La famille s'agrandit - Nirvana

Maintenant que sa grossesse avait été confirmée et que sa fille était en âge de mieux comprendre les choses, il lui fallait lui expliquer.
Holly avait réfléchi à la façon de le lui annoncer, avait rassemblé dans son esprit quelques tournures de phrases... qu'elle avait, ensuite, préféré laisser de côté. Les choses viendraient comme elle viendrait et il valait mieux rester flexible afin de s'adapter à la réaction de son enfant et mieux répondre à ses éventuelles questions.

Tout ce dont elle avait besoin, c'était du bon moment.
N'était-ce pas, là, l'instant attendu ? Alors qu'elles étaient seules dans leur tanière, loin de toutes les oreilles indiscrètes (et même de celles, si grandes, d'Anita) : personne ne viendrait troubler leur tranquillité.
Un sourire doux sur les babines, elle appela sa fille.

- Tu viens par ici, ma princesse ? J'ai quelque chose d'important à te dire.

Elle se décala sur le côté, afin de lui faire une place pour que l'enfant puisse s'installer près d'elle.

Nirvana elle se posait deux trois questions quand même : 1) comment ça se faisait que Châtaigne, Melon et les autres grandissaient alors qu’elle bah elle restait avec une p’tite taille ? 2) Pourquoi on pouvait pas aller tous les jours ramasser des coquillages ? 3) … Ah bah pas de 3e question… Ah si, pourquoi elle était la seule à avoir de petites écailles ? Hum, tant de mystères à élucider. La voix de M’man la tira de ses pensées. Son bidou était devenu é-normeeeeeeeeeeee, peut-être qu’elle avait mangé trop de fruits ?
Sa petite queue remue de gauche à droite alors qu’en sautillant elle rejoint la bleue.

« — On va chercher des coquillages ? Ou combattre de gros vilains ? Mieux encore, on va nager ? Ou tu vas me présenter ta madame orange, dis dis ? »

Y’avait tant de possibilités !
Déjà Nirvana poussa une patte de la louve de sa petite tête (autant dire que c’est pas avec ça qu’Holly bougera d’un millimètre).

... Ah, oui, il y en avait des choses qu'elle souhaitait faire, sa fille.
Il faudrait, effectivement, qu'elle l'emmène voir Dairo, prochainement, puisqu'elle lui en faisait la demande. Quand aux coquillages et à la baignade... Elles auraient tout le temps d'en profiter plus tard dans la journée.
Les gros vilains, eux, attendraient.
Holly ramena, d'une patte, la petite louve contre elle.

- Nous irons ramasser des coquillages ce soir, lorsque le soleil teindra le ciel d'orange et nous en profiterons pour aller voir Dairo en rentrant.

Son sourire se fit plus présent.
Elle laissa l'enfant prendre l'information précédente avant de poursuivre.

- Ce que j'ai d'important à te dire, c'est que tu vas avoir des petits frères et sœurs, bientôt. Deux !

Son regard se posa sur le visage de sa fille, guettant sa réaction.

Ramasser des coquillages et rencontrer Dairo, si c’était pas un programme du tonnerre tout ça ! Nirvana se laissa faire quand sa mère vint la placer.

« — Trop bien ! »

Satisfaite, Nirvana bomba le torse, un sourire heureux sur ses babines.
Puis vint la suite… ah en fait c’était pas tout ça le plus important. Les oreilles retombent et la petite sirène se recule d’un bond.

« — … Quoi ?! »

Deux… deux frères et soeur… Oh no.

« — J’en veux pas ! M’man tu peux pas me faire ça, après t’auras plus le temps de jouer avec moi ! Ça va faire comme Tante Perrine, Pomelo et ses frères… »

Trop sensible à la moindre contrariété, la petite sent ses yeux la piquer.

« — On était bien toutes les deux… »

Pourquoi il en faut d’autres ?

A h.
Bon, d'accord, Holly avait songé à cette possibilité là aussi, mais, forcément, avait aussi espéré que tout se passerait bien. Il lui faudrait, cependant, faire avec les inquiétudes de sa fille.
Qui étaient légitimes.
Peut-être aurait-elle du attendre, finalement ?

