Arachnides et Arachides [LIBRE]

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Emilitia

Sur les terres mortes par lesquels les loups arrivaient ou partaient de Punk Wolf par le Nord, il y avait des ruines de quelque d'ancien, probablement quelque chose d'oublié car la zone n'était pas propice à une installation longue. Trop de soufre, pas assez de vie, ce monde aimait la vie. Emilitia voulait retourner là bas, regarder d'un peu plus prêt ces restes, tenter d'y trouver des choses pouvant l'intéresser.
Pour se rendre là-bas, deux choix possible : une route passant par les montagne, contournant une vallée habitée, l'autre passant par cette dite  vallée dont l'odeur canine prononcée indiquait la présence d'au moins un groupe si ne n'était une meute. La louve noire ignorait que depuis peu, les frontières de ce territoire avaient été fermée, ceci dit, elle ignorait également qu'elles avaient été ouvertes un jour. Elle choisit tout de même le chemin qui traversait cette zone, plus direct et plus facile à emprunter que les montagnes.

Emilitia n'était pas stupide, elle savait que traverser un territoire n'était pas sans conséquences. Désireuse de ne pas se faire voir, elle emprunta au maximum les passages de sols durs afin de ne pas laisser d'empreintes derrière elle et évita au maximum la végétation.
La route devint cependant rapidement un immense champ herbeux sur lequel elle laissait à chacun de ses pas, une trace de plantes flétries à son contact. La vue extrêmement dégagée n'offrait pas non plus beaucoup de possibilité de discrétion. Hé bien, tant pis, si Emilitia devait se faire prendre, elle se ferait prendre, d'autant plus que le problème se répéterait au retour.

Parce qu'elle se ferait voir bien avant d'être entendue, la louve noire s'autorisa à fredonner un peu pour elle même.

« Enterre pâle et légère, ma mère,
Enterre les yeux bien fermés, mon père... »
« Encore celle-ci ? »
« Ma mère la chantait de temps en temps. »

Ses oreilles se dressèrent au bruit d'un galop, un instant avant qu'un groupe de biche ne lui barre la route. Sur le chemin plus loin, un loup venait d'abattre sa proie. Ah... probablement un résident. Emilitia ne fit pas semblant de ne pas l'avoir vu ou quelque soit d'autre de ce genre. Elle avait traversé une frontière, était au moins fautive de ce fait, alors dans un signe de pacifisme, elle prit le temps de s'asseoir, n'étant pas ici pour voler ni cette proie ni une autre, fixant le chasseur derrière les yeux de son masque.

Emilitia

Alors que l'inconnu lui sourit de tout ses crocs dans une attitude plutôt joviale, Emilitia reste dans sa neutralité calme. Restant assise, elle écoute les consignes, en soit, pas grand chose qu'elle ne savait déjà. Le passage était interdit et il fallait emprunter un autre chemin, ceci dit la louve noire nota que ça n'avait apparemment pas toujours été le cas.

« Veuillez excusez mon intrusion, je souhaitais simplement me rendre de l'autre côté de la vallée, sans plus grand dérangement. »

Simplement passer sans avoir eu pour objectif de s'arrêter.

« Le chemin par les montagnes est plus dangereux pour ceux qui ne le connaissent pas. »

C'était vrai, quand bien même ce n'était pas la raison pour laquelle Emilitia avait emprunté la vallée. N'appréciant que peu l mensonge, la louve noire ne chercha pas à promettre qu'elle ne passerait plus par là. Ça dépendrait très certainement de son humeur ou des conditions qui favoriseraient bien plus un chemin que l'autre.

Emilitia

Elle laissa le silence s'installer, réfléchissant à la proposition. Si elle ne regardait plus vraiment le mâle, son masque et les quatre yeux qui y était peints restaient cependant dirigé vers lui. Ce loup semblait gentil, du moins, il était arrangeant et n'avait pas vraiment l'air d'être une très grande lumière non plus. Emilitia aurait pu tenter de négocier le passage.

« Alors ? Tu devrais accepter. »
Emilitia fit une moue qui avec son masque se traduisit par un balancement léger du haut du corps sur le côté.
« Continuer tout droit reste plus rapide. » A cet instant, la louve noire ignora un peu la présence du mâle d'autant plus qu'il était peu probable qu'il soit en mesure de comprendre Drippir.
« Je te rappelle que tu es en tord dans la situation actuelle. »

Emilitia revint sur le mâle.

« J'accepte. »

C'était toujours plus court que de passer par les montagnes.

Emilitia

Le mâle laisse sa proie, trop lourde sans doute. Les loups vivant ici devaient profiter d'une terre abondante s'ils se permettaient de laisser ainsi derrière eux des proies fraîchement chassées. Emilitia ne fit pas de commentaire là dessus, ça lui importait peu et elle se contenta de suivre le mâle. Bien moins expressive, elle resta dans ce ton neutre et calme bien que sa marche légère indiquait une humeur plutôt bonne malgré le désagrément de devoir faire le tour.
Elle ne repoussa pas non plus la conversation.

« Pourquoi les frontières ont fermé ? »

Lorsque le mâle s'arrêta pour cueillir ses baies, Emilitia resta un peu en retrait, à quelques pas éloigné, s’asseyant à nouveau calmement, attendant qu'il termine sans rien exprimer de négatif à ce sujet. Prendre un chemin plus long ne la dérangeait pas pour le temps que ça prendrait, bien plus pour l'effort à fournir. Du temps, Emilitia en avait plein.

