Flares — Libre

Il fait froid.

L’oeuf s’était échoué dans une flaque résiduelle, alors que la marée descendait. Sans mal, Nirvana était parvenue à percer la poche qui la retenait, son petit corps entrant en contact avec le sable. Sur son poil, quelque chose tombe, quelque chose de froid, alors que le ciel gronde au-dessus de sa tête.
Elle a vraiment très froid. Ses yeux la picotent, alors qu’elle bouge tout doucement ses pattes. Sous ses dernières elle sent quelque chose d’agréable au toucher, quelque chose de chaud, alors qu’elle rampe pour y glisser son museau dessous. Au moins, cet endroit serait au chaud.

Où était ceux qui chantaient alors qu’elle était encore dans l’oeuf ?
Où était la chaleur ?

Il faisait froid ici.
Elle avait faim.
Et elle ne se sentait pas bien.

Comme tous les jours ayant précédés celui ci, Holly chassait dans la Rougelande.
Elle appréciait toujours autant ces moments passés seule dans cette vaste plaine, ce qui était peut-être étrange, lorsque l'on savait à quel point la solitude pouvait l'effrayer.
Là, au moins, personne ne venait perturber sa chasse en lui parlant ou, même, en faisant suffisamment de bruit pour faire fuir ses proies.

La louve bleue pistait quelque chose, d'ailleurs, lorsqu'elle sentit une odeur particulière, saline. Elle fronça les sourcils : Y avait-il un intrus, chez eux ?
Si tel était le cas... alors, elle se hâterait de le renvoyer à la frontière. Ou six pieds sous terres, si il opposait une quelconque résistance.
Un soupir franchit ses babines. Les Solitaires ne pouvaient-ils pas rester chez eux ?

...
C'était bel et bien un intrus, mais pas celui qu'elle aurait imaginé. Elle était si petite, cette enfant, et si vulnérable, là, à la merci des prédateurs. Et ce n'était pas sa petite couverture qui allait la préserver de tout cela.
Elle ne pouvait pas rester sans rien faire. Il lui fallait la protéger.

La louve bleue s'approcha doucement, pour ne pas l'effrayer et, sans plus se précipiter, la prit contre elle, pour la réchauffer.

- Ca va aller.

Qu'est ce qu'une enfant si jeune faisait là, toute seule ?

Y’a du bruit. Ça se rapproche. Nirvana l’entend, mais ne le voit pas avec le museau sous sa couverture. Ça s’arrête à proximité.
Et avec le froid et la peur, le petit corps tremblote.
Et il y a de la chaleur.
Pas qu’au museau, mais de la vraie chaleur. Nirvana ne bouge pas un moment, avant de se blottir un peu plus contre cette chose qui la protégeait du froid. Ça lui rappelait la chaleur dans l’oeuf, à l’abri.

Les oreilles bougent en entendant la voix. Ce n’était pas comme les chants, mais ça disait des choses.
C’était apaisant.
Nirvana referma sa gueule sans quenotte sur celui ou celle qui la réchauffait, cherchant en plus de la chaleur de quoi manger.

La toute petite louve vint davantage se blottir contre elle.
Ca lui fit quelque chose, à Holly, évidemment. Comme si... comme si elle était née pour avoir un enfant, si ce n'était plus, calée contre elle.
Il ne fallait, cependant, pas s'emballer : Elle le savait. De par cette couverture brodée près de la petite, elle pouvait devenir, sans mal, que celle ci était aimée par ses parents biologiques. Peut-être qu'ils étaient même à sa recherche, en cet instant... Ce qui était légitime, oui.
Ca aurait été son cas, à elle, en tout cas, si elle avait perdu un bébé. Alors, elle devrait peut-être aller les chercher ? Pour que la petite Nirvana puisse retrouver sa famille...

Un sourire attendri vint fendre le visage de la louve bleue, lorsque la gueule du bébé vint se refermer sur elle. Un vrai petit piranha.

- Oh, petit cœur, tu as faim. On va te trouver à manger.

Il lui fallait du lait. Ce qu'elle n'était en capacité de lui offrir, là. Il fallait donc rentrer au Castel pour la remettre à une mère allaitante afin qu'elle puisse se nourrir.
Perrine remplirait ce rôle à merveille. Juste pour le lait.

- Allez viens, trésor.

Elle enveloppa la petite louve dans sa couverture afin de la garder au chaud et se mit en marche vers le Castel.