L'avenir - Désastre

Ce sera bientôt la fin de cette aventure.
Et le début d'une nouvelle.

Chose courante, désormais, c'était ses petits qui l'avaient éveillée, ce matin, en bougeant dans son ventre.
Il s'étaient développé à une vitesse folle et elle n'avait, honnêtement, pas vraiment senti le temps passer. Ce n'était pas grand chose, qui la séparait du moment où ils se blottiraient contre son flanc.
Elle ne savait pas vraiment si elle était ravie de cela ou, au contraire, un peu triste.

Dans tous les cas, elle avait connu des temps bien plus difficiles que ceux là.
Il y avait quelque chose de plaisant, dans cette attente, dans le simple fait de récolter de petites choses ici et là, pour leur préparer un nid digne de ce nom : Des peaux de bête pour faire office de couverture, quelques peluches cousues -ça changeait des capes-... Elle avait essayé de prévoir en avance, de peur de ne plus trouver le temps, ensuite, ou d'être trop fatiguée pour cela.
Il lui semblait qu'elle ne s'en sortait pas trop mal.

A pas de loup, pour ne pas éveiller sa fille, elle quitta leur tanière pour se poser à l'extérieur. Elle ne serait pas longue : c'était juste l'occasion de profiter des matins calmes du Castel.
Elle sourit, en apercevant l'un des siens.

- Bonjour, Daisy !

Tu as bien grossi.
Holly du se mordre les joues et pincer les babines pour ne pas rire.
Daisy avait, toujours, une façon bien à lui des s'exprimer et même si elle s'y était habituée, depuis le temps qu'elle le cotoyait.... Mais certaines remarques inattendues venaient toujours la surprendre.
Au lieu d'un rire qu'elle ne souhaitait pas, ce n'était pas gentil pour Daisy, son sourire s'élargit, dévoilant ses crocs.

- Oui ! Ils ne devraient pas tarder à sortir, je pense.

C'était ce que lui avait dit Perrine hier, en tout cas.
Bientôt, elle ferait la connaissance de ses enfants, tant attendus. A la joie, se mêlait, toujours, l'appréhension. Elle espérait, évidemment, être à la hauteur en tant que mère, lorsque viendrait le temps de les éduquer mais, avant cela, il lui faudrait les mettre au monde. C'était, peut-être, ce qui lui faisait le plus peur, pour le moment : Et si elle avait trop mal ? Est-ce que tout se passerait bien ?
Elle avait essayé de ne pas trop y penser, mais, maintenant, c'était imminent, alors...

Enfin, de toutes manières, Holly n'avait plus le choix, maintenant : Ils étaient là, il faudrait bien qu'ils naissent.

- Ca fait longtemps, que nous n'avions plus eu de louveteaux, ici. Hormis les enfants de Perrine qui étaient un peu isolés. J'espère que les choses reprendront leur cours. J'aimerais qu'ils aient des amis pour jouer.

Tristement, elle ne comptait pas vraiment là dessus : Les Etelkrus peinaient tant à se reproduire. Elle était, clairement, la plus jeune de sa génération à le faire et soupçonnais les autres de ne pas y penser.
Ou alors, ils n'aimaient pas les gosses.

- Est-ce que tu veux les toucher ?

Elle saisit le regard du mâle, qui allait de son visage au sol, comme si...
S'attendait-il réellement à ce qu'elle mette au monde un louveteau, là, comme ça, dans la minute, alors qu'elle n'avait même pas la moindre contraction ? Sacré Daisy.

Pour le reste, il était d'accord avec elle sur le faible nombre de louveteaux. Comment ne pas l'être, en même temps ?
En tant que mère, elle était un peu triste de se dire que ses enfants n'auraient que très peu de jeunes de leur âge à cotoyer, puisque même les enfants de Perrine étaient un peu plus vieux... En tant qu'Alpha, elle s'inquiétait également de cette situation et comprenait un peu mieux ce qui avait pu pousser Anette et Pepper à organiser ce tournoi.
D'un point de vue stratégique, il aurait probablement été intéressant de pousser Daisy à se reproduire... Mais d'un point de vue éthique, Holly en était bien incapable.

