Ronde macabre ou joyeuse ritournelle ? ▒ libre !

▒ 5 ans++ ▒
F A E I

Elle aurait eu mieux fait de dévaler la dune de sable comme un tonneau, ça lui aurait prit moins de temps et de sueur. La louve noire gronda entre ses crocs, maudissant son ventre lourd et large qui décuplait sa maladresse et lui volait une bonne part de son agilité habituelle. A chaque pas, des tas de choses cliquetaient dans son sac, des bouteilles s'entrechoquaient, des cailloux cognaient l'un contre l'autre... Un beau tas de bazar bien étrange pour un néophyte. Essoufflée, agacée, la Maitresse des Rituels rouspétaient contre elle-même, et un tout petit peu contre ces petits bouts de loups qui -elle priait l'Océan chaque nuit, qu'ils sortent ! Qu'ils sortent !!- ne tarderaient plus à montrer le bout de la truffe. Et puis elle prenait ensuite une voix douce pour les rassurer, pour expliquer que maman était fatiguée mais qu'elle leur concoctait une petite surprise pas piquée des hannetons. Non mais quand même elle se donnait de la peine pour eux ! Ces petits ingrats ! M'enfin, elle ronchonna encore, en se laissant ensuite glisser sur une berceuse tendre qu'elle leur fredonna. Elle avait si hâte que ses petits monstres naissent -et l'a libèrent- ! Même si cela signifiait, elle le savait, que sa liberté en vérité, serait réduite en pièce. En trois minimum. Elle le sentait. Elle ne savait pas combien, mais au vu des mouvements de chaque côté, au moins trois. Une mer-veilleuse famille avec Abysse.

Un sourire béant fendait la poire d'Ann tendit qu’elle s'installait sur le banc de plage face à la Carcasse marine. De son sac elle sortie une bougie blanche et de l'encens -empruntés à la Bibliothèque des Nakhus-, des pierres de plusieurs couleurs, du parchemin vierge, de l'encre de seiche et une plume, des petits os de prédateurs, des pièces d'or, du fil de pêche et de beaux coquillages scintillants de la Côte de Nacre. Elle farfouilla encore, et sortie une bourse dans laquelle elle gardait visiblement un précieux trésor. Elle laissa cela un plan un moment, le temps de récupérer le long de l'Océan quelques brindilles égarées. Puis, elle revint, toujours en chantonnant, pour ranger les affaires dans un ordre précis. Elle débuta ensuite son rituel. Elle commença par allumer la bougie avec deux silex frappés l"un contre l'autre, puis l'encens a l'aide de la bougie. Ceci fait, elle inscrivit tranquillement à l'aide de la plume trempée dans l'encre sombre, son petit sortilège et la mention tout enfant né de l'union du Second Raeder et d'elle-même. Puis elle récita, avec une foi certaine en ses mots :

« Ô Océan, Ô Puissance inégalée, accorde moi le souhait de disparaître et de m'éclipser du regard malveillant et du mauvais œil. Ainsi les forces positives de l'univers en moi pourront naître alors qu'invisible, je serais protégé par votre aura. Soyez bénis mes petits monstres. »

Ann fit ensuite brûler la feuille en usant de son imagination pour visualiser le rejet du mal par les corps de louveteaux. Tout en observant la flamme ravager l'écriture, noircir le papier et le dévorer, elle attrapa six pierres d'un noir profond et mat qu'elle posa en cercle autour du papier brûlant. Six onyx - pierre à laquelle elle avait pensé après sa rencontre avec une étrange petite louve chez les Nakhus-, car cette pierre servait de bouclier de protection contre d’éventuelles agressions physiques. Elle permettait également d’effacer progressivement les chagrins. De fait elle rendait plus confiants, et plus forts. C'est ce qu'elle souhaitait pour ses petits. Elle avait également trouvé des pierres semi-précieuses rouge orangés, à la couleur comme floue... Comme fumée. Il y avait très longtemps dans l'épave face à elle, aujourd'hui était le jour de s'en servir. Des jolies agates qu'elle sortit de sa petite bourse avec précaution. Il était dit que les agates fumées était un formidable bouclier contre les énergies négatives, les peurs, le sentiment d’insécurité ou de panique. Elle aidait à se stabiliser, et à retrouver bien-être et sérénité après avoir rencontré quelques tumultes. Idéales donc pour un sort de protection n'est-ce pas ? Et enfin quelques perles d'aventurines pour la bonne santé. La feuille se désagrégea complètement mais sa fumée s'enroula autour des cristaux avant de s'évaporer également.

La sorcière remercia alors l'Océan pour tout ce qu'il offrait aux pirates quotidiennement et puis, dans un sourire et des pensées d'amour infini, elle souffla la bougie et l'encens. Puis, reprenant sa chansonnette, elle s'allongea avec entre ses pattes les pierres des trois couleurs, les petits os, le filles de pêche et les coquillages, et elle s’évertua à attacher ensemble ces objets de manière harmonieuse mais surtout équilibrée aux petites branches dans l'idée d'en faire un mobile à accrocher au dessus de la première couchette de leurs marmots. Ainsi, en plus du rituel, la danse des pierres au dessus du berceau renforcerait la protection autour de ces merveilleux et tant attendus futurs monstres marins. Qu'elle était heureuse, la future mère, et elle n'imaginait même pas combien son bonheur maintenant n'était qu'une fraction de ce qu'elle ressentirait à peine quelques heures plus tard...