Brave new world — Séraphin

Nirvana reniflait. Et elle avait chaud aussi. Faut dire qu’il faisait plutôt frais dans les couloirs… puis entre ses petits bains dans l’eau, ça faisait froid-chaud… bref… Ne voulant pas déranger sa maman (avec puceron et moustique qui étaient arrivés), Nirvana avait plutôt demandé conseil à Perrine qui l’avait envoyé chez les panseurs.
Un énième reniflement dû à sa truffe bouché.

« — Y’a quelqu’un ? »

La vache il avait toujours fait aussi chaud dans cette partie du castel ? Malgré la fatigue et sa gêne pour respirer, Nirvana se tint aussi droite que possible, en entendant qu’on vienne s’occuper de son cas.

Y’avait bien quelqu’un. Un loup avec… plusieurs ailes ? Intéressant. C’était peut-être son pouvoir lié à son glowstick ? Par contre il avait l’air plutôt débordé.
N’empêche qu’il étendit l’une de ses ailes pour soulever son museau. Les oreilles de Nirvana se couchèrent sur son crâne, bien qu’elle ne bougea pas.

« — … bonjour ! »

Un nouveau reniflement.

« — J’arrête pas de renifler et j’ai super chaud… Je voulais pas déranger maman… »

Là actuellement elle voulait juste se baigner dans de l’eau bien fraîche rohlala. Ou ne plus être malade aussi pour pouvoir ramasser plein de coquillages, parce qu’entre la naissance de Puceron et Moustique, Maman allait clairement pas de suite l’emmener dehors… ce qui voulait dire ne pas ramasser de coquillages pendant plusieurs jours.
Il pouvait pas apparaître tout seuls là aussi ?

Pff pas étonnant, faisait méga froid… Surtout dans les couloirs.

« — Il fait froid ici… »

Dans son oeuf il faisait plus chaud…

« — Je veux pas que Puceron et Moustique attrapent ça… ça pourrait être… dangereux non ? »

Nirvana sent la chaleur au niveau de ses joues, c’était un peu gênant pour elle de se soucier de ces deux larves, alors qu’elle n’en avait pas voulu. M’enfin peut-être qu’avec son état de malade ça passait inaperçu… non ?
Le panseur déjà s’occupe de concocter quelque chose avant de mettre ça sous la truffe de la p’tite. La truffe bouchée elle sentait pas grand chose, il aurait pu lui donner un truc qui puait qu’elle ne l’aurait même pas détecté. Du jus de framboises ? Perrine apportait souvent des fruits aux enfant (et vu qu’elle passait quand même du temps aux côtés de sa nourrice bon, Nirvana en profitait aussi).

La louvette pencha son museau vers le bol avant de se redresser en entendant les mots de l’adulte.

« — Un de mes rêves… comme faire apparaître des coquillages ? »

Bon d’accord, c’était pas le rêve grandiose, m’enfin c’était une crevette encore. Intriguée, Nirvana bu le contenu du bol, avant de le pousser vers le panseur, elle respectait sa part du marché.

Aller à la plage. C’était tentant. Surtout que m’man était occupée avec Puceron et Moustique… mais…

« — Maman sera pas contente si je disparais… encore moins si j’sors en étant malade. »

Un soupir. Nirvana est presque déçue de ne pas pouvoir accepter la proposition du loup… une autre fois… peut-être…
Avec douceur, elle réceptionne au creux de ses coussinets les coquillages. Ils étaient plutôt jolis. Certains étaient d’espèces courantes, mais y’avait de petites porcelaines et ça c’était plutôt cool. Enfin à condition que les deux autres asticots ne jouent pas avec et ne les avalent pas… ça faisait des trucs bizarres les gosses parfois. La sirène se retrouva avec un collier en coquillage autour du cou.
Les bijoux… elle n’en faisait pas du tout, elle trouvait ça beau mais avait remarqué que maman n’en portait aucun…

« — Oui j’aime bien en avoir plein de différentes formes et couleurs. Perrine m’a dit que certains étaient des fois supers gros mais qu’on les trouvait sur des plages où il faisait plus chaud… »

Un jour elle irait là-bas. Si ça se trouve quand elle aurait passé l’épreuve d’un des dieux elle pourrait se téléporte d’un endroit à un autre sans aucun effort ? Ce serait tellement cool !
Un sourire amusé étire les babines de Nirvana.

« — Par contre Monsieur le Panseur, vous avez triché. Vous aviez dit que vous réaliseriez un de mes rêves, pas que vous me donneriez vos coquillages, même si ils sont jolis ! »

Un petit reniflement, alors que l’enfant observe non sans une certaine fierté le panseur.

Un autre reniflement. Bon même si la truffe était encore bouchée, Nirvana sentait que ça allait un peu mieux, au moins elle avait plus l’impression qu’on tapait des cailloux dans son crâne.
La tête s’incline sur le côté, lorsque le panseur lui dit que c’est inutile de souhaiter des coquillages… ça se voyait que lui était un adulte, pas souvent malade et qu’il s’intéressait pas des masses aux coquillages… parce que c’était toujours utile d’en avoir !
Puis il lui demande de se concentrer. Nirvana ferma ses paupières, inspirant tout en réfléchissant.

D’accord qu’est-ce qui lui serait dans le genre super utile ?
Quelque chose dont-elle aurait besoin…

Je veux…
…
Ne plus être malade ?
Pour toujours aller dehors ?

Ne plus avoir de fichu rhume à chaque changement de température.
Comme ça je pourrai toujours ramasser des coquillages.

Hum, ça semblait aller mieux, en tout cas, Nirvana avait moins chaud et sa truffe ne semblait plus bouchée. Est-ce que ce serait genre tout le temps ou elle pouvait toujours attraper quelques rhumes ? Ce serait une surprise… à la question du panseur, la sirène réfléchit un instant. Elle allait faire quoi maintenant ? Ah oui.

« — Je vais voir si Maman veut bien qu’on aille se balader ! »

Nirvana se dirigea vers la sortie.

« — Merci ! »