- Daisy... Si tu as des enfants, un jour, je veux qu'ils naissent par ce que tu les as souhaités. Il y a trop... Il y a eu trop d'enfants que leurs parents ont élevé sans les aimer.

Toi et moi en faisons partie.
Quelques temps plus tôt, elle aurait peut-être aussi parlé d'attendre de trouver la bonne personne avec qui les faire. Mais elle ne croyait plus en ces choses là, à l'amour, tout ça, et ne voulais pas l'inciter à se priver d'enfants juste par ce qu'il n'avait personne à ses côtés.
Il y avait des chemins alternatifs, qu'elle empruntait elle-même.
Ce n'était pourtant pas faute d'avoir souhaité un schéma familial classique, de tout son cœur. Un voile passa dans son regard, à cette pensée, qu'elle chassa d'un battement de cil.

- Ils ne craignent rien, si tu n'appuies pas, et moi non plus. Mais c'est comme tu le souhaites.

Il voulait bien.
Si le regard de la louve bleue s'était, un instant, paré d'un voile de tristesse, celui ci disparut immédiatement au profit d'un sourire plus grand encore. Il était satisfaisant, et cela représentait même une certaine victoire, de voir Daisy prendre ses propres décisions, qu'il ne fasse plus quelque chose par ce qu'on le lui demandait mais bien par ce qu'il le voulait bien.
C'était une évolution qu'il avait eu et qui n'était pas dénuée d'importance. Il s'épanouissait, à sa manière, peut-être de manière moins évidente que bien des loups, mais certains changement étaient déjà visible.
Il était, déjà, moins mécanique que ce qu'il avait été, jadis.

Elle le laissa venir vers elle, prendre son temps, se tenant immobile tout en gardant une posture ouverte, accueillante. Son regard se para d'une lueur d'amusement, lorsqu'elle surprit, chez le loup gris, la surprise.
Ce devait être la première fois, qu'il vivait quelque chose comme ça, plus que de ne pas avoir appris à gérer les grossesse. Sans doute n'y avait-il pas de louve gestante, lorsqu'il avait effectué son apprentissage, auprès de Tawana.
Rien de problématique, cependant : D'autres étaient là pour s'occuper de ce genre de choses, à chacun sa spécialité.

Ce que ça lui faisait, à elle ?
Comment décrire, ce genre de choses...

- Là, ils sont un peu plus calmes par ce qu'ils n'ont plus beaucoup de place, je pense. Mais avant... Il y a eu des moments où ils étaient particulièrement en forme et donnaient des coupés, légers. En ce moment, c'est un peu inconfortable mais ça ne me dérange pas. C'est rassurant, de savoir qu'ils sont en vie. Je serais plus inquiète, si ils ne bougeaient pas.

Ce n'était pas facile d'expliquer, d'un point de vue physique, ce qu'elle pouvait ressentir. Elle espérait que la réponse conviendrait à Daisy.

Hollyhock hocha doucement la tête.
Elle l’avait bien remarqué, chez Daisy, cet air peu convaincu par sa description. Raison pour laquelle elle jugea bon d’apporter quelques précisions.

- Au début, c’était ça aussi : Comme des papillons. Mais, maintenant qu’ils sont proches de naître, les choses doivent être différentes… Déjà, je pense qu’ils ont moins de place pour bouger.

Elle pensait : Elle n’en savait pas grand chose, a vrai dire, n’ayant pas plus de connaissance que cela en ce qui concernait les gestations (A la différence de ce gros lâche de Méridor) et se basait donc essentiellement sur ses ressentis et sur ce qu’Helga lui disait à ce sujet là.

- Je ne sais pas, si c’est différent pour tout le monde. Je n’ai, malheureusement, pas eu l’occasion d’en discuter avec d’autres.

La faute toujours, à cette natalité bien trop faible au sein de leur clan : Et elle n’était pas assez proche de Perrine, qu’elle voyait déjà débordée avec ses enfants, pour venir l’embêter avec ses questions.
Qui n’étaient pas bien importantes, de toutes manières.