- Oh, mon trésor... Bien sûr que si, je trouverai le temps de jouer avec toi ! Et puis, tu pourras même jouer avec eux, tu verras, ce sera bien.

Ce devait-être bien, d'avoir de la fratrie, non ? Elle y pensait, en voyant les autres, ce devait être mieux que d'être tout seul.

Oui mais si ils étaient trois… avec chacun des intérêts différents… comment trouver le temps pour chacun ? Nirvana voyait bien tout ceux dont-il partageait le lait… ils étaient beaucoup…

« — Oui mais eux, ils voudront peut-être pas ramasser des coquillages, ni jouer dans l’eau, ni inventer des histoires… Ils voudront peut-être juste jouer à la bagarre… »

Comme Pomelo. Et Nirvana serait ennuyeuse pour eux. C’est pas qu’elle aimait pas ça jouer à la bagarre, mais pas tout le temps…
Et puis…

« — … et si ils se moquent de mes écailles ? »

De ma queue de poisson ? De mon autre apparence ?
Nirvana se coucha boudeuse, posant sa tête sur ses pattes sans regarder sa mère, reniflant en essuyant gauchement ses yeux mouillés. Elle était même pas triste en plus, juste agacée, pff trop nul.

« — … je devrais partager Perrine aussi ? »

En plus de te partager toi ? Ils vont tout prendre ?

Holly étendit les pattes pour ramener sa fille contre elle.

- Et peut-être qu'ils aimeront jouer à d'autres choses aussi et que vous découvrirez de nouvelles activités ensemble. Peut-être qu'ils aimeront, eux aussi, inventer des histoires et ramasser des coquillages. Tu pourras leur montrer toute ta belle collection et comme tu nages bien ?

Son museau vint se poser délicatement contre l'arrière du crâne de la louvette.

- Pourquoi se moqueraient-ils de tes jolies écailles ?

Ce serait une différence qui serait peut-être soulevée. Il faudrait aussi gérer cela, cette particularité qu'avait son ainée, par rapport à ce que seraient les plus petits.
Ce n'étaient pas des détails qui lui importaient, à elle, ,en tant que mère : elle se moquait bien de ne pas avoir porté Nirvana, par ce que ça ne changeait et ne changerait jamais rien à l'amour qu'elle ressentait pour sa petite sirène et qu'elle ne serait pas moins aimée que les petits qui grandiraient dans son ventre. Mais peut-être qu'entre eux, cela soulèverait des questions.
Elle verrait bien. Les doigts de ses pattes glissèrent tendrement dans les cheveux de son enfant.

- Non, tu n'auras pas besoin de partager Perrine.

Hum… Nirvana restait moyennement convaincue. Ça l’enchantait vraiment pas tout ça. Elle avait même plus faim.La collection de coquillages ?! Nirvana redressa sa tête.

« — Et si ils les cassent ?! Si on s’entend vraiment pas, on pourra les rendre ? Ou les confier à Perrine ? »

Un peu d'espoir dans sa voix.
Si jamais ils faisaient trop de bêtises, on pouvait les confier à quelqu’un d’autre non ? Ça se faisait pas ce genre de trucs ? À la question, Nirvana hésite un instant, elle avait vu des ailes chez les frères et soeurs de Pomelo, des petits nez bizarres, des oreilles pointues… mais pas d’écailles.

« — Je suis la seule à en avoir… »

Mais elle a pas envie de leur montrer. C’était encore son petit secret qu’elle partageait rien qu’avec maman.
Nirvana sentait la patte dans ses cheveux, sa mère essayait de l’amadouer, mais ce serait pas si facile.

« — Je veux pas partager ma couverture non plus. »

Et si ils prennent toute la place, ils iront trouver un autre coin où dormir.

La louve bleue sourit.

- Ils ne les casseront pas, c'est solide, des coquillages.

Pour ce qui était de les rendre...

