrus, elle n'avait jamais approché leur temple et n'avait pas trop d'idées concernant leurs caractères... A l'exception de Mido, peut-être, qu'elle imaginait sévère.
Mais c'était tout.

Elle vint poser sa tête contre l'épaule de Méridor.

- Oui. Mais les solitaires possédant déjà la couleur d'Ao pourraient continuer de rendre visite à leur déesse, il serait cruel de les en priver. Ceux la souhaitant à l'avenir, cependant, deviendraient mercenaires, comme le sont les solitaires disciples de Kiro et d'Aka.

Sauf si la dragonne émettait des souhaits autres, évidemment. Les Etelkrus respectaient leurs divinités, leurs volontés, et si elle le devenait... Alors, elle bénéficierait de la même écoute que ses comparses.
Qui n'avaient pas l'air d'avoir à se plaindre du traitement que l'on leur réservait.

- Tu en connais beaucoup, des solitaires bleus ou aspirants bleus ?

Invité

Il écouta les explications de la Bleue. La religion des porteurs de la Dragonne ne seraient pas trop impactée mais n'y aurait-il pas certaines restrictions ? Car Méidor doutait que le territoire avoisinant le temple demeure libre, il rejoindrait celui des Etelkrus devenant donc une propriété bien gardée. Quant à devenir mercenaire, cela les liait à la fois à une Déesse et à un Clan mais voudraient-ils de ce deuxième lien ? C'était une situation difficile à établir et il savait que si Ao acceptait, Ao donnerait ses propres conditions et que les Etelkrus devraient à leur tour les accepter.

« Des porteurs bleus, je n'en connais que deux. Angelo, qui est parmi nous, et Leikn.

La compagne de son mentor qu'il ne connaissait très peu au final ... Il repensa un instant à son Père qui autrefois portait cette couleur. Une légère tristesse passa dans son regard qu'il chassa en se blottissant un peu plus contre la louve.

« Je n'en connais que deux, Rhaegar et Onyx. Si le premier ne peut y prétendre à cause d'une malédiction jetée par Mido, la deuxième est peut-être devenue disciple.

Bien évidemment, il se garda se préciser que Rhaegar était son frère, ne le considérant que très peu comme cela. Il n'était qu'un fantôme qui avait simplement fui après le dôme, abandonnant sa Famille. Son peuple. Ses terres. Et Ao. Il ferait un bien piètre disciple aux yeux de Méridor.

Angelo.
Bien que respectueuse des décisions de Pepper, elle n'avait jamais trop comprise celle ci.
Il était un ancien Lazuli venu dans leurs rangs, paré de son glowstick bleu. Et si il pouvait se vanter d'avoir sauvé la peau à cet imbécile de Floyd, avant son admission... Méridor n'avait-il pas fait preuve d'autant d'héroïsme, en venant en aide à Saqqarah lorsque celui ci avait été jeté par Shinkaku dans les bois de l'oubli.
Il n'y avait, à sa connaissance, qu'une différence entre eux : Angelo possédait déjà le bleu, Méridor le convoitait. A actions égales, il aurait été logique de laisser son chevalier tenter sa chance auprès de la dragonne.

Surtout lorsque l'on constatait, aujourd'hui, l'inutilité dont faisait preuve Angelo.

Leikn, Rhaegar et Onyx.
Elle n'en connaissait aucun. Irait peut-être voir la première, pour voir si il serait possible de convenir d'un arrangement, afin que personne ne se retrouve froissé ou lésé. Quand aux deux autres... A priori, ils n'étaient pas encore porteurs de bleu.
Était-ce seulement possible, de procéder ainsi ? Cela leur permettrait-il d'obtenir les faveurs de la dragonne ?

- Tu penses qu'ils le prendraient comment ?

Elle posa sa tête contre son épaule.
Bientôt, il lui faudrait rentrer. Mais, clairement, elle n'en avait pas envie.

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