Des plumes et des cendres | Libre

La Bibliothèque dressait sa carcasse abîmée dans le froid silence du matin. Il n'y avait pas de vent, à peine quelques perles de rosée pour en faire briller les contours noircis. Certes une grande partie du bâtiment était toujours debout, et vue sous certains angles c'était presque comme si rien ne s'était passé. Même s'il y avait l'odeur. Ce parfum âcre qui vous prenait à la gorge et qui semblait bien décidé à ne plus s'en aller. Il entâchait les murs, les étagères, les livres, paraissait même transpirer à travers les épaisses dalles du sol. Etait-ce une pierre poreuse, qui aurait emmagasiné pour les années à venir le souvenir de cette terrible nuit ? Dans ce grand silence, la silhouette d'Eldunari se détachait, silencieuse et noire comme autant de suie. Ses pas suivaient les jalons d'empreintes qui marquaient toujours le sol, qui paraissait l'avoir tâché. Les empreintes des courses frénétiques pour éteindre le feu. Les empreintes de la peur et de la colère. Les empreintes d'un jour qui avait changé bien des choses.

L'adolescent ne savait trop quel jugement porter sur les actes de celui qui avait provoqué cet événement, ni sur les décisions qui avaient été prises ensuite par la meute pour s'en prémunir. Il était encore trop jeune pour avoir été mis dans la confidence, et n'avait pas spécialement fait d'efforts pour chercher à le faire non plus. Il n'éprouvait pas d'affection spécifique pour ceux de son sang - ils étaient gentils avec lui, mais même à l'aube de ses six mois il percevait déjà des discordances entre eux. Il était perspicace, peu bavard et peu enjoué pour son âge, mais observateur. C'était d'ailleurs pour celà qu'il se trouvait ici aujourd'hui, seul. Il avait bien songé à proposer à Nymeria de venir avec lui, mais finalement il s'était ravisé. Il avait attendu, pour savoir si son jumeau avait constaté la même chose que lui lorsqu'il s'était rendu sur les lieux de l'incendie.
Visiblement non.

Il ne savait pas si les loups qui avaient marché près de lui étaient trop focalisés sur ce qui se passait devant leurs yeux, et dans leurs pensées, pour ressentir ce qu'il avait ressenti. Il s'avança dans l'allée, suivant le même itinéraire que celui qu'il avait fait avec d'autres un peu plus tôt. D'autres qui étaient partis traquer, demander de l'aide à leur déesse, ou faire des choses qui ne le concernaient pas. Ni lui, ni sa potentielle découverte.

Arrivé au tournant d'une large étagère,il obliqua. Puis se figea un instant après. C'était ici. Sous ses griffes, le bruit avait légèrement changé. Il n'était pas capable de dire pourquoi, parce qu'il n'en avait pas l'expérience. Mais il sentait que le sol sous les dalles n'était pas exactement le même. C'était plus flagrant encore maintenant qu'il était seul et dans le silence. Ca sonnait creux. Ses oreilles frémirent alors qu'il faisait quelques pas en avant, en arrière, de côté, pour essayer de déterminer la zone concernée. Puis il s'immobilisa et ses yeux de glace parcoururent les alentours, cherchant un indice. Une faille dans le sol, un mur à l'aspect étrange, n'importe quoi qui eût justifié que cet endroit-là n'était pas comment les autres sous ses coussinets.

Nettoyer la bibliothèque après un incendie, c’était clairement pas une promenade de santé. Faut dire que dans le genre pénible, enlever la suie ça se posait là. D’un côté, ça donnait quelque chose de mystérieux au bâtiment, comme de vieilles cicatrices. Mais la pierre, ce n’était rien. Le plus dur était de voir l’état de certains livres, ravagés par les flammes, dont-il parfois même impossible de déchiffrer les titres.
Puis y’a l’odeur d’un autre Nakhus qui flotte dans l’air, Prudence s’approche, pour apercevoir un jeune loup (roh, presque une année mais c’était un p’tiot encore). Jeune loup qui tapa sur le sol comme si il cherchait quelque chose. La Licorne se demandait bien comment il s’était rendu jusqu’ici seul, mais s’approcha.

