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F A E I

Il avait été long pour Solelio d'être en paix avec ce que réclamait son coeur. Sa foi, toujours très portée sur le rouge d'Aka, représentant la force, la vaillance et... couleur portée par son père, l'avait longtemps attirée. Elle avait fini par comprendre que son amour pour le Grizzli découlait également de sa peur d'être affiliée à la rusée Renarde. Car si Dairo avait été la personnification d'un esprit malin et plein de ressources, elle avait été également la déesse de Nachos, et elle avait tant craint de ressembler à sa mère de prêt ou de loin qu'elle avait rejeter toute attirance pour l'orange. Hors sa vie par delà les frontières de la grève l'avait poussé dans ses retranchements, l'avait mener à briser les murs de sa prison mentales pour survivre, pour puiser dans tout ce qu'il restait à sa disposition pour faire face à une faune et une flore hautement supérieure à elle en taille et en force. Elle avait alors embrasser sa capacité à la vive réflexion, celle là même qu'elle avait toujours cachée à cause de cette terreur d'être comme elle. Hors elle avait finalement su s'en sortir ainsi, sans devenir vicieuse, mesquine ou cruelle, elle avait su utiliser son esprit aiguisé pour s'améliorer et s'adapter à son nouvel environnement sans pour autant se rapprocher du fantôme de Nachos qui pourtant l'a hantait encore. Moins, depuis son retour et la présence de son jumeau. Lentement mais sûrement, le souvenir de la mère abusive retrouvait sa place de souvenir et les voix laissait la rouquine tranquille la plupart du temps.

Les prunelles bleu glacier de la femelle caressèrent le temple d'un coup d'oeil rapide, déterminant instinctivement les dangers que représentait un endroit aussi clos. Observer et analyser était devenu une seconde nature, quand la force était relayée à dernière solution. Voilà pourquoi, finalement, et malgré tout, elle parvenait enfin à trouver du positif dans ces deux années loin de tout et de tout le monde. Le retour avait été dur, car elle s'était très longtemps sentie en décalage avec la meute. Son évolution avait été différente, si loin là-bas. Retrouver la complicité avec Elvazio lui avait permis de s'attacher à nouveau à tout ça, à la meute, à ses territoires. C'était donc presque sereine, et complètement déterminée -après tout elle avait présenter ses excuses à Aka-, qu'elle s'avança au devant de la gargouille de pierre qui trônait au dessus de la fontaine. L'effigie de Dairo.

« Bonjour Déesse Renarde, je souhaiterais devenir l'une de tes filles. »

Elle inspira profondément, espérant voir apparaître la divinité orange. Elle voulait être sa fille, pour ne plus être celle de l'odieuse génitrice. Elle voulait sa couleur, pour se prouver à elle-même qu'elle était meilleure que sa mère, et que cette dernière ne définirait plus jamais ses pas au travers de la peur induite.

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Pour avoir eu par deux fois la chance d'observer le Grizzli se manifester, il était évident que Dairo était plus satinée, plus posée. Sans grande pompes, elle fût là, soudain dans un flash de lumière. Renarde de feu assise sous sa gargouille. Présence non moins imposante que son frère, mais à l'énergie moins violente, moins brutale. C'était comme si la pièce s'emplissait peu à peu en encerclant la louve d'une pression, comme si des murs sa rapprochaient d'elle et l'enfermait dans une prison là où le pouvoir d'Aka vous tombait dessus et pulsait dans tout votre organisme. Et en même temps, cette sensation était complètement normale puisqu’elle se retrouva sans plus de palabres dans un labyrinthe. Elle remarqua en premier le sol aux dalles de couleurs opposées : certaines claires, certaines sombres. Elle se trouvait à une intersection, plusieurs chemins plus ou moins larges. Plutôt moins que plus d'ailleurs. L'un permettait à peine le passage d'un loup maigrichon, là où d'autres auraient laissés sans soucis s'engouffrer une patrouille complète. Son regard étudia les murs non lisses : de roches, ils semblaient ne rien offrir. Pas de végétation, pas d'alcôves en vue. Ses oreilles s'agitèrent alors que des notes de musique dissonantes retentissaient sans ordre, ni cohérence, ni régularité. Comme si on tapait par intervalles aléatoires sur un instrument. On devait même le frapper fort car elle en sentait presque les vibrations dans les coussinets par moment. Comme si tout le labyrinthe souffrait de cette brutalité.

En quelques secondes, son analyse visuelle prit fin et elle s'avança vers le chemin à sa droite. Elle se figea net alors qu'à son enjambée deux notes avaient chanté. Deux notes, deux dalles de distance. Elle réalisa aussi que dès lors qu'avait sonné son pas, elle n'avait plus rien entendu d'autres. Comme si quelqu'un écoutait, exactement comme elle, la suite de cette mélodie chaotique. Et c'était cela n'est-ce pas ? Il y avait quelqu'un d'autre dans cet endroit devenu inquiétant à ses sens, et si elle en jugeait à l'intensité des sons produits par son pas et ceux fait par l'autre, il était d'un gabarit bien supérieur à elle. Un gardien ? Un prisonnier ? Impossible de déterminer s'il était adversaire ou allié pour l'instant. Impossible également d'en deviner davantage simplement en écoutant sa démarche. Forcément, c'est la suspicieux, la peur qui prit le pas et qui décida qu'à preuve du contraire, l'autre était un danger. Il lui fallait estimer donc ledit danger, puisque pour l'instant elle n'avait pas déterminer où elle devait aller. Puisque grimper directement sur une paroi semblait impossible pour avoir une vue d'ensemble. A supposé aussi, que l'autre était assez haut pour être vu sans être vue. Ses couleurs flamboyantes passaient peu inaperçues dans un dédale aussi sobre. Bon. dans tous les cas, faire du bruit pour rejoindre un couloir était inévitable là tout de suite. Il décida donc de prendre la route la plus étroite. Elle était fine, ça devrait le faire.