« Il serait malheureusement déconseillé que je vous aide. »
Pour appuyer ses dires, elle attrapa une feuille encore verte au sol, qui se flétrit entre ses pattes, prenant une teinte noire et se recroquevillant sur elle même.
« Je ne suis pas vraiment l'amie des plantes. »
Et encore moins de la lumière.

Emilitia

Sur le moment, Emilitia ne répondit rien à  l'évocation de la bibliothèque incendiée mais fit le  rapprochement avec les livres brûlés évoqués par l'enfant de la plage. Si d'aussi loin et d'aussi jeune elle en avait entendu parlé, c'était que l’événement avait du secoué une majorité des loups vivants ici. Au moins suffisamment pour que cette meute-ci décide de changer de politique au sujet de ses frontières.

La louve noire n'eut pas vraiment de réaction non plus au commentaire du mâle au sujet des plantes, ni même au rire qui l'avait pris à ce constat, se contentant dans un premier temps de se débarrasser du reste de la feuille.

« Ce n'est pas que les plantes. » Il valait mieux que ce loup ne lui demande pas de l'aider à soigner une blessure, si ça ne l'aurait pas tué, Emilitia aurait rendu la plaie bien plus moche. « Ce monde est composé de Lumière... » Elle déploya alors ses ailes noires dans son dos, expression même de l'énergie qui coulait dans ses veines. « … et d'Ombre. »

Acceptant ces faits comme étant normaux, elle reprit la route à la suite du mâle comme si elle venait de parler du beau temps ou d'un autre sujet banal comme celui du potager évoqué. Emilitia n'était pas très plantes et légumes de toute façon.
Elle s'arrêta de nouveau quand le mâle eut besoin de cueillir à nouveau un peu de verdure.

« Je ne vais pas vers le Sud, je souhaiterais aller voir les ruines du Nord. » Elle marqua un moment de pause, relevant le museau vers l'horizon. Le Nord, elle en venait pourtant. « Je devrais y redescendre à nouveau cependant, je dois rendre visite à ma mère. »

Emilitia

Elle hocha la tête, les oreilles en avant dans une expression amicale à défaut d'avoir un sourire à montrer. Emilitia aussi espérait que la frontière rouvrirait d'ici là, bien qu'elle en doutait beaucoup, et pour une raison autre que celle du mâle.
Le silence s'installa entre les deux loups, celui-ci perturber uniquement par la vie du champ, des oiseaux qui y vivaient, du bourdonnement des insectes, du vent dans les herbes et des griffes sur le sol. Si Emilitia n'en était pas dérangée, laissant son regard vagabonder sur le paysage au fil de la marche, ce n'était pas le cas de Drippir qui s'apprêta à dire quelque chose avant que le mâle qui les guidait ne le fasse avant. La louve noire inclina la tête sur le côté.

« Merci, c'est gentil. » Rendrait-elle visite à ces loups quand ils seront à nouveau prêt à s'ouvrir au monde ? Qui sait ? Le monde n'était pas si grand que ça. « Je me nomme Emilitia. »
« Et moi ? »
« Et lui c'est Drippir. »


Et au fil de la marche, sur le chemin, les restes probables d'une proie chassée. Sa mère avait porté un crâne sur sa tête, Emilitia n'en avait pas besoin, elle avait déjà un masque. Elle se désintéressa bien vite de l'objet alors que Drippir y traîna quelques instants, passant par les orbites vides du crâne.

Emilitia

« Ah oui ? »

Emilitia fut un peu étonnée à l'évocation du sale bête. Ces champs avaient l'air d'être baignés d'une tranquillité imperturbable, ceci dit, il n'y avait sans doute rien d'étonnant à se disputer un bout de terrain avec un autre prédateur. Cependant la louve noire crut sentir une certaine tension chez le mâle, comme s'il craignait véritablement la créature qu'il évoquait. Hum, dans le doute, Emilitia se fit plus alerte.

Violette prit le crâne que la louve noire délaissait avant de s'arrêter de nouveau devant des sortes de petites perles d'eau colorées posées délicatement sur une feuille comme la rosée d'un matin. Le mâle présenta ceci comme une sorte de peinture, éveillant la curiosité d'Emilitia. Elle posa une patte sur l'eau, prenant soin de crever la goutte sans toucher la plante avant de regarder son coussinet noir. Elle n'était pas certaine d'être satisfaite du résultat.

« Vous pourriez l'utiliser pour refaire certains livres de votre bibliothèque brûlée. »

Malheureusement ils n'avaient rien pour contenir cette eau. Ceci dit le mâle habitait ici, il pouvait toujours revenir. Elle continua la route, légèrement alerte, attentive au paysage afin de ne pas être surprise par d'éventuelles mauvaises rencontres comme cette fameuse bête.

Pour le moment la promenade resta tout de même relativement calme sans rien de véritablement inhabituel.

Emilitia

« Un portail. »

Emilitia s'arrêta brusquement, ignorant l'odeur de fleur nouvelle qui emplissait la truffe, ignorant le chemin qu'il restait encore à parcourir, ignorant de faire attention à la bête. Ce n'était pas grand chose par rapport aux déclaration du mâle.

« Ce dont vous parlez, c'est un portail, une porte menant sur d'autres plans ou d'autres mondes. Où est-ce que ça s'est produit ? »
« Tu sais que si c'est pas démon, on est pas en mesure d'en faire quoique ce soit ? »
« Chaque porte mérite qu'on s'y intéresse »

Il paraissait évident à cet instant que la louve noire n'avait plus la moindre intention de suivre Violette jusqu'à la frontière. Les ruines pouvaient attendre, elles n'étaient qu'une hypothèse de savoir à acquérir. Ce que le mâle lui avait présenté, ça semblait bien plus concret.