Exiger réparation l Libre

Il claudique, dans les longues allées de la Bibliothèque. Son épaule le fait un peu plus souffrir que d'habitude, sa hanche le tire, et son museau est agressé des odeurs rances de la fumée du récent incendie. Les marques en sont présentes partout : le bois des étagères est mangé, tout est noir de suie et de nombreux tomes gisent au sol. Des livres manquent à l'appel, à jamais perdus, et Cendres aurait presque l'impression d'entendre leur lente litanie résonner dans l'énorme bâtiment vide.

Il soupire.

Il n'était pas là, lorsque le bâtiment a pris feu. Etait-ce une bonne chose ? Arrangé comme il l'était, il n'en aurait pas mené large : même courir lui arrachait encore des douleurs, lorsque l'effort était prolongé. Il ne pouvait que boiter d'un étal à l'autre. Et pourtant, chacun y avait fait sa part. Chacun avait porté son coeur. Tant, que Mido lui-même s'était parait-il montré. Tant, que deux dieux s'étaient ici réuni.

Il secoue la tête.

Rien ne servait de ressasser les évènements du passé.

Il se sentait terriblement seul, et pour une fois les livres n'apaisaient pas sa solitude.

Peut-être que tirer sur ses muscles le lui permettrait.

Le loup capé de blanc gratte le sol, la suie s'envole. Si la bibliothèque était sauvée, il restait beaucoup de travail pour lui rendre sa reluisance passée - mieux, l'éclat qu'elle méritait. Alors, il s'attela à la tâche : il trotta misérablement jusqu'au fond des rayonnages et attrapa un balai. Méthodiquement, malgré toutes les protestations de son corps déjà récalcitrant, il commença à balayer le sol pour y faire réapparaître les pavés.

La tâche était ingrate, et probablement vouée à durer des jours au vu de la surface impactée. Mais Cendres n'en avait cure, il avait déjà conscience de la petitesse de sa place dans le monde.

Il n'avait nulle part où aller, nul endroit où il était attendu, et la seule chose qui se rattachait encore à son coeur était ce petit coin de savoir. Ainsi, il pouvait bien dédier cet instant de sa vie pour lui.

Scratch, scratch, scratch.

Le balai râcle le sol, incessant, et le clair se fait derrière ses pas.

Petit.

A.

Petit.

Libre

Exiger réparation

L’âge avançait, le temps passait et Octavia sentait le poids dans ses pattes. Et dans son coeur aussi, ses petits lui manquait tant et visiblement, les drames se succédait dans la meute de ces derniers. Le cœur gros, la louve se traînait en terre Nakhu. La restriction du territoire, elle s’en fichait, ses enfants vivaient là et le lion blanc n’aurait qu’à la raccompagner lui même si ça le dérangeait.

L’odeur de la bibliothèque lui agressait le museau et bien vite, elle put admirer l’ampleur des dégâts. Une triste image mais c’était le piquant des livres en charpie qui lui tirait le plus de larmes. C’était si désagréable qu’elle ne sentit pas l’odeur de son propre fils. Le bruit du balais sur le sol et les quelques grognements de douleur trahissait sa sombre présence.

« Bonjour mon chéri. »

Fit-elle de sa voix la plus douce tout en enjambant des piles de papiers brûlés. Tout en affichant un beau sourire à Cendres, du reste, elle espérait le réconforter vu son état. Une fois à sa hauteur, elle lui lança gentiment :

« Viens faire un câlin ! »

Il en avait besoin, sa mine déprimée en disait assez long pour qu’une mère ait envie de réconforter son poussin.

Il met longtemps, avant de se rendre compte de sa présence. Elle n'est pas arrivée avec une discrétion particulière, mais il n'était pas attentif.

Il n'est plus attentif depuis longtemps.

Son attention était concentrée sur le balai.

Swish. Swish. Swish. Swish.

Et elle est là, elle l'appelle, elle le cajole de mots doux. Octavia, sa mère qui longtemps s'est occupée de lui, sa mère qui depuis longtemps s'est installée loin d'ici sur les côtes. Sa mère. Comment ce mot est-il sensé résonner en lui ? Il ne sait pas - il ne sait plus. Le respect, oui. Un respect qu'il est loin d'éprouver pour tous, un respect qu'il lui réserve, à elle comme aux autres.

De l'amour ? Oui, probablement. Un peu. Peut-être. Sûrement.

Il y a quelque chose, c'est sûr. Quelque chose, quelque part.

Cendres pose le balai contre un mur et claudique vers la louve pastel :

Bonjour, maman. Ca fait longtemps, ça fait plaisir de te voir.