- Ils seraient très tristes, si on les abandonnait à Perrine, tu ne crois pas ? Et puis, moi aussi je serais triste de ne plus avoir mes bébés près de moi.

Ce n'était pas une discussion facile, elle ne savait pas vraiment si elle avait une bonne manière d'aborder les choses avec sa fille mais... Mais ça lui semblait important de lui parler avec honnêteté.

- Ca te rend plus belle encore, ma puce. Personne pour copier tes jolies écailles, c'est trop cool, non ?

Honnêtement, elle ne savait pas ce que ça faisait de vivre en étant un peu différent des autres : Elle-même était dotée d'un physique plutôt classique, si ce n'était son poil bouclé.
Que quelqu'un ose se moquer de sa fille, cependant et...

- D'accord. Alors on leur trouvera une couverture à eux. Tu veux bien m'aider, s'il te plait ?

Son museau vint essuyer l'une des joues mouillées de l'enfant.

Hum… certains sont fragiles… mais Nirvana n’ose pas chipoter. Elle cacherait ses coquillages. Elle penche sa tête sur le côté.

« — Je suis pas triste quand je suis avec Perrine ! Elle est très gentille ! Puis de toute façon pour manger, ils devront bien aller avec elle, donc c'est pas très grave... »

Parce que y’avait que Perrine qui pouvait donner à manger (puis franchement c’était grave bon, ça là-dessus pas possible de mentir).  
Donc, elle voulait vraiment ces boules de poils.
Bon c’est vrai que les écailles, c’était vraiment pas dégueu pour nager…

« — C’est cool pour aller dans l’eau, oui. »

Leur trouver une couverture ? Mais…

« — … mais… » et les coquillages ? Et Dairo ? « Je vais demander à Perrine… si elle a pas… quelque chose… »

Une chaussette qu’elle mettait plus… ou autre chose… dans ce genre là.

Aïe, comment lui expliquer sans soulever de nouvelles questions ? Ou créer de nouvelles blessures là où elles n'avaient pas lieu d'être ?

- Mais tu serais triste, si je te confiais à Perrine pour ne plus jamais te reprendre avec moi, non ? Ce ne serait pas différent, pour eux. Je n'abandonnerai aucun de mes trésors, que ce soit mon grand - Elle posa un doigt sur la truffe de la petite louve- ou mes petits trésors.

Bon, grand trésor... Elle serait clairement une petite femelle, Nini.
Pour la question de la nourriture, elle préféra ne pas relever pour le moment. Par ce qu'elle ne savait pas comment expliquer à Nirvana, maintenant, qui se retrouvait déjà dans une situation d'insécurité, qu'elle pourrait nourrir ses petits frères et soeurs lorsqu'elle n'avait pas pu le faire pour elle.
Cela viendrait plus tard : Elles auraient bien l'occasion de reparler de l'arrivée des petits. C'était important.

- Tu vois ? Les autres, ils ne pourront jamais nager aussi bien que toi.

Au moins, elle ne complexait plus sur ses écailles -pour l'instant-, c'était déjà ça.
Son sourire s'élargit et elle serra doucement sa fille contre elle.

- Merci, ma princesse, tu es la plus gentille des petites louves.

« — … peut-être… »

Bon d’accord, la réponse était clairement oui, parce que ok Perrine elle nourrissait hyper bien puis des fois ramenait des petits coquillages, mais elle avait pas le temps de s’occuper de Nirvana aussi bien que maman.
M’enfin, la p’tite voulait pas avouer que sur ce point, sa mère avait raison.
Aux mots d’Holly, Nirvana s’en voulait presque d’être d’aussi mauvaise volonté. Elle rendit quand même l’étreinte, avant de se reculer.

« — À plus tard ! »

Au final, tout ça lui avait coupé l’envie de ramasser des coquillages, elle devait parler avec… Perrine ? Non, elle avait plein de petits, elle comprendrait pas ce que ressentait Nirvana… avec Melon tiens ! Il savait toujours comment réconforter…  
Ou peut-être Pomelo ?