« — Hé ! »

Prudy s’approcha, sa queue nattée se balançant alors qu’elle observa l'adolescent. À force d’être au dédale, elle avait mémorisé quelques visages et retenu quelques trucs essentiels. Notamment que Eva, était celle qui avait eu le plus d’enfants chez les Nakhus, dont Nymeria, et que les louveteaux actuels étaient ses enfants.

« — T’es le frère de Nymeria hein ? Vous êtes très différents l’un de l’autre. »

Mais toi tu ressembles vachement à votre mère.

« — Tu veux un coup de patte ? »

Le sol sonne creux sous tes pattes Eldunari. Le plancher grince, gondole légèrement, comme s'il avait été gonflé d'eau. Un peu étrange, quand on sait qu'il n'y a pas si longtemps, ce sont les flammes qui l'ont rongé. La zone semble décrire un cercle, de bien cinq ou six mètres de circonférence. Des traces qu'il reste, tu peux aisément estimer qu'il y avait, à la place des décombres, des étagères, lourdes, très lourdes, sur ce plancher ondulé.

Le tracé de la zone qui paraissait touchée par cet étrange phénomène lui apparut bientôt clairement, au gré de ses déplacements sur le sol abîmé et tâché de suie. Ses ses doigts blancs n'étaient plus qu'un lointain souvenir, et toutes ses pattes paraissaient désormais parées du même noir sombre. Plus que simplement résonner, le sol semblait même par endroit grincer légèrement, comme gémir sous son poids pourtant encore léger de jeune loup. Patient, observateur, il constate qu'à certains endroit il semble irrégulier, comme légèrement gonflé. Après quelques instants, Eldunari se recula pour jauger la zone d'u peu plus loin. Ce fut à cet instant qu'une vois résonna derrière lui, en même temps que le bruit des pas d'un autre loup.

Il tourna la tête pour apercevoir, s'avançant vers lui, une silhouette inconnue. Ou plutôt qu'il n'avait jamais vraiment croisée encore, car la description que son frère lui en avait fait était précise et qu'elle faisait maintenant partie des leurs, il connaissait au moins de nom la louve qui s'avançait vers lui. Impossible de s'y tromper, avec ses cornes cristallines, sa queue nattée et la coiffure particulière qu'elle avait et qui avait d'ailleurs inspiré son jumeau - chose qu'il ne savait trop s'il appréciait. Ses prunelles froides s'étrécirent légèrement alors qu'il la regardait approcher, évaluant quel degré de gêne elle allait potentiellement apporter avec sa présence. Il était clair qu'il n'avait pas prévu de partager ce moment avec quiconque - à part éventuellement Nymeria s'il avait eu l'audace de le suivre - et il ne sauta pas de joie à l'approche de ce nouvel individu. Cependant, il n'était pas dit qu'elle ne pourrait pas l'aider ou lui être utile, alors il ne s'agissait pas non plus de la repousser complètement. Il se contenta de la regarder s'approche, et n'eut même pas besoin de lancer la conversation puisqu'elle s'en chargea pour lui.

"Oui." Répondit-il en redressant légèrement la tête lorsqu'elle l'identifia par son frère. "Toi, tu es Prudence."

Inutile de poser la question tant il était certain de la réponse. Ce fut donc une affirmation. Lorsqu'elle lui proposa son aide, il resta un instant silencieux, puis désigna l'emplacement où le sol se comportait étrangement sous les pattes et répondit :

"Tu sais quelles étagères étaient là ? Quels livres ?"

Il n'était pas très bavard, pas très accueillant non plus. Mais réellement curieux de savoir ce que cet endroit pouvait cacher.