Et alors qu'il dit ces mots, malgré le ton un peu raide, il se rend compte que c'est vrai. C'est bon de la voir. Alors il se rapproche, et autour de ses épaules passe ses pattes pour l'étreindre. Il n'y a ni fureur ni passion dans la façon dont il s'accroche à elle, juste un mouvement poli et franc - au moins.

Rien de plus.

Rien de moins.

Il recule d'un pas.

Comment vas-tu ?

Libre

Exiger réparation

Une étreinte brève, mais cela reste une étreinte, et aux yeux de la mère louve, c’était réconfortant de voir que ses longues absences ne changeaient pas cela. Pourtant, elle n’eut pas réellement le temps de savourer davantage. Il avait toujours été distant, avec bien des loups, mais elle savait au fond d’elle que Cendres n’avait pas mauvais fond. Il était juste comme ça ?

« Un plaisir partagé ! »

Argumenta-t-elle tout en lui assénant un coup de langue vicieux sur la joue. Son rire ténue et son sourire tinté d’inquiétude ne quittait pas le regard d’or. Mais alors qu’il recule d’un pas, la louve se met à faire le tour de la pièce en ruine. Son regard lézarde le long des parois pleine de suie et d’un ton clair répondit à la question :

« Je vais comme toutes les vieilles choses, je craque, je m’affaisse et je fatigue. Mais la santé va et le moral tient bon, on en voit d’autres dans une vie. »

Sa marche s’arrête devant une étagère à peine épargnée. Elle tourne le museau vers son fils et reprend :

« Je m’inquiète davantage pour toi mon cœur ! »

L’inquiétude maternelle et un sentiment de culpabilité quant au fait de ne pas avoir su le protéger.

« Si il n’y avait que le corps, mais ton esprit semble tourmenté... »

Sa voix s’éteint dans un drôle de silence alors qu’elle se remet devant le grand loup bleu et vert.

Elle parle. Elle parle beaucoup, elle parle toujours beaucoup. Ca ne le dérange pas, ça lui évite d'avoir à le faire après tout. Il n'y a pas de blancs à combler, pas d'hésitations à saisir, pas de mots à fournir. Que des questions à répondre.

Des questions qui cette fois l'interpellent. Le laissent coi. Elle s'inquiète... Elle ne devrait pas s'inquiéter. C'est son rôle de mère, peut-être, mais il n'a plus l'âge que l'on s'inquiète pour lui. Alors il lui offre un petit sourire rassurant, et il lui ment avec tout l'aplomb dont il est capable, tout le calme qui toujours l'emplit :

Ne t'inquiète pas. C'est ma hanche, elle me fait un peu mal, mais ça ira. Il faut que je pense plus régulièrement à l'étirer et faire mes exercices.

Que c'est difficile, quand la motivation de voir Lewis n'est plus là, quand il ne sait pas quand elle rentrera. Quand il ne sait pas quelle aventure l'appelle, cette fois.

Je suis content que tu ailles bien. Tu te plais toujours, aux Côtes ?

Sur elle, il reporte l'attention et la discussion.

Libre

Exiger réparation

Ce que les enfants ne comprennent pas toujours, c’est qu’ils resteront à jamais des enfants. Octavia écoute avec attention, hochant la tête les yeux clos pour mieux écouter son fils. Et d’un coup d’un seul, elle s’arrête les yeux écarquillés de stupéfaction tout en lâchant sans contrôle :

« QUOI?!! »

Elle grimace et s’approche un peu.

« Ne pas m’inquiéter ? Tu veux que je ne m’inquiète pas pour mon idiot de fils ? Sache mon petit que je m’inquiéterai si je veux d’abord et même que ce sera jusqu’à ma mort et même après ! »

La louve lève le museau, faussement offusquée tout en faisant des petits regards en coin. Elle ne pouvait lutter contre la théâtralité, c’était bien trop inscrit dans ses gênes. Et pour une fois, Via pouvait gueuler dans la bibliothèque sans remontrance de ses gardiens. Le sérieux ne tenant pas, elle éclate de rire et reprend d’une voix plus douce et posée :

« Je suis ta mère, je m’inquiéterai toujours de savoir si mes enfants vont bien. Que ce soit toi, Ruine ou Momon ou bien encore tes imbéciles de petits frères. Vous êtes tous important pour moi. »

Elle s’approche du jeune convalescent et frotte sa tête sur son encolure. Avait-elle jamais remarqué qu’il était devenu si grand ? La solitaire ne s’attarda ni sur sa marque d’affection, ni sur sa question et s’avança vers le balais que Cendres venait de poser. Le dos tourné à son fils, Octavia prit un ton sombre :

« Je m’étais juré de ne plus le faire mais je dois rompre mes propres serments pour le bien de mon bébé ! »

La louve empoigne le balais et commence à faire le ménage, le tout… En chanson façon Blanche-Neige et les 7 nains. Un remake impromptu.