En quelques bonds elle se faufila dans le passage et avancer de quelques pas encore. Les notes dissonantes résonnèrent forcément, dans une cacophonie désagréable. Solelio esperait juste qu'en ayant été rapide, cela suffirait à rendre son emplacement plus difficile à trouver. Elle sentit l'autre se rapprocher tout de même se rapprocher de sa position alors que les sons se faisaient plus lourds, plus forts à chaque pas. Indubitablement il était gros. En se sentait serrée, et sa respiration s'accéléra alors que de chaque côté de son corps elle sentait la roche froide contre sa peau. Il lui fallait maintenant se déplacer sans bruit pour que celui qui devait désormais vouloir la trouver ne le puisse pas. Elle leva la truffe, observa les murs. Elle inspira profondément, repousser l'impression d'enfermement pour se concentrer sur son objectif : monter. Elle se redressa sur ses postérieure et tourna sur elle même pour être dos à la cloison et face à l'autre. Une nouvelle note sous la poussée de ses pattes. Elle avait tout juste la place, coude pliée, de se tenir ainsi. Repoussant le mur de ses pattes antérieures cette fois, pour plaquer ses épaules et son dos afin de porter son poids entre les deux murs, elle releva ensuite une à une ses pattes arrières. Il fallait désormais maintenir la pression constante, et lentement mais sûrement avancer à la verticale. Elle se savait endurante, elle pouvait le faire. Il fallait juste garder en tête son but et de pas se laisser distraire avant d'être en haut.

Et ne pas tomber. Surtout ne pas tomber, car assurément, elle en payerait le prix fort. Se hissant entre les deux pans de rocailles, lentement car le passage restait quand même très étroit, elle s'efforça d'écouter sans se concentrer totalement dessus, l'avancée de l'autre, adaptant son allure lorsqu'elle l'entendait se rapprocher sans pour autant laisser l'urgence s'emparer d'elle. Elle devait continuer de monter en utilisant la peur comme un moteur pour atteindre plus vite un point de vue globale. En espérant tout de même ne pas se retrouver truffe à truffe avec l'autre directement, auquel cas, il lui faudrait trouver une autre stratégie. Ainsi, lorsqu'elle parvint en haut des cloisons, essoufflée et les muscles tremblants d'efforts, elle commença pas ne laisser dépasser que sa tête pour observer rapidement tout ce que sa vision pouvait englober, dans cette position stationnaire, moins fatigante que l'escalade et donc comme un mini-repos, car elle pouvait bloquer ses muscles dans une pression forte et ne plus doser sa force pour se mouvoir. Œil analyste et oreilles aux aguets, elle chercha à déterminer la position de l'autre, et pourquoi pas, d'avoir un premier aperçu sur ce qu'il était.

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Parvenue en haut, et certaine de n'être en danger immédiat, Solelio prit le temps de calmer son rythme cardiaque que l'exercice avait fait grimper autant que d'altitude elle avait prit. Son souffle apaisée, elle longea un peu, fébrilement mais aussi discrète que possible quelques allées. Inscrivant ainsi dans son esprit les allées empruntées et leur positionnement les unes par rapports aux autres. La labyrinthe était bien trop grand pour qu'elle en retienne tous les chemins. Elle pouvait cependant retenir ce qui l'entourait. De temps en temps, elle se permettait une griffure sur la roche où un jet de cailloux pour observer la réponse de la Bête qu'elle entrevoyait régulièrement et dont surtout, elle entendait les pas lourds. Elle comprit rapidement qu'elle fonctionnait à l'oreille, et cherchait à savoir donc à quel point son ouïe était fine. Petit à petit, la rouquine se rapprocha du centre pour découvrir que le creux au milieu n'était pas qu'une absence de mur de pierre, mais un trou béant, lugubre, abyssal. Comme une porte vers les enfers. Comme la fin de tout ce qui pourrait s'en approcher. Elle eu l’inquiétude d'être avalée par cette profondeur et de disparaître. Elle se rappela que techniquement, disparue elle l'avait déjà été de longues années. Ça ne pouvait pas être pire que son monde de solitude où elle avait vrillé. Elle jeta un nouveau coup d'oeil à la position du gardien du lieu, ou de son captif, elle ne savait pas trop. Et si elle l'y faisait tomber ? Le danger serait quasiment complètement écarté. Mais en même temps... Bien qu'il soit menaçant, il ne pouvait pas l'atteindre si elle restait attentive à ses mouvements. Il n'était donc pas un assaillant à proprement parler, alors pourquoi s'en débarrasser ? Protégeait-il quelque chose ici ? Ou était-il perdu ? Devait-elle le tuer ? Etait-ce son épreuve ? Elle n'en voyait pas l’intérêt immédiat. Et suspendre une vie inutile ne lui convenait pas. Peut-être autrefois, n'aurait-elle pas hésiter. Aujourd’hui, elle avait vécus bien des choses qui lui faisait nécessité une raison pour tuer. Elle se détourna donc et continuer à regarder, écouter et sentir son environnement, avançant sur d'autres rangées de murs en quête de quelque chose d'autres. D'un trésor peut-être ?