Le dérangeait-elle ? Probablement que oui. Est-ce que pour autant, elle en avait quelque chose à faire ? Absolument pas. Là où Nymeria était plus chaleureux.se, le frère lui était froid comme la glace. Un instant, elle l’observe, en particulier lorsqu’il prononce son nom. Cela sonnait très bizarre dans la gueule de cet enfant, la Licorne n’aurait su dire pourquoi.
Puis à la question, elle détourne le regard pour observer la bibliothèque. Il n’y avait plus rien ici, un lieu ravagé par les flammes. Un endroit qu’elle n’avait pas fréquenté… ou… cet endroit lui évoquait le lieu où jadis avec Heinly, ils tentèrent d’invoquer un mort pour parler avec lui, effectuant ainsi une danse étrange.
Comment cela s’était-il terminé d’ailleurs ?

« — Non. »

Elle reporte son attention sur l’enfant.
Elle l’avait trouvé en train d’observer le plancher. La nouvelle Nakhus s’approcha, donna des coups de pattes.

« — Mais il y a quelque chose en-dessous j’imagine. »

Prudence c’était pas l’adulte responsable qui allait interdire à un enfant d’explorer ou de se mettre en danger. C’était bien le contraire même.
Elle encourageait la curiosité.
Loup, sorti de son pouvoir, se manifesta, composé de brume noir, il montra les crocs à l’enfant, alors que montait dans sa gorge un grognement bestial. La disciple de Moiro lui désigna les planches. La bête avait plus de force, les crocs n’auraient aucun mal à arracher le bois.

« — Il y a beaucoup de choses dans cette bibliothèque, de la magie blanche, de la magie noire, des sortilèges et rituels terrifiants, ce qu'il a en-dessous peut-être dangereux. » Une pause, alors qu'un sourire mystérieux étire ses babines. « Mais t'as l'air d'être un garçon débrouillard, j'me fais pas de soucis. »

La nouvelle venue ne savait pas non plus ce qui se trouvait là. L'intérêt qu'Eldunari lui porta diminua légèrement. Il l'observa sans mot dire aller elle aussi tâter le sol de ses pattes, pour parvenir à la même conclusion que lui. Il y eut un instant de suspend durant lequel défilèrent dans son esprit plusieurs hypothèses qui lui permettraient de détourner l'attention de Prudence pour l'attirer ailleurs et continuer son enquête seul. Mais un événement vint changer le cours de ses réflexions et remonter Prudence dans son estime. Un nuage noir prit soudain corps autour d'elle, ou à ses côtés, il n'était pas bien certain. Il avait une vague forme lupine, assez en tout cas pour qu'un museau et des mâchoires hérissées de crocs s'en distinguent. Les oreilles d'Eldunari frémirent lorsqu'il gronda, et il lui sembla que ce grondement résonnait jusqu'aux tréfonds de son être. Etait-ce là le pouvoir de la louve ? C'était intéressant. Il se demanda si le monstre avait réellement une substance, s'il était capable de le blesser ou s'il se contentait d'être une figure intimidante.

Elle parla à nouveau, et il se fit un peu méfiant lorsqu'elle lui sourit. Il ne savait pas si son ton était ironique ou non, et ne maîtrisait pas encore toutes les subtilités du cynisme. Elle évoqua du danger aussi. Sans doute en le pensant sincèrement, sinon pourquoi aurait-elle invoqué cette chose ? A moins que ce ne fut simplement pour l'effrayer. Il ne pouvait mentir et affirmer que l'ombre n'était pas intimidante. Mais une part un peu insolente de lui avait envie de ne pas trop le montrer, et plus encore de tester s'il y avait une réelle menace, sous cette Bibliothèque ou dans cette ombre noire et vaporeuse devant lui. La solitaire n'avait rien dit ou fait pour le dissuader d'aller plus loin dans son exploration en tout cas. Voire même avait-elle lancé une pichenette dans le sens inverse.