Quel clown.

Malgré lui, ses babines s'étirent. Elle est dramatique, elle l'a toujours été. Poussant toujours plus loin, plus fort, avec plus d'extravagance. Cendres secoue la tête et souffle de sa truffe un soupir amusé. Mais il ne bouge pas, il se contente d'observer et de se faire public docile. Attentif.

Elle prend son balai, alors Cendres ne peut que la suivre jusqu'à trouver de quoi l'aider. Il brise son silence pour lui répondre :

Toi aussi, tu comptes pour moi.

Peut-être pas... Autant qu'elle pourrait l'espérait d'un bon fils. Sûrement pas assez, après tout ce qu'elle avait fait et faisait pour lui.

Mais elle comptait.

Cendres au bout de quelques pas lui adresse un signe de tête et s'échappe pour aller chercher un second balai.

Puis dans le silence le plus total il prend place à ses côtés, et de nouveau aide à chasser la suie. La musique d'Octavia les accompagne, mais ça ne le dérange pas. C'est tout aussi reposant que le silence, moins lourd.

Libre

Exiger réparation

La joie emplit son cœur en voyant les quelques maigres mimiques de son fils et en entendant les quelques paroles qu’il ose lâcher. Via redouble d’effort et sa voix augmente et roule sur les r, à la manière d’une mère pigeon toute enjouée. Le balais virevolte et les débris voltige autour d’elle. Le ménage c’était pas son fort après tout, mais le cœur y était. Lorsque Cendres revient armé d’un autre balais, elle arrête un peu la chansonnette pour parler :

« On devrait demander un coup de patte aux autres Nakhus pour la retaper cette bibliothèque ! Une vieille et un infirme ne suffiront pas à refaire les étagères tu penses pas ? »

La louve pose son balais et va vers une des entrées pour y gueuler un coup.

« SI Y A QUELQU’UN ON VEUT BIEN D’VOT’ AIDE LES COPAINS ! Voilà, si personne n’entends c’est qu’il sont sourds ! »

Ponctuant sa fin de phrase d’un énième rire éclatant. C’était une habitude qui ne la quitterait jamais.

Trottinant pour repasser devant son fils, la solitaire reprit sa tâche en toute gaieté. Un coup à gauche, un coup à droite, son petit tas de cendres humides commencer à ressembler à quelque chose. Puis, au détour d’un glissement de la suie, un livre émergea de l’obscurité. Via posa son bâton et entreprit de virer ce qu’elle pouvait délicatement de quelques coups de queue.

« Y a un survivant par ici mon chéri… enfin je crois ? »

D’une patte, elle tire le bouquin. Il semble encore tenir debout, et la louve lâche un soupir de soulagement. Vivement, elle se tourne vers Cendres et commence à agiter le livre dans ses pattes.

« Je sais pas lire, tu peux me dire le titre ? »

Le membre 'Himi' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'PC - Réussite' :
Exiger réparation l Libre 210105052804580407

Il s'apprête à répondre alors qu'elle se met à gueuler, et Cendres roule les yeux au ciel. Si quelqu'un dormait dans la bibliothèque, ça n'était plus le cas. Et puis, il espérait aussi que personne ne les rejoigne. Sa mère avait déjà une personnalité importante à... Absorber, alors quelqu'un d'autre...

Il la suit, omettant les dandinements gênants, reprenant avec attention tous les spots qu'elle peut oublier dans son énergie débordante. Là, c'est tout de suite plus propre, mais aussi plus simple alors qu'elle prend les devants. S'il n'aurait jamais quéri l'aide de quiconque, celle-ci est bienvenue malgré le bruit qui l'accompagne.

Lorsqu'Octavia lui apporte un bouquin, il se rappelle seulement qu'elle ne sait pas lire. Une ombre passe dans son regard.

Bien sûr.

Il se penche en avant, tire sur ses muscles transis et cligne des yeux.

La balade des chiens mouillés. Drôle de titre. Probablement un roman ou un essai.

Il saisit délicatement le livre et le retourne pour en lire la quatrième de couverture.

Mh, oui un roman médiéval sur une compagnie d'archers, qui se passe en pays pluvieux visiblement.

Il lui tend le roman, avant de se raviser.

Je vais le ranger.

Cendres claudique vers le lieu qui lui semble le plus approprié pour accueillir le rescapé.

» Réunion [Quête de réparation du vaisseau. Tout les Raeders sont invités]
» Feu - Libre
» What's in there ? l Libre
» E.P.I. [Libre]
» Jet Lag l Libre