Il ne les verrait pas, Maman ou son Oncle ! L'une était endormie ou occupée, plus loin. L'Autre (dénommé à juste titre) était perpétuellement présent, pensait l'enfant, et sans doute était-ce là la raison pour laquelle Maman pouvait la laisser aussi indépendante.
Mais sans me laisser seule !
Elle l'avait bien vu, cette manière de sonder les environs à leur recherche. Tout le monde avait ces mêmes mouvements, ce même regard qui fouillait les feuilles de la jungle sans avoir à les bouger. Personne ne voyait jamais rien.
C'est pour moi, pas pour eux que l'on vient !
Et pour elle, on joue.
Contre l'Ombre, son petit corps vient parfois taper sans gravité. Elle ouvre la gueule et la pousse un peu, elle enfonce ses pattes puis son corps tout entier dans le sol puis bondit en sa direction.
Elle piaille, elle pousse un petit cri strident. L'enfant-louve, qui n'est pas tant une enfant par l'âme trop adulte qui domine encore, ajuste le capuchon de tissu et de coquillages sur sa tête et plisse tant ses yeux qu'ils en deviennent fermés.
Les rentrouvrir lui montre que même l'adulte se plie au jeu.
Ils sont trois silhouettes qui dansent sur la plage et étendent des ombres immenses.
N'en deviennent pas moins que serviteurs à tes pattes.
Elle rit quand de ses pattes avant, elle attrape celle de l'adulte. Son contact est aussi étrange que celui de l'Ombre : sa peau est nue et lisse, sans un seul poil à cet endroit pour perturber ce toucher. Ce n'est pas non plus écailleux comme le veut être tout poisson, ce n'est pas non plus le même aspect lisse que la coquille d'un crabe.
Toute étude se mène d'observations et de logique.
Je collectionne toutes les sensations !
Elle redresse vers lui les grands yeux bleus innocents, y associe un sourire aux dents pointues.
Un moment passe comme ça.
Et ton bonheur mène à sa fatigue.
Sur ses quatre pattes, elle chancèle un peu, puis tombe fesse dans le sable. Elle baille, ouvre et ferme lentement ses yeux.
Alors déjà elle se lève, étire ses pattes et leur fait face.
«
Vous êtes très drôles et amusants ! On se reverra ? Oui, bien sûr, qu'on se reverra ! Vous reviendrez ici. »
Elle hoche la tête, convaincue.
«
Je dois rentrer dormir auprès de Maman, à bientôt ! »
Elle lève une patte. Princesse de cette plage, elle les salue.
Et à petits pas, s'en va retrouver sa Maman et le repos nécessaire.Je veux plus de ces rencontres !