"Ca peut briser le sol, pour aller voir ?" Demanda-t-il désignant l'ombre du museau, la queue légèrement redressée.

Sinon il faudrait qu'il trouve une solution autre pour savoir ce qui se cachait dessous. Durant un instant, il se dit que son père n'apprécierait certainement pas qu'on vandalise la Bibliothèque de la sorte. Son père ou n'importe lequel des hauts gradés Nakhus d'ailleurs, eux qui avaient tant oeuvré pour qu'on la sauve. Mais ce n'était pas comme l'incencdie, ceci dit. Le plancher, ils pourraient bien le rafistoler.

C’est qu’il a l’air vraiment déterminé à savoir ce qui se cache sous ce plancher ce sale marmot. Intéressant.Prudence était loin de sous-estimer les secrets de cette bibliothèque. Si la neige avait su emprisonné des dinosaures, ce bâtiment qui visiblement avait quelques propriétés magiques… devait en cacher des choses. Il provoque un peu d'agacement chez Loup dont la brume se fait plus épaisse, il n'apprécie pas les sous-entendus de l'enfant.

« — Peut-être. »

Prudence n’est pas sûr.
Ce n’était pas impossible, encore moins pour son pouvoir… mais est-ce que la bête accepterait ? Elle désigna l’endroit du museau, observant avec fermeté son pouvoir.

« — Attaques, Loup. »

(Lancé de dé ING pour voir la maîtrise sur le pouvoir)

La bête obéit, plonge ses crocs dans le bois. L'ancienne solitaire se recule d'un pas pour éviter les éclats et débris de bois (elle allait probablement se faire se faire taper sur les griffes pour endommager le bâtiment, m'enfin c'était quelque chose de minime à réparer). Elle n'invite pas l'enfant à se reculer, si il était main il comprendrait, auquel cas... bah ce n'était que du bois...
Loup parvint à arracher suffisamment de bois pour permettre un passage, Prudence siffle légèrement pour lui intimé de s'arrêter avant de poser ses yeux mauves sur Eldunari.

« — Tu veux passer en premier ? »

Les yeux d'Eldunari se plissèrent légèrement lorsqu'elle lui répondit sans certitude. Mais visiblement ce n'était pas une louve d'inaction car elle se détourna aussitôt de lui pour s'adresser directement à l'ombre née autour d'elle. L'échine du jeune loup se hérissa légèremetn, d'excitation et de crainte à la fois, lorsque la brume noire se mit en mouvement. Elle fondit sur le plancher de bois, dévoilant des crocs brillants. Le plancher gémit et craqua sous cette attaque, et des morceaux de planche brisée fusèrent autour d'eux. Plus par réflexion que par envie, le fils de l'Oracle recula d'un pas et ferma les yeux. Un éclat lui entailla la joue, mais il ne broncha pas. Un trait sanguinolent se dessina sous son oeil gauche.

Un sifflement de la louve, et le silence revint. Le regard d'Eldunari se plongea dans la cavité ténébreuse qui s'était révélée à eux. Ils n'avaient rien pour l'éclairer, aussi leurs yeux ne pouvaient encore leur servir pour déterminer ce qu'elle contenait. Il ne regarda pas Prudence lorsqu'elle s'adressa à lui - à qui d'autre aurait-elle pu parler de toute manière - et se contenta de s'approcher du bord. Sa joue le picotait, mais il n'en avait cure. Une lueur de franche curiosité animait ses froides prunelles lorsqu'il se pencha, les pattes sur les bords fragilisés, pour flairer l'air en-dessous. Froid, souterrain, s'y mélangeaient les relents âcres de l'incendie et de la suie qui tâchaient leurs pattes. Il s'écoula un moment avant qu'il ne réponde d'une voix neutre :

"Oui."

Il se rassembla sur lui-même - les planches fragiles du rebord gémirent un peu sous son poids pourtant léger - et se coucha au sol. Tous ses muscles étaient tendus, et pendant un instant il resta immobile au-dessus du vide. Puis il poussa sur ses postérieurs pour se laisser tomber dans le noir.

