Du temps est passé.

Ses pattes l'approchent de la tanière et elle voit les changements du paysage autour de la Vasque. Trop de temps est passé.  Pourtant elle ne grimace pas, n'empeste pas l'endroit de demi-sentiments ; elle n'est pas venue immédiatement après pour de bonnes raisons.

Ses pensées se tournent vers ses compagnons. L'amour et la famille ont occupé une grande part de son temps mais elle s'est surtout inquiétée de la position qu'elle a souhaité prendre auprès de l'un d'eux. Avalon. Être le lien entre lui et les dieux qu'il a pu renier, pour le protéger de leur courroux ; aussi pour l'aider à tourner la page et ne plus persifler à leur sujet. Elle a mené une danse qui ne se valse qu'avec le temps qui a cependant payé, il s'est bonifié dans son rôle de père. Ceci non résolu, elle ne se voyait pas revenir sans qu'il y ai conflit d'intérêt, et donc dissonance cognitive.

Cela lui a permit de gagner en preuves.
Repousser le reptile marin, aider Eva au transport d'Ysée puis ramener Junlahdwiin à la raison après la mort d'Exxus, soigner Knut et établir un premier lien avec les direwolves à leur avantage, son accession au rang de Guide, accompagner finalement leur petit groupe avec Knut pour ramener le totem vert à la fontaine, libérer ses peurs et par conséquent sa fille qui désirait voyager... Et désormais se servir de leur expérience et connaissances pour écarter le Spinosaure avec un plan légitimé par son nouveau rang. Des nombreux actes qui ont été toujours effectué dans la même logique : aider, protéger, et répandre la logique. Elle voit le futur à retourner voir Knut et façonner leur lien, prendre des apprentis s'ils sont prêts à suivre ses méthodes exigeantes.
Il y a un autre désir cependant, une fois que cette entrevue et le mécanisme qu'elle est en train d'imaginer construit.

Elle pose les pattes dans le boyau qui descends.
La terre se dérobe.
L'agilité qu'elle possède, dans la moyenne, n'est pas suffisante pour se réceptionner correctement dans la descente. Elle voit sa patte se retourner, le réflexe parvenir à ses muscles trop tard et entend presque les tendons protester avant qu'ils ne lâchent. L'articulation sort de son emplacement avant que la louve rose ne s'étale sur le sol. Quelques paires de secondes passent où la terre tourne et s'émiette devant ses yeux mais quand enfin elle chasse les paillettes brunes elle se redresse. La douleur la prends tout de suite. Elle serre les dents et claque de la langue, agacée. Puis souffle.

"Je paye le temps que j'ai mis pour revenir."

L'on pourrait croire qu'elle catégorise cela comme une punition de Mido, il n'en est rien. Comme les plantes se sont modifiées au-dessus, l'entrée aussi et n'a pu voir les fragilités du sol depuis sa précédente visite. Elle transfert son poids sur trois pattes et claudique finalement vers la statue du Raptor et pose le regard sur elle. Les yeux verts qui irradient toujours de la trace du cauchemar : un autre outil pour ramener à la raison comme ce loup hybride qu'elle a pu recoudre ainsi.
Elle inspire et débute son monologue.

"Je ne veux pas forcément d'un glowstick."

C'est un drôle de préambule. Elle sait qu'une part d'elle voulait voir si elle était encore digne à ses yeux la première fois même si elle n'en avait pas la prétention. Le temps au loin passé à enchainer des actes lui a aussi permit d'éclaircir ce qu'elle désirait. Sa motivation à être revenue vers lui. Ce qu'elle a faillit à transmettre lors de leur dernière rencontre. Pousser toute question de glowstick pour cette conversation est indispensable.

"Je voulais plus que réparer les terres. J'espère avoir œuvré correctement pour la logique, avoir montré qu'il est encore possible de la répandre.

Elle lui a déjà présenté en pensées un récapitulatif de ce qui a été fait.  Il a reconnu qu'elle s'était améliorée chez les Nakhus, elle en a été flattée. Mais ce développement d'âme s'est fait au prix de quelque chose d'important : elle a apprit à faire confiance. Elle veut montrer que dans ces souvenirs elle a collaboré avec d'autres, construit ensemble et même supporté certains. Les choses ont été accomplies malgré tout, ils ont avancés.

Plus que lui dire, elle est venue prouver.

"Guide, tel est mon rôle, tel est mon désir. Guider vers la logique toujours, avec des disciples, et surtout en sachant les demandes du dieu la représentant."

Elle n'attendrait qu'une phrase de sa part pour continuer.
Pour être certaine d'aller dans la bonne direction et ne pas s'égarer en pensant représenter ses désirs. Elle veut aller plus loin que montrer sa dévotion. Plus haut que simplement soigner les terres et les berges. Elle s'incline, le museau aussi bas que la patte démise le lui permet, ignore au mieux la douleur qui s'en échappe et garde ses traits lisses.