[Dé ING pour savoir s'il capte une information sur l'endroit où il arrive
EDIT - Echec, je considère qu'il ne reconnait, voit ou sent rien du tout d'intéressant.]

Il se réceptionna bien sur du sol, à peine éclairé par le trou au-dessus de lui. Cependant, ses yeux ne distinguaient rien, peut-être parce que le noir était trop profond ou qu'ils ne s'y étaient pas encore faits. Ses oreilles ne captaient pas de bruit, sa truffe pas d'autre doeur que celle persistante de l'incendie. Il n'aimait pa sça, cette sensation d'être aveuglé. Surtout qu'il n'avait pas vraiment de possibilité de remonter facilement, et donc pas vraiment le choix sur la conduite à tenir : il allait falloir continuer.

Il releva les yeux pour voir si Prudence et l'ombre le suivraient.

En voyant un des éclits entailler la joue du louveteau, Prudence se sentit aussi prise d’une vague de culpabilité. Merde… le p’tit saignait. Elle tendit une patte vers la joue avant de la reposer sur le sol, une certaine détresse dans le regard.
Par chance (ou pas), Eldunari bondit dans le trou. Attendant quelques secondes pour ne pas lui tomber dessus, la Licorne le suivit. Ça sentait l’humidité et il semblait faire froid. Cela l’impactait peu de part son pelage épais, mais elle allait devoir surveiller le petit. Le loup de Brume gronde à ses côté. Seule son glowstick rose fait office de source de lumières dans l’obscurité.

« — Il nous faut avancer prudemment, il pourrait y avoir des pièges, ne t’éloignes pas trop. »

Qu’elle puisse l’avoir dans son champ de vision (qui de part l’obscurité était plus que réduit).

(Dé ING pour savoir si Prudence trouve des informations sur ce lieu)

Elle vous regarde, étonnée ; puis siffle, menaçante. De toute évidence, elle n'apprécie pas votre venue ici. Mais elle ne fait rien de plus.

Et effectivement, elle le suivit un instant plus tard, l'ombre dans son sillage. La lumière de son glowstick éclaira les environs et repoussa leur champ de vision suffisamment loin pour qu'une silhouette indéniablement vivante ne se manifeste. Etait-ce la présence de deux loups, la voix de Prudence, ou bien le changement de luminosité qui l'avait dérangée ? Eldunari tressaillit lorsqu'elle se mit à siffler. Ce n'était pas un son qu'il avait déjà entendu, mais le frisson qu'il lui jeta le rendait menaçant. Son regard bleu s'accrocha à la créature qui leur faisait face, et qu'il identifia comme une araignée. Il avait eu vent des mésaventures de certains de leurs camarades sur cette même île, et du fait qu'ils aient croisés des bête sdu même genre. Elles habitaient les histoires que l'on racontait pour faire peur aux louveteaux.
Mais c'était une chose de se l'entendre décrir et de se l'imaginer, et une autre de la voir se dresser devant soi.

Il rejeta la répulsion que la chose lui inspirait pour mémoriser chaque détail de ce qu'elle était, chacune de ses particularités. Elle ne les avait pas attaqués, et rien ne disait qu'elle allait le faire. Ils l'avaient peut-être surprise un peu brusquement en détruisant ce qui, supposait-il, avait été le toit de sa maison. Cependant, une part de lui s'étonna de trouver une créature vivant sous la Bibliothèque alors même que le feu avait dû faire grimper la température très haute à cet endroit. Il passa sa langue sur ses babines, pensif, sans cesser de surveiller l'araignée du regard.

Puis une autre pensée lui vint.

"Peut-être que ça a peur de ton ombre." Souffla-t-il à l'intention de Prudence.

Ils n'étaient pas seulement deux loups, ils étaient deux loups accompagnés d'une créature à l'aura plus cauchemardesque. Peut-être que cela jouait dans l'accueil un peu froid qui leur avait été réservé.

En entendant le sifflement, Prudence reste calme, posant doucement une patte sur le dos d’Eldunari.
Un ton plus sérieux cette fois, alors que les prunelles mauves ne quittent pas l’araignée.

« — C’est une veuve noire. Restes calmes et ne fais pas de mouvement brusque, on va continuer à avancer. »

Un murmure.
Tout ce qui était bestiole dangereuse c’était son rayon à Prudence et elle savait que la morsure de cette araignée était particulièrement mortelle à défaut de trouver un traitement. Ces bêtes étaient trop… imprévisibles… La gamin évoque la possibilité que Loup effraie la veuve. Mieux valait avoir un bouclier ou un moyen de défense en cas d’attaque… ici Agneau ne serait pas utile… à moins qu’ils finissent blessés. La disciple de Moiro continua d’avancer, observant du coin de l’oeil la petite araignée. Si ils tournaient à l’angle ils déboucheraient peut-être sur une salle ou quelque chose dans ce genre ? Après tout, si il y avait des couloirs, c’est que ça devient mener quelque part.

Alors, bibliothèque, quels sont tes secrets ?

Il eut un tressaillement lorsque Prudence posa la pette sur son dos, ne s'attendant pas à ce contact. Sa famille avait rapidement compris qu'il n'était pas aussi tactile que le reste de la couvée - quoi que Nymeria n'était pas non plus débordant d'affection - et il avait de moins en moins l'habitude de tels contacts spontanés. Il fallait dire qu'il ne faisait rien pour les encourager. Mais ses yeux froids restèrent accrochés à l'araignée qui feulait dans son coin. La voix de la louve s'était faite doux murmure, comme pour les apaiser eux et apaiser la créature. Il nota soigneusement les consignes qu'elle lui donnait, et elle regagna quelques points d'intérêt. Hedwige lui avait dit que cette louve habitait la Bibliothèque, visiblement elle s'y connaissait un peu en matière de créatures. Du moins le saurait-il dans quelques instants.

Il lui emboîta le pas et finit par détacher son regard de l'araignée pour le plonger à nouveau dans les ténèbres. Cette fois-ci, ils avançaient éclairés par le glowstick rose qui luisait dans les ténèbres. pris d'un accès de témérité, Eldunari doubla d'un pas celle qui l'accompagnait, les yeux grands ouvertes, les oreilles dressées et la queue en panache. La curiosité qui l'habitait chassait rapidement la crainte qu'il avait - et puis l'ombre aux crocs acérés derrière eux lui donnait raisonnablement l'impression d'être protégé.

[Dé ING pour savoir s'il trouver des informations sur l'endroit où ils arrivent après avoir tourné à l'angle]

Le tunnel s'enfonce doucement sous terre, comme s'il s'agissait d'un simple sous-sol. Et puis, dans cet angle, ta lumière divine ne perce pas les ténèbres. En baissant les yeux, tu peux percevoir les deux premières marches d'un escalier de terre battue, qui semble plonger dans cette noirceur poisseuse. L'odeur y est vieille, comme entachée par le temps et les toiles ; moite, et la terre, pourtant, semble sèche.

Au loin, la petite veuve noire s'est repliée sur elle même, comme pour se cacher. Elle vous observe d'un seul œil, se pattes prêtes à déguerpir.

Il faisait de plus en plus sombre, au point que la lumière du glowstick n’était plus suffisante pour éclairer leurs pas. Faisant la moue, Prudence stoppa Eldunari.

« — Ça ne sert à rien d’avancer davantage, on y verra rien. Il nous faudrait des torches. »

Et ils ne savaient pas ce qu’il y avait en bas. Quand bien même la disciple de Moiro était curieuse d’en apprendre davantage, il était stupide de risquer la vie du p’tit en tombant sur un quelconque prédateur.