Elle veut écouter. Elle veut être le lien.
Entre les loups pour leur montrer où ils ont échoué. Entre le dieu, pour restaurer sa patience en eux, et sa foi.
Sa voix est sa voie.

La voix de Mido ricoche sur la pierre.
Plus que la sienne.

Il n'y a pas à désirer ou espérer, seulement savoir et accomplir, répond-t-il à tous ces souvenirs, ces questionnements et tentative de communiquer ce qui règne en elle. Elle accueille la phrase, et comprends que sa parole a été superflue, et qu'elle n'a pas besoin d'euphémismes dans ses phrases pour exprimer son respect et sa dévotion. Elle a voulu écarter l'épreuve en premier lieu pour montrer qu'elle ne cherchait pas que cela, mais à le servir plutôt. Un léger tord qu'il lui rappelle.

Il ne fera pas d'elle un lien en la couronnant d'une autre mission. Ce ne sera que quête personnelle mais elle l'accepte de bonne grâce. Plus important, elle saisit que pour continuer d'enseigner, distribuer le savoir et poursuivre les accomplissements et ainsi mener cette envie, elle devra d'abord renouer le prêt qu'il fait auprès d'eux.

Elle ferme les paupières un simple instant.
Quand elle les rouvre, ce à quoi elle s'attend est présent devant elle ; les énigmes. Le souvenir de sa première épreuve la gagne, celle gagnée après un tout petit rachat sur la réponse, au lieu de la parole. Ironique et drôle, elle qui l'a dispensée aujourd'hui peut-être à tord face à celui qui lit en elle. Avec un sourire, il y a aussi le souvenir de la conversation avec Cendres où elle lui a compté celles de son épreuve, et où il lui en a soumis en retour. Cela lui avait manqué. La louve rose réfléchit dans l'ordre, elle aime faire les choses dans le bon ordre.

Elle décortique.
Ranger et prêter. Comme des choses qui s'y stockent et s'en ressortent pour être distribuées. L'on. Cela lui fait penser à la façon de dire "où l'on se trouve" et elle pense à un espace. Un espace de stockage, un espace d'échange. Glane les acquis, le Vert. Oui, un espace qui range peut-être des connaissances, dédié au Savoir. Il y a un endroit qui contient les connaissances, où se rendent les gens en quête de Savoir et où par extension on réfléchit. Ses livres s'y rangent, on les y emprunte parfois.

"La Bibliothèque."

Elle dénoue.
Gueule en poignard. Elle pense en premier lieu à un cri face à la douleur mais un est mentionné après, ce n'est donc le verbe. La gueule, le faciès qui aurait donc une forme spéciale, elle ne voit qu'une silhouette pointue car tels sont les armes. En eau libre. Voilà qui est intéressant, elle ne souvient pas avoir croisé cette phrase avant, mais libre porte une notion de vaste donc cela doit faire référence à une grande étendue d'eau. Dormir, dormir... peut-être que l'objet de l'énigme y retourne la nuit, ou n'y est pas active. En a fait sa demeure ? Un cri lutin. Ne lui évoque d'abord rien, si ce n'est une notion de rire agaçant. Son spectre est blanc. La chose est-elle fantomatique ou laisses-t-elle un résidu blanc après elle ?  Cette énigme lui demande un peu plus de gymnastique mentale, alors elle épouse la recherche avec intérêt et enthousiasme. Si la gueule désigne l'apparence, peut-être que le spectre aussi. Quelque chose de blanc, pointu, qui est à la mer peut-être, et qui a un cri agaçant.  Euréka, un souvenir lui revient, d'un oiseau qu'elle a déjà vu sur le littoral dont le cri l'a déjà surpris et lui a fait pensé à un gnome... ou un lutin.

"L'aigrette garzette !"

Elle s'anime.
Sourire aux babines, elle embarque sur la troisième pour défaire les définitions et les implications et... constate plutôt sa redondance, son recoupement en trois notions. Eclat, brillant, unique. Elle s'égard à chercher quelque chose qui brille et est unique mais surtout fascine. Elle se demande s'il s'agit là d'une référence à la leur pour les glowsticks ou pouvoirs, ou celle des dieux pour leurs valeurs. Non, cette boucle semble comme faite pour être malicieuse et l'égarer. Ce n'est pas une question de fond, mais de forme. Elle observe les mots, les lettres et... oh. C'était insidieux tant c'était sous son nez. Les majuscules épellent la réponse te il est vrai, qu'il fascine et brille d'une façon qui n'a de pareil.

"Le feu.

Elle relève les yeux vers la statue, avec toute sa certitude pour ces réponses.
Et tout son dévouement.